Poster ESPASS P-162

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Mesurer l’opinion des patients schizophrènes sur le traitement :
faisabilité pratique et premiers résultats dans l’enquête ESPASS
Gasquet I 1, Azorin JM 2, Leguay D 3, Loze JY 4, Depret-Bixio L 4, Rouillon F 5
(1) INSERM U669 Université Paris XI - Hôpital Cochin AP-HP, Paris - Maison des Adolescents, Paris ; (2) Hôpital Sainte-Marguerite AP-HM, Marseille Faculté de médecine de Marseille ; (3) CE.SA.ME, Angers ;
(4) Bristol-Myers Squibb, Rueil-Malmaison ; (5) INSERM U669 Université Paris XI -Hôpital Ste Anne, Paris Faculté de médecine Université René Descartes Paris V
Introduction
L’opinion des patients sur leur traitement est un critère de jugement habituellement utilisé pour
évaluer son utilité.
Objectif Principal
Dans la schizophrénie, la validité du concept de la mesure de la satisfaction vis-à-vis des soins reste
incertaine et deux approches peuvent être proposées pour la valider :
1) Mesurer l’acceptabilité d’un autoquestionnaire de satisfaction (AQ) distribué par le psychiatre
traitant. L’hypothèse à tester est qu’il sera distribué et rempli correctement par la grande
majorité des patients.
• Descriptif des réponses à l’autoquestionnaire (échelle PASAP)
Le score total moyen était de 63.
Le score moyen par item est présenté dans la figure 2.
Globalement, les scores moyens de
satisfaction étaient bons pour les
items concernant la relation avec
l’équipe soignante et le psychiatre
traitant et plus faibles pour ceux
qui concernaient le traitement
médicamenteux et les soins dans
leur ensemble.
Figure 2 : Score moyen à l’AQ des patients répondeurs (n=2896)
échelle de 1 (mauvaise satisfaction) à 5 (bonne satisfaction)
2) Mesurer les facteurs associés à la satisfaction exprimée par l’autoquestionnaire. L’hypothèse à
tester est que le profil socio-démographique intervient peu sur la satisfaction contrairement
aux variables associées à l’efficacité du traitement ainsi qu’à sa tolérance. Par ailleurs, le lien
attendu entre satisfaction vis-à-vis des soins et observance doit être important.
Méthodologie
ESPASS est une étude pharmaco-épidémiologique observationnelle, descriptive, longitudinale,
prospective, se déroulant en France (métropolitaine et DOM), qui a été mise en place auprès de
1170 psychiatres travaillant en milieu institutionnel (public ou privé) et portant sur 6165 patients
sélectionnés et suivis pendant une période de 6 mois. Les patients devaient présenter les critères
DSM-IV TR de schizophrénie, ils devaient nécessiter le changement du traitement antipsychotique
quel qu’en soit le motif ou l’instauration d’un traitement antipsychotique, ils ne devaient pas
présenter les critères d’un épisode psychotique aigu et ne devaient pas nécessiter un normothymique.
Les données recueillies étaient : caractéristiques socio-démographiques, type de prise en charge
(médicamenteuse et non médicamenteuse), caractéristiques de la maladie (typologie selon le
DSM-IV TR), autonomie sociale (échelle EAS), efficience (échelle IAQ), sévérité globale (échelle
CGI-S) et satisfaction vis-à-vis des soins (échelle PASAP). L’échelle utilisée pour mesurer la satisfaction
est un autoquestionnaire (AQ) de 16 items. 8 items concernent le traitement médicamenteux dont
1 l’observance, 3 l’équipe soignante, 3 le psychiatre traitant et 2 les soins dans leur ensemble. Le
score total pouvait varier de 0 à 100 par ordre croissant de satisfaction. Les réponses restaient
confidentielles.
En croisant le score total moyen avec d’autres variables, il apparaît que :
• La satisfaction varie peu avec l’âge et le niveau de ressources malgré le fait que les différences
sont statistiquement significatives
• Il n’y a pas d’influence du sexe et du statut marital
• La satisfaction augmente quand la sévérité globale des symptômes diminue
Figure 3 : Score moyen à l’AQ en fonction du score CGI-S
80
74%
71%
70
69%
65%
61%
60
60%
59%
50
40
30
20
10
0
p < 0,001*
Normal,
pas du tout
malade
A la limite
Légèrement
malade
Modérément Manifestement Gravement
Parmi les
malade
malade
malade patients les plus
malades
• La satisfaction augmente avec le niveau d’autonomie sociale (correspondant à une diminution
du score moyen EAS) - Figure 4.
