
lactique. Pour les surdosages modérés, (INR 5 à 9) la dose
est de 0,5 mg. L’utilisation de la voie IV réduit de quelques
heures le délai de réversibilité. Son effet est mesurable
moins de 8 heures après l’administration. Pour les surdosa-
ges plus importants, s’ils s’accompagnent d’un saignement
la dose est augmentée à 1 mg, 5 mg ou 10 mg selon l’impor-
tance du surdosage [12], ce qui expose sans doute à une
résistance ultérieure nécessitant transitoirement une autre
solution thérapeutique (héparine).
Réversion immédiate du traitement AVK
(Kaskadil
®
)
Certaines situations cliniques ou biologiques peuvent né-
cessiter une correction immédiate, totale ou partielle de
l’hypocoagulabilité induite par les AVK. Il faut utiliser
alors Kaskadil
®
, un concentré de Prothrombine (facteur II),
Proconvertine (facteur VII), Facteur Stuart (facteur X), et
facteur antihémophilique B (PPSB). Ce médicament dérivé
du sang contient respectivement 40 U/ml, 37 U/ml, 25 U/ml
et 25 U/ml de facteur X, II,VII et IX [13]. Il se présente sous
la forme de poudre lyophilisée dans des flacons de 10 ml ou
de 20 ml. Kaskadil
®
contient également une petite quantité
d’héparine ce qui le contre-indique en cas de thrombopénie
induite par l’héparine. En pratique, les calculs de dose sont
faits sur la base des unités facteur IX, ce qui fait que les
flacons contiennent 250 ou 500 unités.
La dose de Kaskadil
®
à administrer repose sur la règle
suivante : 1 U (facteur IX/kg) augmente approximative-
ment le taux de prothrombine (temps de Quick) de 1,5 %
1
.
Ceci pose le problème de l’expression du temps de Quick
en taux de prothrombine en plus de l’INR puisqu’un arrêté
du 11 juin 2003 exige que le résultat de la surveillance du
traitement par AVK soit exprimé exclusivement en INR,
sans mentionner le taux de prothrombine. En cas de surdo-
sage, le clinicien doit donc demander au laboratoire un taux
de prothrombine (jusqu’à < à 10 %) et l’INR véritable
(jusqu’à INR > 20).
Kaskadil
®
s’administre par voie IV lente (2,5 min pour
10 ml et 5 minutes pour 20 ml). L’effet est immédiat, il faut
le contrôler par un TP-INR par exemple 30 min après
l’administration et refaire une nouvelle administration si le
résultat est insuffisant. La durée de l’effet correcteur du
Kaskadil
®
dépend de la demi-vie des facteurs de coagula-
tion transfusés qui varie de 6 heures pour le facteur VII à
plus de 48 heures pour le facteur II.
En pratique, en cas de surdosage, Kaskadil
®
s’administre
avec de la vitamine K dont l’effet correcteur, perceptible en
moins de 24 heures, prend le relais du Kaskadil
®
. Kaska-
dil
®
est un médicament dérivé du sang et son administra-
tion est soumise aux règles d’information et de traçabilité
de cette catégorie de produits.
En l’absence de Kaskadil
®
, le plasma frais congelé peut
être utilisé. Le volume à perfuser est de 10 à 15 ml/kg, ce
qui est important. Une étude [14] a montré que la qualité de
la correction était de moins bonne qualité que celle obtenue
avec un concentré de facteur de coagulation, notamment sur
le taux de facteur IX.
Le cas particulier de l’intoxication
par les raticides
Les AVK rentrent dans la composition de la plupart des
raticides. La demi-vie de ces AVK est très longue afin
d’exposer l’animal à une hypocoagulabilité de longue du-
rée pour augmenter les chances d’hémorragie mortelle et de
faire en sorte que les congénères de l’animal ne fassent pas
de lien de causalité entre l’absorption du poison et la mort.
Les intoxications volontaires ou accidentelles peuvent exis-
ter. Le diagnostic est porté devant un syndrome hémorragi-
que avec un bilan d’hémostase caractéristique : effondre-
ment du taux de prothrombine et des facteurs vitamine K
dépendants tandis que le taux de facteur V est conservé.
Outre Kaskadil
®
perfusé en urgence, l’administration de
doses élevées (50 mg) de vitamine K est nécessaire et
pendant longtemps, jusqu’à4à12semaines. L’arrêt de
l’apport en vitamine K sera dicté par l’observation d’un
INR/taux de prothrombine normal et stable 3 jours après la
dernière dose de vitamine K [15].
Conclusion
Une enquête française de pharmacovigilance en 1999 a
estimé que lesAVK représentaient la première cause d’acci-
dents iatrogènes (17 000 hospitalisations par an) et étaient
responsables d’au moins 1 500 hémorragies par an du sys-
tème nerveux central hospitalisées en service de neurochi-
rurgie. Le surdosage en AVK constitue donc un problème
de santé publique majeur. La réduction de ces accidents
passe par une véritable éducation thérapeutique du patient
[16] et une meilleure formation des médecins. ■
Références
1. RCP des antivitamines K ; Dictionnaire Vidal.
1
Chez un patient de 60 kg, pour augmenter le taux de prothrombine de
10 % à 50 % (différence 40 %), il faut administrer un peu moins de 30 u/kg
de Kaskadil
®
soit 60 x 30 = 1 800 unités (facteur IX).
STV, vol. 17, n° 3, mars 2005 177
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