La révolution industrielle
en marche
La gare raconte une étape fondamentale
de l’histoire de la ville. Avec l’ouverture
de la ligne Paris-Mulhouse en 1852, suivie
de la mise en service d’un arrêt à Rosny
en 1856, et de la construction du bâti-
ment de la gare en 1912, le bourg rural
va se transformer en une petite ville de
banlieue tournée vers Paris. Le commerce
de la pierre à plâtre et des cultures maraî-
chères avec les halles centrales de Paris
s’intensifie, tandis que les Rosnéens nou-
vellement installés dans les pavillons qui
se construisent autour de la station sont
chaque année plus nombreux à utiliser ce
moyen de transport rapide et bon marché.
L’alliance du beau
et de l’utile
Dans la plupart des villes de France, la gare
devient à cette époque, avec la mairie
et l’école, un des équipements incon-
tournables qui se construisent selon des
modèles architecturaux établis. Pour des
raisons économiques et fonctionnelles,
des modèles de gares sont en effet définis
très tôt, et répartis sur l’ensemble du terri-
toire. Pouvant subir variantes et fantaisies,
ils veulent réaliser l’alliance du beau et de
l’utile, le style et la taille de l’équipement
étant choisis en fonction de l’importance
de la ville desservie. La gare de Rosny
appartient au modèle de la « gare-mairie »,
constitué d’un pavillon central dominant,
prolongé par des ailes basses. Le décor raf-
finé donne son homogénéité au bâtiment :
charpente débordante, petits auvents en
tuile et pièces colorées en céramique.
Sa passerelle, menant aux voies de che-
min de fer et permettant de les franchir,
constitue un des emblèmes essentiels du
patrimoine de la ville. Structure élégante
et légère, son dessin reste sobre.
La gare de Rosny-sous-Bois a subi peu de
transformations depuis son édification :
sa passerelle et ses auvents de quais en
charpente de fer sont encore intacts.
L’utilisation du fer dans les construc-
tions est une grande innovation
de la seconde moitié du XIXe siècle,
bien que des ouvrages d’art en fer
comme des ponts aient été réalisés
dès la fin du XVIIIe siècle en Angle-
terre. Ce matériau novateur était
particulièrement intéressant car il
permettait de construire des formes
nouvelles, légères et audacieuses,
prouvant que la technique pouvait
elle aussi être belle et produire des
chefs-d’œuvre : Halles Centrales de
Paris (1853) par Baltard, Bibliothèque
nationale (1855-1868) par Labrouste,
Chocolaterie Menier à Noisiel (1872)
par Saulnier, Tour Eiffel (1889).
On utilise également la charpente
métallique dans les grandes gares où
d’immenses structures en fer et verre
abritent les quais, ainsi que dans les
édifices qui exigent de vastes halles
comme les bâtiments indus triels.
Plus modestement, on utilise le fer
à la même époque dans les stations
balnéaires et thermales à la mode
(Vittel, Vichy) pour réaliser des
galeries promenoirs et construire
d’élégants kiosques à musique. Aux
États-Unis, dès la fin du XIXe siècle,
même les gratte-ciel sont en char-
pente d’acier.
L’ARCHITECTURE DE FER
La gare
et sa passerelle
1912
Famille architecturale : néo-industrielle
Place des Martyrs de la Résistance
et de la Déportation
8 I Les bâtiments publics Les bâtiments publics I 9