9 juillet 2015
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La courbe des taux au Canada devrait se pentifier
relativement à celle aux États-Unis
Nous continuons de prévoir que la Réserve fédérale américaine
entreprendra le resserrement de sa politique monétaire lors de sa
réunion de septembre, et qu'elle procèdera à deux hausses de 25
points de base du taux cible des fonds fédéraux d'ici la fin de 2015.
Compte tenu de l'accélération de la croissance de l'économie
américaine, de l'amélioration continue des conditions sur le marché du
travail et d’un niveau de confiance plus élevé à l’effet que l'inflation
retournera à sa cible de 2% à moyen terme, les dirigeants de la
Réserve fédérale jugeront appropriée une première hausse des taux
d'intérêt dans la deuxième moitié de 2015.
Du côté canadien, les perspectives sont moins optimistes; l'économie a
probablement souffert d’une légère récession technique lors de la
première moitié de 2015. Les retombées de l'effondrement des prix du
pétrole continuent de peser sur l'économie. En effet, le secteur de
l'extraction de pétrole et de gaz a joué un grand rôle dans le repli
mensuel de 0,1 % du PIB réel du Canada en avril. Il s'agissait alors du
cinquième repli mensuel consécutif du PIB réel au cours des six
derniers mois. Nous soutenions depuis un certain temps que la reprise
des cours du pétrole brut entre la mi-mars et le début de mai allait être
de courte durée car la croissance de l’offre mondiale s’avère très
résiliente et que le contexte actuel d’offre excédentaire sur le marché
mondial persistera jusqu’à la fin de 2016. Par exemple, la Energy
Information Administration estime que l’offre mondiale de pétrole
excédera la demande de 1,5 M et de 0,6 M de barils par jour,
respectivement, au cours de la deuxième moitié de 2015 et en 2016
(voir le graphique ci-dessous). La récente chute des prix du pétrole brut
semble concorder avec nos perspectives. De plus, la baisse des prix de
l'énergie que nous envisageons devrait constituer un obstacle à la
croissance de l'économie canadienne dans les prochains mois. Plus
précisément, nous avons révisé à la baisse nos prévisions de
croissance du PIB réel pour 2015 et 2016. Notre prévision pour le PIB
réel canadien en 2015, qui s'établissait à 1,9 %, est ramenée à 1,2 %.
Nous prévoyons maintenant que le PIB réel en 2016 augmentera de
2,0 % par rapport à notre estimation précédente de 2,1 %.
Nous prétendons depuis un certain temps que la Banque du Canada
devra retrancher encore 25 points de base à son taux directeur d'ici la
fin de l'année afin de stimuler l'économie. Par contre, la chute
inattendue du PIB en avril, un solde commercial de marchandises plus
faible que prévu en mai et les résultats décevants de l'Enquête de la
Banque du Canada sur les perspectives des entreprises nous portent à
croire qu'une baisse des taux est imminente. Nous prévoyons donc que
la banque centrale abaissera son taux cible pour le financement à un
jour d'une autre tranche de 25 points de base lors de sa réunion du
15 juillet, pour le fixer à 0,50 %.
Une telle divergence entre les politiques monétaires du Canada et des
États-Unis devrait produire un élargissement des écarts de taux entre
les deux pays, particulièrement sur le segment court de la courbe de
rendement. Les récents développements au niveau du marché de
l'emploi au Canada se sont révélés plus faibles qu’aux États-Unis, et
l'écart entre les taux de chômage américain et canadien n'a cessé de
se creuser. Notre modèle prévisionnel de l'emploi continue d'indiquer
une amélioration des conditions sur le marché du travail aux États-Unis
dans les prochains mois, puisque les inscriptions initiales au chômage
demeurent historiquement basses, le nombre d’ouvertures de postes
atteint de nouveaux sommets et les entreprises signifient toujours leur
volonté à embaucher. En ce qui concerne le Canada, nous prévoyons
que le taux de chômage fléchira, mais à un rythme beaucoup plus lent
qu'aux États-Unis. Nos prévisions sont que le taux de chômage au
Canada oscillera autour d’une moyenne de 6,7 % et 6,6 %,
respectivement, lors de 2015 et 2016. Outre la divergence des
politiques monétaires, nos attentes pour une diminution plus rapide du
taux de chômage aux États-Unis qu’au Canada devraient aussi
alimenter les écarts de taux entre les deux pays (voir le graphique ci-
dessous).
