RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 201324
LA SIGNIFICATION DES OMD
POUR LES PAYS PAUVRES –
QUATRE ÉTUDES DE CAS
Bien que la Déclaration du Millénaire ait été
approuvée par 189 États membres de l’ONU,
les OMD qui en ont découlé ont signif
des choses différentes selon les pays. Ainsi
qu’il a été expliqué dans le chapitre 1, ils ont
contribué à mobiliser un soutien international en
faveur du développement, en concentrant les efforts
sur un nombre limité dobjectifs et de cibles. Pour
les pays en développement, les OMD peuvent donc
orienter la formulation des politiques nationales et
servir de cadre pour gérer laide extérieure. Mais
un tel cadre, adopté au niveau international, n’est
peut-être pas toujours adapté à des priorités et des
approches spécifiques dans différents contextes
nationaux. Il est interprété et utilisé différemment
dans chaque cas. Afin délaborer un cadre de
développement pour laprès-2015, il est important
de bien comprendre ce qui détermine la forme que
peut la transposition, comment le cadre des OMD a
été utilisé en relation avec les politiques nationales
de développement et dans quelle mesure il a facilité,
ou dans certains cas peut-être même entravé, leur
mise en œuvre. De quelle façon des instruments
définis à léchelle mondiale comme les OMD ont-
ils contribué et sont-ils susceptibles de contribuer
à des processus de développement ancrés dans des
contextes nationaux spécifiques?
Ce chapitre examine ce qu’ont signifié les OMD
pour quatre pays très différents, le Népal, le Rwanda,
la Côte d’Ivoire et le Pérou, sur la base détudes de
cas originales réalisées par des instituts de recherche
nationaux pour les besoins du présent rapport12. La
première section du chapitre donne un aperçu des
analyses des chercheurs. Certaines des principales
questions auxquelles ils ont tenté de répondre
concernent notamment les effets des OMD en
tant qu’instrument sur les choix politiques et leur
application au niveau national13.
Il est important aussi denvisager, de manière
plus générale, comment fonctionnent les processus
politiques nationaux et comment les cadres
internationaux comme celui des OMD interagissent
avec les politiques nationales. La deuxième partie du
chapitre présente donc de récents travaux déconomie
12 Des résumés des études de cas sont annexés au présent rapport et leurs versions complètes sont publiées sur le site web du RED. Les études ont
été menées par:
 •LeSAWTEEetleCESLAMauNépal,sousladirectiondePandey,P.R.,Adhikari,R.etSijapati,B.(2012)
 •L’IPARauRwanda,sousladirectiondAbbott,P.,Malunda,D.etNgamijeFesto(2012)
 •LeCIRESenCôtedIvoire,sousladirectiondeKouadio,E.K.,Ouattara,Y.etSouleymane,S.D.(2013)
 •LeRIMISPetlIEPauPérou,sousladirectiondeBarrantes,R.etBerdeg,J.A.(2012)
13 Des équipes de chercheurs établis dans les pays concernés on réalisé les études de cas. Elles ont aussi organisé des consultations avec les autorités
nationales et des organisations de la socté civile afin de discuter de leurs données et de leurs analyses, et de formuler des propositions relatives à
un programme de développement pour l’après-2015 dans l’optique de leurs pays respectifs. Ces propositions doivent donc être comprises comme
des points de vue qui se dégagent des discussions et des consultations organisées par les chercheurs, mais qui ne prétendent pas représenter les
positions d’une organisation ou d’une entité publique quelconque.
2
Ce chapitre
examine ce quont
signifié les OMD
pour quatre pays
très différents sur
la base d’études
de cas originales
réalisées par
des instituts de
recherche
nationaux.
