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Prestations médicales et thérapies rationnées : Les réseaux de soins intégrés devront con-
clure un contrat prévoyant un budget avec une caisse-maladie. Le réseau sera coresponsable du
respect de ce budget. Lors de son établissement, on estimera les coûts des assuré(e)s pour
l’année à venir. Et si les coûts réels s’avèrent plus bas que budgétisé, le réseau encaissera un
bénéfice à partager avec la caisse-maladie. S’il y a déficit, réseau et caisse l’épongeront. Cette
coresponsabilité budgétaire a pour conséquence que les médecins d’un réseau ont intérêt à
prescrire de manière restrictive des traitements – en particulier ceux qui sont chers – ou à y re-
noncer. Pour le médecin, faire ou non un examen et prescrire ou non un traitement est souvent
une question d’appréciation. Comme les caisses décideront elles-mêmes avec quels réseaux
elles veulent travailler, elles pourront faire pression sur eux et choisir les plus avantageux.
Pas de libre choix de l’hôpital ni de l’EMS : Les réseaux de médecins auront le droit de con-
clure des contrats d’exclusivité avec tel hôpital ou EMS. Les patient(e)s pourront se voir con-
traints d’entrer dans l’un de ces hôpitaux ou EMS choisis par le réseau, uniquement parce qu’ils
auront conclu un contrat très avantageux avec lui. De plus, la qualité ne jouera qu’un rôle secon-
daire dans la conclusion de ces contrats, car ce sont les prix qui seront déterminants.
Disparition des modèles d’assurance économiques existants : Les modèles d’assurance
comme celui du médecin de famille ou les solutions HMO, qui permettent aujourd’hui
d’économiser sur les primes, disparaîtront parce que, pour eux aussi, la quote-part passera à
15 % des frais et à 1 000 francs par an, ou parce que les caisses n’auront plus le droit de les pra-
tiquer.
Maigres économies : Il est illusoire de croire que cette révision de la LAMal fera baisser les
coûts de la santé pour une qualité équivalente. Les vrais facteurs de coûts – industrie pharma-
ceutique et bureaucratie des caisses-maladie – ne seront pas touchés. Au contraire : les nou-
veaux modèles de soins intégrés et les innombrables contrats et réglementations qu’ils auront
pour corollaires renforceront la bureaucratie et le manque de transparence dans ce domaine.
Une médecine à deux vitesses : Le Conseil fédéral estime qu’un petit tiers des habitant(e)s
voudra continuer à pouvoir choisir librement son médecin malgré la hausse de la participation
aux coûts, les deux autres tiers étant obligés d’adhérer à un réseau de soins intégrés pour des
raisons financières. Ceux-ci seront alors contraints de renoncer au libre choix du médecin, de
l’hôpital et de l’EMS, ainsi que de la caisse. Et ils devront vivre avec la peur que, pour des raisons
de coûts, les médecins de leur réseau ne leur prodiguent pas les meilleurs soins possibles.
Celle et celui qui ne veut pas d’une médecine à deux vitesses signera le référendum contre
le projet de « managed care » adopté par le Parlement fédéral !