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Pour le segment plus long de la courbe de rendement, nous pensons
que les taux d’intérêt aux États-Unis augmenteront puisque la
croissance de l'économie s'accélère, la demande du secteur privé pour
le crédit s'améliore toujours et les participants au marché
commenceront à prendre en compte des taux d'intérêt à court terme
plus élevés.
D'un autre côté, des facteurs internationaux devraient freiner la hausse
des taux d’intérêt. En effet, les mesures d'assouplissement monétaire
agressives adoptées par la Banque centrale européenne et par la
Banque du Japon maintiendront les taux européens et japonais bas sur
toute la courbe des taux et exerceront une pression à la baisse sur les
taux des titres du Trésor américain à long terme. Si nous examinons les
écarts de taux sur les obligations à 10 ans en Allemagne et aux États-
Unis, il est difficile de prétendre que les titres du Trésor américain à
10 ans, à environ 2,25 %, sont peu attrayants par rapport au rendement
de près de 0,70 % des obligations du gouvernement allemand (voir le
graphique ci-dessous). Le même argument s'applique aux obligations
du gouvernement japonais, dont les taux avoisinent 0,45 %. Si, en plus,
nous tenons compte d'un contexte favorable à l'appréciation du dollar
américain, ces écarts prononcés devraient entraîner une hausse de la
demande pour les titres du Trésor américain et exercer du même coup
une pression à la baisse sur les taux aux États-Unis. Nous prévoyons
donc que le taux de rendement des titres américains à 10 ans grimpera
pour s'établir à 2,60 % d'ici la fin de 2015.
Pour ce qui est de la portion à long terme de la courbe de rendement
au Canada, les fluctuations de taux découleront largement des
développements en Europe et aux États-Unis. L'accentuation des
écarts de taux entre les États-Unis et le Canada pour les obligations à
10 ans devrait être limitée puisque l'écart actuel se trouve déjà à de
nouveaux sommets en plus de 15 ans (voir le graphique ci-dessous).
Nous prévoyons que le taux de rendement des titres obligataires
canadiens d’une échéance de 10 ans augmentera pour atteindre
2,10 % d'ici la fin de 2015.
Recommandation
Somme toute, la Réserve fédérale devrait commencer à resserrer sa
politique monétaire au cours de la deuxième moitié de 2015 tandis que
la Banque du Canada sera encore forcée d'assouplir sa position afin de
stimuler une économie qui subit toujours les contrecoups défavorables
de la chute des prix du pétrole. La divergence des politiques
monétaires, combinée à notre prévision selon laquelle les taux sur les
obligations canadiennes à 10 ans suivront largement le mouvement des
taux américains comparables au cours des prochains mois, devrait se
traduire par une accentuation de la courbe de rendement au Canada
par rapport à la courbe américaine. La hausse actuelle de l'écart entre
les indices de misère au Canada et aux États-Unis semble également
renforcer notre opinion puisque d'un point de vue historique, une
augmentation de cet écart a tendance à coïncider avec une
pentification relative de la courbe de rendement au Canada (voir le
graphique ci-dessous). L'indice de misère est un indicateur économique
produit par l'ajout du taux de chômage au taux d'inflation d'un pays. En
d'autres mots, nos perspectives plus favorables pour l'économie
américaine que pour celle du Canada devraient mener à une
pentification de la courbe de rendement canadienne par rapport à la
courbe américaine.
Eric Corbeil, M.Sc. CFA | Économiste principal
T: 514 350.2925 | Corbeil[email protected]
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Prévisions nord-américaines
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