Rapport sur le dialogue 30 novembre 2012 Rapport preparé par Joanna Ashworth, Docteure en éducation Février 2013 Rapport préparé par Joanna Ashworth, docteure en éducation Avec Jacinthe Boulanger, assistante de recherche, SFU, Annie Carnot et Helene Rasmussen, The Provincial Language Service Table des matières 1.0 2.0 Vue d’ensemble du dialogue 1.1Contexte 1 1.2 Buts et objectifs 1 1.3 Aperçu du processus d’organisation de l’événement 2 Dialogue du matin : perceptions et défis 2.1 Aperçu des résultats de la consultation communautaire auprès de familles francophones nouvellement arrivées 4 3.0 2.2 Premier dialogue : perceptions et défis 5 2.3 Les expériences des jeunes 7 Dialogue de l’après-midi : pistes de changement prometteuses 3.1 Aperçu de la consultation et de la recherche sur les pratiques prometteuses 3.2 Second dialogue : pistes de changement et de collaboration 4.0 7 8 Réflexions et résumé 4.1 Le panel d’observateurs 10 4.2 Rapport graphique du dialogue 12 4.3 Cercle de clôture 14 4.4Remerciements 14 Annexes 1.0 Vue d’ensemble du dialogue 1.1 Contexte Le vendredi 30 novembre 2012, plus de 75 professionnels de la santé, organismes communautaires, parents et jeunes nouvellement arrivés se sont réunis pour discuter des résultats et des répercussions d’une initiative lancée par le Provincial Language Service (PLS), Au sujet de la santé des familles francophones d’enfants et de jeunes nouvellement arrivées en Colombie-Britannique : un pas vers le bienêtre par l’engagement communautaire. Cette initiative a cherché à mieux comprendre les expériences et les perceptions en matière de santé et de bien-être qui sont à la base des attentes et des modes d’accès au système de santé de ces familles. Au cours du projet, plus de cent parents et jeunes francophones issus de différentes communautés à travers la province ont participé à un procédé de consultation. En se basant sur les résultats de ces consultations et des recherches supplémentaires, le PLS, un programme de la régie provinciale de la santé (PHSA), a organisé une journée de dialogue : Soins de santé, bien-être et nouveaux arrivants. Cette journée a permis d’entamer une plus large conversation au sujet des perceptions et des expériences au sein du système de santé en C.-B. de, non seulement, les francophones nouvellement arrivés, mais aussi des immigrés et réfugiés en général. Elle a aussi été une occasion de partager des idées et des stratégies au sujet des problèmes et des lacunes identifiés lors de la consultation. L’événement a été conçu pour favoriser un maximum de participation dans un environnement qui permettait une discussion à la fois animée, respectueuse et collaborative. Il a eu lieu à Harbour Centre de Simon Fraser University (SFU). Afin d’encourager diverses perspectives et de faciliter des conversations profondes et enrichissantes, le dialogue a été organisé autour de présentations, de discussions en petits groupes et de rapports en séance plénière. Les idées partagées lors des séances plénières et des discussions en petits groupes sont synthétisées dans ce rapport. 1.2 Buts et objectifs Les principaux objectifs de cette journée visaient à : • Créer un espace ouvert et informé pour échanger des idées à propos des problèmes et lacunes affectant la santé, le bienêtre et l’accès aux services de santé par les communautés de nouveaux arrivants, à travers l’optique de familles francophones d’immigrants et de réfugiés en C.-B. • Explorer des pistes de collaboration et de changement, afin de favoriser un accès équitable aux familles nouvellement arrivées et des soins culturellement sensibles centrés sur les patients. • Renforcer les liens intersectoriels entre les intervenants de divers secteurs y compris les régies de santé, les agences en établissement, les organismes francophones, les médecins de famille, le gouvernement ainsi que les parents et les jeunes nouvellement arrivés. • Établir un environnement de dialogue accueillant et confortable pour tous les participants. Lignes directrices pour le dialogue: • • • • • Écouter pour comprendre Passer du blâme à l’apprentissage Rester ouvert(e) et curieux(se) Partager