provoque davantage de réactions lorsqu'elle est associée à de la musique. Les réponses des personnes sondées
sont très claires : la publicité associée à de la musique obtient des scores supérieurs sur le plan du capital
sympathie et de la notoriété. Et ces scores sont supérieurs pour les marques qui utilisent toujours la même
musique dans la durée, et dans toutes leurs campagnes. Une électroencéphalographie (EEG) a confirmé ces
résultats : l'utilisation stratégique de la musique a généré une activité cérébrale plus importante que l'utilisation
tactique (ponctuelle) ou l'absence de musique. Une élévation de l'activité cérébrale (implication) et du plaisir (circuit
de la récompense) peut être un indicateur neurologique de réussite commerciale7. Une étude neuroscientifique
réalisée à l'instigation d'iHeartMedia et Neuro-Insight8 a d'ailleurs permis de démontrer que la publicité radio est
particulièrement efficace pour fixer les messages dans la mémoire. Cet « encodage mémoriel » est fortement lié au
comportement de choix et d'achat.
Une « grammaire » de l'utilisation de la musique dans la publicité
Si l'utilisation stratégique de la musique possède un tel potentiel, que faire pour permettre aux agences et aux
annonceurs d'y recourir de manière plus efficace ? Radiocentre a voulu tenter de comprendre quels sont les
éléments communiqués par la musique à un niveau inconscient. Lors des entretiens, les planners ont été priés de
dresser un inventaire des mots les plus utilisés pour décrire le ton ou le caractère d'une marque. Ils ont établi une
liste de 12 termes liés à la pensée (par ex. dynamique, intelligent, traditionnel, innovant) et de 12 termes liés aux
sensations (par ex. touchant, amusant, inspirant, surprenant). Cette liste a servi de point de départ à l'analyse de
Creative Semiotics, qui visait à développer un outil pour comprendre les liens possibles entre les marques et la
musique, mais aussi à identifier les éléments musicaux pouvant être inconsciemment liés à une notion ou une
émotion spécifique. En combinant les 24 termes de la liste à 6 paramètres d'analyse musicale (psychophysique,
instrumentation, caractère tonal, métaphore sonore, marqueur de genre, intertextualité), les musicologues ont créé
un exemple musical pour chaque mot. Le « Brand Music Navigator »
9, disponible en ligne, permet de relier les
valeurs d'une marque à un type spécifique de musique. Pour le marché de la publicité, ce nouvel outil est un
moyen d'intégrer la musique plus rapidement dans le processus créatif.
Enfin, les travaux ont permis de composer une liste de questions que les agences ou annonceurs devraient se
poser lorsqu'ils envisagent d'utiliser de la musique de manière stratégique pour leur marque.
Plus près de chez nous, il est possible, d'une part, de lier une musique à une marque en recherchant un morceau
ou un artiste existant, qui puisse exprimer les mêmes valeurs que la marque en question. C'est notamment ce que
fait Digizik, en collaboration avec Sony Music10. L'équipe réunit des données et des informations issues de
différentes plateformes (médias sociaux, plateformes de streaming, ventes, segmentation de marché, recherches
ad hoc…) dans une vaste base de données, qu'elle utilise ensuite pour associer marques et artistes. Dans ce cas,
la musique est considérée comme une plateforme média à part entière, qui peut être liée aux marques. Cette
approche présente un avantage supplémentaire : la musique peut générer une audience gratuite si le morceau
utilisé passe en radio. La publicité de John Lewis, au Royaume-Uni, en est un bel exemple. John Lewis est un
détaillant connu pour sa publicité émotionnelle, dans laquelle la musique joue un rôle central. Les chansons qui
accompagnent la campagne ont acquis une grande popularité et ont été fréquemment diffusées sur les ondes
(avec à la clé de nombreux téléchargements et singles vendus). Elles ont également donné aux consommateurs
l'envie d'aller visionner l'annonce en ligne, ce qui a donné plus de 10 millions de vues sur YouTube. D'après les
estimations, l'audience gratuite aurait augmenté l'impact de la campagne d'environ 75 %11.
D'autre part, il est possible de faire appel à une « sound agency » telle que RoundHouse
12 pour développer une
stratégie sonore propre à la marque, sur la base d'une musique créée sur mesure. Pour cette stratégie sonore, il
est important que le son soit pertinent, accrocheur, distinctif, « identifiant » (à la mesure de la marque), cohérent et
dynamique. Une réflexion stratégique doit être menée sur le son de la marque. Il ne s'agit donc pas de se limiter à
composer un jingle (tactique), mais de créer une véritable identité audio qui puisse être exploitée dans toutes les
formes (créatives) de communication. Car, pour citer RoundHouse, « Why settle for a visual logo that is silent,
when a sonic logo can make it sing ? » (Pourquoi se contenter d'un logo visuel qui ne dit rien quand un logo sonore
est tellement plus parlant ?)
Conclusion
La musique peut être très utile dans la publicité, mais uniquement si son utilisation fait l'objet d'une réflexion
approfondie. Utiliser une musique adéquate exerce un impact positif sur l'efficacité de la publicité et peut
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