Association internationale des Conseils économiques et sociaux
et Institutions similaires
(AICESIS)
INTERVENTION de M. VELIKHOV
Président de la Chambre Civique de Russie
et Président de l’AICESIS
A L’ASSEMBLEE PLENIERE DE L’ECOSOC DES NATIONS UNIES
2014
SUR LE THEME
« RÉGLER LES PROBLÈMES EXISTANTS ET NOUVEAUX AFIN DE
RÉALISER LES OBJECTIFS DU MILLÉNAIRE POUR LE
DÉVELOPPEMENT EN 2015 ET DE PRÉSERVER PAR LA SUITE LES
ACQUIS DU DÉVELOPPEMENT »
New York Juillet 2014
FR
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Chers Collègues,
Mesdames et Messieurs,
A moins de deux ans de l’échéancier fixé pour la réalisation des OMD, leur évaluation à
l’échelle internationale, fait ressortir qu’en dépit de réels progrès réalisés, les populations les
plus vulnérables n’ont pas connu un changement significatif de leur situation, compromettant
une vision d’un avenir meilleur tel qu’annoncé par les Etats membres de l’ONU en 2000.
A l’approche de la date butoir fixée, le bilan des réalisations de ces Objectifs du Millénaire
pour le développement demeure déficitaire, surtout dans les pays en développement les plus
pauvres, avec l’existence de fortes disparités entre et au sein des pays.
Plusieurs raisons font que le progrès escompté ne pourrait pas être atteint, principalement à
cause :
De la crise financière qui s’est transformée en une véritable crise économique
remettant en cause le modèle de développement actuel ;
De fortes fluctuations des cours des matières premières, avec une forte hausse durant
la période d’avant-crise suivie d’une chute affectant les recettes des pays en
développement en plus du maintien des prix du pétrole à des niveaux élevés ;
Des mouvements sociaux à l’échelle mondiale dénonçant l’accroissement des
inégalités et l’absence de perspectives d’ascension sociale et de création d’emploi et
entrainant parfois des mouvements migratoires importants ;
D’une gouvernance déficiente et d’un manque de cohérence des politiques publiques.
Ce contexte a été à l’origine d’un affaiblissement de la capacité des pays à allouer les fonds
nécessaires pour la réalisation des OMD. De même, l’enveloppe globale de l’aide au
développement a été réduite en raison des politiques d’austérité imposées par la crise
économique et financière, ce qui a compromis l’accomplissement des dits Objectifs.
Certes, l’engagement de la communauté internationale et des différents acteurs du
développement pourrait permettre à certains pays d’atteindre plusieurs cibles d’ici à 2015,
mais il conviendrait de définir des engagements et actions concrètes, durables et viables à
entreprendre pour l’après 2015, et ce en adoptant une approche globale basée sur les droits
humains fondamentaux et impliquant la société civile organisée.
Aujourd’hui, un nouveau programme de développement mondial à l’horizon 2030 figure à
l’ordre du jour. Il intègre d’autres objectifs destinés à prendre le relais des OMD et visant à
protéger la planète et à promouvoir l'équité, la justice et la prospérité. Il inclut, en plus des
huit OMD, les dimensions relatives notamment au développement durable, à l’économie
inclusive, à l’industrialisation durable, à la problématique des changements climatiques, aux
droits de l'homme, à la paix et à la sécurité internationale.
L’AICESIS estime que ce nouveau programme est en phase avec ses attentes puisque son
contenu se préoccupe des trois principes fondamentaux que sont: (i) l’inclusion, (ii) la
durabilité, et (iii) la silience à la crise. Les objectifs définis sont plus globaux pouvant
engendrer des effets d’entrainement sur le niveau de développement de différents pays. A ce
titre, l’industrialisation inclusive proposée par le programme devrait permettre la création de
nouveaux emplois avec l’émergence d’une nouvelle division internationale du travail tenant
compte d’une meilleure intégration des pays en développement dans les nouvelles chaines de
valeur. Ceci se répercutera, sans doute, sur le revenu moyen par habitant et permettra l’essor
d’une classe moyenne dynamique et entreprenante.
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Par ailleurs, le nouveau programme s’appuie sur une nouvelle approche qui repose sur la
troisième génération des droits de l’homme. Cette nouvelle approche, en plus des droits
sociaux, économiques et culturels, englobe les droits collectifs des sociétés ou des peuples,
tels que le droit à un développement durable, à la paix et à un environnement sain. A cet
égard, le référentiel de la charte sociale élaborée par le CESE du Maroc et qui a adoptée par
d’autres CES, préconisant des droits et normes associés à des objectifs opérationnels et
appuyés sur environ 250 indicateurs de suivi et de progrès, pourrait servir de base pour
enrichir le nouveau programme proposé.