son point de vue personnel plutôt que de généraliser ou de parler pour les autres Poser des questions Joanna Ashworth 1 1.3 Aperçu du processus d’organisation de l’événement Le programme de Soins de santé, bien-être et nouveaux arrivants a été conçu sur la base d’un modèle de dialogue et une démarche inclusive pour offrir des occasions d’échange constructif de différentes perspectives. Les participants ont été affectés à divers groupes comprenant sept à huit personnes, encadrés par des hôtes à chaque table qui devaient encourager la participation et prendre en note les idées clés. L’interprétation simultanée en français et en anglais a été offerte pendant les séances plénières, avec, en option, la possibilité de participer dans la langue de son choix pendant les discussions en petits groupes. La séance a été co-animée par Joanna Ashworth, une experte en dialogue et engagement au Centre for Sustainable Community Development de SFU et Annie Carnot, Coordonnatrice - Services francophones et initiatives spéciales au PLS. Pour préparer le terrain, Suzanne Barclay, Executive Director du PLS, a accueilli les invités et a donné un bref aperçu du projet. Mme Barclay a vivement encouragé tous les participants à rester ouverts aux idées et aux suggestions proposées et a remercié les bailleurs de fond de cet événement pour leurs contributions, dont Santé Canada et RésoSanté Colombie-Britannique pour leur soutien financier et la régie provinciale de la santé (Provincial Health Services Authority) pour sa contribution en nature. Mme Barclay a également reconnu les efforts du comité organisateur de cet événement. Membres du comité organisateur • Paola Ardiles, Project Manager, Research & Knowledge Exchange, BC Mental Health and Addiction Services, PHSA • Joanna Ashworth, researcher and planner with Simon Fraser University • Tannis Cheadle, Provincial Manager, Population & Public Health, PHSA • Jeanne Nzeyimana, Outreach Case Manager, Moving Ahead Program, Settlement Services, Burnaby Family Life • Kemi Odegbile, former Provincial Manager, Population & Public Health, PHSA Sous la direction de : • Annie Carnot, Coordonnatrice - Services francophones et initiatives spéciales, PLS • Elisabeth Kyle, Manager, PLS Programs (Translation and Francophone Services) • Helene Rasmussen, Coordonnatrice - Projets spéciaux, PLS En mots d’ouverture, France-Emmanuelle Joly, membre du conseil d’administration de RésoSanté Colombie-Britannique, a exprimé sa reconnaissance pour le travail réalisé à ce jour, soulignant l’importance d’offrir du soutien aux nouveaux arrivants au Canada et, en particulier, les nouveaux arrivants francophones, pour qu’ils aient accès aux soins de santé. 2 Dans le but d’entamer les activités de la journée dans le cadre du thème du bien-être, ainsi que de faciliter la création de nouveaux liens entre les invités, les participants se sont joints à une activité artistique en petits groupes visant l’exploration de leur compréhension du thème du bien-être. Ce fut l’occasion de faire connaissance, de comprendre la perspective et les valeurs de chacun et, ainsi, de favoriser une ouverture d’esprit générale propice à entamer une journée de dialogue. Deux dialogues en petits groupes ont eu lieu pendant l’événement; le premier était axé sur les défis et les obstacles pour répondre aux besoins de nouveaux arrivants dans le système de santé en C.-B et le second se portait sur les possibilités prometteuses de collaboration et de changement. Afin d’établir le contexte pour chaque séance de dialogue, Helene Rasmussen, Coordonnatrice - Projets spéciaux au PLS, a donné un aperçu général des résultats de consultations. Des séances plénières ont eu lieu à la suite de chaque discussion en petits groupes, invitant les participants à partager leurs idées clés. À travers ce processus, des domaines de consensus ont été identifiés. Le programme du matin a été ancré par une présentation du groupe de travail du projet visant la jeunesse, dirigé par Josiane Anthony. Les membres du groupe ont partagé leurs expériences personnelles au sein du système de santé par l’intermédiaire d’histoires vécues et de poèmes. Ces