2| RÉDUIRE LES RISQUES D’INFECTION AU MINIMUM APRÈS UNE TRANSPLANTATION D’ORGANE EN PÉDIATRIE : DES CONSEILS AUX PRATICIENS
transplantation contre-indiquée ou la retarder. Il est
essentiel de posséder de l’information détaillée sur le
patient pour évaluer le risque d’infection et orienter la
prophylaxie après la transplantation (tableau 3). Il faut
fournir des conseils, à la fois au receveur et au
donneur, sur les moyens d’éviter des expositions à
haut risque pendant la période précédant
immédiatement la transplantation (p. ex., au sujet du
mode de vie, des voyages, des aliments et des
sources d’eau).
Les infections auxquelles s’attendre après la
transplantation
Au cours du premier mois
Plus de 95 % des infections qui se manifestent
pendant cette période critique sont similaires aux
infections contractées par des patients non
immunodéprimés qui ont subi une intervention
chirurgicale comparable.[5]-[6] Dans les autres cas, le
receveur souffrait déjà d’une infection avant la
transplantation, laquelle a été exacerbée par
l’opération, l’anesthésie et le traitement
immunosuppresseur, ou avait contracté une infection
par l’allogreffe.
De un à six mois après la transplantation
Pendant cette période, l’immunosuppression prend
effet et peut entraîner deux types d’infections
opportunistes. Dans la première catégorie figurent les
pathogènes viraux associés aux infections latentes ou
persistantes, y compris le cytomégalovirus (CMV), le
virus d’Epstein-Barr (VEB), l’herpèsvirus humain de
type 6 et les virus de l’hépatite B et de l’hépatite C.
Ces pathogènes peuvent provoquer une infection
primaire (généralement transmise par le donneur
plutôt que contractée dans la collectivité), une
réactivation de pathogènes latents ou une réinfection
par une nouvelle souche du virus. Les pathogènes
classiques appartenant à la deuxième catégorie sont
le Listeria monocytogenes, l’Aspergillus fumigatus et le
Pneumocystis jirovecii. L’immunosuppression
soutenue favorise le développement de l’infection par
ces organismes, avec ou sans les effets
immunomodulateurs des infections virales pour créer
un état net d’immunosuppression suffisant pour
accroître la susceptibilité. Certaines transplantations
d’organe (p. ex., l’intestin grêle) comportent des
risques d’infection opportuniste plus élevés que
d’autres (p. ex., le rein), parce que
l’immunosuppression est plus intense.
Plus de six mois après la transplantation
Les données publiées sur les complications
infectieuses pendant cette période sont limitées et
peuvent être biaisées vers de graves infections qui
nécessitent une hospitalisation. Les patients sous
immunosuppression d’entretien dont l’allogreffe
fonctionne bien sont susceptibles de contracter les
mêmes infections d’origine non nosocomiale que les
enfants en santé (p. ex., troubles respiratoires
courants). Certains patients dont la transplantation
fonctionne moins bien (p. ex., immunosuppression
aiguë ou chronique, mauvaise fonction de l’allogreffe
ou infection virale chronique) sont très vulnérables à
des infections récurrentes liées à des troubles
mécaniques ou anatomiques non corrigés (p. ex.,
implantation d’un corps étranger ou obstruction) et à
des infections opportunistes causées par le P jirovecii,
le L monocytogenes, le Cryptococcus neoformans et le
Nocardia asteroides, entre autres.
L’évaluation du receveur d’organe fébrile
Chez un receveur d’organe, la fièvre peut être causée
par une infection courante de l’enfance ou par une
infection propre au receveur d’organe.[2] Le moment de
l’infection après la transplantation oriente le médecin
quant aux pathogènes les plus susceptibles d’en être
responsables. L’évaluation et le traitement empirique
dépendront de l’état clinique du patient et de la
détermination ou non de la source d’infection.
Examen anormal et foyer d’infection défini
L’hospitalisation peut être indiquée, compte tenu de
l’état clinique du patient et du foyer d’infection.
L’évaluation diagnostique doit au moins inclure une
formule sanguine, une formule leucocytaire et une
hémoculture. Les autres examens sont fonction de
l’orientation clinique et du moment de la présentation
après la transplantation.
Examen normal et foyer d’infection non défini
En général, l’hospitalisation s’impose si le patient n’est
pas bien sur le plan clinique. L’évaluation diagnostique
se fonde sur les diagnostics différentiels. Les patients
qui se sentent bien n’ont pas nécessairement besoin
d’être hospitalisés; tout dépend de la qualité du suivi
disponible, de la capacité de revenir à l’hôpital
rapidement si l’état du patient s’aggrave, du degré
d’immunosuppression et du délai depuis la
transplantation. L’évaluation diagnostique doit au
moins inclure une formule sanguine, une formule
leucocytaire, une hémoculture et une culture d’urine.
Dans les premiers mois suivant la transplantation, le
foyer d’infection est souvent associé à l’intervention