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Construction de partitions élémentaires
de segments dans le plan
Mathieu Brévilliers, Nicolas Chevallier, Dominique Schmitt
Laboratoire Mathématique, Informatique et Applications
4-6, rue des Frères Lumière 68093 Mulhouse Cédex 07
RÉSUMÉ
Nous généralisons la notion de triangulation à un ensemble de points et de segments du plan qui sont disjoints. Nous
définissons des partitions élémentaires de tels ensembles et nous donnons diverses propriétés (formes des arêtes,
nombres de faces et d'arêtes) qui permettent de déduire un algorithme de construction par balayage en temps O(n log n)
à l’aide d’une structure de données adpatée. Nous définissons ensuite la partition élémentaire de Delaunay et nous
montrons qu’elle correspond au dual du diagramme de Voronoï de segments.
Mots-clés : partition élémentaire, algorithme par balayage, Delaunay, Voronoï.
1. INTRODUCTION
La triangulation d’un ensemble de points (encore appelée maillage triangulaire) est un problème classique qui a été
largement étudié en géométrie algorithmique. Ce problème admet de nombreuses applications telles que la modélisation
de surfaces. Il a été démontré que la triangulation la plus régulière d’un ensemble de points du plan est la triangulation
de Delaunay [La77]. La notion de triangulation a ensuite été généralisée à un ensemble de points et de segments avec
l’introduction de la triangulation contrainte et il a été démontré que la triangulation de Delaunay contrainte d’un
ensemble de points et de segments du plan est la plus régulière [LL86],[Ch89]. Cela permet une modélisation plus
crédible d’un terrain montagneux avec, par exemple, des crêtes, des vallées, et des rivières imposées. Une autre solution
pour la triangulation d’un ensemble de points et de segments est l’utilisation des triangulations de Steiner [BE92] : cela
consiste à ajouter un nombre raisonnable de points supplémentaires tout en fixant a priori la qualité des triangles de la
triangulation finale. Ces triangulations sont particulièrement adaptées à la discrétisation d'une partie bornée du plan
pour résoudre un problème par la méthode des éléments finis. Cependant ces généralisations se ramènent toujours à un
ensemble de points pour résoudre le problème. Au contraire, nous proposons une approche basée directement sur les
segments qui avait déjà été décrite par Chew et Kedem [CK89] dans un cas pratique très spécifique. Les nouvelles
subdivisions que nous proposons pourraient permettre d’améliorer les triangulations de Delaunay contraintes et les
triangulations de Steiner définies jusqu'à présent.
La section 2 présente la notion de partition élémentaire qui est une extension de la notion de triangulation à un ensemble
de segments disjoints du plan, et donne plusieurs propriétés remarquables des partitions élémentaires. La section 3
décrit un algorithme de construction par balayage d'une partition élémentaire d'un ensemble de points et de segments du
plan, ainsi que la structure de données utilisée pour représenter les partitions élémentaires sur machine. La section 4
définit la notion de partition élémentaire de Delaunay et donne quelques propriétés intéressantes à ce sujet. Enfin la
section 5 précise les objectifs qu'il sera intéressant d'atteindre à l'aide de ces premiers résultats.
2. PARTITION ÉLÉMENTAIRE D’UN ENSEMBLE DE SEGMENTS DU PLAN
Définition 1. Soit S un ensemble de segments et de points du plan qui sont disjoints : les éléments de S sont appelés des
sites. Une partition élémentaire P de S est une partition de l'enveloppe convexe de S en sites, faces, et arêtes telle que:
• l'ensemble F des faces de P est un ensemble maximal de triangles ouverts disjoints qui ne coupent pas S et tels
que les trois sommets d'un même triangle sont sur trois sites distincts de S,
• les arêtes de P sont les composantes connexes de l'enveloppe convexe privée de S et de F.
De manière plus intuitive, on peut construire une partition élémentaire de S en plaçant dans l'enveloppe convexe de S un
maximum de triangles disjoints dont les sommets sont sur trois sites distincts (figure 1). Les arêtes de P sont définies
par complémentarité mais elles peuvent être décrites plus précisément.
Propriété 1. La fermeture d’une arête de P coupe exactement deux sites de S.
Preuve abrégée. L’idée de la preuve consiste à réaliser une triangulation contrainte d’une arête fermée qui coupe au
moins trois sites pour montrer que cette triangulation contient au moins un triangle dont les sommets sont sur trois sites
de S distincts. Cela revient à montrer que si une arête fermée coupe au moins trois sites de S, alors il est possible