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Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier pédagogique – saison 2010 - 2011
GILGAMESH
Création du Théâtre des Marionnettes de Genève
Du 15 janvier au 6 février 2011
Texte et mise en scène : Guy Jutard
Scénographie : René Delcourt et
Guy Jutard
Marionnettes: Pierre Monnerat
assisté de Laure-Isabelle Blanchet
et Jacques Douplat
Musique originale : Didier Capeille
Lumière : Jean-Michel Carrat
Interprétation : Laure-Isabelle
Blanchet, Clara Brancorsini,
Olivier Carrel, Fatna Djahra,
Jacques Douplat, et Daniel
Hernandez
Interprétation musicale :
Khaled Arman, Adel Degaichia,
Claude Jordan
Costumes : Ingrid Moberg
Théâtre des Marionnettes de Genève
3, Rue Rodo 1205 Genève
www.marionnettes.ch
60 minutes
Dès 7 ans
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Le spectacle
1. L’histoire
Voici l’épopée de Gilgamesh,
mythique roi sumérien d’il y a
quelque cinq mille années. Le
plus ancien texte épique de
l’histoire de l’humanité nous
conte la rencontre de ce
souverain tyrannique avec
Enkidou. Un guerrier né pour
l’affronter et devenu son frère
d’armes. Ensemble ils
combattent le redoutable
dragon Humbaba surgit d’une
forêt en papier et le taureau
ailé envoyé par les dieux pour
l’affront que Gilgamesh leur a
fait a fait en refusant les
avances d’une déesse
immortelle. Désireux de
connaître les mystères de la
vie et de la mort, Gilgamesh,
ce demi-dieu, va entreprendre
de rechercher l’éternité qui
n’est, chacun le sait, point destinée aux humains. Apparu parmi les animaux, Enkidou sera-t-il seconder le
souverain et lui faire découvrir sa vraie nature bonne et humaine derrière son masque de dictateur ?
Résistera-t-il aux charmes ondoyants d’une courtisane désignée pour lui faire rejoindre le monde des
hommes ?
Cette histoire légendaire notée sur des tablettes d’argile s’inscrit dans le papier d’un plateau
devenu scène sacrée et rituelle. Décors et protagonistes de cette odyssée sont ainsi entièrement
découpés, froissés, torsadés dans du papier. Un matériau dont la teinte évoque tant les tablettes
argileuses que les sidérants paysages désertiques mordorés d’Ourouk, la ville-Etat sur laquelle
règne sans partage Gilgamesh. Six manipulateurs masqués et habillés de noirs, selon des lignes
fluides et orientales, se font aussi conteurs à visage découvert. De leurs corps, ils donnent fluidité
et rythme aux scènes de lutte, entre Gilgamesh et Enkidou, puis au combat du duo devenu amis
contre des créatures impressionnantes toutes surgies de surfaces de papier. Claquements de
vent et froissements de papier kraft instaurent une atmosphère de songe à nulle autre pareille.
Interprétée sur le vif par un trio de haute tenue, la musique aux senteurs épicées et méditatives
de l’Orient insuffle une respiration tour à tour sensuelle, martiale, percussive, inquiète, apaisée
aux épisodes de cette belle et palpitante épopée. Un formidable foisonnement d’images qui a
inspiré « La Bible », « L’Odyssée » et les Travaux d’Hercule.
Gilgamesh
Photo du spectacle
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2. Un roi à la recherche de l’immortalité
« Dans les sables du désert
Dans le pays où coulent deux fleuves frères
Des hommes ont retrouvé
Des paroles enfouies
Des paroles gravées sur des tables d'argile
Des mots qui racontent l'histoire de Gilgamesh. »
Extrait de Gilgamesh
Le grand roi Gilgamesh est
puissant et redouté. Pas
seulement par ses ennemis,
mais aussi par son peuple qui
se plaint d’être constamment
harcelé. Les dieux entendent
les doléances, Anou, dieu des
cieux décide alors d’envoyer
un rival dans la cité d’Ourouk,
sur laquelle règne Gilgamesh,
pour détourer son attention et
permettre aux habitants de
vivre tranquilles. Enkidou
entre en scène, les deux
adversaires s’affrontent et se
rendent à l’évidence : aucun
d’eux ne parviendra à vaincre
l’autre ; ils préfèrent dès lors
associer leurs forces,
deviennent amis et déjouent
le stratagème des dieux.
Ensemble, ils partent affronter le terrible Humbaba et le terrassent. De retour à Ourouk, Gilgamesh
revêt ses habits d’apparat et la déesse Ishtar s’éprend de ce jeune roi prodigieux. Celui-ci refuse
toutefois ses avances, lui reprochant son inconstance et ses nombreuses conquêtes masculines. En
colère, Ishtar veut le punir lui et son peuple et envoie le taureau céleste au cœur d’Ourouk… mais les
deux amis le tuent. Les dieux décident alors de faire disparaître Enkidou. Celui-ci tombe malade et
meurt. Assistant au tragique destin de son ami, le demi-dieu Gilgamesh est désormais renseigné sur
son propre sort, mais tente de conjurer la mort. Il entame une longue, très longue quête qui l’emmène
aux confins du monde, chez Outanapishtim, le vieillard rescapé du Déluge. Gilgamesh est devenu
vieux ! La vanité de la quête étonne Outanapishtim, qui lui révèle pourtant l’emplacement de la plante
de jouvence. Gilgamesh s’en empare, mais la laisse s’échapper sur le chemin du retour. Il restera un
simple mortel, jouet des dieux.
