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mt cardio, vol. 3, n° 5, septembre-octobre 2007
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bas (p < 0,05) ; de même, moins de
patients sous candésartan avaient une
hyper trophie ventriculaire gauche
(45 versus 59 %, p = 0,04) > 116 g/m²
pour l’homme et >104 g/m² pour la
femme.
Résultat principal. Une dysfonction
diastolique a été objectivée chez 2/3
des patients insuffisants cardiaques
avec fonction ventriculaire gauche
préservée de l’étude CHARM-
Preserved. Une dysfonction
diastolique moyenne ou importante,
décrite dans moins de la moitié
patients, était un prédicteur
important indépendant de survenue
d’événements cardiovasculaires. Ces
résultats confirment l’importance
pronostique de la mise en évidence
d’une dysfonction diastolique chez
des patients insuffisants cardiaques
avec FEVG conservée.
Discussion
Dans CHARMES, une dysfonction
diastolique a été identifiée chez 67 %
des patients avec une insuffisance
cardiaque à fonction ventriculaire
gauche préservée. Une dysfonction
diastolique moyenne à sévère a été
trouvée dans un peu moins de la
moitié des patients et a été montrée
comme étant un important prédic-
teur indépendant d’événements. De
plus, cette étude a démontré que la
dysfonction diastolique était liée à la
mesure de la sévérité de la maladie,
à la fibrillation auriculaire, à la
surface de l’oreillette gauche et à un
âge avancé.
D’autres études avaient établi que
l’insuffisance cardiaque diasto-
lique modérée, moyenne ou sévère
était liée à la mortalité à long terme
en comparaison avec des patients
normaux [3]. Les données de l’étude
actuelle donnant un pronostic à
moyen terme favorable chez des
patients avec une dysfonction dias-
tolique modérée semblaient être en
désaccord avec les études précé-
dentes. L’absence de critère objectif
de dysfonction diastolique chez
33 % des patients 14 mois après la
randomisation pourrait être en faveur
d’une amélioration de la fonction dias-
tolique au cours du temps. La préva-
lence et le rôle de la dysfonction dias-
tolique chez des patients insuffisants
cardiaques avec fonction ventriculaire
gauche préservée restent peu décrits.
Cette étude rapporte une prévalence
de la dysfonction diastolique modérée
à sévère, 6 fois plus élevée (44 %)
dans l’insuffisance cardiaque à fonc-
tion ventriculaire gauche préservée,
comparée avec la prévalence de 7 %
de dysfonction diastolique modérée à
sévère dans une étude de population
sans insuffisance cardiaque mais avec
des facteurs de risque de Redfield [3].
Le taux d’événement était plus élevé
chez ces patients. Ces résultats suggè-
rent donc que la dysfonction diasto-
lique moyenne à sévère représente un
mécanisme physiopathologique impor-
tant dans l’insuffisance cardiaque à
fonction ventriculaire gauche préservée
[3], plus importante que la fibrillation
auriculaire, la FEVG ou la surface de
l’oreillette gauche. En revanche, dans
cette étude, la dysfonction systolique
évaluée par la FEVG n’était pas liée au
degré de dysfonction diastolique alors
que d’autres études avaient montré une
relation entre la dysfonction diastolique
sévère et la dysfonction systolique
sévère [3]. Cependant, les critères d’in-
clusion de cette étude étaient une FEVG
normale ou limite réduisant la chance
de confirmer cette relation. Il n’y pas
eu non plus de relation retrouvée entre
la dysfonction diastolique et le diabète,
l’hypertension artérielle ou l’hypertro-
phie ventriculaire gauche, ce qui est
surprenant et contraste avec d’autres
études [5, 6].
L’échographie cardiaque joue un rôle
dans l‘évaluation de la fonction dias-
tolique mais cette technique peut être
limitée par les variations de fréquence
cardiaque et les conditions de charge.
Ces limites peuvent justifier le recours
à d’autres mesures objectives de la
dysfonction diastolique telles que le
BNP, comme cela a été suggéré dans
les recommandations à paraître de
l’European Society of Cardiology [7].
Plusieurs études ont déjà montré que
des taux de BNP élevés étaient prédic-
teurs de la présence d’une dysfonc-
tion diastolique [4]. Des techniques
récentes incluant le strain [8] pour-
raient mieux identifier et classer la
dysfonction diastolique.
Limites de l’étude. Il y a plusieurs
limites à cette étude, la plus
importante étant la difficulté de
mesurer la dysfonction diastolique
dans une étude internationale
multicentrique. Il faut noter que
le Doppler tissulaire à l’anneau
et le mode TM couleur n’étaient
pas disponibles et standardisés au
moment de l’étude. Les autres limites
étaient la difficulté de mesurer la
fonction diastolique et systolique
en fibrillation auriculaire (mais les
résultats étaient similaires après que
les patients en fibrillation auriculaire
aient été exclus), l’utilisation du NT-
pro-BNP comme outil diagnostique
de la dysfonction diastolique (la
survie était similaire pour les patients
avec flux transmitral pseudo-normal
diagnostiqué par échographie
cardiaque ou par NT-pro-BNP) et le
design cross-over de l’étude. Cette
étude est cependant prospective,
avec l’utilisation de valeurs ajustées
à l’âge et l’évaluation de la FEVG et
du volume de l’oreillette gauche. La
plupart des échographies envoyées
par tous les centres étaient de
qualité adéquate pour l’évaluation
et il y avait une bonne concordance
entre les différents laboratoires
d’échocardiographie cardiaque.
Conclusion
Cette étude montre donc la valeur
prédictive d’événements cardiovas-
culaires de la dysfonction diastolique
dans l’insuffisance cardiaque, ce qui
confirme la nécessité de mettre en
évidence de manière objective cette
dysfonction diastolique chez les
patients à FEVG préservée.
Catherine Meuleman
Hôpital Saint-Antoine,
Service de cardiologie,
184, rue du Faubourg Saint-Antoine,
75571 Paris cedex 12
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