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recueillies dans ces pays pourraient être utiles pour évaluer les propositions, comme celles
formulées par le CMS qui autoriseraient l’AMMP.
Données actuelles sur l’AMM psychiatrique
Aux Pays-Bas, 110 cas d’AMM psychiatrique ont été signalés entre 2011 et 2014; avant cette
période, de deux à cinq cas avaient été enregistrés par année2. En Belgique, le nombre de cas
d’AMM découlant d’un trouble neuropsychiatrique (ce qui comprend les troubles neurologiques
et psychiatriques qui ne sont pas fatals) était inférieur à 10 jusqu’en 2007; en 2012-2013, on a
enregistré 101 cas d’AMMP3. Bien que ces chiffres soient peu élevés, ils indiquent une
tendance claire à ce chapitre.
À l’exception d’un rapport de 19974 décrivant 11 cas survenus aux Pays-Bas, il existait peu de
renseignements sur l’administration de l’AMM psychiatrique dans ces deux pays. Les données
disponibles consistaient principalement en des rapports médiatiques et des sommaires
quantitatifs figurant dans les rapports annuels des organismes d’évaluation respectifs.
Deux études récentes ont analysé l’AMMP d’une manière plutôt détaillée, soit en présentant
des descriptions de divers diagnostics et certaines caractéristiques des patients. La
Dre Lieve Thienpont, une psychiatre belge, et ses collègues ont publié une étude de série de
cas ayant trait à 100 demandes consécutives d’AMMP qui ont été enregistrées dans son
cabinet de psychiatrie privé entre 2007 et 20115. Notre groupe s’emploie à étudier les rapports
relatifs à 66 cas (sur les 85 cas signalés en date de notre étude, de 2011 jusqu’à un certain
point en 2014) d’administration de l’AMMP aux Pays-Bas; ces rapports présentent une vue
d’ensemble des caractéristiques des patients ayant reçu l’AMMP, la manière dont les médecins
ont évalué les patients et l’opinion des comités d’évaluation de l’euthanasie sur les cas2.
Qui reçoit l’AMM psychiatrique?
Bien que les arguments normatifs sur le caractère acceptable de l’AMMP soient presque
entièrement axés sur la « dépression résistante au traitement », la réalité est beaucoup plus
complexe.
Étude de la Dre Thienpont
Dans l’étude de série de cas personnelle de la Dre Thienpont visant 100 demandeurs d’AMM,
73 % de ces derniers étaient des femmes, et la moyenne d’âge était de 47 ans. En tout,
58 patients souffraient d’une dépression résistante au traitement (48 cas de dépression
unipolaire et 10 de dépression bipolaire). Toutefois, les patients étaient également atteints
d’autres troubles (certains avaient reçu plus d’un diagnostic), notamment les suivants : trouble
de stress post-traumatique (n=13), schizophrénie et autres troubles psychotiques (n=14),
troubles anxieux (n=11), troubles de l’alimentation (n=10), troubles liés à l’abus d’alcool et
d’autres drogues (n=10), troubles somatoformes (n=9), syndrome d’Asperger (n=7), trouble du
déficit de l’attention avec hyperactivité (n=1), troubles obsessivo-compulsifs (n=7), troubles
dissociatifs (n=7) et deuil compliqué (n=6). Il semble également que lorsque la Dre Thienpont a
effectué une évaluation plus approfondie des patients, d’autres ont reçu un diagnostic d’autisme
(n=12). La moitié des patients était aux prises avec un trouble de la personnalité. Elle n’a pas
présenté une ventilation des diagnostics s’appliquant aux personnes qui ont reçu l’AMM.
D’après les données, le taux d’acceptation des demandes d’AMM s’élève à 48 %. De ces
48 personnes, 11 ont reporté ou annulé l’AMM, et 2 se sont suicidées d’une autre manière.
Ainsi, 35 personnes ont reçu l’AMM, mais 38 des 100 personnes ont retiré leur demande avant