médical
ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE
d’hémoglobine glyquée (HbA1c) qui reflète la moyenne
des glycémies sur les deux à trois derniers mois. Plus ce taux
est élevé, plus le risque de développer une rétinopathie est
grand.
L’hypertension artérielle joue aussi un rôle indiscutable
dans les complications microvasculaires du diabète,
aussi bien dans la rétinopathie que dans la néphropathie
diabétique. L’hypertension artérielle aggrave la
rétinopathie diabétique et peut être responsable d’autres
complications oculaires. Les hypertendus ont en effet plus
de complications oculaires que la population générale.
Mais, si la durée et le type du diabète (le risque de
rétinopathie diabétique est plus important chez les patients
diabétiques de type 1) sont des facteurs sur lesquels il est
difficile d’agir, contrôler la glycémie et la pression artérielle
est tout à fait possible. Toutes les études publiées aujourd’hui
confirment le rôle primordial du contrôle du diabète et de
la pression artérielle pour réduire le développement et
la progression de la rétinopathie diabétique. Enfin, des
facteurs génétiques de prédisposition à la rétinopathie
diabétique existent certainement mais ils n’ont pas encore
été identifiés à ce jour.
Ainsi, le meilleur moyen de prévenir la survenue ou
l’aggravation de la rétinopathie diabétique est de maintenir
un bon équilibre
de la glycémie
(HbA1c < 7%) et
de la pression
artérielle (PA <
130/80 mmHg)
dès le diagnostic du
diabète couplé à une
surveillance annuelle
du fond d’œil. Ces
objectifs sont, bien
entendu, à moduler
en fonction de l’âge
et des pathologies
associées.
Des progrès majeurs
dans la prise en charge du patient diabétique
La prise en charge du diabète s’est considérablement
améliorée dans les 30 dernières années, notamment pour
les patients diabétiques de type 1 (autosurveillance de la
glycémie, stylos injecteurs d’insuline, pompe à insuline,
etc.). Cela a contribué à l’amélioration du contrôle
glycémique chez ces patients et en témoigne aujourd’hui
la diminution du nombre de patients diabétiques de type 1
atteints de rétinopathie grave (proliférante).
« La prise en charge du diabète a évolué. Il y a une trentaine
d’années, le test pour contrôler le diabète était urinaire.
Aujourd’hui, la surveillance quotidienne du diabète se fait
à partir d’une goutte de sang prélevé au bout du doigt
(autosurveillance glycémique capillaire) avec un lecteur
de glycémie. Les patients ont ainsi plus d’outils à leur
disposition pour améliorer le contrôle de leur diabète et
réduire leur risque de complications. Cependant, tant que
les complications ne sont présentes, la crainte d’en être
atteint reste dans le domaine de l’abstrait. Mais, lorsque
survient une baisse visuelle liée à une complication oculaire
du diabète, le patient prend brutalement conscience de la
gravité du diabète et de ses complications. Il s’agit souvent
d’un tournant dans la maladie. Le patient est alors très
motivé pour contrôler son diabète en espérant améliorer
parallèlement sa vision », note le Dr Feldman-Billard.
« Les plus gros progrès concernent la prise en charge
de l’hypertension artérielle et du contrôle glycémique,
confirme le Dr Ayello-Scheer. Mais ce n’est pas encore
assez. Nous recevons en moyenne 120 personnes malades
chaque jour aux urgences des Quinze-Vingts (hôpital situé
à Paris, ndlr) et nous voyons encore beaucoup trop de
patients diabétiques n’ayant encore jamais eu d’examen
ophtalmologique et arrivant au stade de décompensation
de leur rétinopathie, c’est-à-dire avec déjà une baisse de
leur vision. Nous devons avoir au moins un cas de ce type
par semaine. A Paris en 2013, c’est encore beaucoup trop ».
Pour réduire le risque de rétinopathie diabétique,
il faut contrôler la glycémie ainsi que la pression
artérielle et surtout dépister la rétinopathie diabétique.
Un diagnostic précoce de la rétinopathie diabétique
permettra de la traiter plus précocement (laser, injections
dans l’œil dites intravitréennes), mais surtout d’éviter son
aggravation en contrôlant mieux les facteurs métaboliques.
Ces injections dont le but est d’assécher l’œdème se
font au rythme d’une tous les mois pendant au moins 3
mois. Avec ces thérapeutiques spécifiques actuelles, nous
pouvons espérer stabiliser la rétinopathie diabétique, mais
malheureusement on ne revient que très rarement en
arrière.
Hypertension artérielle
et problèmes oculaires
Un patient atteint d’une rétinopathie diabétique, et
a fortiori d’un œdème maculaire (première cause de
malvoyance chez les patients diabétiques) a très souvent
une hypertension artérielle associée. Dans la majorité
des cas, le contrôle tensionnel n’est pas optimal compte
tenu de l’atteinte oculaire. En effet, l’objectif requis chez
le patient diabétique atteint d’œdème maculaire est une
pression artérielle inférieure à 130/80 mmHg toute la
journée. « Les chiffres acceptés par d’autres spécialistes
peuvent être supérieurs chez les patients diabétiques à ceux
que nous, ophtalmologistes, préconisons lorsqu’il existe
une rétinopathie et/ou un œdème maculaire, observe le
Dr Ayello Scheer. Pour nous ophtalmologistes, l’objectif est
strict : il doit être inférieur à 130/80 mmHg ».
L’œdème maculaire ne se manifeste par aucun symptôme
au départ, puis par une baisse de la vision. Or, avant cette
baisse visuelle, on peut observer les lésions par un examen
ophtalmologique annuel (fond d’œil) et prévenir une
aggravation en améliorant le contrôle de l’hypertension
artérielle. Chez un patient atteint d’œdème maculaire et
d’une hypertension artérielle non contrôlée, le traitement
de l’œdème seul par des injections ou du laser par exemple,
ne sera pas efficace, sans l’associer à l’amélioration de
l’équilibre de la pression artérielle.
Existe-t-il un lien entre hypertension artérielle et
hypertension oculaire ?
Non, il n’en existe aucun. Le terme d’hypertension
oculaire est d’ailleurs faux, on parle d’hypertonie oculaire.
L’hypertension artérielle correspond à la pression du sang
dans nos artères. La tension oculaire mesure quant à elle
l’équilibre des pressions entre ce qui est sécrété par l’œil
et réabsorbé par l’œil. On peut avoir une hypertension
artérielle et ne pas avoir d’hypertonie oculaire. On peut
également avoir une hypertonie oculaire (facteur de risque
majeur de survenue du glaucome) sans avoir d’hypertension
artérielle. Ce sont deux choses totalement indépendantes.
Décembre 2013 - Revue FNAIR n°136
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