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LES QUATRE SAISONS
DU JARDINAGE
JANVIER/FÉVRIER 2004
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L’épinard aime les terrains un peu lourds, mais
craint l’asphyxie. Si votre sol est très argileux, vous
aurez de meilleurs résultats en le semant au som-
met d’une butte, de façon à faciliter le drainage.
Semez-le dès que le terrain est praticable, en
dehors des périodes de gel. A titre indicatif, au
sud de la Loire, les premiers semis démarrent
début février. Ils s’échelonnent jusqu’en avril en
remontant vers le nord et l’est.
Espacez les raies de 25 à 30 centimètres et, si vous
craignez une levée irrégulière, semez volontaire-
ment épais sur le rang. Tassez vigoureusement le
semis car ces graines n’aiment pas les terrains
“soufflés”.
Il est également facile de préparer des plants en
mini-mottes ou en godets. On sème alors cinq
graines par motte, que l’on replante plus tard,
tous les 25 centimètres en tous sens. Cette
pratique plus coûteuse permet d’avancer un peu
la production et d’avoir des planches plus homo-
gènes.
Parmi les variétés classiques, pour le printemps,
choisissez ‘Hâtif à grandes feuilles’, ‘Monstrueux
de Viroflay’ ou ‘Résistoflay’. Des variétés hybrides
sont intéressantes pour leur résistance à certaines
maladies, comme ‘Dolphin’ et ‘Symphonie’.
… DE L’EAU, NI TROP NI TROP PEU.
L’épinard
est sensible à la fonte des semis, notamment pro-
voquée par les excès d’arrosage : peu après la
levée, les jeunes plantules dépérissent. N’arrosez
que s’il fait vraiment sec. Une fois les plants bien
démarrés, assurez-vous par contre que le sol reste
bien frais en profondeur, avec des arrosages espa-
cés, mais copieux : l’épinard, en développant ses
racines, sera moins sujet aux à-coups.
Eclaircissez en laissant une plante tous les 8 à
10 centimètres. Les plants ainsi enlevés peuvent
d’ailleurs être facilement repiqués pour boucher
des trous ou agrandir le carré.
Un voile de forçage posé durant les deux ou trois
premières semaines permet de gagner quelques
jours. Mais n’hésitez pas à le soulever pour entre-
tenir et désherber la culture !
MILDIOU, MOSAÏQUE, PUCERONS…
L’accident
de parcours le plus fréquent est le jaunissement
des feuilles, notamment dans les sols lourds et
asphyxiés. Dans ce cas, cultivez l’épinard sur
butte.
Les autres maladies sont plus rares. Le mildiou se
reconnaît à l’apparition d’un feutrage blanc vio-
lacé sur la face inférieure du limbe. Les variétés
hybrides sont plus résistantes à ce champignon.
La mosaïque, d’origine virale, est très grave et il
n’y a aucun remède connu. Les feuilles devien-
nent très cassantes lorsqu’on les froisse. Si vos
cultures en sont atteintes, choisissez des variétés
résistantes, indiquées sur les catalogues des grai-
netiers.
La pégomyie, ou mouche de la betterave, pond sur
les feuilles. Ses larves se développent en faisant
de grandes tâches claires et irrégulières entre les
deux couches de l’épiderme. Le moyen de lutte
est très simple : coupez et brûlez les feuilles
atteintes.
On observe aussi parfois quelques attaques de
pucerons. Une application de savon noir à 3 %, en
mouillant bien le dessous des feuilles, en vient
facilement à bout.
BON POUR LE SOL.
L’épinard est un excellent
précédent pour les autres cultures. Une étude
japonaise a montré qu’il était associé à certains
micro-organismes très utiles pour la fertilité du
sol et pour les plantes suivantes. N’hésitez donc
pas à l’incorporer à vos mélanges d’engrais verts.
Il est alors inutile de choisir des variétés hybrides,
hors de prix : ‘Géant d’hiver’ ou ‘Monstrueux de
Viroflay’ feront très bien l’affaire. Une autre
méthode de culture consiste à planter divers
légumes au milieu d’épinards, qui serviront de
culture intercalaire, voire d’allée. Cette technique
popularisée par Gertrud Franck continue à être
développée avec bonheur par certains jardiniers,
qui trouvent là une technique idéale pour entre-
tenir la fertilité de leur potager (1).
JARDINAGE