LETTRE FINANCIÈRE
HIVER 2016
Par l’équipe de Financière des professionnels — Gestion privée
SURVOL RAPIDE DE
L’ÉCONOMIE MONDIALE
La progression de l’économie mondiale a été plus faible que prévu
en 2015, affichant un niveau tout au plus modeste. À elle seule, la
baisse marquée du prix du pétrole a fortement retranché la croissance
de l’économie à l’échelle de la planète. Voici un bref tour d’horizon de
la situation de quelques pays et régions d’importance.
LES ÉTATS-UNIS TIENNENT BON
Après un premier trimestre sous le signe du repli, l’économie
américaine a enregistré une progression supérieure aux attentes
durant les trois mois suivants. Le produit intérieur brut (PIB) du pays
a par la suite baissé entre juillet et septembre, mais le mois d’août a
marqué le début d’une remontée. L’augmentation de l’emploi observée
en octobre, les bas taux d’intérêt et le faible prix de l’essence ont
contribué à redonner un peu de vigueur à l’économie de nos voisins
du sud au deuxième semestre.
LA CHINE INQUIÈTE
L’année 2015 a très bien commencé en Chine, mais une décélération
de la croissance économique du pays s’est amorcée vers la fin du
premier semestre. La faiblesse de l’économie mondiale a eu un
impact négatif sur la croissance des exportations. De plus, le niveau
élevé des capacités excédentaires a entraîné un recul prononcé du
cours des denrées. Le niveau des investissements par rapport à la
taille de l’économie chinoise est encore trop élevé. En bout de ligne,
les Chinois ont tout de même vu leur PIB croître de près de 6,9 %1
durant la dernière année.
RALENTISSEMENT AU CANADA
La diminution du prix du pétrole et des matières premières a eu des
conséquences néfastes sur l’économie canadienne, tout comme la
faiblesse du secteur manufacturier et des exportations.
Dans ce contexte, le pays s’est retrouvé en récession technique durant
les deux premiers trimestres, la croissance économique ayant été
négative sans pour autant générer de pertes d’emplois. L’activité a
légèrement repris par la suite au deuxième semestre.
L’EUROPE EN DEMI-TON
La baisse de l’euro, des taux d’intérêt et du prix du pétrole a entraîné
une brève revitalisation de l’économie européenne au premier
trimestre. Les importantes mesures d’assouplissement mises en
place en 2015 par la Banque centrale européenne n’ont toutefois
pas réussi à maintenir le rythme et la zone euro a finalement terminé
l’année avec une croissance économique modeste, en deça de son
PIB potentiel.
INCERTITUDE DANS LES PAYS ÉMERGENTS
Les contrecoups de l’appréciation soutenue du dollar américain
ont freiné les perspectives d’expansion de certains pays émergents.
Plusieurs d’entre eux ont à composer avec une réduction du prix
des denrées, une dévaluation de leur devise et une augmentation
du niveau de leur dette, les sommes empruntées étant fixées en
dollar américain. Le Brésil apparaît pour le moment en récession et
la tenue des Jeux olympiques à Rio en 2016 a de quoi inquiéter.
L’Inde est l’un des pays asiatiques qui a connu la meilleure
croissance en 2015.
FAITS SAILLANTS
/ Poursuite de la baisse du prix du pétrole
/ Ralentissement de la croissance en Chine
/ Hausse du taux directeur de la Réserve fédérale américaine
/ Appréciation soutenue du dollar américain
RISQUES DE RÉCESSION - QUELQUES FACTEURS FONDAMENTAUX ET LEURS EFFETS
/ Indice précurseur de l’activité économique aux États-Unis
/ Premières prestations de chômage aux États-Unis
/ Création d’emplois aux États-Unis
/ Différentiel des taux d’intérêt de 2-10 ans
/ Prime de risque des taux Italie-Espagne
/ Évaluation du marché boursier américain
/ Indice global des directeurs d’achats
/ Expansion de la masse monétaire aux États-Unis
/ Niveau du taux directeur de la banque centrale américaine
/ Prime de risque des obligations corporatives
/ Commandes manufacturières aux États-Unis
/ Indice manufacturier aux États-Unis
EFFET POSITIF (+) EFFET NEUTRE (+/-)
EFFET NÉGATIF (-)
1
Source : Bloomberg
POLITIQUE MONDIALE
Un accord entre l’Union européenne et le
gouvernement grec a finalement été conclu
en août, mettant fin à une saga qui a eu des
répercussions sur tous les marchés boursiers
de la planète depuis trop longtemps.
