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Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition (XII), n° 1, janvier-février 2008
Dossier
thématique
Effet du GLP-1
sur le gène de l’insuline
Une des particularités du GLP-1 est
de restaurer les stocks d’insuline en
en stimulant la synthèse. Cet effet est
lié à l’augmentation de la transcrip-
tion du gène de la pro-insuline et à la
stabilisation de son ARNm, de façon
AMPc-dépendante mais PKA-indé-
pendante (10). Le facteur de trans-
cription PDX-1 est un intermédiaire
important dans l’action du GLP-1
sur l’expression du gène de l’insuline
(11). Même si l’importance physio-
logique de ces propriétés reste incer-
taine, elles permettent au GLP-1
de se distinguer des autres molécules
insulino-sécrétagogues.
Effet du GLP-1
sur la masse cellulaire bêta
Différents travaux ont également mis
en évidence un effet important du
GLP-1 sur l’expansion de la masse
des cellules bêta-pancréatiques (12).
Ces études, utilisant notamment des
injections répétées de GLP-1 ou de
l’agoniste du GLP-1R, l’exendine-4,
ont été réalisées dans différents
modèles expérimentaux : des rats
témoins ou ayant subi une pancréa-
tectomie partielle, des rats traités
par la streptozotocine à la naissance
(n0-STZ), ou encore des souris
diabétiques ob/ob. Dans toutes ces
conditions expérimentales, le traite-
ment par le GLP-1 ou l’agoniste était
associé à une augmentation de la
masse cellulaire bêta, en raison soit
d’une stimulation de la néo genèse
à partir de la région ductale, soit
d’une prolifération des cellules bêta
préexistantes, soit d’une diminu-
tion de l’apoptose. De plus, l’acti-
vation du GLP-1R dans des lignées
cellulaires exocrines de rongeur ou
d’homme, initie un programme de
différenciation vers un phénotype
endocrino-mimétique, associé à
l’augmentation de l’expression de
gènes tels que PDX-1, glucokinase
et Glut-2 (13). Les effets prolifératifs
et antiapoptotiques du GLP-1 sont
dépendants de l’expression de PDX-1.
Cependant, de nombreuses autres
voies de signalisation sont impli-
quées : réduction de l’expression de
la caspase-3, protection PI3K-dépen-
dante vis-à-vis de l’apoptose induite
par le stress oxydatif, augmentation
de l’expression de Bcl-2 et de Bcl-xl,
augmentation de l’expression de
CREB et stimulation d’IRS2, résis-
tance au stress du réticulum… La
plupart des données obtenues chez le
rongeur ont été confirmées avec des
îlots humains, suggérant des effets
bénéfiques prometteurs de préven-
tion du déclin de la masse cellulaire
bêta au cours du diabète de type 2.
Effets du GLP-1
sur les cellules
alpha-pancréatiques
Les cellules alpha des îlots de
Langerhans du pancréas endo-
crine synthétisent et sécrètent une
hormone essentielle pour l’homéos-
tasie glucidique : le glucagon. Cette
hormone, principal contrepoids à
l’effet de l’insuline, est sécrétée en
réponse à une hypoglycémie pour
stimuler la production hépatique de
glucose. Le contrôle de sa sécré-
tion est multifactoriel (métabolique,
hormonal et neuronal). Au cours
du diabète de type 2, il existe une
hyperglucagonémie basale et une
absence de diminution de la sécré-
tion de glucagon après charge orale
en glucose ou prise d’un repas. L’ar-
chitecture et la vascularisation insu-
laires permettent de comprendre le
contrôle de la sécrétion du glucagon
et l’intérêt d’une approche thérapeu-
tique par le GLP-1 dans la correction
de ces anomalies.
Il est actuellement admis que les
cellules bêta sont principalement
situées au centre des îlots, à l’excep-
tion de quelques cellules au contact
de la capsule insulaire, là où pénè-
trent les artérioles afférentes. Les
cellules bêta sont donc les premières
cellules en contact avec les diffé-
rents stimuli atteignant l’îlot via le
flux sanguin artériel. À l’inverse, les
cellules non bêta (dont les cellules
alpha) sont situées à la périphérie des
îlots et sont irriguées par les veinules
postcapillaires intra-insulaires. Elles
sont donc sous la dépendance endo-
crine mais aussi paracrine (interac-
tion via l’interstitium) des cellules
bêta. De par cette organisation archi-
tecturale, et sur la base des données
actuelles de la littérature, un contrôle
direct par le GLP-1 de la sécrétion
du glucagon en situation postpran-
diale est peu probable.
Dans les cellules alpha humaines,
l’expression du GLP-1R n’a pas
encore été étudiée. Chez le rat, les
résultats des travaux relatifs à son
expression sont contradictoires :
certaines études ne retrouvent ni le
GLP-1R, ni son transcrit ; d’autres
suggèrent que les cellules alpha pour-
raient exprimer le GLP-1R. Dans les
premières, la stimulation par le GLP-
1 des cellules alpha ne s’accompagne
d’aucune modification de la sécrétion
du glucagon, mais peut induire une
production nette d’AMPc (14, 15).
Dans les autres, au contraire, le
GLP-1 induit une production nette
d’AMPc et même une augmentation
de l’exocytose de glucagon par les
cellules alpha isolées (16). La signa-
lisation AMPc-dépendante dans les
cellules alpha vient d’être précisée et
fait également intervenir des méca-
nismes PKA-dépendants et Epac2-
dépendants.
Pourtant, in vivo, un effet glucago-
nostatique direct du GLP-1 a été
suggéré par des études cliniques
chez des diabétiques de type 1. Chez
ces patients, à jeun, W.O. Creutzfeldt
et al. ont démontré une diminution
des taux plasmatiques de glucagon
après administration intraveineuse
de GLP-1 (17). Cependant, une
discrète élévation de peptide C fut
également détectée, de sorte qu’un
effet indirect du GLP-1 via l’acti-
vation d’une activité résiduelle des
cellules bêta ne peut être formelle-
ment exclu. De plus, les preuves de
l’effet primaire de la régulation para-
crine viennent des souris Knock-out