C.H.R.U. de LILLE
Document
DOC/CSH/011
Service des Maladies du Sang
Information sur l’allogreffe de cellules
souches
hématopoïétiques
V : 01
Date : 21/04/2016
Activité greffe
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Document interne, propriété du C.H.R.U. de LILLE
INFORMATION PREALABLE AU RECUEIL DU CONSENTEMENT d’UNE PERSONNE MAJEUR
Allogreffe de cellules souches hématopoïétiques
Vous avez été informé par votre médecin qu’une allogreffe de cellules souches vous est proposée car
au stade actuel de votre traitement, elle est indiquée, afin de vous donner les meilleures chances de
combattre efficacement votre maladie.
Cette notice d’information est destinée à vous aider à mieux comprendre les objectifs et le
déroulement d’une allogreffe appelée aussi greffe allogénique. Les informations de ce document sont
développées dans le livret d’information et d’aide à la décision à l’usage des patients « greffe de
cellules souches hématopoïétiques », qui vous a été remis et consultable sur www.sfgm-tc.com.
1. Qu’est-ce qu’une allogreffe de cellules souches hématopoïétiques ?
Une allogreffe, c’est une greffe à partir d’un donneur sain à un receveur dont l’état clinique le
nécessite. On recherche d’abord dans la fratrie un donneur HLA compatible (donneur géno-identique
apparenté), en son absence un donneur compatible dans les registres internationaux (donneur
phéno-identique non apparenté). On peut faire appel aussi soit au sang placentaire des nouveau-nés
disponibles dans les banques internationales de sang de cordon, soit à un donneur HLA semi-
compatible dans la famille (ascendants, descendants …), il s’agit d’un donneur haplo-identique.
Les cellules souches hématopoïétiques sont des cellules « mères » de toutes les autres, c’est à dire
des cellules immatures capables de produire toutes les cellules matures du sang : les globules rouges,
les globules blancs et les plaquettes. Elles siègent dans la moelle osseuse à l’état normal. Cependant,
il est possible de faire sortir ces cellules dans le sang des donneurs par des facteurs de croissance des
globules blancs comme le G-CSF. Enfin, on peut aussi en trouver en bonne quantité dans le sang du
cordon ombilical, c’est-à-dire le sang du bébé restant dans le placenta et normalement détruit après
l’accouchement. Selon les circonstances, un type de greffon, c’est-à-dire de cellules souches
provenant soit de la moelle osseuse, soit du sang périphérique ou du sang de cordon, est plus
indiqué qu’un autre. Dans tous ces cas, il s’agit d’une greffe de cellules souches hématopoïétiques.
2. Quel est l’objectif d’une allogreffe ?
L’indication d’une allogreffe est retenue après discussion lors d’une réunion de concertation
pluridisciplinaire (RCP) : l’allogreffe vous a été proposée après évaluation des bénéfices et des risques
vis-à-vis des traitements actuellement disponibles pour votre maladie en tenant compte de votre état
général, des critères pronostiques de votre maladie et de votre réponse aux traitements antérieurs.
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L’objectif de l’allogreffe est donc double et repose sur :
- un conditionnement pour recevoir la greffe : le but est de détruire la maladie résiduelle qui
persisterait après chimiothérapie conventionnelle, mais aussi votre propre moelle osseuse et vos
défenses immunitaires pour permettre la prise de greffe. Il existe divers types de conditionnements
selon votre maladie, votre âge et votre état de santé. Il pourra comporter une chimiothérapie plus ou
moins intensive et/ou une irradiation corporelle totale (des rayons sur l’ensemble du corps) et/ou des
médicaments immunosuppresseurs.
- la réinjection du greffon du donneur sera effectuée comme une transfusion après le
conditionnement dans le but de remplacer la moelle osseuse détruite et d’apporter des lymphocytes
sains (catégorie de globules blancs), qui auront un rôle d’immuno-surveillance et un effet anti tumoral
puissant et prolongé. C’est ce que l’on appelle l’effet du greffon contre la maladie.
- Cas particulier des greffes dans les maladies non cancéreuses : l’objectif n’est pas de détruire une
maladie maligne résiduelle ni d’avoir un effet du greffon contre la maladie, mais de permettre le
remplacement de la moelle osseuse déficiente par la moelle saine du donneur.
3. Quels sont les prérequis ?
La réalisation de l’allogreffe dépend de 3 conditions : l’état actuel de votre maladie, de votre état
général et de la disponibilité d’un donneur ou d’un greffon compatible.
4. Quelles sont les étapes d’une allogreffe?
1 Avant la greffe :
Vous bénéficierez :
d’une consultation pré-greffe auprès du médecin greffeur en présence le plus souvent de l’infirmière
coordinatrice, pour vous informer ainsi que votre famille ou vos proches désignés du déroulement de
cette greffe, pour vérifier l’absence de contre-indication, et recueillir votre consentement.
d’un bilan pré-greffe qui a pour but de vérifier la réponse de votre maladie au traitement antérieur,
mais aussi votre état de santé par un bilan cardiaque, respiratoire, soins dentaires, etc. Ce n’est
qu’après la validation du bilan pré-greffe que la greffe est confirmée. Jusqu’à l’hospitalisation pour la
greffe, c’est votre hématologue habituel qui est responsable de votre suivi.