Gilgamesh
Photo du spectacle
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3. Naissance d’un récit
La porte royale par laquelle il faut
entrer dans la littérature épique,
c'est, parmi les grands mythes,
L'Épopée de Gilgamesh. En elle se
résument vraiment l'histoire de la
littérature babylonienne dans ses
rapports avec la pensée
sumérienne, les diverses étapes de
son évolution et son rayonnement à
l'extérieur.
Gilgamesh est le premier roman de
l’Histoire à valeur littéraire. Du
moins, c’est le plus ancien texte
jamais retrouvé, plus ancien que les
premiers écrits de la Bible, plus
ancien aussi que les travaux
d’Hercule. La version intégrale
devait comprendre environ 3'000
vers. Deux tiers seulement ont été
retrouvés sur des tablettes d’argile,
le plus grand fragment portant sur
1'600 vers. Le reste était dispersé dans tout le Moyen-Orient, marquant par là l’importance de ce récit
au cours des deux millénaires précédant l’ère chrétienne.
Vers le VP
e
P millénaire av. J.-C., la mer s’est retirée pour faire place à une nouvelle terre : la
Mésopotamie (golfe persique). Parmi une foule d’ethnies aujourd’hui disparues, on sait que deux
peuples principaux habitaient cette région : Les sémites, en provenance de l’actuelle Syrie, et les
sumériens, occupants de l’actuel Iran. Ces deux peuples sont à l’origine de la civilisation
mésopotamienne, de sa culture, de sa langue, de sa religion. Cette grande civilisation ne connaissait
toutefois pas un Etat unique, chaque cité était dirigée par son prince. Le développement de ces cités
a entraîné un besoin en matière première qu’on allait chercher ailleurs, chez le voisin… source de
conflits belliqueux, et cause probable de la construction des premières villes fortifiées.
4. Un mythe repris par les Grecs
Rayé de la mémoire par l’avènement du christianisme, ce n’est qu’au 19ème siècle que l’on redécouvre
Gilgamesh – comme on a alors redécouvert le Moyen-Âge, sous la poussée d’un courant
philosophique et dans le sillage des découvertes archéologiques. Dès lors, des passages entiers de
l’Iliade et de l’Odyssée révèlent leur filiation à un ouvrage plus ancien : L’Epopée de Gilgamesh.
Gilgamesh
Photo du spectacle
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Ce récit a connu un immense succès dans l'Antiquité pendant près de deux mille ans. Des copies en
ont été retrouvées sur de très nombreux sites, jusqu'en Palestine et en Anatolie, et il a été traduit dans
diverses langues (hittite, hurrite). Les Grecs mêmes en ont eu certainement connaissance, car leurs
récits légendaires contiennent de nombreux traits qui supposent un emprunt : le batelier qui traverse
les Eaux de mort évoque clairement Charon et le Styx ; Thésée terrasse le taureau de Crète comme
Gilgamesh le Taureau céleste ; dans le mythe d'Œdipe, Héra privée de Chrysippos envoie le Sphinx
sur Thèbes comme Ishtar éconduite par Gilgamesh jette le Taureau céleste sur Orouk ; ou encore
Tirésias, transporté dans une île dans certaines versions ou doté de sept vies dans d'autres, reprend
les caractéristiques d'Outanapishtim.
5. Les choix scénographiques et de mise en scène
Au foisonnement d’images
évoqué par le plus ancien des
textes mythologiques répond
une mise en scène épurée
laissant la part belle aux mots et
à la musique. Les marionnettes
sont faites d’une unique matière,
du papier kraft noué, collé,
ficelé, comme créé sur l’instant
et dont la couleur évoque les sables du désert où les fragments écrits de cette antique histoire furent
retrouvés. Ces marionnettes de papier dans leur apparente fragilité permettent une grande puissance
de mouvements. On les caresse, les manipule avec une extrême délicatesse, mais aussi on les étire,
les déchire. On joue sur leur taille ; les personnages sont tantôt minuscules, tantôt leur corps envahit
le plateau, mais leur présence est constamment légère. En écho à cette épopée qui mêle les humains
et les dieux, ils semblent suspendus entre ciel et terre.
Les six comédiens sont à la fois conteurs, chanteurs, manipulateurs. Trois musiciens, qui font bruisser
cette épopée de sonorités orientales, se mêlent au jeu des marionnettes. La lumière, créatrice des
lieux et des instants, met en valeur le matériau de ce spectacle : le papier froissé devient ainsi, au gré
des scènes, de l’or, l’eau de la rivière, ou le feuillage de la Forêt des Cèdres.
Un œuvre épique, dont le traitement esthétique laisse une large part à notre imaginaire et en renforce
ainsi la puissance : des images fortes et des sonorités riches pour nous faire redécouvrir un texte
ancien qui nous parle de notre destin d’humain.
Ces marionnettes de papier dans leur apparente fragilité
permettent une grande puissance de mouvements.
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