messages sanitaires sont un compromis qui a été trouvé pour ne pas interdire la publicité vis-à-
vis de cette cible.
Les résultats sont-ils efficaces ? Après leur lancement, des enquêtes ont été menées par
l’INPES, qui montrent une appréciation globale positive. Appels spontanés relativement élevés,
des messages jugés clairs, faciles à comprendre, utiles et crédibles.
Mais pourquoi nous sommes-nous intéressés à cette question précise ? Des recherches
récentes en psychologie de la consommation suggèrent que lorsqu’on présente une justification
pour la consommation d’un produit hédonique, un produit que l’on achète pour se faire plaisir,
cette justification peut augmenter la consommation du produit.
Que se passe-t-il quand on présente un produit alimentaire hédonique et en même temps la
solution pour éviter les côtés négatifs de sa consommation ?
Quand nous consommons des produits pour nous faire plaisir, nous pouvons imaginer des
produits de luxe. Par exemple, on hésite entre une montre très chère et une montre peu chère.
Toutes les deux vont nous fournir la même information, elles vont nous donner l’heure. Par
contre, si je choisis l’option la plus chère, il va falloir que je justifie. J’ai bien travaillé cette année,
je la mérite. Plusieurs études sur les comportements des consommateurs montrent que pour
acquérir quelque chose qui a une dimension plaisir hédonique très forte, nous avons besoin de
nous justifier.
Pourquoi ? Parce que de la culpabilité est associée à la consommation hédonique. Mais si
un effort y est associé, j’acquiers le droit de me faire plaisir. Il est donc beaucoup plus facile de
consommer des produits plaisir quand la situation facilite la justification.
Face à ces constats de la littérature, les différents messages sanitaires lancés représentaient
pour nous une justification pour la consommation hédonique. Je pratique une activité physique
régulière, je peux consommer le produit qui est présenté dans la publicité.
Nous avons imaginé que la perception d’un produit hédonique était plus positive quand il était
visualisé avec le message sanitaire de prévention de l’obésité que lorsqu’il était visualisé sans.
Cependant, dans la littérature sur les comportements du consommateur, on voit que ces effets ne
sont pas toujours explicites. D’où l’intérêt de mesurer l’attitude envers les produits, les
comportements alimentaires, mais aussi les réponses implicites, c’est-à-dire le degré
d’association du produit avec des concepts sémantiques positifs et négatifs en mémoire.
Nous avons mené une expérimentation en laboratoire pour évaluer cette question. Les
participants ont été exposés de façon aléatoire à un produit hédonique, un Big Mac de
McDonald’s, avec ou sans message sanitaire. Nous avons choisi un produit connu et apprécié
des jeunes, qui étaient la cible ici, et un message sanitaire. Ils ont fait un test implicite avec
mesure des associations sémantiques et répondu à un questionnaire dans lequel ils indiquaient
quel cadeau ils préféraient pour leur participation à l’étude. Ils avaient le choix entre un bon
d’achat McDonald’s pour un sachet de fruits à croquer ou pour un Sunday (une crème glacéee).
Voici les résultats en termes de comportement alimentaire pour le choix entre le sachet de
fruits à croquer et la crème glacée : 131 étudiants universitaires ont participé à cette étude ; 82 %
des participants ayant vu la publicité avec le message sanitaire ont choisi le Sunday, alors
qu’uniquement 65 % de ceux qui ont vu la publicité sans le message sanitaire ont fait ce même
choix. Ces résultats sont en accord avec les résultats sur les mesures implicites.
La présence du message sanitaire diminue l’association implicite avec les concepts négatifs
testés. Cela diminue aussi l’estimation de calories du produit. Nous avons demandé aux
participants d’estimer le nombre de calories dans le Big Mac. Ceux qui ont vu le Big Mac avec le
message sanitaire pensent qu’il contient 503 calories, alors que ceux qui l’ont vu sans pensent
qu’il contient 646 calories. Dans la psychologie de la consommation alimentaire, l’estimation
calorique est considérée comme une mesure de la perception du caractère sain du produit.
Cette étude montre que le message sanitaire n’a pas d’impact sur les attitudes explicites par
rapport aux produits, mais qu’il influence les comportements. L’absence de message augmente
le choix du dessert le plus sain. La présence du message diminue les associations négatives du