Bactéries multirésistantes aux antibiotiques (BMR) CLIN et ses missions Rôle de l’IDE dans la lutte contre les infections nosocomiales Professeur Catherine Neuwirth Laboratoire de Bactériologie (93260 ou 93673) [email protected] Mode d ’action des antibiotiques Cibles principales - paroi: déformation bactérienne, pb d ’osmolarité, mort cellulaire - synthèse de protéine: ribosome, synthèse de protéine anormale - chromosome: enroulement de l ’ADN perturbé • Antibiotiques majeurs: beta-lactamines, aminosides, fluoroquinolones, glycopeptides • Beta-lactamines (paroi): C3G (Claforan), carbapénèmes (Tienam) • Glycopeptides (paroi): vancomycine, téicoplanine • Fluoroquinolones (ADN): Ciflox, Oflocet • Aminosides (ribosomes): gentamicine, amiklin Conditions d ’efficacité d ’un antibiotique - arriver au site infectieux - pénétrer dans la bactérie - ne pas être détruit par des substances bactériennes - ne pas être modifié ….arriver à sa cible - cible non modifiée Mécanismes de résistance Résistance naturelle et résistance acquise • naturelle; concerne toutes les bactéries d’une même espèce: ex E. coli et péniciline G • acquise: ne concerne que quelques individus d’une espèce: ex E. coli et amoxicilline (Clamoxyl®) • problème: résistances acquises Effet « boule de neige » acquisition de matériel génétique étranger (d’une autre bactérie) mutation d’un gène chromosomique double dissémination: gènes de résistance, ou/et diffusion de souches (clone) Imperméabilité: défaut d ’entrée de l ’ATB dans la bactérie Gplusieurs familles d ’ATB niveau de résistance variable (oprD2 chez Pseudomonas aeruginosa) efflux: extrusion de l ’ATB par un mécanisme spécifique ou non G- et G+ spécifique ou touche plusieurs familles d ’ATB niveau de résistance variable modification enzymatique de l ’antibiotique niveau de résistance élevé peut concerner toute bactérie beta-lactamases, résistance aminosides,.. modification de la cible de l ’ATB: affinité diminuée ou cible modifiée ou cible protégée niveau de résistance variable:élevé chez SARM, bas chez le pneumocoque, qnr BMR • Bactéries multirésistantes aux antibiotiques • Résistance à plus de 2 antibiotiques de classes différentes • XDR aucune molécule active • Responsabilité du personnel : mettre tout en œuvre pour éviter la propagation de ces bactéries résistantes • Pas de nouvelle molécule majeure • Nosocomial mais aussi communautaire Résistance acquise: pas de limite??? En constante évolution mais en 2010 : aggravation (déplacements humains, mondialisation, animaux,..) Gram- : Entérobactéries, A. baumannii, P. aeruginosa Gram+ : SARM, ERV, Combinaison mécanismes BMR communautaires BMR hospitalières avant la pénicilline G ... après la pénicilline G BMR: morbidité, mortalité, allongement hospitalisation 25000 morts/an en Europe Compromet les avancées médicales (cancers, prématurés) ou chirurgicales (greffes) Nosocomiales et communautaires Comment sélectionner des bactéries résistantes ? - doses insuffisantes d ’ATB au site infectieux (posologie, diffusion) - utilisation en monothérapie d ’ATB à risque lors d ’une infection grave (ex BK) - non indication des ATB (abcès, délabrement cutané, péritonite,..) - traitements itératifs Au menu SARM ERV Beta-lactamases à spectre élargi carbapénémases Staphylococcus aureus • flore commensale de la peau et muqueuses • 30à 40% de porteurs sains: nez, périnée, aisselles • pathogène: infections suppuratives cutanées, pulmonaires, urinaires, cathéter, osseuses, méningées, … • production de toxines: toxi infection alimentaire, « toxic shock syndrom » Staphylococcus aureus • sensible à tous les antibiotiques • pénicillinase: résistance aux pénicillines, sensibles à l’oxacilline 99% des souches sont « pénicillinase + » • résistance à l’oxacilline (méticilline): SARM Staphylococcus aureus « meti-R » • résistance à toutes les β-lactamines • résistances souvent associées aux aminosides et aux fluoroquinolones • sensibilité aux glycopeptides (vancomycine, téïcoplanine) et au linezolide • incidence très variable selon les hôpitaux • manuportage+++ • Diminution nette Résistance glycopeptides chez les entérocoques (ERV) épidémies Nancy, Clermont, Lille, Paris directives de la DGS cohorting, dépistages (au moins 3 négatifs!) géloses VRE, PCR hybridation intérêt limité+++ (virulence ???) transfert de la résistance à S. aureus ! Peu de risques Entérobactéries • site de portage: tube digestif • en ville; urines, voies biliaires,.. • à l’hôpital; urines, poumon, sang, os, LCR • patients; cathéters, voies centrales, intubation, SAD, capteurs de pression, stomies, matériel étranger, …. • espèces possiblement résistantes: toutes les entérobactéries Traitement des infections graves à entérobactéries • céphalosporines de troisième génération (Claforan®, Fortum®) • aminosides (gentamicine, nétromycine, ..) • fluoroquinolones (Oflocet®, Ciflox®) • associations+++ Les BLSE • β-lactamase à spectre étendu (BLSE): toute entérobactérie (E. coli +++Klebsiella, Enterobacter aerogenes). • plasmide : passage d’une espèce à une autre (avec rce quinolones, aminosides) • seul l’imipénème reste actif (Tienam®) • réservoir: tube digestif • « péril fécal », manuportage Pseudomonas aeruginosa (1) • • • • • environnement: FAUX germe hospitalier pathogène opportuniste résistance aux ammonium quaternaires !!! danger pour: immunodéprimé (Kc, corticoïdes, hémato., brûlé, NN,..) • plus de 50% de décès lors d’une septicémie (90% chez le brûlé) Pseudomonas aeruginosa (2) • naturellement résistant à de nombreux ATB • sensible: Ticarpen®, Fortum®, Tienam®, Ciflox®, aminosides. • résistance très facile à obtenir • efflux, dégradation des antibiotiques, imperméabilité: combinaison des mécanismes de résistance • isolement des patients quand souche I ou R à 2 des 3 molécules tic, caz, imp Entérobactéries carbapénémase • E. coli, Klebsiella, Proteus, Enterobacter,..:normalement sensibles aux C3G (Claforan) • Si BLSE: carbapénèmes mais…. • Carbapénémases: détruisent toutes les beta-lactamines • KPC, NDM-1, OXA-48 • Recommandations DGOS Dépistage de portage de BMR chez les patients rapatriés sanitaires et ceux ayant été hospitalisés à l’ étranger dans l’année Gorge, aisselles, anus: carbapénémases, SARM, VRE. Portage BMR - toutes les plaies chroniques sont colonisées (pyo, entérobactéries, Stau, …). - pas de prélèvement (en général) sur ulcères, escarres - entérobactéries: coproculture et non écouvillonage rectal, - SARM: nez, aisselles, périnée - bien spécifier la demande (pas bactério + antibiogramme!!!) Evolution inéluctable ? (1) - chiffres de résistance péjoratifs - désintérêt de l ’industrie pour les ATB (peu de prescription, normes drastiques) - prescriptions peu raisonnées (ville et hôpital) - usage vétérinaire des ATB - patients lourds +++ Evolution inéluctable ? (2) - prescriptions: prise de conscience spontanée ...ou forcée - réseaux de surveillance de la résistance - sensibilisation de l ’ensemble des personnels soignants - on ne freinera pas la résistance bactérienne - devoir d ’enrayer la dispersion des souches résistantes - maître-mot: propreté 65% des ATB consommés: vétérinaire Lutte contre les infections nosocomiales • Laboratoire bactériologie • SEHH • CLIN les infections nosocomiales • Infections acquise à l’hôpital • Non en incubation à l’admission • Bactéries, virus, parasites Laboratoire de Bactériologie et SEHH • Transmission journalière par la bactériologie au SEHH de la liste des examens positifs à bactérie résistante aux ATB selon consensus national • Le SEHH propose l’isolement