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enregistrée. Étant donné cette préférence, jai, à partir dun certain moment, graduellement
délaissé linterprétation (ma formation musicale est à la base en piano et en guitare) au profit de
la production denregistrements musicaux, particulièrement comme réalisateur et ingénieur
sonore. Cest ensuite au travers de cette passion pour la réalisation que mon intérêt pour la haute-
fidélité sest développé : à mesure que lacuité de mon écoute sest accrue, je suis devenu de plus
en plus critique envers la qualité des systèmes de reproduction sur lesquels jeffectuais cette
écoute.
Lidée détudier la musique haute-fidélité a germé dans mon esprit lorsquau tournant de
lannée 2010, loccasion ma été offerte par le Salon Son & Image (SSI), un important salon
commercial montréalais consacré à lindustrie de la haute-fidélité, dassister et dans une
moindre mesure de participer à la production de lédition 2010 de leur disque annuel de
musique haute-fidélité. Après plusieurs jours passés au studio denregistrement, je me suis rendu
compte quil y avait des différences certaines subtiles et dautres moins entre ce que le
producteur, le réalisateur, lingénieur sonore, les musiciens et moi-même considérions comme de
la musique haute-fidélité. Dans le contexte de la production dun disque de musique, la
définition quont les acteurs du genre musical produit est fondamentale, et des divergences
dopinions quant à cette définition peuvent avoir un réel impact sur la production et son produit.
Dans le cas du disque du SSI, les différences de conception que jai remarquées nont pas eu de
conséquences négatives, car personne à part moi ne semble les avoir vraiment remarquées ou en
avoir tenu compte, et tous se sont tacitement accordés à suivre la vision du réalisateur.
Néanmoins, cette expérience ma suffisamment intrigué pour que je reparte du studio avec la
ferme intention den apprendre davantage sur la nature de la musique haute-fidélité, dans le but
déventuellement en réaliser moi-même un jour. Mon raisonnement était le suivant : pour réaliser
de la musique haute-fidélité, encore faut-il savoir objectivement en quoi elle consiste et quelles
sont les caractéristiques qui la distinguent.
Ma conception de la musique enregistrée et de la haute-fidélité
Un peu comme un musicien qui aurait toujours aimé la musique de Beethoven sans trop savoir
pourquoi jusquà ce quil apprenne à lanalyser et à la comprendre, jai réalisé, à la suite de ma
formation en ingénierie sonore, que mon intérêt envers certains phonogrammes réside au moins
autant dans la qualité de leur réalisation et de leur sonorité que dans la qualité de la prestation ou
de la composition musicale abstraite qui y figurent. En fait, conséquence probable de ma
spécialisation, jaccorde généralement aujourdhui plus dimportance (ou de pertinence) à la
qualité de la production et du son dun enregistrement quà tout autre paramètre. Pour moi, un
phonogramme dont la qualité de la réalisation laisse à désirer risque dêtre très peu écouté, et ce,
même si la composition musicale et la prestation qui y figurent sont excellentes.
En haute-fidélité, bien que je sois conscient de limportance quoccupe pour plusieurs le
concept de transparence ou de fidélité à un original, ce dernier na jamais vraiment fait partie de
mes critères personnels dévaluation. Pour moi, la principale caractéristique qui distingue un
phonogramme haute-fidélité de tout autre phonogramme est la qualité exceptionnelle de sa
sonorité. Peu mimporte que cette sonorité reproduise aussi fidèlement que possible celle dun
concert, ou celle dun instrument de musique acoustique, ou quelle ne soit constituée que de
sources électriques (amplifiées) ou électroniques. Pour ce qui est du système de reproduction