FÉVRIER – MARS 2011 VOL. 58 N° 1 QUÉBEC PHARMACIE 9
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Comment utiliser les agents stimulant
le système des incrétines dans le
traitement du diabète de type 2 ?
Le diabète de type 2 est une maladie chronique, progressive et grave qui, lorsqu’elle n’est pas bien maîtrisée, peut entraîner tant des
complications macrovasculaires, telles que des maladies vasculaires cérébrales et de la coronaropathie, que des complications microvascu-
laires, telles que la rétinopathie, la néphropathie et la neuropathie1,2. Sachant que la majorité des patients n’obtiennent pas les taux
d’hémoglobine glyquée (HbA1c) cibles, soit moins de 7 %, ce qui les met à risque de complications, l’équipe traitante doit s’assurer
d’optimiser le traitement3. De plus, il est rare qu’une monothérapie arrive à atteindre les objectifs thérapeutiques4.
Dans cette optique, il est donc intéressant
davoir une nouvelle arme dans l’approche
dicamenteuse, c’est-à-dire des molécules
agissant sur le système des incrétines1-4. Il est
certain que le traitement de premre ligne
demeure la metformine en raison de son effica-
cité, de sa bonne tolérance ainsi que de sa capa-
cité à créer une perte de poids chez les patients
obèses1,5. La place de ces nouvelles molécules
dans larsenal médicamenteux demeure plus ou
moins claire. Certaines études démontrent une
certaine efficacité en monothérapie, tandis que
plusieurs auteurs préconisent leur utilisation en
association, la monothérapie étant réservée aux
cas les autres molécules de première inten-
tion seraient contre-indiquées ou mal tolérées3-6.
Les traitements approuvés par Santé Canada
sont lassociation avec la metformine seule et
l’association avec la metformine et une sulfony-
lue.
Pour bien comprendre l’action de cesdica-
ments, on se doit dexpliquer clairement « leffet
incrétine », mécanisme permettant de réagir à
lhyperglycémie postprandiale2-5,7. Les incréti-
nes sont des hormones sécrétées par les cellules
endocrines de lintestin grêle à la suite de lin-
gestion de nourriture1-3,5,8. Il existe deux hormo-
nes intestinales, soit le GLP-1 (peptide-1 res-
semblant au glucagon) et le GIP (polypeptide
insulinotrope pendant du glucose)1-3,6,8. L’in -
crétine dintérêt est le GLP-12,3. La production
de cette hormone (GLP-1) en présence de glu-
cose provoque un ralentissement de la vidange
gastrique, permet de stimuler les cellules β du
pancas (sécrétion dinsuline) et de dimi-
nuer la ponse des cellules α du pancréas
(séction de glucagon)1-6. Il résulte de cet
effet combiné une suppression de lhyper-
glycémie par un captage accru du glucose
dans les tissus ainsi qu’une augmentation
des réserves de glucose dans le foie, et ce,
sans risque dhypoglycémie3. En effet, étant
donné que l’action des incrétines dépend du
glucose, cela implique une maîtrise de l’hy-
perglycémie, sans provoquer dhypoglycé-
mie3,6. Le GLP-1 a une courte demi-vie (une
Texte rédigé par Mélanie Lauzon, B. Pharm.
Texte original soumis le 22 septembre 2010.
Texte final remis le 5 janvier 2011.
Révision : Elyse Desmeules, B. Pharm.,
et Geneviève Duperron, B. Pharm.
Tableau I
Comparaison des analogues du GLP-1 et des inhibiteurs de la DPP-41-3
Analogues du GLP-1 Inhibiteurs de la DPP-4
Molécules Exénatide (ByettaMD) Liraglutide (VictozaMD) Vildagliptine (GalvusMD) Sitagliptine (JanuviaMD) Saxagliptine (OnglyzaMD)
Administration Injection sous-cutanée Prise orale (comprimé)
Posologie 5-10 µg 0,6-1,8 mg 50 mg 100 mg 5 mg
2 fois par jour 1 fois par jour 2 fois par jour 1 fois par jour 1 fois par jour
Diminution moyenne 0,8 % 0,8-1,6 % 0,7 % 0,6-1 % 0,8 %
du taux HbA1c
contre placebo
Demi-vie 2,4 heures 11-15 heures 2,5 heures 12-14 heures 2,5 heures
Hyperglycémie Diminuée ++ Diminuée +
post-prandiale
Incidence Perte Neutre
d’hypoglycémie
Effet sur le poids Peu probable Peu probable
corporel
Disponible au Canada Non Oui Non Oui Oui
PLACE AUX QUESTIONS
10 QUÉBEC PHARMACIE FÉVRIER – MARS 2011 VOL. 58 N° 1
à deux minutes) en raison de sa gradation rapide par la dipepti-
dyl-peptidase 4 (DPP-4)1-3,6,8. La production de GLP-1 chez le patient
diabétique est moindre et déficitaire, comparativement à celle des
patients non diabétiques, mais les réponses de cette hormone sont
intactes, ce qui explique lintérêt dagir à ce niveau pour aider à
maintenir un état deuglycémie3.
