1.4. Autres pathologies
Lors de l’immersion, la pression hydrostatique restreint la distensibilité des vaisseaux à paroi souple
des tissus mous et provoque ainsi une redistribution préférentielle des volumes sanguins périphériques
vers la cage thoraciques plus rigide. Cette augmentation de pression intra-thoracique est majorée par le
froid et l’exercice. L’hyperoxie entraîne une bradycardie par augmentation du tonus parasympathique,
un inotropisme négatif et une élévation des résistances vasculaires systémiques. Ces contraintes
environnementales augmentent la PVC d’au moins 10mmHg et peuvent faciliter une décompensation
cardiaque chez un hypertendu instable ou une nécrose myocardique chez un coronarien mal traité.
De plus, la ventilation en charge irrégulière d’air froid entraîne des lésions mécaniques et
inflammatoires de la membrane alvéolaire. Lors de la remontée, la dénitrogénation majore ces
phénomènes inflammatoires et la chute des pressions alvéolaires facilite la transsudation. Ces
mécanismes peuvent aboutir à un œdème pulmonaire.
L’environnement hostile est également à l’origine de traumatologie, d’accident toxico-allergique, de
noyade ou d’hypothermie.
Ainsi, l’accident de plongée regroupe un nombre important de pathologies spécifiques. Le
polymorphisme clinique et la contrainte du terrain imposent une prise en charge préhospitalière simple
et rapide associée à un transfert adapté, vers un centre de référence.
2. PRISE EN CHARGE PRE-HOSPITALIERE
2.1. Alerte et déclenchement des secours
Tout plongeur doit signaler immédiatement toute sensation anormale ou toute erreur de procédure de
désaturation y compris en l’absence de signe clinique, afin d’obtenir au plus vite un avis spécialisé. En
cas d’accident survenant en mer, le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage
(CROSS) de la région concernée est alerté par appel VHF (canal 16). Il coordonne le sauvetage et doit
systématiquement contacter le SAMU pour la régulation médicale. Pour l’évacuation, le choix du
vecteur est fonction de la symptomatologie du patient et de la proximité du service receveur.
L’hélicoptère, par sa rapidité d’intervention notamment en mer, semble être le moyen le mieux
adapté, en particulier si le navire est non manœuvrant (palanquée à l’eau), à plus de 25 minutes d’un
port d’autant plus s’il y a une décision de médicalisation urgente. Le vol doit se faire à l’altitude la
plus basse possible (<300 mètres) pour éviter une dépressurisation supplémentaire qui aggraverait un
ADD ou un barotraumatisme pulmonaire. Cependant, du fait de l’étroitesse, du bruit et des vibrations
de la cabine, il est parfois préférable, particulièrement en cas de patient instable, d’utiliser les voies
nautiques et terrestres à condition qu’elles ne majorent pas le temps d’évacuation. De plus, la
présence du matériel d’oxygénation sur la plupart des bateaux de plongée et la formation des
encadrants incitent à se limiter à une jonction au port. Si par contre les signes n’apparaissent qu’après
retour à terre, l’alerte sera donnée par appel téléphonique direct au SAMU (n° d’appel : 15, 18 ou
112). Le médecin régulateur devra évaluer la victime avec ses critères habituels et ne médicaliser
qu’en cas de détresse vitale. En effet, bien que la médicalisation pré-hospitalière systématique
permette d’obtenir un bilan clinique précis, elle augmente de façon non négligeable les délais
d’évacuation.
2.2. Prise en charge initiale sans présence médicale
Un plongeur accidenté ne doit jamais être ré-immergé. Après le déclenchement de l’alerte, les gestes
élémentaires de survie priment sur tout le reste, avec mise au repos total, déséquipement, mesures de
protection thermique et position adaptée à l’état de conscience. De façon consensuelle, un traitement
associant une oxygénothérapie au masque à haute concentration (15 L.min-1) et une réhydratation
orale (0,5 à 1 L. d’eau) doit être entrepris sans délai. La prise de 250 à 500 mg d’acide
acétylsalicylique dans les 30 premières minutes après l’accident peut être discutée en l’absence
d’allergie ou de barotraumatisme (fig. 4). Une surveillance étroite du sujet doit être réalisée et
retranscrite avec notamment les paramètres de plongée, l’heure de sortie, la chronologie des premiers
signes et leurs évolutions (fig. 5).