Des impulsions plus fortes en politique monétaire et fiscale sont

Daniel Lampart, économiste en chef et premier secrétaire de l’USS
Des impulsions plus fortes en politique monétaire et fiscale sont nécessaires
Un PIB par habitant en quasi-stagnation
Ces dernières années, l’économie suisse n’a connu qu’une croissance faible par habitant. Le PIB
par habitant n’est supérieur aujourd’hui que de 0,8 % au niveau qui était le sien avant
l’éclatement de la crise financière en 2008. Par rapport à l’Allemagne par le passé, la Suisse
s’était développée aume rythme qu’elle un écart de 4 % s’est même creusé concernant leur
croissance économique respective. La surévaluation du franc est la principale cause de cette
évolution. Elle a durement impacnotre pays. Sans cette forte surévaluation, le PIB suisse par
habitant serait aujourd’hui supérieur de 3 000 francs, comme le montre les modèles économé-
triques. Le choc du franc nous coûte en tout approximativement 25 milliards de francs par an.
PIBel par habitant
(2008=100 ; 2016 estimation)
80
85
90
95
100
105
110
95 00 05 10 15
Schweiz Deutschland
Depuis 2015, la Suisse fait partie des rares pays au monde le chômage augmente. Désormais,
notre pays est en moins bonne position que l’Allemagne. Pour la première fois, son taux de chô-
mage est plus élevé que son voisin d’outre-Rhin. Selon les prévisions conjoncturelles, aucune
vraie amélioration de la situation n’est en vue. L’Union syndicale suisse (USS) s’attend pour 2017
C O N F É R E N C E D E P R E S S E A N N U E L L E D U 4 J A N V I E R 2 0 1 7
Suisse
Allemagne
2
à une croissance du PIB d’environ 1,5 %, à un renchérissement d’environ 0,3 % et à un taux de
chômage de 3,3 % (SECO), de 4,7 % (BIT)
1
.
Taux de chômage, comparaison internationale
(désaisonnalisé, selon le BIT)
Une place industrielle sous pression, quand elle serait plus importante que jamais à
cause de la fin du sysme fiscal offshore
Des pans entiers de l’économie d’exportation sont désormais confrontés à une forte pression.
L’industrie des machines, des équipements électriques et des taux a perdu des parts sen-
sibles de marché. Les chiffres de l’emploi le montrent aussi. Alors que les constructeurs de ma-
chines allemands ont augmenté d’environ un quart l’effectif de leur personnel depuis 2008, 14 %
des emplois de cette branche ont disparu en Suisse. Une tendance à la hausse n’est toujours pas
en vue.
Emploi dans l’industrie des machines : Suisse vs Allemagne
(2008=100,saisonnalisé)
1
L’USS établit ses prévisions en examinant quelles données récoltées (enquêtes aups des entreprises entre autres), ont
une propriété d’indicateur avan concernant le PIB, le cmage et le renchérissement. Sur la base de ces données per-
mettant de formuler des prévisions, un modèle est créé afin de calculer les prévisions concrètes pour l’ane à venir.
0
2
4
6
8
10
12
2000 2002 2004 2006 2008 2010 2012 2014 2016
EU-28 Schweiz Deutschland USA
80
90
100
110
120
130
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016
Deutschland Schweiz
UE 28
Suisse Allemagne USA
Allemagne Suisse
3
Or il serait plus important que jamais que la place industrielle enregistre une croissance. En effet,
le système fiscal suisse offshore et les recettes qui vont de pair pour la place financière touche à
sa fin. Le secret bancaire a déjà été supprimé pour les clients privés étrangers. Et avec le BEPS
2
,
ce sera à l’avenir sensiblement plus difficile de transférer en Suisse de la substance fiscale étran-
gère en l’absence de production dans notre pays. Et les taux d’imposition très bas ne sont
d’aucune aide ici. Au contraire, les mesures publiques d’austérité diminuent l’attractivité de la
place industrielle (formation, infrastructure de transport, etc.).
Politique monétaire : une orientation pas claire
À cause de la surévaluation du franc, les conditions nérales monétaires sont restrictives pour
l’économie suisse. Or les objectifs de la politique monétaire ne sont pas clairs. Ainsi, la Banque
nationale suisse (BNS) a fait savoir en cembre dernier qu’elle allait tenir compte de la « situa-
tion pour l’ensemble des monnaies ». Mais elle n’en a pas dit plus sur ce que cela signifie exac-
tement. Implicitement, cela signifie certainement qu’elle renonce à son orientation traditionnelle,
c’est-à-dire en fonction des principaux partenaires commerciaux du pays (mark allemand, puis,
euro).
Or, étant donné que la part de la zone euro aux importations suisses est de 70 %, il n’y a pas
d’autre solution que cette orientation, également du point de vue de la stabilité des prix. Le ren-
chérissement en Suisse est influencé par l’euro, pas par le dollar ou la livre anglaise. Une poli-
tique monétaire qui tient compte du dollar ou d’une autre monnaie est inefficace. Car, ou bien
elle entraînera un manque de clarté quant aux objectifs de cours poursuivis par la BNS, ou bien
celle-ci devrait créer un équilibre entre les grandes zones monétaires de l’euro et du dollar, ce qui
est absurde.