CHAPITRE DEUX
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 2013 25APRÈS 2015: UNE ACTION MONDIALE POUR UN AVENIR INCLUSIF ET DURABLE
R A PPO R T EUROPÉEN
VELOPPEMENT
SUR LE
politique en vue danalyser les processus décisionnels
spécifiques aux différents pays et les modalités de
mise en œuvre qui sous-tendent les stratégies de lutte
contre la pauvreté et, plus largement, les politiques
liées au développement. La dernière partie du
chapitre analyse les incitants politiques que peuvent
apporter les liens économiques mondiaux et les
relations internationales, ainsi que limpact potentiel
des instruments mondiaux et régionaux au niveau
national. Chaque pays a aussi des caractéristiques
uniques susceptibles dinfluencer les interactions de
son gouvernement avec léconomie mondiale et avec
les relations et instruments internationaux.
2.1. Les OMD au niveau national –
quatre études de cas
Les quatre études de cas commanditées sur le Népal,
le Rwanda, la Côte d’Ivoire et le Pérou ont exami
les informations disponibles concernant les effets
probables des OMD sur les décisions nationales
en matière de lutte contre la pauvreté. Bien que les
éléments attestant de limpact des OMD dans ces pays
soient moins concluants, les études ont cependant
permis didentifier certains de leurs effets. Elles nous
éclairent aussi sur les perceptions des OMD et sur
les raisons qui incitent les gouvernements à utiliser
les OMD en tant quinstrument (objectifs, cibles,
indicateurs, mécanismes de suivi, etc.) et à en respecter
les engagements politiques. Les quatre pays sont très
divers et présentent un large éventail de situations
différentes en termes de développement et de relations
avec l’UE, comme en attestent les indicateurs de base
présentés dans le tableau 2.1.
Bien que ces études de cas ne soient pas censées
constituer un échantillon représentatif, elles illustrent
utilement une série de situations auxquelles ont été
confrontés les pays en développement au cours de la
décennie écoulée depuis ladoption de la Déclaration
du Millénaire. Les quatre pays ont des niveaux de
développement divers et se caractérisent par des
tendances et des défis de nature variée en termes
de démographie, déconomie et denvironnement,
comme le résume le tableau 2.2
Népal Rwanda Côte dIvoire Pérou
Population en 2011
(en millions dhabitants)
30 mn 11 mn 20 mn 29 mn
PIB en 2011 (en Mrd $ courants) 18,9 bn 6,4 bn 24,1 bn 176,7 bn
PIB par habitant en 2011
(en $ constants de 2000)
275$ 356$ 549$ 3.364$
Statut de revenu attribué par
la Banque mondiale
LIC LIC LMIC UMIC
Indice de Gini 32,8 (2010) 50,8 (2011) 41,5 (2008) 48,1 (2010)
Versements dAPD par lUE et le CAD/
OCDE en 2010 (en Mio $)
210 mn 308 mn 267 mn 211 mn
APD reçue en % du RNB en 2011 4,70% 20,22% 6,24% 0,36%
Balance commerciale avec l’UE27
en 2011 (en Mio $)
- 26 mn - 115 mn + 2.401 mn + 4.196 mn
Migrants dans lUE en proportion du
nombre total démigrants en 2010 4,1% 8,9% 9% 29,1%
Tableau 2.1 Études de cas nationales: Indicateurs choisis
Sources: bases de dones statistiques de la Banque mondiale, de l’OCDE, du CCI et de la CNUCED
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 201326
CÔTE D’IVOIRE
RWANDA
NÉPAL
PÉROU
CROISSANCE
DÉMOGRAPHIQUE STRUCTURE
PAR ÂGE URBANISATION MIGRATION
INTERNATIONALE
TRÈS JEUNE
0-24 ans
56,9%
25-64 ans
38,9%
+ de 65 ans
4,2%
Âge moyen 21,4
ENFANTS
PAR FEMME
ENFANTS
PAR FEMME
1,9 % en 2010.
FÉCONDITÉ
EN DÉCLIN
TRÈS RURALE
Urbaine – 17 %
Rurale – 83 %
ENTRANTE
SORTANTE
Taux de migration net:
-0,6 par 1 000 personnes
pour la période 2010-15
Principales destinations:
Inde et pays du Golfe,
les envois de fonds des
migrants parviennent à
56 % de l’ensemble des
ménages
Minimale
Faible migration entrante
en provenance d’autres
États membres de la CAE
1950
6,1
2010
2,9
URBAINE RURALE
Une grande part des
migrants rwandais sont
des refugiés qui ont fui
le génocide
TRÈS JEUNE
0-24 ans
63,4%
25-64 ans
33,9%
+ de 65 ans
2,7%
Âge moyen 18,7
TRÈS RURALE
Urbaine – 19.1 %
Rurale – 80.9 %
ENTRANTE
ENFANTS
PAR FEMME
ENFANTS
PAR FEMME
2,9 % en 2010.