Figure 4 : Score moyen à l’AQ en fonction du score EAS
80
74%
70
Résultats de la Visite de Sélection (M0)
71%
69%
69%
25 à 44
45 à 64
> 64
60
50
sur la satisfaction vis-à-vis des soins
40
30
• Acceptabilité
20
L’AQ a été remis à 3281 patients parmi les 4604 sélectionnés ayant un traitement à visée
antipsychotique avant M0 (71%). Les motifs les plus fréquents de non remise étaient : refus du
patient 30%, incapacité du patient 20%, refus de l’enquêteur 16% (Figure 1).
Parmi les 3281 AQ remis, 96% (3159) ont été renvoyés.
Les patients étaient considérés comme répondeurs lorsque 9 items principaux de l’échelle PASAP
étaient complétés (63% des cas).
10
0
• La satisfaction est plus importante chez les patients qui recevaient un antipsychotique atypique
avant la visite de sélection en comparaison à ceux recevant un antipsychotique conventionnel
(Figure 5).
Figure 5 : Score moyen à l’AQ en fonction du traitement AP
principal prescrit antérieurement
Figure 1 : Acceptabilité de l’autoquestionnaire
80
70
60
50
40
30
20
10
0
29%
AQ non remis au patient
16%
Refus enquêteur
96%
AQ renvoyés
30%
Refus patient
20%
Incapacité patient
33%
Autre
p < 0,001*
60%
Traitement NL
65%
Traitement APA
• On retrouve également une association significative entre satisfaction et effets indésirables
(plus grande satisfaction retrouvée chez les patients les moins somnolents, ceux présentant le
moins d’effets secondaires neurologiques et ceux chez qui l’activité sexuelle est la moins perturbée).
• Biais de sélection
L’analyse comparant les répondeurs aux non répondeurs montre qu’il existe un biais de sélection.
Les patients ayant répondu à l’AQ sont globalement caractérisés par un profil clinique moins
sévère :
• Plus de salariés (17% versus 12% - p < 0,0001)
• Un score moyen à l’échelle CGI-S moins élevé (4,5 versus 4,9 – p<0,0001)
• Un score moyen à l’échelle d’autonomie sociale EAS moins élevé, traduisant ainsi une plus
grande autonomie (42,6 versus 49,2 – p<0,0001)
• Une plus grande proportion de patients ambulatoires (69% versus 56% - p<0,0001)
• Structure dimensionnelle, validité interne et validité concourante
L’analyse en composante principale montre qu’il existe un facteur prédominant expliquant à lui
seul 45% de la variance et principalement lié au traitement médicamenteux et un autre facteur
expliquant quant à lui 18% de la variance et lié au prescripteur.
La validité interne a été calculée par le coefficient de Cronbach qui était de 0,84 ce qui est tout
à fait satisfaisant.
La validité concourante a été vérifiée en croisant le score total moyen de l’échelle PASAP avec les
scores de chaque item de cette échelle. Les résultats étaient toujours cohérents notamment
concernant l’observance thérapeutique où il apparaît que la satisfaction augmente avec l’observance
déclarée par le patient (p<0,001).
Conclusion
La bonne acceptabilité de l’autoquestionnaire indiquant qu’il est pertinent de mesurer la satisfaction
vis-à-vis des soins chez les patients schizophrènes doit cependant être mise en perspective avec
le biais de sélection qui a été retrouvé.
Les qualités psychométriques de l’échelle PASAP sont bonnes et la sensibilité au changement
reste à être évaluée.
La satisfaction globale est peu liée au profil socio-démographique et très corrélée à la sévérité
globale et à l’autonomie sociale. Elle est meilleure avec les antipsychotiques atypiques et moins
bonne en présence d’effets indésirables.
La satisfaction vis-à-vis des soins est un bon critère de jugement pour l’évaluation de l’utilité des
traitements
Etude réalisée grâce au support de Bristol-Myers Squibb et Otsuka Pharmaceutical France.
Le data management et l’analyse statistique de cette étude ont été réalisés par ICTA PM (Fontaine-les-Dijon).
- 5ème Congrès de l’Encéphale, Paris, France, 25 au 27 Janvier 2007 - rèf. : P-162
100%
4604 patients sélectionnés
ayant un traitement
à visée antipsychotique
71%
AQ remis au patient
< 25
p < 0,001*
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