Cette bonne nouvelle réduit légèrement
l’incertitude qui prévalait dans les bourses
européennes.
En octobre, le Parti libéral du Canada a
été élu avec une confortable majorité et les
dépenses en infrastructures promises lors
de la campagne électorale pourraient bien
stimuler la croissance économique du pays.
En contrepartie, celles-ci engendreront
vraisemblablement un déficit budgétaire.
Avec la signature du Partenariat
transpacifique en novembre, le Canada a
maintenant accès à la plus grande zone de
libre-échange au monde, qui regroupe 12
pays, incluant le Japon, la Thaïlande et la
Corée du Sud.
Aux États-Unis, le Congrès américain
a adopté en décembre un compromis
budgétaire qui relève le plafond de la dette
et permet au gouvernement de fonctionner
jusqu’en 2017.
POLITIQUE
MONÉTAIRE
En procédant en
décembre à une première
augmentation de son
taux directeur depuis
sept ans et en précisant
que d’autres hausses
graduelles pourraient
suivre en 2016, la
Réserve fédérale
américaine s’engage sur
la voie du resserrement.
Pendant ce temps, la Banque centrale
européenne emprunte le chemin
inverse en renforçant son programme
d’assouplissement quantitatif.
Ces divergences entre les politiques
monétaires des deux principales banques
centrales mondiales s’expliquent par le
fait que les régions qu’elles représentent
n’en sont pas à la même étape du cycle
économique. Bien que naturel, un tel
phénomène pourrait bien entraîner
des remous sur les marchés en 2016,
notamment sur le plan des mouvements
de change.
Chez nous, la Banque du Canada a réduit
son taux directeur de 25 points de base
à la mi-juillet dans le but de stimuler
l’économie et l’inflation. La banque centrale
de Chine se trouve également en mode
d’assouplissement monétaire.
PRODUITS DE BASE ET DEVISES
Si le prix du pétrole a chuté de 30,5 %2
en 2015, notamment en raison d’une
production largement supérieure à la
demande, celui des produits de base non
énergétiques a aussi été durement touché.
C’est le cas notamment de plusieurs
métaux, grains, viandes et autres denrées.
L’expansion des capacités de production
de certains de ces produits à l’échelle du
globe, rendue possible grâce au bas prix
du carburant, exerce en effet beaucoup de
pression sur la baisse de leur prix.
Pour ce qui est des devises, le dollar
américain s’est apprécié par rapport aux
monnaies des pays émergents et de celles
tributaires des produits de base, comme le
dollar canadien, qui a d’ailleurs terminé
l’année à 72,23 $ US2. L’euro a également
perdu de la valeur en comparaison avec
la monnaie des États-Unis et les autorités
chinoises ont pour leur part surpris les
marchés en dévaluant leur yuan par rapport
au dollar américain en août dernier.
ZOOM SEMESTRIEL
REVOYONS QUELQUES ÉVÉNEMENTS MARQUANTS QUI SE SONT PRODUITS EN 2015 DANS TROIS DOMAINES PRÉCIS.
2
Source : Financière des professionnels
RENDEMENT DES MARCHÉS : VUE D’ENSEMBLE
VOLATILITÉ ÉLEVÉE DES BOURSES MONDIALES ET FAIBLES TAUX D’INTÉRÊT
OBLIGATAIRES : VOILÀ QUI RÉSUME BIEN LA TENUE DES MARCHÉS FINANCIERS EN
2015. MAIS POUSSONS L’ANALYSE UN PEU PLUS LOIN.
/ Titres à revenu fixe
Après un début d’année prometteur découlant d’une baisse inattendue des taux d’intérêt, les
obligations ont offert des rendements modestes, enregistrés principalement durant le premier
trimestre et concluant la période avec un faible rendement courant de 2 %1. C’est ce qui
explique pourquoi nos portefeuilles sont actuellement sous-pondérés en titres obligataires.