2 La greffe :
La greffe est réalisée pendant une hospitalisation de 4 à 8 semaines en milieu protégé sous
surveillance en chambre seule avec un isolement de façon à limiter les infections. Si vous n’êtes pas
déjà porteur d’une voie veineuse centrale, il vous en sera posé une. Les étapes successives sont les
suivantes :
Le conditionnement adapté à votre maladie peut durer de quelques jours à 2 semaines.
Le greffon vous sera réinjecté comme une transfusion, 24 à 48 heures après la fin du
conditionnement. Les cellules souches contenues dans la poche de greffe se mélangeront dans le sang
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et iront se reloger naturellement dans votre moelle osseuse pour s’y multiplier et se mettre à produire
les cellules du sang après 12 à 20 jours.
La période d’aplasie: le nombre de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes est très bas
car les cellules souches du donneur repeuplent la moelle osseuse avant de produire à nouveau les
cellules sanguines dans un délai de 2 à 6 semaines selon le type de conditionnement et la nature du
greffon. La récupération des globules rouges et des plaquettes peut être plus lente, il sera nécessaire
pendant toute cette période de vous transfuser en plaquettes et en globules rouges et de vous
administrer, éventuellement, des facteurs de croissance pour accélérer la sortie des globules dans le
sang.
3 Le suivi post-allogreffe :
Le retour à domicile se fera après la remontée des globules blancs, en l’absence de complications et
un retour à une autonomie (boissons et repas suffisants, déplacement sans difficultés importantes…).
Une infirmière vous donnera toutes les informations concernant les précautions dans votre vie
quotidienne et votre alimentation. Il vous sera remis un carnet de suivi post-allogreffe comportant des
numéros de recours d’urgence, des conseils éducatifs pour limiter les infections, et pour y consigner
tous les évènements inattendus. Ces précautions seront à suivre au moins 6 mois à 1 an, et tant que
vous prendrez un traitement immunosuppresseur.
Dans les premières semaines qui suivent votre sortie du service, une surveillance médicale sera
effectuée en hôpital de jour avec examen clinique, prises de sang, et éventuellement examens
complémentaires, perfusions ou transfusions. Selon votre état, le rythme du suivi sera de 2 à 3 fois par
semaine puis 1 fois par semaine jusqu’au 100eme jour après la greffe. Sur le plan infectieux, des
complications peuvent survenir et doivent être rapidement prises en charge par votre médecin
traitant, en collaboration avec votre hématologue référent. La prise en charge ultérieure sera plus
espacée et pourra être effectuée en consultation. Lorsque votre état sera stabilisé après arrêt du
traitement immunosuppresseur, le relais pourra être assuré par votre hématologue greffeur en
alternance avec votre hématologue habituel et votre médecin traitant.
5. Quels sont les risques et les contraintes de l’allogreffe ?
Quelle que soit la raison pour laquelle une greffe vous est proposée, les risques ne se limitent pas au
temps de l’hospitalisation et sont différents selon la période. Ainsi, il peut survenir des complications
pouvant entrainer le décès.
Les risques du conditionnement : ce sont les effets secondaires de la chimiothérapie à haute dose
et/ou de la radiothérapie et des traitements immunosuppresseurs. Ils peuvent être plus marqués que
dans les traitements classiques:
nausées et/ou vomissements, qui sont prévenus systématiquement par des traitements anti-vomitifs
habituellement efficaces,
une baisse d’appétit : un support nutritionnel par sonde gastrique ou par voie intraveineuse peut
être mis en place.
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une fatigue,
une chute de cheveux,
et de façon décalée une inflammation douloureuse de la bouche (appelée mucite) étendue parfois au
tube digestif malgré les bains de bouche préventifs. La mucite peut gêner la déglutition et
l’alimentation, entrainer des troubles du transit à type de diarrhée, et nécessiter des antalgiques à
base de morphine. Les troubles digestifs s’amélioreront progressivement et disparaitront à la sortie
d’aplasie sauf dans de rares cas.
Il peut être aussi observé des effets sur la peau, le foie, la vessie, les reins et les poumons.
Les risques de l’aplasie sont triples : infectieux, saignements et fatigue.
- le risque infectieux est lié à la diminution de vos défenses immunitaires engendrée par la maladie et
les traitements. Malgré les précautions d’isolement qui permettent d’éviter les germes apportés par
les visites et le personnel (chambre protégée, alimentation appauvrie en germes, médicaments
appelés décontamination intestinale …), des agents infectieux (bactéries, champignons, virus)
provenant de votre propre corps peuvent proliférer et entraîner des infections sévères. En cas de
fièvre, vous serez rapidement traité par des traitements anti-infectieux adaptés. Divers prélèvements
seront effectués pour rechercher des micro-organismes, même si un germe n’est identifié que dans
un nombre restreint d’épisodes fébriles. Plus rarement, une infection sévère peut conduire à un
transfert en réanimation. Dès que les globules blancs remontent, le risque infectieux diminue pour
s’amoindrir à la sortie d’aplasie, mais ne disparaît pas complètement.