des patients qui est décidé (ou non) par le médecin en charge du patient • Le laboratoire de bactériologie alerte les médecins en fonction des sites de prélèvements et des patients ex: BMR dans hémoculture prévenue d’abord par un bactériologiste ex E. coli résistant dans urine d’un service de médecine non signalé par le labo ex E. coli résistant dans urine d’un service d’hématologie ou de réanimation signalé par le labo Laboratoire de Bactériologie et SEHH • Le laboratoire de bactériologie peut alerter le SEHH en cas de suspicion d’épidémie • Les deux services décident ensemble des prélèvements à réaliser (patients, environnement) en cas de suspicion d’épidémie • Le laboratoire de bactériologie alerte l’INVS en cas d’isolement d’une bactérie avec un mécanisme de résistance exceptionnel LE 1er CLIN en 1988 • C’est une émanation du Comité Médical d’Établissement • Missions: – Organise et coordonne la surveillance continue – La formation des personnels hospitaliers – La prévention – Fournit les données de surveillance; assure les rapport d’activité Réorganisation des CLIN • Décret du 6/12/1999 N° 99/1034 • Le changement : émanation de l’établissement et non plus des médecins • C’est le directeur qui nomme les membres du CLIN • Se rajoute : EOHH » Pharmacien » DIM » Les usagers (officiellement: uniquement pendant la réunion de bilan d’activité) Evolution 2006: PLUS OBLIGATOIRE (sous-commission de la Commission Médicale d'établissement (CME)) chargée de contribuer à la qualité et à la sécurité des soins, alors que cette instance demeurait un CLIN pour les établissements privés. Leur programme était cependant identique et comprenait alors les missions suivantes : prévention, surveillance et signalement des IN, information et formation, évaluation des pratiques, bon usage des antibiotiques. cette loi HPST, le décret n° 2010-1408 du 12 novembre 2010 . La "gestion globale et coordonnée des risques" annoncée dans la loi s'est transformée en "organisation de la lutte contre les évènements indésirables associés aux soins (EIAS)", Un coordonnateur de la gestion des risques (CoGR) EOH Le CHU de Dijon a décidé de conserver un CLIN… Le président du CLIN • Met en œuvre le recueil d’informations • Coordonne : actions de prévention actions de formation enquêtes (surveillance, audit ...) Il est aidé par EOH Il est bénévole sans ligne budgétaire supplémentaire Les difficultés • Le cumul des mandats • La formation des personnels • La complexité de la vie hospitalière • La motivation Les expériences Les expériences Les expériences Contamination endoscope bronchique IDE •respect règles d’hygiène • respect règles d’isolement des patients • signaler les évènements indésirables: médecin, SEHH, CLIN, cellule gestion des risques •détection des patients à risque: hospitalisation à l’étranger++++ Bonsoir Monsieur ANTHONY-GERROLDT Suite à notre conversation téléphonique au cours de laquelle je vous ai demandé l’aide du personnel infirmier voici qq précisions : Tout patient ayant été récemment hospitalisé à l’étranger doit faire l’objet d’un dépistage de bactéries résistantes par prélèvement gorge, aisselles et anus (recommandation HAS et DGOS) Trop de patients échappent à cette pratique car ils ne sont pas correctement interrogés (eux ou leur famille). Les tentatives de motiver les « docteurs » sont restées vaines. Je pense que le personnel infirmier a une rigueur sur laquelle je compte m’appuyer. Je vous fournis davantage de précisions dans les prochains jours. Merci par avance Catherine Neuwirth Pr Catherine Neuwirth Pdt CLIN Laboratoire de Bactériologie Plateau Technique de Biologie 2 rue Angélique Ducoudray, BP37013 21070 DIJON Cedex FRANCE tel: 33(0)380293260 fax: 33(0)380293667 Quand c’est trop tard C’est vraiment trop tard