
Préface
Le monde entier est en proie à une crise profonde, qui n’est pas seulement
celle de la finance et de l’économie, mais aussi celle des concepts politiques
et des valeurs fondamentales. Dans un tel contexte, une modernisation com-
plète des bases programmatiques du Parti socialiste suisse s’impose. Le re-
nouvellement du socialisme helvétique est incontournable si l’on veut que
l’action collective vers une société plus solidaire et plus juste reste possible et
efficace dans les circonstances actuelles. Dans un monde en proie à la réces-
sion et soumis à de brusques mutations sociales, nous avons - plus que ja-
mais - besoin d'un socialisme fort. Notre combat, c’est la justice sociale et
l'emploi, l'égalité des chances pour toutes et tous et non la multiplication des
privilèges pour quelques-uns. Raison pour laquelle nous disons OUI au renou-
veau, OUI au changement – comme l’a d’ailleurs toujours fait le Parti socia-
liste, principale force de progrès de ce pays, depuis sa fondation en 1888.
Le rapport entre le programme d’un parti et ses autres textes fondateurs (par
exemple les plateformes électorales) est analogue au rapport entre la constitu-
tion et les lois. Le programme est de nature plus fondamentale, plus générale,
il se place au-dessus des aléas de la politique quotidienne. Son horizon tem-
porel n'est pas la législature, mais la génération. Durable, il doit constituer les
fondations d'un édifice qui sera forcément appelé à subir des rénovations.
C'est un défi ambitieux, dans un monde marqué par l’accélération des muta-
tions sociales. La plupart des gens sont contraints de s’adapter sans arrêt. La
principale exigence à laquelle ils font face, c’est celle de la flexibilité. Lorsque
les piliers s’effondrent, que l’on ne sait plus sur quoi s’appuyer et que les an-
ciennes certitudes ne sont plus valables, tous les repères se brouillent. Dans
quelle société vivons-nous? Comment fonctionne-t-elle ? Où va-t-elle ? Et qu’
est-ce que cela signifie pour le socialisme ? Ce dernier doit savoir reconnaître
et interpréter les signes du temps, pour pouvoir influencer autant que possible
le cours des choses.
Le Comité directeur du PS Suisse se réjouit de vous soumettre le présent pro-
jet, qui est le résultat de recherches et de débats approfondis. C’est le
Congrès de Brigue des 23 et 24 octobre 2004 qui a posé la première pierre
des travaux de renouvellement. La première étape de ce vaste processus par-
ticipatif a été consacrée à « une analyse claire ». Sur la base de ce document
débattu à l’interne du parti, le conseiller national et ancien président du PS
Suisse Hans-Jürg Fehr a développé le texte que vous lirez ci-après. Qu’il soit
ici chaleureusement remercié pour le considérable travail qu’il a accompli. Le
Comité directeur espère évidemment que ce document fera à nouveau l’objet