récits émouvants d’expériences vécues par les nouveaux arrivants ont donné une dimension humaine aux problèmes soulevés. Un panel d’observateurs a été invité à offrir sa perspective sur les thèmes clés soulevés pendant la journée. Les membres du panel comprenaient : Lydia Drasic, Executive Director, Population Health Strategic Planning & Provincial Initiatives, Provincial Health Services Authority; Chris Friesen, Director of Settlement Services, Immigrant Services Society of BC; Dre Patricia Gabriel, médecin de famille, Clinical Faculty, International Medical Graduate Program, UBC, chercheur en soins de santé primaires; et Dre Victoria Lee, Medical Health Officer, Fraser Health Authority. Le dialogue s’est développé au rythme du tambour de Kesseke Yeo qui, de concert avec les animatrices, déclarait les séances ouvertes et signalait aux petits groupes qu’il était temps de conclure leur discussion, afin de passer à la séance plénière. L’après-midi, Kesseke stimulait l’énergie des participants avec une chanson à répondre et une danse entraînante. Le dialogue entier a été saisi sous forme visuelle grâce au rapport graphique de Sam Bradd. Les deux affiches créées au cours de la journée ont synthétisé le dialogue et ont servi d’outils visuels pour continuer la conversation. Consultez l’Annexe 1 pour une copie du programme. 3 2.0 Dialogue du matin : perceptions et défis Le programme du matin portait essentiellement sur les perceptions et défis répandus des familles d’immigrés et de réfugiés par rapport à la santé, au bien-être et à l’accès au système de santé en C.-B. Premièrement, le contexte a été défini dans le cadre d’une présentation des thèmes clés qui sont ressortis lors de la consultation communautaire du PLS auprès des parents et des jeunes francophones nouvellement arrivés. Des dialogues en petits groupes ont ensuite permis de demander aux participants de partager leurs propres réflexions et expériences alors qu’ils travaillaient dans le secteur de la santé ou dans la communauté, ou encore en tant que nouvel arrivant tentant d’accéder au système de santé. 2.1 Aperçu des résultats de la consultation auprès de familles francophones Plusieurs thèmes clés reliés aux perceptions et défis des immigrants et réfugiés par rapport à la santé et au système de santé en C.-B. ont émergé lors de la consultation communautaire du PLS auprès de plus de cent familles francophones nouvellement arrivées. Les participants de la consultation ont partagé des perceptions et attentes du système de santé qui différaient sensiblement des pratiques communes du système en C.-B. Ils ont parlé de leurs racines, de sociétés dans lesquelles les soins sont prodigués dans le cadre de rapports communautaires étroitement soudés qui incluent les prestataires de soins. Leurs attentes d’une intervention proactive et concrète à chaque visite médicale et d’un minimum de restrictions institutionnalisées par rapport à l’accès aux ressources, à la durée et au nombre de visites médicales étaient très souvent déconnectées des pratiques qu’ils rencontrent ici. De même, la compréhension de la relation entre le prestataire de soin et le patient était divergente du modèle pratiqué dans le système de C.-B., où le patient joue un rôle de partenaire et d’agent proactif. La consultation a également révélé un éventail de défis auxquels font face les familles nouvellement arrivées : parmi eux, des facteurs de stress socio-économiques, des perturbations engendrées par l’immigration et des difficultés à naviguer dans le système de santé et s’y ajuster ont tous un impact sur la santé de ces nouveaux arrivants. Une des perceptions les plus courantes portait sur le manque de compassion et de compétence culturelle du système en C.-B., facteurs qui laissent aux nouveaux arrivants le sentiment qu’ils ne sont pas appuyés, qu’ils sont mal compris, rabaissés ou qu’on leur manque de respect. Les barrières linguistiques, incluant le manque de professionnels de la santé francophones et de services d’interprétation, surtout au niveau de la médecine familiale, limitent la communication, ce qui se traduit souvent par l’utilisation inappropriée de tierces personnes (comme les jeunes ou des membres de la communauté) qui doivent assumer le rôle d’interprète. Ces défis contribuent à un niveau d’angoisse accru, une méfiance du système de santé et une sous-utilisation des services de soin. Des diapositives PowerPoint de la présentation se trouvent en Annexe 2 (en anglais). 