pertinence de réactualiser régulièrement l’indice global de l’inflation d’autant plus que les besoins évoluent de
manière constante. “Le taux d’inflation officiel est biaisé, devant l’éclater par produits selon le modèle de
consommation par couches sociales et de surcroît comprimé artificiellement par les subventions, sinon il
dépasserait les 10%”, constate l’économiste Abderrahmane Mebtoul. Pour un problème aussi complexe que
celui de l’inflation, relève-t-il, il serait plus judicieux, voire impératif, de préciser qu’une analyse objective doit
tenir compte de la structure et des particularités de l’économie nationale et internationale, de la stratégie de
développement économique, des schémas de consommation. “Comment les Algériens aux bourses moyennes
ou ne dépassant pas le SNMG peuvent-ils vivre décemment, alors que le kilo de viande avoisine les 1 000 DA et
la majorité des fruits dépasse 200 DA le kilo, sans oublier les produits de première nécessité comme la pomme
de terre vendue à 90 DA ?”, s’interroge cet expert. La dévaluation rampante du dinar, les 75% des besoins des
ménages et des entreprises publiques et privées importés et la distorsion entre le taux de changes officiel et
celui pratiqué sur le marché parallèle, les vendeurs s’alignant souvent sur le cours du marché parallèle,
constituent aussi, aux yeux de Mebtoul, un autre facteur qui contredit le taux d’inflation avancé par les
institutions publiques.
Néanmoins, l’élément le plus “dynamique” qui apporte cette contradiction aux chiffres des pouvoirs publics
reste incontestablement la dominance de la sphère informelle qui engendre des dysfonctionnements sur la
scène économique du pays.
“Cette sphère informelle en Algérie contrôle entre 65 et 70% des segments de produits de première nécessité
auxquels plus de 70% des ménages consacrent presque l’intégralité de leurs revenus (marché de fruits et
légumes, poisson, viandes rouge et blanche, textile et cuir) et sans compter les factures de plus en plus élevées
de l’eau et de l’électricité qui absorbent une fraction importante du revenu des ménages pauvres et moyens
accroissant leur endettement”, affirme ce spécialiste pour qui le secteur informel contrôle entre 40 et 50% de la
masse monétaire en circulation avec une importante intermédiation financière informelle mais avec des taux
d’usure accroissant l’endettement des ménages qui s’adressent à cette sphère.
B.K.