Un pouvoir d’achat diminué à cause du 2
e
pilier
Entre-temps, l’économie intérieure qui, surtout grâce à la croissance démographique, a fort bien
tiré son épingle du jeu ces dernières années, commence aussi à s’essouffler, en particulier parce
que le pouvoir d’achat ne croît plus aussi vigoureusement. Ici, les principaux problèmes sont la
stagnation de l’emploi (en équivalents plein temps), la hausse des cotisations du 2
e
pilier, la
baisse des rentes du même pilier et les programmes d’austérité publics.
Cette évolution du 2
e
pilier devrait s’accentuer pendant cette année qui commence, parce que les
caisses de pensions tablent sur une faiblesse persistante des rendements des capitaux
d’épargne. Compte tenu de ces hypothèses, soit les rentes baisseront, soit il faudra augmenter
les cotisations afin de compenser les baisses des rentes (cf. texte de Doris Bianchi). Le risque, ce
sont des salaires nets en baisse, avec les incidences négatives induites sur le pouvoir d’achat.
2
BEPS : Base Erosion and Profit Shifting, ou Érosion de la base d'imposition et transfert de bénéfices : programme de
l’OCDE desti à endiguer l’optimisation fiscale des entreprises via des transferts de bénéfices ou des réductions des -
néfices.
4
Taux de cotisation selon le règlement des caisses de pensions
3
(moyenne en %, 2016/17 prévisions de l’USS)
Taux de conversion et rente moyenne du 2
e
pilier
4
(taux de conversion. en %, rente en francs)
6.1
6.2
6.3
6.4
6.5
6.6
6.7
6.8
6.9
7.0
35,400
35,600
35,800
36,000
36,200
36,400
36,600
36,800
37,000
37,200
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Umwandlungssatz gem. Swisscanto
Durchschnittliche Pensionskassenrente, Männer (r. Skala)
Les primes des caisses-maladie alourdissent aussi la charge supportée par les gens, avant tout
les revenus moyens. Le recul enregistré concernant les ductions des primes est particulière-
ment inquiétant (sans aide sociale ni prestations complémentaires PC). Malgré la forte hausse
des primes des caisses-maladie, les cantons ont réduit leur contribution, alors que les couples
utilisent déjà plus de 10 % de leur salaire brut pour payer ces primes
5
.
3
Cotisations selon les règlements des caisses de pensions divi par la masse salariale assurée selon la statistique des
caisses de pensions de l’OFS (2004-2014). 2015, selon la Commission de haute surveillance.
4
Selon la statistique des caisses de pensions. Pour les femmes, l’évolution est moins univoque, car leur âge de la retraite a
été rele et leur processus d’épargne est quelque peu différent de celui des hommes (en particulier à cause de leur par-
ticipation structurellement croissante au marché du travail).
5
Voir D. Lampart, K. Schüpbach, D. Gallusser, Rapport 2016 de l’USS sur la répartition des salaires, des revenus et de la
fortune en Suisse, p. 19 ss ;
http://www.uss.ch/fileadmin/user_upload/117f_DL-KS-DG_Rapport-repartition_2016-internet.pdf
17.0
17.5
18.0
18.5
19.0
19.5
20.0
04 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16 17
Mittlerer reglementarischer Beitragssatz
Prognose
Taux de cotisati
on sel
.
glement
Prévisions
Taux de conversion selon Swisscanto
Re
nte du 2
e
pilier moyenne,
homme (échelle dr.)
5
Primes des caisses-maladie, réduction des primes, salaires
(corride l’influence des prix, sans aide sociale ni PC)
Par contre, la charge des entreprises et des actionnaires a é sensiblement allégée. Le taux
moyen de l’impôt sur le néfice des entreprises taxées selon la procédure ordinaire a baissé.
S’y ajoutent de nombreux privilèges fiscaux que les cantons n’ont appliqués qu’aux entreprises
internationales mais aussi aux entreprises suisses classiques. Les actionnaires profitent surtout
de la RIE II, via l’imposition partielle et le principe de l’apport de capital. Depuis leur introduction,
ces allégements fiscaux ont coûté plus de 10 milliards de francs aux pouvoirs publics et plus de
2 milliards à l’AVS
6
.
Taux de l’impôt sur le bénéfice des sociétés de capitaux taxées selon la procédure ordinaire
(EATR
7
selon BAKBasel, pondéré avec le produit de l’impôt sur le bénéfice des cantons
8
)
6
L’USS a publié analyse sur cette question (en allemand) :
http://www.sgb.ch/fileadmin/user_upload/Dokumente/Beilagen_Medienmitteilungen/161227_Ausfaelle_usrII.pdf.
7
EATR = mesure de la charge fiscale effective.
8
Aucune donnée pour les années 2004, 2006 et 2008.
+106%
+32%
+13%
-20%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
120%
1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Prämien Prämienverbilligungen Löhne
10%
11%
12%
13%
14%
15%
16%
17%
18%
19%
20%
2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
Primes duction primes
Salaires
1 / 6 100%

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