4 2.2 Premier dialogue : perceptions et défis Avec cet aperçu des résultats de la consultation et en réponse à deux questions, les participants ont été invités à partager leurs idées et leurs expériences. Question 1 : En quoi les perceptions et les défis dégagés par la consultation correspondentils à votre expérience en tant que travailleur dans le secteur de la santé ou le secteur communautaire ou en tant que nouvel arrivant qui accède au système de santé? Question 2 : À votre avis, quels sont les obstacles et les contraintes associés au fait de répondre aux besoins de santé des familles nouvellement arrivées? Les thèmes de consensus révélés lors du dialogue en petits groupes du matin ont validé en grande partie les résultats de la consultation et ont confirmé que ces problèmes ne touchent pas seulement les nouveaux arrivants francophones, mais tous les nouveaux arrivants ainsi que d’autres populations plus vulnérables. Parmi les THÈMES CLÉS se rapportant aux contraintes et défis : a. Contraintes systémiques – Le temps, la confiance et la compassion Les contraintes dans le système de santé ont une incidence sur la capacité des prestataires à répondre adéquatement aux besoins des nouveaux arrivants et limitent le type de communication qui pourrait s’avérer nécessaire pour identifier et combler un fossé culturel éventuel entre les médecins et les patients. On peut citer, à titre d’exemples : • La pression ressentie dans le système de santé actuel prône l’efficacité et entrave la livraison de soins appropriés et empreints de compassion. Les participants ont exprimé leur sentiment qu’aucun temps n’est accordé pour la compassion, pour l’établissement de rapports ou pour expliquer comment le système de santé fonctionne. • On accorde peu de temps au patient ou le patient ne peut parler de plus d’un problème à la fois. • Il existe un manque d’horaires flexibles. • De nombreux patients reçoivent des soins de différents services qui travaillent de manière fragmentée et cloisonnée. b. La fragmentation des soins Plusieurs invités ont évoqué des expériences où les besoins holistiques, c’est-à-dire psychologiques, physiques, sociaux, voire même spirituels, n’ont pas été prises en compte lors de rencontres avec les services de santé. On a observé fréquemment qu’une démarche plus intégrée, voire holistique, en matière de santé devra être considérée. Remédier à ce problème impliquerait l’apport de prestations de soins au sein de la communauté, par l’établissement de centres à usages multiples où des garderies et autres services seraient également fournis. 5 c. Le développement des compétences culturelles Les participants ont parlé de leurs perceptions de préjugés inconscients de la part des médecins, de difficultés de communication entre le patient et le prestataire, ainsi que du manque de sensibilité et de compétence culturelles des médecins et autres employés du système de santé. La prise de décisions cliniques est parfois influencée par la projection de stéréotypes sur les patients individuels. Plusieurs participants ont souligné l’importance de se comprendre d’un point de vue culturel, afin de développer la compassion et de renforcer la capacité à travailler ensemble. Il a été constaté que les patients ont besoin de connaître leurs droits, mais aussi leurs responsabilités, comme arriver à l’heure pour leurs rendez-vous. d. La communication entre le patient et le prestataire de soins Les invités ont fait état des disparités auxquelles les patients font face dues aux barrières de communication. Ils ont parlé du besoin de davantage de ressources linguistiques, dans le contexte francophone ainsi que pour d’autres communautés de nouveaux arrivants, et plus particulièrement concernant les services d’interprète pour les rendez-vous chez le médecin de famille ou le spécialiste. Le