/ Actions canadiennes
Les actions canadiennes ont connu une dernière séance en bourse à l’image de leur année
2015, l’indice S&P/TSX clôturant la journée du 31 décembre sur une baisse d’un peu plus
de 1 %1. Pour l’année entière, une réduction de 11 %3 de l’indice a été enregistrée. Sans
surprise, c’est l’effondrement du prix du pétrole qui a le plus nui aux titres boursiers canadiens
durant cette période, ceux-ci étant fortement représentés au sein de l’indice. L’indice de
référence de la Bourse de Toronto aura fait moins bien que l’indice S&P 500 pour une
cinquième année consécutive.
L’action de Valeant a largement contribué à la performance de la Bourse canadienne jusqu’au
début d’août, différentes circonstances ayant par la suite propulsé le titre vers le bas. Nos
portefeuilles ont pu profiter de la hausse des actions de cette société pharmaceutique
canadienne sans trop souffrir de la diminution qui a suivi, puisque nous avions décidé
entretemps de nous en départir.
/ Actions globales
Les États-Unis ont connu en 2015 leur première véritable correction boursière depuis 2011,
l’indice S&P 500 ayant reculé de 12,5 %4 entre la mi-mai et la mi-août. Le secteur manufacturier
a eu un impact particulièrement négatif sur les bourses américaines et pourrait même être en
récession, bien que l’économie des États-Unis ne le soit pas. Le secteur des services (non
manufacturier) a permis à Wall Street de finir l’année avec des résultats mitigés, notamment
grâce à la performance de quelques entreprises vedettes du secteur des technologies.
La Bourse du Japon a enregistré un rendement acceptable, tout comme les places boursières
européennes, bien que l’Allemagne ait souffert des difficultés de la compagnie Volkswagen. Les
marchés boursiers des pays émergents ont connu une année difficile. À la fin de 2015, nos
portefeuilles montraient une légère surpondération en actions, due principalement au poids des
titres mondiaux. Pour ce qui est de la répartition sectorielle, les technologies et les services
financiers ont été favorisés au détriment de l’énergie et des produits de base.
ACQUISITION D’ACTIONS DANS
LE SECTEUR DU PÉTROLE
Le prix du pétrole ne pourra continuer à
baisser sans que plusieurs producteurs
marginaux, dont les coûts d’exploitation
sont élevés, ne soient obligés d’abandonner
leurs puits. La réduction des dépenses
en capital devrait avoir pour effet de
réduire le niveau de production et de
stabiliser le marché. De bonnes occasions
d’achat apparaîtront éventuellement dans
ce secteur.
AUGMENTATION DE LA
PONDÉRATION EN ACTIONS
CANADIENNES
Dans la foulée d’une reprise de vigueur
du prix des ressources, notamment du
pétrole, la Bourse canadienne devrait
se ressaisir et il sera payant d’évaluer
le meilleur moment de renforcer nos
positions en titres boursiers canadiens.
DEUX DÉCISIONS QUI POURRAIENT RAPPORTER EN 2016!
Source : 1
Bloomberg - 4 Yardeni Research Inc.-
3 http://www.lesaffaires.com/bourse/revue-des-marches/bourse-fortes-baisses-a-toronto-et-a-new-york-a-l-ouverture/584338
MÉLI-MÉLO PERSPECTIVES ET STRATÉGIE DE PLACEMENT
Un consensus semble se dessiner à l’effet
que la croissance économique globale sera
encore faible en 2016 et probablement
même inférieure à celle observée en 2015.
La décélération du taux de croissance en
Chine continuera vraisemblablement d’avoir
un impact négatif sur l’état de l’économie
mondiale. Les États-Unis devraient tout de
même continuer de bien faire, et l’Europe
pourrait nous réserver d’agréables surprises.
Les taux d’intérêt devraient
rester bas et l’inflation modérée,
particulièrement dans l’ensemble
des pays développés, en raison des
capacités excédentaires du côté des
produits de base et de la faiblesse de
leur prix. Par ailleurs, les divergences
entre les politiques monétaires des banquiers
centraux des principales régions devraient
s’accentuer davantage durant la prochaine
année, alors que le niveau de croissance des
économies des pays développés devrait être
encore plus synchronisé.
En ce qui concerne les diverses classes d’actif,
le rendement anémique des obligations
devrait se maintenir, alors que les actions
devraient s’apprécier modérément sur un
horizon de court terme. À plus long terme,
les titres boursiers pourraient offrir de
meilleures performances, leur évaluation étant
présentement en ligne avec la moyenne.
Après avoir été malmenée en 2015, la devise
canadienne devrait continuer à perdre de
la valeur par rapport au dollar américain.
