De nouveaux défis pour les promoteurs de régimes privés

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MédicaMents biologiques
De nouveaux défis
pour les promoteurs
de régimes privés
par Johanne Brosseau et Pauline Ruel
en raison de leurs coûts très élevés et de leur mode
d’administration, même s’ils traitent un nombre limi de
patients, les médicaments biologiques confrontent les régimes
privés d’assurance dicaments à de nouveaux défis.
Cet article n’a pas la prétention d’identifier de façon
exhaustive tous les enjeux et solutions liés aux bio-
médicaments, mais de fournir un minimum d’information
aux promoteurs de gimes privés inquiets de leur venue.
La démonstration de la rentabiliet de l’efficacité d’un
biomédicament n’est pas évidente. D’une part, les gouver-
nements exigent des études exhaustives qui montrent le
ratio coûts-bénéfices, mais refusent de payer les coûts éles
qui en résultent, pour amortir les investissements dans ces
recherches. D’autre part, on conteste la valeur des études
cliniques parce qu’elles sont généralement effectuées par
rapport à un placebo, qu’elles sont limitées dans le temps et
surtout, qu’elles impliquent un nombre très restreint de
patients car une faible partie de la population souffre de ces
pathologies.
Biomédicaments génériques
Contrairement aux médicaments chimiques, les dicaments
biologiques présentent une structure moléculaire complexe
qui n’est pas facile à produire. La version générique d’un
biomédicament peut donc être de même composition
qualitative et quantitative au niveau de la substance active,
mais présenter des différences quant à la matière première ou
aux procédés de fabrication. C’est pourquoi un manufacturier
générique devra produire des données précliniques et
cliniques supplémentaires, dans des conditions déterminées
par voie réglementaire. Les médicaments biogénériques
peuvent réduire les coûts, mais pas à un niveau comparable à
celui des médicaments non biologiques.
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Du fait qu’ils sont composés de grandes molécules, la plupart
des médicaments biologiques doivent être administrés par
injection. En ral, les gimes pris couvrent le coût du
médicament, mais excluent les frais dadministration. À moins
de gérer un montant maximum admissible, calcu sur la base du
prix coûtant de l’ingdient, ou de recevoir une preuve dachat
qui pare ces deux composantes, il est difficile de contrôler
l’exclusion des frais d’administration prévus au contrat.
Couvrir ou ne pas couvrir? Voila question
Un nombre croissant de biomédicaments injectables et de
nouveaux médicaments oraux, notamment dans le traitement
du cancer, ne sont pas rembours par les régimes publics.
Toutefois, certains changements gislatifs adops cemment
au Québec (loi 130) et anticipés en Ontario, permettent que ces
médicaments soient administs dans un établissement public.
Ceci évite les coûts faramineux d’administration à l’étranger
et duit la grogne populaire, en permettant aux patients assurés
par des régimes pris d’avoir accès à ces dicaments.
Cette approche ne contrevient pas à la Loi sur la santé,
puisqu’il s’agit de services non assus, mais l’assurance prie
pourrait devoir en assumer les coûts et les contrats devront
s’adapter à cette nouvelle ali.
De plus, cette pratique soulève des questions fondamentales :
Comment les régimes pris peuvent-ils justifier le rem-
boursement de médicaments que les experts provinciaux et
fédéraux ont recommandé de ne pas ajouter au formulaire
provincial ? Les capacis financières de l'État ne permettent
pas de rembourser tous les médicaments, mais les capacités
des gimes pris sont-elles illimies ?
Les patients dont les gimes pris paient aux pitaux des
revenus pour des services d'infusion et d'injection seront-ils
favorisés, au détriment d'autres services assurés par le
gime public ?
