cas, de l’interaction plus ou moins spécifique entre
virions et membrane cellulaire jusqu’à l’existence d’un
cycle viral complet, toute une série d’interactions peu-
vent être envisagées.
Arguments pour une réplication
du VHC dans le système immunitaire
Arguments cliniques
Il existe une prévalence accrue de lymphomes non
hodgkiniens (LNH) dans certaines populations infec-
tées par le VHC. Une observation majeure [4] est que
le traitement par interféron-alpha permet d’obtenir une
réponse antitumorale et antivirale chez des patients
porteurs de LNH et infectés par le VHC alors qu’il est
inefficace pour des LNH similaires survenant chez des
patients indemnes d’infection VHC. Cette observation,
confirmée ultérieurement, suggère fortement un rôle
direct du VHC dans la survenue de certains LNH et
donc l’infection de tissus immunitaires par le VHC.
Un autre argument est la persistance de l’ARN du VHC
dans les lymphocytes et monocytes sanguins (LMS)
chez des patients ayant une réponse virologique pro-
longée après traitement par interféron alpha [5].
Détection extra-hépatique
des protéines virales
L’immunomarquage des protéines VHC a été peu uti-
lisé en raison de la variabilité des souches VHC et de
problèmes de sensibilité, la réplication du VHC étant
considérée comme faible même dans le foie [6]. Une
étude récente [3] démontre clairement la présence de
grandes quantités de protéines virales dans les gan-
glions lymphatiques du pédicule hépatique. Alors que
l’immunomarquage sur les LMS est peu contributif, la
concentration des lymphocytes et des monocytes dans
ces ganglions drainant la source de réplication virale
majeure permet d’obtenir une quantité suffisante de
cellules infectées et donc d’antigènes viraux pour une
détection fiable. Ainsi, l’infection des LMS par le VHC
ne reflète qu’une faible partie de l’infection du système
immun par ce virus.
Détection extra-hépatique du brin négatif
La détection usuelle du brin négatif se fait par reverse-
transcriptase suivie d’une PCR. Elle pose un problème
paradoxal : en présence de nombreux brins positifs, la
possibilité de détection artefactuelle du brin négatif par
amorçage intermoléculaire augmente. Inversement, en
présence d’une faible quantité de brins positifs, le
nombre de brins négatifs est bas et la détection du brin
négatif quoique plus spécifique est plus difficile. Ceci
explique les résultats paradoxaux de la littérature, les
brins négatifs pouvant être détectés dans le plasma où
ils sont théoriquement absents comme absents de tissus
hépatiques où ils sont obligatoires. Ces discordances
expliquent pourquoi l’idée d’une réplication extra-
hépatique du VHC a été longue à s’imposer [6]. En
dépit de ces divergences nettes et des très diverses
méthodes utilisées, le tableau 1 qui compile tous les
cas étudiés dans la littérature montre que le brin négatif
est plus souvent détecté dans les LMS que dans le
plasma.
Une autre méthode est l’hybridation in situ utilisée
récemment [3]. Cette approche n’est pas exposée aux
artefacts de la PCR et montre que les adénopathies du
pédicule hépatique en cas d’hépatite chronique VHC
abritent de grandes quantités d’intermédiaires de répli-
cation. Une fois de plus, les résultats sont convaincants
en raison de la quantité et de la concentration de
génomes viraux.
Cultures cellulaires
Certaines lignées lymphocytaires semblent pouvoir, in
vitro, abriter une réplication virale mais avec une
production virale faible et incertaine. Plus intéressante
est la possibilité de cultiver des lymphocytes [7], des
monocytes, voire des cellules lymphomateuses obte-
nues de sujets chroniquement infectés. La stimulation
des lymphocytes T semble pouvoir autoriser une répli-
cation à long terme et le surnageant pouvoir infecter
des cellules naïves d’infection.
La compartimentation réplicative
du VHC
L’ARN polymérase du VHC est incapable de corriger
les erreurs de réplication. Chez un sujet infecté par le
VHC, il existe un mélange de variants plus ou moins
proches définissant la nature « quasi-espèce » de ce
virus. Cette distribution de la quasi-espèce a été étu-
diée essentiellement dans le plasma. Le phénomène de
compartimentation virale décrit une composition de la
Tableau 1.Résumé de la littérature concernant la détection
du brin négatif de l’ARN VHC dans plus d’un compartiment
(sérum, lymphocytes-monocytes sanguins,
tissus hématopoïétiques), entre 1992 et 2005
(Gaetana Di Liberto, thèse de Sciences, 2006).
Compartiment Nombre
de publications
Nombre
de patients
%decas
de détections
de brin négatif
Plasma/sérum 74 416 18 %
Foie 27 173 91 %
LMS 81 652 33 %
Moelle osseuse 21 44 28 %
Mini-revue
Hépato-Gastro, vol. 13, n° 5, septembre-octobre 2006
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