3
Or il serait plus important que jamais que la place industrielle enregistre une croissance. En effet,
le système fiscal suisse offshore et les recettes qui vont de pair pour la place financière touche à
sa fin. Le secret bancaire a déjà été supprimé pour les clients privés étrangers. Et avec le BEPS
2
,
ce sera à l’avenir sensiblement plus difficile de transférer en Suisse de la substance fiscale étran-
gère en l’absence de production dans notre pays. Et les taux d’imposition très bas ne sont
d’aucune aide ici. Au contraire, les mesures publiques d’austérité diminuent l’attractivité de la
place industrielle (formation, infrastructure de transport, etc.).
Politique monétaire : une orientation pas claire
À cause de la surévaluation du franc, les conditions générales monétaires sont restrictives pour
l’économie suisse. Or les objectifs de la politique monétaire ne sont pas clairs. Ainsi, la Banque
nationale suisse (BNS) a fait savoir en décembre dernier qu’elle allait tenir compte de la « situa-
tion pour l’ensemble des monnaies ». Mais elle n’en a pas dit plus sur ce que cela signifie exac-
tement. Implicitement, cela signifie certainement qu’elle renonce à son orientation traditionnelle,
c’est-à-dire en fonction des principaux partenaires commerciaux du pays (mark allemand, puis,
euro).
Or, étant donné que la part de la zone euro aux importations suisses est de 70 %, il n’y a pas
d’autre solution que cette orientation, également du point de vue de la stabilité des prix. Le ren-
chérissement en Suisse est influencé par l’euro, pas par le dollar ou la livre anglaise. Une poli-
tique monétaire qui tient compte du dollar ou d’une autre monnaie est inefficace. Car, ou bien
elle entraînera un manque de clarté quant aux objectifs de cours poursuivis par la BNS, ou bien
celle-ci devrait créer un équilibre entre les grandes zones monétaires de l’euro et du dollar, ce qui
est absurde.
Un pouvoir d’achat diminué à cause du 2
e
pilier
Entre-temps, l’économie intérieure qui, surtout grâce à la croissance démographique, a fort bien
tiré son épingle du jeu ces dernières années, commence aussi à s’essouffler, en particulier parce
que le pouvoir d’achat ne croît plus aussi vigoureusement. Ici, les principaux problèmes sont la
stagnation de l’emploi (en équivalents plein temps), la hausse des cotisations du 2
e
pilier, la
baisse des rentes du même pilier et les programmes d’austérité publics.
Cette évolution du 2
e
pilier devrait s’accentuer pendant cette année qui commence, parce que les
caisses de pensions tablent sur une faiblesse persistante des rendements des capitaux
d’épargne. Compte tenu de ces hypothèses, soit les rentes baisseront, soit il faudra augmenter
les cotisations afin de compenser les baisses des rentes (cf. texte de Doris Bianchi). Le risque, ce
sont des salaires nets en baisse, avec les incidences négatives induites sur le pouvoir d’achat.
2
BEPS : Base Erosion and Profit Shifting, ou Érosion de la base d'imposition et transfert de bénéfices : programme de
l’OCDE destiné à endiguer l’optimisation fiscale des entreprises via des transferts de bénéfices ou des réductions des bé-
néfices.