Synthèse de la Conférence Santé – 26 mai 2016 – 20h30

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Synthèse de la Conférence Santé – 26 mai 2016 – 20h30-22h30
Rémy SENAND - médecin en cabinet & directeur du département médecine générale de
la faculté de médecine de Nantes La thématique de cette conférence était le système de santé de proximité du point de vue
d’un médecin, professionnel de la médecine générale de proximité et formateur universitaire.
Une véritable réforme du statut du médecin, passant par un mode de fonctionnement plus
collectif des professionnels de santé et par une rémunération horaire ou forfaitaire (non plus
à l’acte), mais également une vraie prise de conscience des usagers de la santé pour une
« utilisation » plus responsable des services de santé sont les deux enjeux majeurs selon le Dr
Senand pour une médecine de proximité efficace et efficiente.
LE SYSTÈME DE SOINS
L’existence des premiers diplômes de professeur de médecine générale date de 2004 et la
première nomination de professeur de médecine générale de 2009. C’est récent ! Cette
spécialité : médecine générale est très souvent considérée comme le choix par défaut des
futurs médecins qui n’ont pu accéder à une autre spécialité, ce qui ne correspond pas du tout
à la réalité.
Le médecin généraliste, de proximité a toute sa place dans le système de santé, mais pas toute
la place : ex- la généralisation du lavage des mains (+ d’hygiène) a fait largement baisser la
mortalité des femmes accouchant ; la création des égouts a fait reculer significativement les
maladies infectieuses.
Le médecin généraliste est le premier contact avec le système de soins.
Il prend en charge le patient quel qu’il soit. Or le patient est un ensemble de systèmes
fonctionnels interagissant, mais également d’interactions sociales avec son environnement.
Le médecin doit tenir compte de l’univers (amical, familial, personnel, professionnel…) dans
lequel évolue son patient.
Il a la responsabilité de la continuité des soins.
Une utilisation efficiente du système de santé, c’est une bonne coordination des soins, diriger
les patients vers des spécialistes de manière intelligente pour éviter une perte de temps et
d’argent.
D’où l’importance du développement de la promotion et de l’éducation à la santé des
patients, pour qu’ils apprennent (quand faire appel au médecin, quand peut-on déjà agir soimême, différencier ce qui relève des urgences ou non…)
Le médecin répond aux problèmes de santé du patient dans toutes ses composantes :
physique, psychologique, sociale, culturelle… A l’heure actuelle, la ‘souffrance au travail’ est
une véritable problématique pour le médecin. Là réside un risque de glissement du rôle du
médecin généraliste par rapport à un problème de positionnement social, professionnel.
Le médecin de proximité est un interlocuteur privilégié mais dans le cas de la souffrance au
travail, la personne souffrante devra tôt ou tard quitter son travail, donc l’environnement en
cause.
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La télémédecine, une solution ?
Elle peut avoir son importance comme aide à la prise de décision, mais elle ne peut remplacer
la sensibilité du médecin au contact de son patient.
PROBLÉMATIQUES
1. Les pouvoirs publics, à partir de 2003, ont cherché à diminuer le nombre de médecins,
considérant que la médecine coûtait cher : moins de médecins, ce serait moins de malades,
donc moins de dépenses de santé.
Or, même si ce n’est pas faux (les besoins suivent l’offre : plus il est facile d’accéder aux
soins, plus la demande sera forte), on manque tout de même de médecins dans certaines
zones, dans le système de soins actuel.
On ne retrouvera le niveau de 2003 qu’en 2050, c’est-à-dire que la population aura
augmenté mais pas le nombre de médecins, en 47 ans.
2. Le temps moyen de travail d’un médecin généraliste est de 52h/ semaine en France. Mais
les médecins sortant de la faculté veulent travailler moins, le travail n’étant plus central
dans leur vie (évolution sociétale générale) ; la profession se féminise aussi.
3. Le vieillissement de la population engendre des besoins différents, plus importants aussi,
en termes de confort de vie également.
4. La médiatisation de l’information sur la santé est plus importante que jamais, avec ses
dérives : croire connaître la médecine sans la formation.
La santé est devenue un droit.
Les patients doivent être sensibilisés : connaître les gestes à effectuer pour ne pas engorger
les cabinets médicaux (le savoir profane des générations précédentes), ne pas utiliser les
urgences et le SOS médecins comme une offre de soins classique.
Perte des responsabilités individuelles : du point de vue des assurances santé qui se
multiplient (associations sportives…), il faudrait peut-être y mettre de l’ordre.
CONSTATS
L’offre des médecins aura diminué de 40% en 2020 (par rapport à 2003). La demande de soins
augmente.
Ce n’est pas un véritable problème : il s’agit de réorganiser et redistribuer l’offre de soins en
relation avec les autres professions de santé. Par ex : un diabète de type1, stable, peut être
suivi par une infirmière durant l’année, et vu par le médecin 1 fois par an pour faire le point,
examens, etc…
Il faudrait pour cela que le médecin ne soit plus payé à l’acte, ce qui humainement l’amène
à multiplier les actes pour avoir un bon salaire. Redistribuer les offres de soins quand c’est
possible permet de libérer le médecin pour d’autres patients, de lui assurer un temps de travail
plus souple.
Les jeunes médecins sont prêts à réorganiser cette offre de soins.
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Les pouvoirs publics incitent les jeunes médecins à s’installer dans les déserts médicaux : ils
reçoivent 1200€/mois pendant leurs études en contrepartie. Mais pas d’obligation sur
plusieurs années.
Idée fausse : les futurs médecins sont à 80% d’accord pour devenir généralistes, et dans des
secteurs ruraux, contrairement aux idées reçues.
Par contre, il faudrait pouvoir leur proposer un véritable projet sur place dans ces secteurs :
- une organisation de travail collective permettant de travailler sans être submergé par les
demandes, et même d’aménager son temps de travail -> maisons médicales
pluridisciplinaires.
- une redistribution de l’offre de soins à d’autres professionnels de santé, et un transfert des
taches professionnelles de secrétariat, administratives. Pas seulement une infrastructure, des
locaux, l’erreur habituelle des municipalités qui cherchent à attirer les médecins.
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