PRODUCTEUR PLUS
Les sols et l'agriculture, Gérard Millette Ph.D.
Chapitre 04
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Un temps frais ou humide peut retarder la croissance du
maïs au printemps, et en diminuer les rendements de façon
appréciable. Pourtant, les producteurs de fraises agissent à
l’inverse. Il couvrent de paille les fraisiers pour les protéger
contre les froids intenses et très variables de l’hiver, et se hâ-
tent de les découvrir tôt au printemps pour qu’ils reçoivent
de la chaleur et démarrent rapidement leur croissance.
Ayons à l’esprit que les unités thermiques pour le maïs
grain ont été calculées à partir des températures de notre at-
mosphère. Elles sont exprimées en degrés Fahrenheit. Pour
croître, le maïs a besoin d’un minimum de 50°F pendant le
jour, et de 40°F la nuit, durant toute la période normale sans
gel d’une région. Si l’on soustrait le minimum de 50°F de la
moyenne de température du jour, et le minimum de 40°F de
la moyenne de température de la nuit, l’on obtient deux va-
leurs qui, additionnées, donnent le nombre d’unités ther-
miques accumulées pour cette journée. Pour obtenir les
unités thermiques d’une région ou d’une ferme, il s’agit en-
suite d’additionner les valeurs ainsi calculées pour tous les
jours de la période normale sans gel.
La température et l’humidité exercent une influence
considérable sur la qualité des récoltes. Lorsque les nuits sont
fraîches durant la saison de croissance, la plante ne peut pas
convertir les sucres en amidon pendant la nuit. Elle accumule
donc du sucre dans ses tissus. Le maïs sucré cultivé aux en-
droits où les nuits sont fraîches régulièrement en est un bon
exemple. Les nuits fraîches qui prévalent dans plusieurs sec-
teurs du Québec, en saison de croissance, constituent un pa-
trimoine climatique qui devrait être exploité commercia-
lement au sud de la frontière. Nos produits maraîchers verts,
comme les pois, les pois mange-tout, les haricots fins, etc., ont
souvent un goût sucré et raffiné très distinctif.
LA LUMIÈRE
La lumière joue un rôle plus important que l’on ne croit
en général. Ses rayons sont contenus dans une gamme éten-
due de longueurs d’ondes. Sur une échelle ascendante vien-
nent d’abord les rayons ultraviolets (UV), qui présentent des
ondes très courtes. Ensuite, nous retrouvons les rayons visi-
bles, puis les rayons infrarouges (IR), et finalement les rayons
ultra-infrarouge (UIR), aux ondes extrêmement longues. Pour
accomplir la photosynthèse, la plante utilise la lumière
comme source d’énergie. Elle absorbe entre 80 % et 95 % des
rayons UV, ainsi que des rayons visibles. Elle utilise seulement
5 % des rayons IR, et entre 40 % et 90 % des rayons UIR. Ce-
pendant, la plante consomme moins de 20 % de toute l’éner-
gie ainsi absorbée. L’ensemble de l’énergie solaire utilisable
par la plante représente moins de 6 %. Les plantes les plus ef-
ficaces emploient moins de 1 % de toute l’énergie solaire dis-
ponible. Le maïs se situe bien en deçà de ce pourcentage avec
environ 0,6 %. Des recherches en génétique se poursuivent
pour améliorer cette performance.
Les meilleures performances de croissance des plantes
ont lieu sous un ciel clair. Dès que des nuages, de la poussière,
des vapeurs ou de la fumée diminuent l’intensité des rayons
solaires, le rythme de la photosynthèse chez la plante ralentit,
de même que sa croissance. Cependant, chaque plante a ses
propres exigences. La végétation de sous-bois exige une lu-
mière tamisée pour croître. L’épinette et le sapin baumier,
plantés dans un champ à ciel ouvert, s’allongent lentement
et développent beaucoup de branches rapprochées sur le
tronc, alors que si les arbres poussent dans un boisé de peu-
pliers faux-trembles, ils s’allongent rapidement et leurs
branches sont espacées les unes des autres. Pour atteindre sa
croissance maximum, chaque plante requiert une intensité
de lumière particulière. Cette exigence établit le minimum
d’espace ouvert tolérable. Par conséquent, l’intensité de lu-
mière requise pour la croissance de chaque type de plante
détermine la densité de semis acceptable.
À l’équateur, les jours et les nuits de douze heures cha-
cun se succèdent à l’année longue. À Montréal, près du 45e
parallèle, le jour le plus long de l’année atteint plus de 15
heures et 40 minutes de lumière, et le plus court 8 heures et
20 minutes. C’est pourquoi nous devons allonger artificielle-
ment la durée de la lumière dans les serres pour que les
plantes tropicales fleurissent en hiver.
À mesure qu’on se dirige vers les pôles, il faut dévelop-
per de nouveaux cultivars adaptés à la longueur du jour pen-
dant la saison de croissance. Par conséquent, l’ensemen-
cement hâtif est primordial au Québec. En 1967 et 1968, j’ai
fait de la recherche sur les façons de cultiver le maïs grain. Le
maïs semé à la fin d’avril avait atteint environ un mètre de
hauteur le 21 juin. Il a pu bénéficier au maximum de l’énergie
solaire. Ces plants ont donné les plus hauts rendements, avec
une fertilisation identique à celle appliquée au maïs semé plus
tard. En d’autres termes, il faut semer le plus tôt possible au
printemps pour que les plantes bénéficient de toute l’énergie
solaire disponible. La clarté du jour du 21 avril a la même
durée que celle du 21 août. Il faut créer des conditions qui ac-
célèrent le réchauffement du sol au printemps, afin d’obtenir
les rendements maximums. C’est un élément aussi important
que la fertilisation du sol.