manque de ressources met une énorme pression sur les familles nouvellement arrivées, surtout sur les jeunes, car souvent les parents doivent dépendre de leurs enfants pour jouer un rôle de médiateurinterprète lors de consultations auprès d’agences communautaires et des professionnels de la santé. Certains ont suggéré qu’une communication axée sur le patient permettrait aux prestataires de services de prendre conscience de barrières potentielles que le jargon médical peut entraîner. e. La politique des soins de santé Les participants ont exprimé la nécessité que le système de santé se penche sur les déterminants sociaux de la santé. Un participant a lancé un défi aux invités de considérer la question suivante : « Comment peut-on changer le système de santé? » Il a ajouté : « Cela nécessitera une action directe. Nous devons faire des pressions pour que le système change. » Résumé des réflexions Les participants ont largement reconnu la nécessité de réduire l’écart entre les besoins des communautés de nouveaux arrivants et le système de santé. Parmi les thèmes importants abordés, on retrouve le manque de connaissances parmi les nouveaux arrivants sur la manière dont le système de santé fonctionne, une méfiance généralisée, en partie due à des expériences antérieures qui avait été perçues comme discriminatoires, et un sentiment préoccupant « que les nouveaux arrivants ne se sentent pas bien pris en charge ». Le consensus dans la salle était clair et a révélé que « pour les nouveaux arrivants vulnérables, le rendez-vous de 10 minutes avec le praticien ne suffit pas du tout ». Il a été également reconnu que de multiples obstacles (citons les heures des rendez-vous et le processus de recommandation à un spécialiste) sont des réalités du système de santé et forment une partie intégrante de la structure dans laquelle les prestataires de soins pratiquent la médecine. Du point de vue d’un des participants, « le système n’est pas bien adapté aux besoins des gens ». Les participants ont suggéré que « les nouveaux arrivants qui souhaitent bénéficier d’une démarche holistique seront très déçus par le système car il n’est pas configuré pour cela ». « Le système est axé sur la maladie et non pas le bien-être », a-t-on renchéri. Bien que les contraintes du système soient partagées par beaucoup de personnes en Colombie-Britannique, elles ont des conséquences encore plus prononcées sur les nouveaux arrivants qui doivent faire face à un ensemble de difficultés complexes ainsi que des barrières linguistiques. 6 2.3 Les expériences des jeunes La perspective des jeunes a fait l’objet d’une attention particulière pendant les séances de dialogue. Pour éclairer ces perspectives, le groupe de travail du projet visant la jeunesse, dirigé par l’animatrice Josiane Anthony, a été invité à partager ses expériences quant à l’accès au système de santé. Leurs histoires personnelles ont humanisé les obstacles et offert un point de repère puissant pour les participants au sujet de certaines pistes de solution. Chaque conteur a élaboré et présenté une histoire avec soin et lui a attribué une phrase descriptive pour en saisir l’essence : Josiane « Ignorance et discrimination »; Nkechi « Solution des problèmes avec les ressources adaptées »; Daniella et Yao « Confiance brisée »; Alexandrine « Empathie » et « Faire un effort supplémentaire »; Stanley « Minimiser la douleur » et « Manque de support ». Pour clore la présentation, Josiane a récité et interprété un poème qu’elle avait écrit. 3.0 Pistes de changement prometteuses 3.1 Aperçu de la consultation et de la recherche sur les pratiques prometteuses Helene Rasmussen (Coordonnatrice, Projets spéciaux, The Provincial Language Service) a préparé les participants pour le dialogue en petits groupes de l’après-midi en présentant les constatations du projet qui reflètent des opportunités prometteuses de changement. Parmi les suggestions des participants aux consultations communautaires, cinq domaines principaux ont été abordés : des outils pour naviguer le système de santé, un système de soin réceptif et axé sur la compassion et l’empathie, des services linguistiques, des