sucrière du Moso (Sosumo) et l’Office des transports en commun
(Otraco)- ont été mis sous les verrous le 30 septembre. "Ce coup de
filet a fait tiquer plusieurs commis de l'Etat et bien d'autres cadres et
agents enclins à se laisser soudoyer. Rien ne sera plus comme avant :
les responsables de ces actes inciviques devront payer et aucune
solidarité négative ne sera tolérée quelle que soit la position du
coupable", rassurait en septembre le porte-parole du parti présidentiel,
Onésime Nduwimana. Dans certaines régions, effectivement, policiers
et dirigeants de base font depuis plus attention, par crainte de perdre
leurs postes.
Mais, la croisade a perdu son entrain initial. Seuls les quatre infortunés
arrêtés aux premières heures du nouveau pouvoir sont actuellement en
prison. Sans avoir été jugés. "Certains commencent à dire, et avec
raison, que c'était du saupoudrage ; les gros poissons comptables de
sérieux dossiers de corruption et de malversations économiques restent
inattaquables", fait remarquer un militant du MSD, un des grands
partis de l'opposition. "L'intention du président est à saluer, commente
un acteur de la société civile qui a requis l’anonymat, mais il est
entouré par des cadres et agents corrompus, du sommet à la base.
Certains hauts cadres, militants du parti présidentiel, sont
apparemment intouchables…"
Une odeur de déjà vu…
"Cet engagement du chef de l'Etat sent le déjà vu. Il avait la même
priorité en 2005, mais le phénomène a empiré", commente un
responsable du Forum pour le renforcement de la société civile. Pour
tenter d'enrayer ce fléau, associations et médias privés n'hésitent pas à
mettre le doigt sur les dossiers suspects tout en recommandant au
pouvoir de tout faire pour acculer les coupables à restituer l'argent
volé. "Il y a plusieurs gros dossiers de malversation et de
détournement des deniers publics, mais, dans le meilleur des cas, les
auteurs sont emprisonnés puis libérés sur fond de corruption toujours.
C'est un cercle vicieux…", analyse, sous couvert de l'anonymat, un des
leaders de l'Olucome.
Au moment où les autorités promettent une croisade sans précédent,
des controverses alimentent toujours le débat. C'est le cas, par
exemple, de la privatisation en cours du Complexe textile de
Bujumbura (Cotebu), un ex-fleuron de l'industrie textile de la sous
région en faillite. Cette usine en banqueroute a été cédée en juillet
dernier sans appel d'offres public comme le recommandent les règles
des privatisations.