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XIII
LA VALEUR DE L'EXISTENCE
(PESSIMISME ET OPTIMISME)
Le problème des fins ou de la destination de l'exis-
tence (voir page 175 et suivantes) a pour pendant celui de
la valeur de la vie. Nous trouvons à ce sujet deux concep-
tions antagonistes, ainsi que toute une gamme de tentatives
possibles de conciliation. Selon les uns, ce monde est
le meilleur que l'on puisse imaginer; y vivre et y agir
équivaut à un trésor d'une inestimable valeur. Nous
rencontrons partout une activité harmonieuse et bien
ordonnée qui mérite notre admiration. D'un point de
vue supérieur nous découvrons le bien, là-même où
ne semble régner que le mal; car celui-ci forme un
contraste mettant en valeur le bien. Nous pouvons
d'autant mieux apprécier ce dernier qu'il se détache
distinctement du mal. D'ailleurs, le mal n'existe pas
réellement; nous ressentons simplement un degré infé-
rieur du bien. Le mal est une absence de bien; en soi il
n'a aucun sens.
Selon les autres, la vie est pleine de souffrances et de
misères; partout le déplaisir surpasse le plaisir, et la
douleur déborde sur la joie. L'existence est un fardeau,
et le non-être serait en toutes circonstances préférable
à l'être.
Parmi les principaux représentants de la première
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