Toutefois, l’AICESIS interpelle la communauté internationale quant au risque de dispersion
des efforts du fait de l’élargissement du nombre d’objectifs retenu limitant ainsi le potentiel
de réalisation du développement humain attendu. C’est pourquoi, elle appelle à une approche
intégrée plus globale pour veiller au renforcement des synergies entre les différentes
dimensions adressées par le nouveau programme des OMD.
L’AISESIS considère qu’il faudrait par ailleurs capitaliser sur les expériences réussies dans le
cadre des OMD et partager ces expériences dans le cadre d’une coopération Sud-Sud pour la
construction d’une société plus solidaire et plus équilibrée.
La réduction des inégalités, le renforcement de la justice et de l’équité, des droits de l’homme
et de la démocratie participative ainsi que les divers aspects liés à la bonne gouvernance sont
autant des défis à relever dans le cadre du nouveau programme de développement. La
communauté internationale devrait, de son côté, honorer les engagements pris en matière
d’aide au développement et adopter des mécanismes novateurs de financement.
De ce fait, le programme de développement après-2015 devrait mettre davantage l’accent sur
le besoin de réaliser au niveau mondial des transformations structurelles basées sur un
nouveau modèle économique qui privilégie une croissance économique durable, inclusive et
équitable, une agriculture qui garantit la sécurité alimentaire et prend en considération les
changements climatiques et démographiques, et où l’économie sociale et solidaire et les
secteurs secondaire et tertiaire seraient en mesure de créer la valeur ajoutée suffisante pour
faire face aux mutations actuelles.
Le programme de développement devrait s’appuyer sur une société civile organisée, forte et
engagée auprès de l’ensemble des composantes de la société dans sa globalité et devrait
accorder une place privilégiée aux jeunes, aux femmes, aux enfants, aux personnes âgées, aux
groupes vulnérables et aux migrants, en garantissant plus de cohérence et d’adaptation des
politiques publiques aux contextes régional, national et local. En effet, chaque pays avec ses
propres spécificités, doit pouvoir mettre en œuvre les solutions les plus adaptées à sa
situation, ses besoins et ses réalités.
Ce modèle devrait se référer, également, aux décisions prises lors du sommet Rio+20
notamment en matière de développement économique inclusif, de protection de
l’environnement, de durabilité des ressources naturelles, de paix et de sécurité. Les initiatives
panafricaines, les consultations nationales et régionales, ainsi que les forums onusiens, tels
que la Conférence internationale sur la population et le développement+20 constituent aussi
des références à prendre en considération.
Le nouveau modèle ne peut avoir un impact positif sur l’agenda post 2015 sans la promotion
d’une gouvernance responsable et de la démocratie participative. Ceci passe par le
développement des mécanismes et outils de participation appropriés pour favoriser
l’implication de tous les acteurs et notamment les organisations de la société civile, et ce dès
la phase de conception du nouveau programme en passant par l’exécution jusquau suivi et
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évaluation du contenu, tout en assurant plus de transparence et en instituant l’obligation de
reddition des comptes.
Un système de suivi et d’évaluation des objectifs des programmes de développement post-
2015 doit être mis en place avec des indicateurs de résultats et d’impact permettant de suivre
les progrès réalisés par les différents pays. A cet égard, l’élaboration de nouveaux indices
composites est essentielle pour assurer le suivi et le monitoring du programme et mieux
appréhender les avancées réalisées par les différents pays en matière de développement
humain durable.
Enfin, l’AICESIS en tant que société civile organisée, regroupant les conseils économiques et
sociaux de plusieurs pays, continuera à se mobiliser pour poursuivre la réflexion sur les
objectifs du millénaire à l’horizon 2030, et ce, en veillant, notamment, sur l’échange effectif
des expériences et des meilleures pratiques entre les membres de l’AICESIS. Cette réflexion
devrait concerner les défis majeurs de développement au cours des quinze prochaines années
et envisager la façon dont la communauté internationale pourrait contribuer à les relever et ce,
en tenant compte des enseignements de l’expérience antérieure en matière de mise en œuvre
des OMD.
Je vous remercie pour votre attention.
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