Comment contrôler que les médicaments soient utilisés
uniquement pour les indications approuvées par San
Canada et conformément aux lignes directrices de trai-
tement élaboes par les experts dicaux ?
n La liste des médicaments faisant l’objet d’une
pautorisation et la qualité de cette gestion sont variables
entre assureurs, et parfois chez un me assureur, en
fonction du sysme d’administration sur lequel est géré
le contrat d’assurance. De plus, le but premier est
d’administrer les exclusions au contrat et non de rer une
utilisation optimale, notamment en s’assurant que :
l Un médicament plus dispendieux, de deuxième ou
de troisième intention, est uniquement lorsque les
dicaments moins coûteux ont échoué ou ne sont
pas indiqués.
l La période de traitement est contrôlée et qu’une
évaluation périodique des résultats est effectuée pour
éviter la poursuite de traitements dispendieux mais
inefficaces.
l Le médicament est prescrit aux patients dont le profil
correspond à celui des participants aux études
cliniques et à un stade d’évolution de la maladie qui
en justifie l’utilisation.
n Le risque de rembourser des médicaments prescrits pour
des indications non officielles au Canada est réel et
croissant.
l Les decins prescrivent des médicaments dispendieux
MÉDICAMENTS BIOLOGIQUES Qu’est-ce quun dicament
biologique
ou biomédicament ?
Les dicaments biologiques ou
biomédicaments sont issus de techniques
qui utilisent de la matière vivante (tissus,
cellules, protéines) pour concevoir ou
produire des substances actives. Ainsi, des
organismes vivants ou leurs composants
cellulaires sont utilis pour produire
de l’insuline humaine, de l’hormone
de croissance, des facteurs anti-
mophiliques, des anticorps et des
interférons, lesquels sont des proines
produites par les cellules du système
immunitaire pour défendre l’organisme
contre les virus, bactéries, parasites et cellules
tumorales et traiter des maladies virales
comme l’patite, le virus des papillomes
et le VIH ou le cancer.
Parmi les biodicaments les plus utilis,
on retrouve les anticorps monoclonaux
(SIDA, hépatites), les insulines recombinantes
dans le traitement du diabète, les facteurs
de coagulation (mophilie), les vaccins et
les immunomodulateurs, dont les indications
multiples incluent diverses formes d’arthrite
et la maladie de Crohn.
Les biomédicaments sont concentrés dans
des classes pharmacologiques servant
principalement à traiter des maladies
chroniques. Par conquent, les
manufacturiers ont int à explorer toutes les
potentialis d’une classe, avant de prospecter
d’autres classes inconnues. Ceci explique
pourquoi la multiplication des indications (par
exemple, efficace dans plusieurs cancers) pour
un même biomédicament fait croître les cts,
au même titre que l’augmentation du nombre
de biodicaments offerts sur le marc.
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pour des indications non approues, notamment sur la
base du fait que cette pratique est généralisée ou
rappore dans la litrature, en prenant pour acquis que
les assurés se feront rembourser inconditionnellement
par les régimes pris.
l Quand un dicament est disponible galement sur le
marché canadien, les patients assus par des régimes
privés peuvent se faire prescrire ce médicament pour
une indication non approue, dans le cadre d’études
cliniques visant justement à obtenir l’approbation de
nouvelles indications. On sait que les patients des
gimes publics se verront systématiquement refuser le
remboursement de ces dicaments, en raison d’une
gestion plus rigoureuse des indications non
approuvées.
Comment concilier lacessité de restreindre le rembour-
sement aux indications officielles et lesir de réaliser les
économies substantielles résultant de l'utilisation de cer-
tains dicaments pour des indications non officielles ?
n Par exemple, Avastin approuvé au Canada dans le
traitement du cancer colorectal peut être utilisé à la place
de Lucentis, approuvé dans le traitement de la
générescence maculaire. À cause de leur canisme
d’action similaire, les ophtalmologistes ont pensé utiliser
l’Avastin dans le traitement de la dégénérescence
maculaire, me si cette indication n’est pas approue.
Le manufacturier de Lucentis justifie les coûts beaucoup
plus éles en invoquant les sommes investies dans la
recherche clinique pour obtenir son approbation dans le
traitement de la rescence maculaire.
Comment s'assurer qu'on identifie les patients dont les
caracristiques permettent de pvoir une ponse positive
au traitement, comme dans le cas du Herceptin contre le
cancer du sein ?