- La fatigue et le risque hémorragique sont liés à la baisse des globules rouges et des plaquettes,
habituelle dans l’aplasie, et qui peut nécessiter des transfusions.
Les risques du post- greffe immédiat
- A la sortie du secteur de greffe, vous resterez encore extrêmement fragile vis-à-vis des infections
durant plusieurs mois. En effet, les nouveaux globules blancs issus de la moelle de votre donneur ne
sont que partiellement efficaces et ce d’autant moins que le traitement immunosuppresseur comme
la ciclosporine est prolongé. Il faudra donc être très vigilant pour prévenir ce risque infectieux : bien
prendre tous les médicaments prescrits, et suivre attentivement les consignes du livret de sortie. Au
retour à domicile, il sera nécessaire de prévenir votre médecin en cas de symptômes inattendus car
une infection prise en charge trop tardivement peut vite devenir très grave.
- Rejet et réaction du greffon contre l’hôte dite GVH (Graft Versus Host en anglais):`
o Le risque de rejet de greffe est très faible, pouvant amener à faire une réinjection de cellules
souches de votre donneur ou une deuxième greffe. Le chimérisme (proportion de cellules du
donneur dans votre sang ou votre moelle osseuse) est le témoin de la prise de greffe et est
régulièrement évalué. Si les résultats ne sont pas satisfaisants, il peut vous être proposé des
réinjections de lymphocytes de votre donneur (DLI).
o La maladie du greffon contre l’Hôte est le principal risque immunologique. C’est l’attaque par le
nouveau système immunitaire (lymphocytes T), issu du donneur, de vos organes sains qu’il
reconnaît comme étrangers. Il existe deux formes de GVH. La GVH aiguë se manifeste le plus
souvent sous forme de lésions cutanées, de manifestations digestives à type de diarrhées ou de
modifications du bilan hépatique ou de jaunisse. Cette réaction est plus fréquente que le rejet
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malgré un traitement préventif comportant de la CICLOSPORINE ou autre immunosuppresseur.
Cependant, dans les cas elle se produit, elle peut être sérieuse voire grave. Son traitement
vise à contrôler l’activité excessive des cellules du greffon, mais peut majorer les risques
d’infections. La réaction du greffon contre l’hôte peut devenir une maladie chronique, parfois
invalidante avec un impact sur la qualité de vie. Elle peut nécessiter des prises en charge
spécialisées, une adaptation du traitement immunosuppresseur et des visites plus fréquentes.
- Plus rarement surviennent d’autres complications comme :
o La maladie veino-occlusive du foie : liée à la toxicité sur les petits vaisseaux du foie, elle survient
rarement et se manifeste par une prise de poids, une jaunisse ou ictère etc et répond
habituellement aux traitements appropriés.
o Une cystite hémorragique : inflammation et saignement de la vessie, dus soit à un médicament
utilisé dans le conditionnement, soit à la réactivation d’un virus. Elle se manifeste par des douleurs
en urinant et du sang dans les urines, nécessitant parfois la pose d’une sonde urinaire pour
pratiquer des lavages de vessie. C’est une complication qui prolonge l’hospitalisation car elle est
souvent longue à contrôler.
Les risques tardifs
- un déficit immunitaire prolongé : les risques infectieux tardifs sont essentiellement de nature
virologique (réactivation de virus comme le virus varicelle–zona….). Un programme de revaccination
est nécessaire.
- une rechute post-greffe de la maladie reste possible. Une surveillance appropriée de la maladie et,
si besoin, des traitements complémentaires pourront vous être proposés tels que la réinjection des
lymphocytes des donneurs (DLI).
- Des effets secondaires à long terme des chimiothérapies peuvent entraîner : une ménopause
précoce chez les femmes, une stérilité, une cataracte en cas d’irradiation corporelle totale ou de
corticothérapie à haute dose …
Tous ces risques peuvent impacter plus ou moins durablement la qualité de vie et des soins de confort
pourront vous être prescrits.
6. Informations complémentaires
Confidentialité : En application des articles 40.1 et suivants de la loi « Informatique et liberté »
(CNIL), l’information médicale vous concernant sera enregistrée dans le dossier informatique de
l’hôpital et dans les bases de données électroniques, confidentielles. Seules les personnes autorisées
auront accès aux données de votre dossier médical, sous la responsabilité du médecin et sous le
couvert du secret médical. Conformément à la loi, vous pouvez également accéder, directement ou
par l’intermédiaire d’un médecin de votre choix, à l’ensemble de vos données médicales, en
application des dispositions de l’article L 1111-7 du Code de la Santé Publique et exercer un droit à la
rectification des données vous concernant.
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