Ailleurs, chez une femme jeune, c’est la disgrâce esthétique qui amène à consulter.
L’examen clinique trouve une tuméfaction sterno claviculaire avec parfois une subluxation claviculaire.
La biologie est normale. Les modifications de l’imagerie varient selon le stade évolutif et intéressent l’extrémité
claviculaire interne.
L’interligne et le sternum sont respectés. Les aspects les plus classiques sont la fragmentation du noyau,
l’ossification avec irrégularité de l’épiphyse claviculaire, avec parfois disparition du noyau sternal d’ossification de
la clavicule et une déformation en concavité de la surface claviculaire en « fourche ».
L’évolution est le plus souvent favorable ; l’évolution secondaire vers une arthrose précoce est possible.
B - ARTHROSE :
L’articulation sterno claviculaire est la localisation la plus fréquente de l’arthrose sur la paroi thoracique antérieure.
Une étude histologique, effectuée en 1934 et portant sur 200 autopsies, avait révélé qu’après 50 ans, les
articulations sterno claviculaires présentaient toujours des altérations dégénératives.
L’expression clinique en est, en revanche, moins fréquente. En effet, Ficat et Arlet, sur 25 cas de polyarthrose,
trouvent des anomalies radiologiques dans 21 cas, mais l’articulation est spontanément douloureuse dans quatre cas
seulement.
C’est donc le plus souvent une déformation à type de saillie de l’extrémité claviculaire interne qui va attirer
l’attention.
La pathologie siège le plus souvent à droite, chez la femme de plus de 50 ans, et est volontiers associée à une
tendinopathie de la coiffe des rotateurs.
Cette saillie est liée à une subluxation antéro-interne de l’extrémité interne de la clavicule, avec possibilité de
réduction de cette saillie en décubitus dorsal et surtout lors de la rétropulsion de l’épaule.
L’évolution est plus souvent latente, elle peut être marquée par la possibilité de poussées douloureuses peu
inflammatoires et habituellement spontanément régressives.
Cette atteinte est fréquemment associée à d’autres localisations d’arthrose (arthrose rachidienne, nodosités
d’Heberden).
Radiologiquement, les remaniements sont volontiers discrets, avec possibilité d’une ostéophytose, d’une altération
de la structure osseuse avec possibilité de condensation.
Sur les clichés de face, la subluxation interne est à l’origine d’un aspect d’élargissement en virgule de l’interligne
articulaire.
L’évolution est bénigne.
Il convient de rassurer les patients.
Le recours à un traitement antalgique ou anti-inflammatoire non stéroïdien par voie générale est rare, de même que
l’indication d’infiltration locale dans des formes rebelles qui sont peu fréquentes.
C - PATHOLOGIES INFECTIEUSES :
L’atteinte sterno claviculaire représente près de 9 % de l’ensemble des arthrites septiques dans certaines séries.
La présence de cathéter central, les affections débilitantes, la toxicomanie par voie intraveineuse, les altérations
préexistantes de l’articulation comme une arthrose sont autant de facteurs de risque reconnus.
Cliniquement, l’arthrite septique sterno claviculaire débute de façon insidieuse sous forme d’une gêne thoracique
antérieure.
Les signes inflammatoires locaux sont possibles, mais souvent tardifs. Biologiquement, on retrouve un syndrome
inflammatoire, mais l’hyperleucocytose est fréquemment absente.
Le diagnostic microbiologique est effectué à partir des hémocultures, de la ponction articulaire, voire de la biopsie.
Le germe en cause est fréquemment le staphylocoque doré chez les sujets sans facteur de risque ou lors des
étiologies iatrogènes.
Les autres souches en cause sont diverses : streptocoques, Pseudomonas aeruginosa (l’articulation sterno
claviculaire représentant le site de 25 % des arthrites à ce germe), en particulier chez les toxicomanes, Salmonella,
Brucella (0,8 % des brucelloses touchent l’articulation sterno claviculaire).
Divers germes ont été rapportés de façon ponctuelle : gonocoque, Bacteroides, Haemophilus, Escherichia coli.
La tuberculose sterno claviculaire est rare, représentant 0,5 % de l’ensemble des tuberculoses ostéo articulaires et 1
à 2% des arthrites tuberculeuses périphériques.
L’étiologie candidosique a également été signalée dans cette région chez les immunodéprimés et les toxicomanes
par voie intraveineuse.
L’imagerie complémentaire est ici nécessaire et utile à un diagnostic plus précoce.
En particulier, la tomodensitométrie permet de visualiser les remaniements de l’articulation et surtout l’extension
dans les parties molles à l’origine d’un abcès rétrosternal ou médiastinal, qui représente un élément de gravité ou
encore, l’évolution d’un abcès sous-cutané.
Le traitement repose sur l’antibiothérapie adaptée et suffisamment prolongée.
L’efficacité de cette dernière et la précocité du diagnostic grâce aux moyens actuels d’imagerie permettent de
réduire le recours éventuel à un drainage chirurgical.