Equipe de Cardiff - 3ème représentation

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HISTOIRE DES ARTS 2015
Equipe de Cardiff - 3ème représentation - Janvier 1913,DELAUNAY Robert (1885- 1941)
ROBERT DELAUNAY est né à Paris le 12 avril 1885. En 1902, il travaille comme apprenti dans un laboratoire de
scénographie. En 1903, il commence à peindre. Il se lie d’amitiés avec Henri Rousseau étudie les théories de la couleur
de M.E. Chevreul. Il réalise alors des oeuvres néo-impressionnistes et est influencé par Paul Cézanne.
Après son service militaire effectué à Laon en 1907-1908, il revient à Paris où il fréquente le milieu du cubisme. Entre
1909- 1910, il peint une série de « Tour Eiffel ».Il rend hommage aussi à l’aviateur Blériot qui traverse la Manche en Juillet
1909.En 1910, il épouse la peintre Sonia Terk, devenue Sonia Delaunay.
A partir de 1911, Delaunay est présent en Allemagne où il collabore avec l’avant-garde. Vassili Kandinsky l’invite à la
première exposition « Le Cavalier Bleu » à Monaco. Au cours de cette période, il se lie d’amitiés avec Guillaume
Apollinaire, et débute sa série de Fenêtres. En 1924, il réalise la série des Coureurs, puis en 1937 participe à l’Exposition
Internationale des Arts Décoratifs à Paris. Ses dernières oeuvres sont des fresques, de l’art mural, des décorations
notamment pour le Salon des Tuileries.
Il meurt le 25 Octobre 1941 à Montpellier.
Présentation du tableau
Une photographie parue le 18 janvier 1913 dans ‘Vie au Grand air’ d’une scène de mêlée lors d’un match opposant
deux clubs de rugby lui offre le thème. Ce sport, né en Angleterre, commence à conquérir la France grâce à la loi de 1901 sur
la liberté d’association qui permit l’explosion des clubs sportifs. Delaunay témoigne avec cette oeuvre que les loisirs
nouveaux connaissent un essor bien que réservés encore à une élite de la société.
Le choix d’un sujet sportif reste peu courant à cette époque. Le peintre choisit de mettre en scène une vision
combative de la vie moderne où le culte de l’action invite au dépassement de soi en accord avec l’actualité des journaux à
grand tirage qui valorise «l’esprit de vitalité» d’une nouvelle génération.
Delaunay réalise ce tableau en Janvier 1913, c’est une huile sur toile de grandes dimensions, 1,95mx1,32m, aux
couleurs lumineuses. Il est actuellement conservé au Musée d’Art Moderne à Paris. Robert Delaunay est à l’époque à la
recherche d’une nouvelle inspiration, d’un sujet susceptible de créer l’événement au prochain salon des Indépendants. Il est
fasciné par la modernité et souhaite représenter la réalité de la vie contemporaine. Delaunay peint donc à plusieurs reprises
une rencontre sportive de rugby alors que ce sujet n’était pas très courant. Plusieurs esquisses, au crayon, à l’encre et au
pastel, puis trois versions à l’huile conservées à Munich, Eindhoven et Paris constituent l’ensemble de cette recherche .
Source : crdp.ac-bordeaux
Description de l’oeuvre et analyse plastique:
Robert Delaunay est à l’époque très impliqué dans les mouvements artistiques novateurs du début du XXème
siècle. Après être passé de l’impressionnisme au divisionnisme ou pointillisme, avec son épouse, il crée le simultanéisme
avec des couleurs qui doivent montrer une dynamique, sembler vibrer.
Le choix chromatique opte pour des couleurs franches, qui juxtaposées, sont complémentaires. Cette oeuvre ne
peut pas être qualifiée d’abstraite, bien qu’accordant une place majeure aux couleurs, car on reconnaît aisément des formes
du quotidien comme la Tour Eiffel, l’aéroplane, la Grande Roue…
Cette oeuvre est conçue à la manière d’un collage bien qu’elle ne recoure pas à ce procédé. Des aplats de couleurs se
juxtaposent, des formes géométriques variées donnent naissance à des figures bien identifiables. Delaunay a juxtaposé des
joueurs en pleine action, la Grande roue, la Tour Eiffel, et un aéroplane : tous des symboles de ces nouveautés qui seront
décisives pour ce XXème siècle débutant et qui s’annonce agité.
De même, la présence de grands placards publicitaires, vantant les mérites de la marque Astra annonce la place majeure de
la publicité dans la société de consommation naissante et dans le « sponsoring » des événements sportifs majeurs jusqu’à
aujourd’hui.
Avec la réclame, la publicité, Delaunay participe aussi au débat sur la place de la publicité dans la société occidentale et
se place aux côtés de Blaise Cendras qui considère que « la publicité est la fleur de la vie contemporaine », ou
d’Apollinaire qui considère que « dans une ville moderne, l’inscription, l’enseigne, la publicité joue un rôle artistique très
important ». Elle introduit des taches de couleur dans un tissu urbain constitué de grisaille.
La présence des noms des trois capitales artistiques de l’époque « New-York-Paris-Berlin » montre l’essor du marché de
l’art et l’importance des expositions d’art à l’échelle mondiale.
Le tableau se structure, s’ordonne, autour d’une courbe centrale sinusoïdale (= en S), qui traverse la toile des pieds des
rugbymen en extension en passant au sommet de la Roue et aboutissant à l’aéroplane et dynamise la composition
Conclusion
L’artiste exprime ainsi sa vision du monde moderne dans lequel la vitesse, la
mobilité géographique des sportifs, des artistes, et les moyens de transport
aérien deviennent des éléments majeurs. Son ami Guillaume Apollinaire
pourra décréter « c’est la toile la plus moderne du Salon ». Il est en cela une
mémoire, un instantané de l’image que le peintre a de son époque.
Elle peut être mise en parallèle avec la vision d’un autre artiste quelques
années plus tard, en 1919, montrant l’esprit de notre temps , Raoul
Haussmann est un artiste du mouvement Dada. Par des prises de positions
politiques écrites, il dénonce la société bourgeoise de son époque qui a, entre
autre, conduit à la guerre. Cette petite tête de bois critique la société, «de
l’homme machine » qui empêche de penser par soi même. Car « penser comme
une machine » était, selon Hausmann, le principal défaut de ses contemporains.
Ici l’assemblage-sculpture présente un visage fait mécaniquement au cerveau
vide (la boîte / oreille ouverte), dirigé par l’argent (porte monnaie de la société de
consommation), sa parole n’est que du vent (tuyau de pipe), il a une écriture, pensée
normalisée (rouleau typographique) faîte de rouages (mécanisme de la montre) ou
l’émotion est chiffrée (22) et l’intelligence se calculer, sur le bombage d’un
front, par un étalon de mesure en cm…. C’est une vision pessimiste d’une
époque bouleversée par le premier grand conflit du XXème siècle.
Robert Delaunay,
1912-1913,
L'Équipe de Cardiff,
huile sur toile,
326 × 208 cm,
MAM Paris
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