Des contles additionnels doivent être implans par les
gimes pris, pour limiter les augmentations de coûts :
n Vérifier que le patient est ambulatoire et n'est pas
hospitalisé.
n Contrôler le montant réclamé par le pharmacien ou
l'hôpital : les assurés des régimes publics bénéficient
d'ententes qui prévoient que seul le coût de l'ingrédient
sera factu, c’est-à-dire exempt d'honoraires et de marge
de profit.
n Contrôler les frais d'administration des médicaments aux
patients.
Il s'agit d'un défi pour les assureurs et d'une occasion
d'affaires pour certaines firmes scialisées dans l'administration
de ce type de médicaments, qu'on appelle communément
« specialty pharmacy » aux États-Unis. Ces fournisseurs
peuvent duire les coûts en gociant des rabais basés sur leur
volume d'achat des dicaments injectables et proposer des
prix concurrentiels pour l'administration de ces dicaments.
Toutefois, en raison du risque de conflit d'intérêts, il faut
instaurer des mécanismes de contrôle par des autorités
comtentes et inpendantes, afin d'éviter le prolongement de
traitements coûteux et inefficaces.
Dans le but de faciliter l'acs à un dicament, de con-
trôler les coûts et de garantir une utilisation appropre, les
manufacturiers concluent des ententes avec ces fournisseurs.
Toutefois, au Québec, les professionnels de la santé n'aiment
pas se faire imposer un fournisseur et c'est une alité avec
laquelle assureurs et manufacturiers doivent composer,
notamment en respectant le libre choix du lieu d'adminis-
tration, mais en imposant un montant maximum admissible.
Attentes des assurés et mission
dugime d’assurance
Au Québec, il ne faut pas perdre de vue que nonobstant le
contrat d’assurance, le patient peut toujours se prévaloir de la
mesure du patient d’exception pour obtenir un remboursement.
Voilà une autre raison de bien établir le cadre de décision et de
définir clairement le le de l’assureur afin qu’il re ces cas
rigoureusement, selon les crires établis par le gouvernement.
La majori des assus des gimes pris croient que tous
les dicaments seront remboursés, surtout si les cts sont
ts élevés et que leur survie en pend. Certaines organisations
peuvent témoigner de l’acharnement de certains emplos et
de leur famille, de l’intervention de leur ombudsman et du
déchirement entraînés par le refus de rembourser des
dicaments qui coûtent 100 000 $ pour prolonger la vie de
quelques mois, au mieux dans 40 % des cas. Ces situations
forcent les administrateurs à reconsidérer la mission du gime
qu’ils ont adope et communiquée à leurs membres, de fon
à créer des attentes alistes et à maintenir la viabilité financière
à long terme du gime. L’époque où tous les dicaments
prescrits étaient remboursés semble volue.
À juste titre, les administrateurs de gimes estiment ne pas
avoir la compétence pour gérer la liste des médicaments
admissibles et ne veulent pas être directement et même
indirectement impliqués dans la gestion de cas. C’est pourquoi
un nombre croissant d’entre eux veulent transiger avec des
assureurs qui se sont dos de comis thérapeutiques crédibles
et compétents, capables d’assumer, à l’inrieur des paramètres
finis par le promoteur de gime, la lourde responsabilité de
gérer la couverture médicaments (évaluation, définition,
évolution), d’administrer les cas et d’en assumer pleinement
les conséquences.
La première étape dans la recherche de solutions est
d’identifier et de comprendre la nature du probme. Nous
espérons avoir contrib à cette démarche en
suscitant une flexion au sein des organisations et
en provoquant des discussions entre les promoteurs
degimes et leurs conseillers et assureurs, avant
d’être confrontés à de difficiles réalités… s
JOHANNE BROSSEAU est conseillère principale
chez Groupe-conseil Aon à Montal.
PAULINE RUEL M. Sc. est conseillère pharmaceutique
pour le Groupe-conseil Aon.
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