FÉCONDITÉ
EN DÉCLIN
1950
8
2010
5,4
Taux de migration net:
0 par 1 000 personnes
pour la période 2010-15
SORTANTE
MIXED
TRÈS JEUNE
0-24 ans
61,2%
25-64 ans
35%
+ de 65 ans
3,8%
Âge moyen 19,2
SORTANTE
Nouvelles migrations:
0,1 par 1 000 personnes
pour la période 2010-15
Beaucoup d’Ivoiriens
émigrent en France attirés
par la langue et par des
similitudes culturelles
Beaucoup de migrants
régionaux et d’origine
libanaise dans des
emplois peu qualifiés
ENFANTS
PAR FEMME
ENFANTS
PAR FEMME
1,8 % en 2010.
FÉCONDITÉ
EN DÉCLIN
1950
6,8
2010
4,7
Urbaine – 51.3 %
Rurale – 48.7 %
ENTRANTE
Urbaine – 77.3 %
Rurale – 22.7 %
Taux de migration net: -2,8
par 1 000 personnes pour
la période 2010-15
Récemment, des
ressortissants espagnols
sont arrivés pour échapper
à la crise de l’euro
Principales destinations:
USA, Espagne, Italie et
autres pays de l’UE
TRÈS RURALE
ENTRANTE
SORTANTE
ENFANTS
PAR FEMME
ENFANTS
PAR FEMME
1,1 % en 2010.
FÉCONDITÉ
EN DÉCLIN
1950
6,9
2010
JEUNE
0-24 ans
49,1%
25-64 ans
44,8%
+ de 65 ans
6,1%
Âge moyen 25,6
URBAINE
URBAINE
URBAINE
RURALE
RURALE
RURALE
DÉMOGRAPHIE
2,6
CHAPITRE DEUX
Table 2.2 Case study countries trends and projections
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 2013 27APRÈS 2015: UNE ACTION MONDIALE POUR UN AVENIR INCLUSIF ET DURABLE
R A PPO R T EUROPÉEN
VELOPPEMENT
SUR LE
CÔTE D’IVOIRE
RWANDA
NEPAL
PÉROU
CROISSANCE
ÉCONOMIQUE COMMERCE
INTERNATIONAL EMPLOI FLUX DE CAPITAUX
DÉFICIT
DÉFICIT
EXCÉDENT
EXCÉDENT
La croissance des
importations est
beaucoup plus forte,
entraînant des déficits
commerciaux constants
Principaux partenaires
commerciaux:
India (far ahead), China,
EU, Singapore and USA.
MANQUE DE
MAIN-D’ŒUVRE
QUALIFIÉE
Le Népal figure parmi les
pays qui parviennent le
moins à attirer l’IDE.
Les approbations d’IDE
ont néanmoins augmenté
depuis 2006/07.
46%
IMPORTATIONS
de chômeurs en 2008.
Beaucoup de personnes
choisissent de chercher
du travail à l’étranger.
La croissance des
importations est
beaucoup plus forte,
entraînant des déficits
commerciaux constants
Principaux partenaires
commerciaux
Chine, Suisse, UE.
2001
2011
La majorité de la
population est occupée
dans une agriculture de
subsistance.
Le sous-emploi est le
problème principal.
La main-d’œuvre
qualifiée est rare.
Le Rwanda est l’un des
pays les plus performants
selon les indicateurs
«Doing Business» de la
Banque mondiale, mais
il peine encore à attirer
l’IDE. Les perspectives
pour 2011/12 étaient
positives.
IMPORTATIONS
Lente croissance des
investissements privés
1996-2011: Croissance
de l’IDE de 0,47 %
Part des investissements
de l’UE en déclin.
