Analyse Approfondie de Cas 42
Décès par suicide d’un paent pendant
son hospitalisaon.
RÉSUMÉ/ SYNTHÈSE DE L’EI
Catégorie : Santé Mentale
Nature des soins : Thérapeuques
P R A G E
Plateforme Régionale d’Appui à la Gestion des
Evénements indésirables - Aquitaine
Un paent de 57 ans, suivi depuis une
dizaine d’années en Centre Médico-
Psychologique (CMP) en ambulatoire
pour des troubles bipolaires diagnos-
qués en 1998, est hospitalisé en
établissement de santé mentale. Le
traitement consiste en lamotrigine
200 mg/j.
Il est accompagné par les pompiers et
la police pour agitaon psychomo-
trice avec troubles du comportement.
La sœur du paent demande son
hospitalisaon selon une admission
en soins psychiatriques à demande
d’un ers (ASPDT).
A son arrivée, le médecin qui l’exa-
mine note une humeur exaltée, une
tachypsychie, une logorrhée, une
désinhibion, une désorganisaon du
discours, une tension interne, une
irritabilité et une hyperesthésie émo-
onnelle. Le paent a peu conscience
de ses troubles du comportement
qu’il raonnalise. Le médecin conclut
à une décompensaon maniaque
d’un trouble bipolaire, et à la nécessi-
té d’une hospitalisaon en urgence
en psychiatrie. Le paent refuse
l’hospitalisaon libre.
Devant le refus du paent, l’ASPDT
est mise en place en urgence.
Un traitement par amisulpride
(Solian®) est inié et adapté au fur et
à mesure de l’état clinique du paent
au cours de l’hospitalisaon. Les
autres psychotropes sont introduit
et/ou modiés en foncon de la
symptomatologie et de l’appréciaon
des médecins.
Un mois plus tard , lors d’un entreen
de suivi avec le paent, le médecin
référent note un « virage dépressif »,
une disparion des symptômes ma-
niaques et une expression de culpabi-
lité importante a posteriori.
Le paent semble anxieux, triste et
paraît sédaté. Il verbalise son inquié-
tude à l’idée de retrouver son appar-
tement saccagé avec les gras qu’il
a réalisé lorsqu’il était en épisode
maniaque.
Quelques jours après, en manée, le
paent est retrouvé pendu par sa
ceinture, à une porte de placard. De-
vant l’absence de signes vitaux le
médecin conclut à l’impossibilité de
réanimaon. Le décès est constaté à
9h50.
CARACTÉRISTIQUES
Gravité
Décès
Organisaon en place
L'établissement dispose d'une procé-
dure de signalement, de traitement
et d'analyse des événements indési-
rables. La procédure se trouve sur
intranet. Les noons d'incidents,
d'accidents et de situaons à risques
sont dénies ainsi que celles de fré-
quences (rare, occasionnel, fréquent,
très fréquent), de gravité et de cri-
cité. L'origine des événements indé-
sirables est classée selon trois items :
prise en charge du paent, presta-
ons logisques et techniques. La
procédure récemment informasée
est connue du personnel. La che de
déclaraon a été revue en 2010 et
elle accorde désormais une place
importante aux risques cliniques et
aux vigilances. Le personnel est sen-
sibilisé aux risques liés à la prise en
charge médicamenteuse du paent.
A parr du bilan des événements
indésirables, des acons correcves
sont idenées et mises en œuvre.
Ce bilan est présenté aux diérentes
instances.
Date de paruon : janvier 2016
ÉLÉMENTS MARQUANTS
Ce paent est vu par 10 médecins diérents
( 6 les 4 premiers jours) en 1 mois ...
Même si les eets pharmacologiques des
neurolepques sont décrits à l’échelle
du jour (ou 2 jours), les eets cliniques
sur la symptomatologie psychiatrique ne
s’observent pas dans les mêmes délais !
L’état d'équilibre *d'un médicament+, et
d'un psychotrope *en parculier+, est
aeint habituellement au bout de ses 5
demies vies pharmacologiques. Et la de-
mie vie est diérente d'un psychotrope à
l'autre.
Ici, tous les 3 à 4 jours une ligne de psycho-
trope est modiée dans sa posologie ...
Par ailleurs, les interacons médicamen-
teuses , proporonnellement majorées
par le nombre de molécules, induisent
des conséquences cliniques *eets théra-
peuques par excès ou par perte+, chez
des paents plus ou moins à risques que
d’autres ...
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Évolution des posologies des psychotropes
prescrits