Banque du Canada : même au point neutre, tout est encore

@vmbleconomie 16 avril 2014
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Banque du Canada : même au point neutre, tout est encore possible.
La Banque du Canada maintient son ton neutre et conserve en même temps les options de hausse et baisse de taux.
D’une part, proscrire l’éventualité d’une baisse du taux directeur n’a pas sa place. Le point de départ demeure trop bas, soit une
inflation sous-jacente près de 1,0 %. La concurrence entre commerçants plus intense qu’anticipée et les capacités de production
inutilisées encore présentes contribueront à maintenir l’inflation sous-jacente sous la barre de 2 % jusqu’en 2016 selon les dirigeants
de la Banque du Canada. Cependant, le prix plus élevé du gaz naturel et l’incidence d’une devise plus faible sur certains items de
l’IPC amèneront momentanément l’inflation mesurée par l’IPC global plus près de la cible. Bref, il y a beaucoup de bruit dans les
statistiques à venir de l’IPC, le résultat de ces nombreuses forces divergentes. Au bout du compte, il faut retenir que la Banque du
Canada ne s’inquiète pas plus, ni moins des risques à la baisse reliés à l’inflation sous-jacente qu’auparavant. Selon nous, l’inflation
ne s’annonce pas anémique comme dans la zone euro au point où il est davantage question de « basflation », notre traduction libre
de « lowflation ». Il s’agit d’un nouveau terme utilisé dans les marchés financiers. La basflation se définit comme une situation où
l’inflation sous-optimale nuit à l’économie: les taux d’intérêt réels et la valeur réelle de l’endettement élevée ne diminuent pas
suffisamment.
D’autre part, il serait inapproprié de rayer de la carte les chances que les taux augmentent dans les 18-24 prochains mois. Après tout,
l’embellie américaine s’avère prometteuse pour notre économie, bien que les bénéfices se fassent de plus en plus attendre. Il y a un
véritable soupçon d’inquiétude dans l’air à propos de la relance tant attendue pour les exportations et les investissements privés des
entreprises. Il s’agit de la pièce maitresse du scénario de base du Rapport sur la Politique monétaire (RPM). La croissance
économique prévue (2,3 % en 2014, 2,5 % en 2015) pourrait gruger les capacités de production encore inutilisées de nos entreprises,
porteur d’espoir vers un véritable raffermissement de l’inflation sous-jacente d’ici 2016.
En fin de compte, la Banque du Canada demeure au point neutre et toutes les possibilités demeurent envisageables. Ainsi, il faut
éviter de lire incessamment entre les lignes du communiqué et de sauter trop rapidement aux conclusions. Le communiqué
d’aujourd’hui se termine après tout de la même façon que le précédent, preuve que la vision des choses du gouverneur Poloz n’a pas
changée. « Le moment et l’orientation du prochain changement du taux directeur seront fonction de l’influence des nouvelles
informations sur la résultante des risques ». Ces risques sont bien connus: l’inflation sous-jacente faible et les déséquilibres dans le
secteur des ménages qui persistent malgré la modération de la croissance du crédit.
En comparaison, la Réserve fédérale a un message plus ferme pointant davantage vers un relèvement du taux cible des fonds
fédéraux en 2015. Cela ne veut pas dire cependant que le gouverneur Stephen Poloz et son équipe font fausse route, bien au
contraire. La Banque du Canada reste prise entre l’arbre et l’écorce, pour le moment. Dans la mesure où la locomotive américaine
avance encore dans la bonne direction, que le Canada en bénéficie dans une plus grande mesure, et que les nouveaux risques
prépondérants à la baisse dans les pays émergents sont contenus, le prochain mouvement du taux cible de financement à un jour
demeure à la hausse plutôt qu’à la baisse. Par conséquent, nous envisageons une hausse cumulative modeste de 50 points de base
du taux de financement à un jour lors du dernier trimestre de 2015, un trimestre après que la Fed est emboîtée le pas. Notre prévision
de fin d’année 2015 pour le taux directeur au Canada s’établit donc à 1,50 %, comparativement à 1,25 % aux États-Unis.
Sébastien Lavoie | Économiste en chef adjoint
Responsable du service de Recherche économique
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