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J. Tréton 3
Il est admis que les processus de vieillissement sont une conséquence indirecte de la sélection des
êtres vivants pour adapter leur potentiel de reproduction aux défis rencontrés au cours de l’Evolution:
crises de surpopulation ou de sous populationI. Une des adaptations à la précarité des cycles
d’expansion ou de régression des espèces peut être celle de l’ajustement aux ressources alimentaires.
Tout organisme, qui peut ralentir à la fois la sénescence et la reproduction durant les périodes de
disette, est capable d’attendre des jours meilleurs, c’ est-à-dire qu’il reste malgré tout capable de se
reproduire quand la nourriture réapparaît. Cet organisme jouirait d’un avantage compétitif certain par
restriction par rapport aux autres qui n’auraient pas ce double avantage.
La révolution conceptuelle des années 1980 a fait avancer nos connaissances par le passage de la
génétique du vieillissement à celle de la longévité. La variation de la reproduction entraînerait la
variation de la longévité, qui elle-même agit indirectement sur la vitesse de la sénescence.
Etait-il possible de trouver des mutants avec des durées de vie plus longues ? La réponse a été donnée
par la découverte de mutants de longévité chez nombre d’invertébrés. Cela confirme que la longévité
peut s’adapter : quand elle augmente, cela ralentit indirectement la sénescence ; quand elle diminue,
cela accélère indirectement la sénescence. Les conséquences de ce processus sont la modulation des
gènes de la reproduction et indirectement la modulation de la sénescence (ralentissement ou
accélération).
La longévité peut dépendre de facteurs inné ou acquis. Les premiers sont liés à des gènes privés tardifs
accumulés au cours de l’histoire de vie de chaque espèce (gène tardif délétère et gène pleïotropique
antagoniste) et les seconds sont des gènes publiques modulables au cours de la vie de cet organisme
(gène de réponse à la restriction alimentaire, sans mal nutrition)II. Ces mécanismes génétiques sont
conservés dans plusieurs taxa, y compris les mammifères comme le montre les mutants trouvés chez
la levure (S. cereavisae), le ver (C. elegans), la mouche (D. melanogaster), et la souris (M. musculus). Trois
principales fonctions étaient touchées chez ces mutants de longévité : niveau de métabolisme,
réponses aux agressions, réponse apoptotique.
Ces découvertes ont apporté un nouvel éclairage à la notion de restriction alimentaire. La restriction
alimentaire joue un rôle important chez les animaux modèles quant aux ralentissements et même la
prévention de tout un ensemble de pathologies liées à l’âge, comprenant les maladies
Résumé
Le vieillissement et la nutrition ont connu récemment deux grandes évolutions. Tout d’abord, les
progrès de la génétique du vieillissement qui ont montré le contrôle génétique de la longévité.
D’autre part, l’important corpus de connaissances accumulé dans le domaine de la restriction
alimentaire, l’une des rares interventions non-génétiques connues pour augmenter la longévité des
mammifères ce type de régime alimentaire étant associé à une diminution des pathologies liées à
l’âge. La conjonction de ces deux cibles de recherche a permis de découvrir chez des modèles
animaux, principalement invertébrés, les mécanismes génétiques sous-jacents liant le niveau
d’alimentation et la longévité. La compréhension de ces mécanismes génétiques va permettre
d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques reliées aux processus du vieillissement. De la
levure aux mammifères, un certain nombre de voies génétiques homologues ont été démontrées.
Cet essor des connaissances apporte un faisceau, toujours croissant, de données démontrant que
le système nerveux central joue un rôle crucial dans la perception des besoins en aliments
également chez les invertébrés.
LE PROCESSUS DU VIEILLISSEMENT LONGÉVITÉ ET ALIMENTATION