Enfin, la volatilité sera fort probablement de
nouveau au rendez-vous en 2016,
mais cette situation pourrait créer
des opportunités en investissement
et des occasions d’achat. La clé de
la reprise pour le dollar canadien
demeure le niveau du prix du pétrole.
À la lumière de ces précisions,
nous entendons conserver le positionnement
actuel dans nos portefeuilles, qui favorise les
actions globales. Nous resterons également
à l’affût des occasions qui pourraient se
présenter dans le secteur du pétrole et des
actions canadiennes, tout en cherchant
à protéger nos portefeuilles de la baisse
soutenue du dollar canadien.
UN PEU DE MÉNAGE
DANS LE PÉTROLE!
La diminution du prix du pétrole contribuera
à assainir l’industrie et à la renforcer. À
l’heure actuelle, l’offre d’or noir est à la
hausse en Amérique du Nord, malgré la
faiblesse de son prix, et l’OPEP refuse de
réduire sa production, ce qui aurait pourtant
pour effet d’en augmenter le prix. Certaines
entreprises énergétiques commencent à
subir d’importantes tensions financières,
alors que des projets de sables bitumineux
sont annulés et que des rumeurs de fusion
et acquisition circulent. Inévitablement, des
joueurs importants devront mettre la clé sur
la porte, ce qui contribuera à stabiliser le
marché et donnera éventuellement le signal
d’un retour vers un prix plus élevé.
EL NIÑO POURRAIT FAIRE
FONDRE L’EFFET SAISONNIER
DE DÉBUT D’ANNÉE!
Au premier trimestre de 2015, l’économie
nord-américaine a été passablement ralentie
par la température hivernale rigoureuse,
une situation bien documentée qui porte le
nom d’effet saisonnier de début d’année.
Heureusement, nous n’aurons pas à revivre
un tel épisode en 2016 grâce au deuxième
El Niño le plus intense depuis 1997. En
effet, les températures plus chaudes qui
sont prévues ne devraient pas engourdir
les économies du Canada et des États-Unis
pendant les mois d’hiver.
LES GAFA ET LEUR INFLUENCE
SUR LA BOURSE AMÉRICAINE!
Si la Bourse américaine a été la plus
performante durant les cinq ou six dernières
années et s’en tire relativement bien en
2015, les entreprises du secteur des
technologies regroupées sous l’acronyme
GAFA (Google, Amazon, Facebook et Apple)
y sont pour beaucoup. Mais attention, un
nouveau groupe monte rapidement : NATU.
Celui-ci réunit les quatre grandes nouvelles
entreprises innovatrices du numérique, soit
Netflix, Airbnb, Telsa et Uber. Sauront-elles
à leur tour hausser le rythme des marchés
boursiers américains?
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NIVEAU ACTUEL
VARIATION
31 déc. 2015
1
er
trimestre
2e trimestre 6 mois
Taux d’intérêt
CAD 10 ans 1,39 -0,43 0,32 -0,11
USD 10 ans 2,27 -0,25 0,43 0,18
Devises
CAD -> USD 0,723 -8,17 %1,35 %-6,93 %
EUR -> USD 1,0866 -11,33 %3,96 %-7,82 %
Denrées
WTI pétrole 37,04 -10,12 %24,21 % 11,64 %
OR 1 061,42 -0,08 % -0,97 % -1,05 %
INDICES BOURSIERS
Amérique du Nord ($ CA)
S&P/TSX (R.T.) 13 010 2,58 %-1,63 %0,91 %
S&P 500 (R.T.) 2 044 9,94 %-1,06 %8,77 %
International ($ CA)
MSCI Monde (R.T.) 4 505 11,42 %-1,03 %10,27 %
MSCI Europe (R.T.) 5 449 12,66 %-0,99 %11,55 %
MSCI AC Asie/Pacifique (R.T.) 283 16,22 %-0,71 %15,40 %
NIKKEI Japon 19 034 19,86 % 1,89 % 22,12 %
MSCI Marchés émergents (R.T.) 342 11,34 %-0,66 %10,61 %
Obligataire
FTSE/TMX Univers 994,85 4,15 %-1,71 %2,37 %
Source : Bloomberg
LES TAUX
D’INTÉRÊT
DEVRAIENT
RESTER BAS
ET L’INFLATION
MODÉRÉE ...
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