Le chômage des jeunes
(25-34 ans) était de
17,5 % en 2008.
La plus grande partie
de la population est
occupée dans le secteur
informel.
% TRAVAILLENT
DANS LA
PRODUCTION
DE CACAO
Chômage en
augmentation
La Côte d’Ivoire a eu un
excédent commercial de
15 % du PIB en 2011.
C’est dû en partie à sa
position de leader
mondial pour les
exportations de cacao.
Principal partenaire
commercial:
UE
2002 2008
6,4%15,7%
1996-2003
38,71%2003-2011
17,57%
PIB
2008-2010
CROISSANCE
ANNUELLE DU
6,4%
20102001 54,6%71%
Le Pérou a bénéficié
d’un excédent dans
sa balance commerciale
au cours des
8 dernières années
Principal partenaire
commercial:
UE, Chine, USA,
Brésil et Chili
TAUX DE CHÔMAGE
En baisse, tandis que
la population active
augmente.
Le stock d’IDE représentait
9,8 % du PIB total.
L’Espagne, le Royaume-Uni
et les USA ont été les
principaux investisseurs.
Ratio investissements /
PIB le plus élevé des
7 pays d’AL
IMPORTS
Le taux de
sous-emploi est
cependant élevé
1995
US$5,05
milliards
US$22
milliards
2011
ÉCONOMIE
Le taux de croissance
annuel moyen du PIB
entre 2001 et 2011
n’a été que de
ENTRE 2008 ET 2012
LA CROISSANCE DU
PIB RÉEL A ÉTÉ DE
PAR AN EN MOYENNE
2008
2012
2001
2011
Le taux de croissance annuel
moyen du PIB a été de
5,8%
Le Pérou a eu la croissance
du PIB la plus forte de
la région et l’inflation
la plus faible.
Aujourd’hui considéré
comme un PRITS
RAPPORT EUROPÉEN SUR LE DÉVELOPPEMENT 201328
CÔTE D’IVOIRE
RWANDA
NÉPAL
PÉROU
CLIMAT BIODIVERSITÉ TERRES/EAU POLLUTION
Déforestation
(surexploitation
forestière pour le
bois de chauffage
et absence
d’alternatives),
épuisement des
sols; contamination
des eaux. Potentiel considérable
pour la production
d’énergie
hydroélectrique
CATASTROPHES
NATURELLES,
DONT:
Les premiers signes du
changement climatique
sont perceptibles, avec
des périodes plus
longues de pluie et
de sécheresse.
SÉISMES,
TSUNAMIS,
INONDATIONS,
GLISSEMENTS DE
TERRAIN, ACTIVITÉ
VOLCANIQUE
MODÉRÉE.
En raison de la densité de
population élevée, les
terres sont rares et
surexploitées. L’érosion
des sols est un problème
majeur. Les ressources
en eau servent à la
production d’énergie
hydroélectrique.
Déforestation,
épuisement
des sols et
conservation de
la vie sauvage.
Les forêts publiques ont
subi des dégradations du
fait d’une utilisation illégale
aux effets négatifs sur
la biodiversité.
Saisons des pluies
plus courtes et
saisons sèches plus
longues affectant
potentiellement la
culture du cacao.
La quantité des ressources
en eau demeure largement
suffisante pour couvrir les
besoins croissants, malgré
des disparités régionales.
La pollution et la
dégradation des sols
dues aux activités
humaines menacent les
ressources en eau.
Déforestation (résultant
en partie de l’abattage
illégal); surpâturage dans
les zones côtières
et la sierra.
Désertification,
érosion des sols
et contamination
des eaux
Pollution atmosphérique
à Lima; pollution des
eaux fluviales et côtières
par les effluents
municipaux et miniers.
ENVIRONNEMENT
CATASTROPHES
NATURELLES,
DONT:
SÉISMES,
TSUNAMIS,
INONDATIONS,
GLISSEMENTS DE
TERRAIN, ACTIVITÉ
VOLCANIQUE
MODÉRÉE
CHAPITRE DEUX
1 / 22 100%