Il existe deux approches thérapeutiques permettant de prolonger
laction du GLP-1 chez un patient diabétique de type 2 : administrer
un analogue du GLP-1 exogène plus stable, sistant à la DPP-4, tel
que lexénatide (ByettaMD) et la liraglutide (VictozaMD), ou adminis-
trer un médicament inhibiteur de la DPP-4 an de prolonger la
courte demi-vie du GLP-1 endogène, tel que la sitagliptine (Janu-
viaMD), la Vildagliptine (GalvusMD) et la saxaglipt ine (Ongly zaMD)1-3,8.
Le tableau I présente les différences entre chacune des classes. Le premier
inhibiteur de la DPP-4 est la sitagliptine1-3. En bloquant la voie de dégrada-
tion du GLP-1, on obtient une augmentation prolongée des taux de cette
incrétine, ce qui se traduit par une augmentation de la production dinsu-
line et une diminution de la sécrétion de glucagon2,3,5. Ces molécules sont
efficaces, bien tolérées et curitaires2,3,5. La capacité de la sitagliptine de
diminuer le taux de l’HbA1c (0,6 %-1 %) serait rement inférieure à celle
de la metformine et des sulfonylurées, qui se situent entre 1 % et 2 %5.
La venue de médicaments stimulant le système des incrétines s’avère
très intéressante puisquelle atténue lhyperglycémie postprandiale sans
augmenter le risque dhypoglycémie, et ce, en stimulant la sécrétion
dinsuline de manière glucose-dépendante. Autant de solutions de
rechange en matre de traitement à l’arsenal dont on dispose déjà pour
traiter les diabétiques de type 2. Bien que ces molécules semblent pro-
metteuses, nous ne disposons pas présentement de données sur leur
innocuité à long terme1. Par conséquent, des études évaluant leur effica-
cité à long terme, ainsi que leur place dans le traitement du diabète de
type 2 restent à venir.
Références
1. Bresee L. Actualisation des connaissances des pharmaciens sur le diabète de type
2. Une leçon gratuite de formation continue (Novo Nordisk), avril 2009 : 1-8.
2. Buysschaert M. Incrétines et diabète de type 2. La Revue de la médecine géné-
rale, 2009; 266: 328-33.
3. Ekoe JM, Ross SA. Intégration des agents stimulant le système des incrétines dans
les soins standard du diabète de type 2. Le Clinicien, mai 2009: 49-54.
4. Goldstein BJ, Feinglos MN, Lunceford JK, et coll. Effect of initial combination the-
rapy with sitagliptin, a dipeptidyl peptidase-4 inhibitor, and metformin on glycemic
control in patients with type 2 diabetes. Diabetes Care 2007; 30(8): 1979-87.
5. Pharmacist’s Letter. Sitagliptin’s (Januvia) place in therapy, février 2010, vol. 26,
n° 260219.
6. Aschner P, Kipnes MS, Lunceford JK, et coll. Effect of the dipeptidyl peptidase-4
inhibitor sitagliptin as monotherapy on glycemic control in patients with type 2 dia-
betes. Diabetes Care 2006; 29(12): 2632-7.
7. Pharmacist’s Letter. Investigational medicines for diabetes : Sitagliptin (Januvia)
and Vildagliptin (Galvus); juillet 2006, vol. 22, n° 220715.
8. Tan K, Pillon F. Les incrétines, une nouvelle stratégie pour traiter le diabète de type
2. Actualités pharmaceutiques 2009; 481.
PLACE AUX QUESTIONS
Approuvé pour
1,0
UFC
Dépistage du cancer colorectal et
options pour la préparation à la
coloscopie – Revue pour les pharmaciens
Par Tom Smiley, B.Sc. Phm, Pharm. D.
Dans ce numéro de
Québec Pharmacie
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Février/mars 2011
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QUESTION DE FORMATION CONTINUE
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dans le formulaire de la page 50
2) Lequel de ces énoncés est vrai ?
A. Les médicaments agissant sur le système des incrétines
sont une option prometteuse, car ils permettent de
diminuer l’HbA1c de 1 % à 2 %, ce qui les classe en
première ligne de traitement pour le diabète de type 2.
B. Le GLP-1 inhibe lacrétion d’insuline par son action au
niveau des cellules bêta du pancréas.
C. Le Januvia bloque la DPP-4, ce qui empêche la dégradation
rapide du GIP. En prolongeant ainsi la demi-vie de cet
incrétine, on augmente la sécrétion d’insuline.
D. Les inhibiteurs de la DPP-4 permettent de prolonger
la demi-vie du GLP-1, qui est normalement très courte,
soit 1 à 2 minutes, ce qui permet d’augmenter la sécrétion
d’insuline et ainsi de maîtriser l’hyperglycémie.
La production de l’hormone intestinale GLP-1 en présence de glucose provoque
un ralentissement de la vidange gastrique, permet de stimuler
la sécrétion d’insuline et de diminuer la sécrétion de glucagon. Il résulte
de cet effet combiné une suppression de l’hyperglycémie.
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