programmes d’appui pour les familles nouvellement arrivées et, enfin, une reconnaissance et une utilisation des capacités au niveau des communautés. Fondés sur la recherche de démarches innovantes dans d’autres juridictions, des thèmes clés ont été également présentés. Les éléments qui ont étayé en grande partie ces pratiques prometteuses comprennent l’accent mis sur les soins culturellement sensibles, la prise en considération des besoins des nouveaux arrivants et de leurs conditions de vie, une démarche holistique et pluridisciplinaire, une reconnaissance de la nécessité de mettre en place des ressources structurées pour aider les nouveaux arrivants à naviguer le système de santé, et l’implication de membres de la communauté immigrante en tant qu’intermédiaire culturel. Les diapositives PowerPoint de la présentation se trouvent en annexe 3 (en anglais). 7 3.2 Second dialogue : pistes prometteuses de collaboration et de changement Cette présentation a préparé le terrain pour un après-midi éclairé et productif de dialogue en petits groupes et de séances plénières. Deux questions ont été posées aux petits groupes et leurs réponses ont été rapportées lors de la séance plénière qui a suivi. Des idées spécifiques en termes d’action sont proposées ci-dessous. Question 1 : À votre avis, quelles seraient les pistes les plus prometteuses en matière de collaboration et de changement? Question 2 : À votre avis, quel rôle les professionnels de la santé, les membres de la communauté les organismes communautaires, et autres intervenants peuvent jouer? LES PRINCIPALES PISTES DE COLLABORATION ET DE CHANGEMENT qui ont fait surface lors de ce dialogue en petits groupes sont les suivantes : a. La littératie culturelle est valable dans les deux sens Les participants ont dit que les prestataires de soins et les patients nouvellement arrivés ont tous deux besoin d’un meilleur moyen d’accéder aux renseignements et à la formation, afin de combler les lacunes existantes de compréhension et de communication. Cela exige une formation accrue en compétences culturelles pour les professionnels de la santé et une meilleure éducation des nouveaux arrivants sur le système de santé en Colombie-Britannique. Des possibilités se présentent dans les classes, que ce soit dans les cours d’anglais langue seconde ou dans les programmes d’enseignement des écoles de médecine. L’éducation est primordiale pour toutes les personnes qui sont touchées par le système de santé – le professionnel tout autant que le patient. « Il y a tellement de choses que l’on peut apprendre l’un de l’autre.» b. Soins primaires basés dans la communauté Les services basés dans la communauté, tels que ceux présentement offert dans certains endroits limités, devraient être plus répandus dans la communauté et inclure les infirmières, les travailleurs sociaux, les pharmaciens, les diététiciens, les professionnels de la santé publique, les médecins et les autres personnes concernées. Cette démarche centrée sur le client pourrait mieux répondre aux différences économiques, sociales, culturelles et entre les sexes. Elle serait en mesure de combler le besoin pour une pratique de la médecine plus holistique tout en renforçant la confiance et la cohérence. c. Renforcer les capacités au niveau de la communauté Une des suggestions mentionnées est de reconnaître les titres de compétence internationaux. Ceci est envisageable par l’entremise de programmes de mentorat dans lesquels les professionnels de la santé en C.-B. veilleraient à ce que les professionnels de la santé étrangers soient au courant des normes provinciales. 8 d. Offrir plus de services linguistiques (notamment en français) Des démarches pour accroître le soutien et les services linguistiques ont été proposées. Les suggestions comprenaient une plus grande mise à disposition de services d’interprète par téléphone pour les visites médicales, ainsi que des stratégies pour garantir que les professionnels de la santé capables de fournir des services en français figurent dans l’annuaire des médecins. e. Offrir des programmes et des ateliers dans la communauté Les participants ont mentionné la nécessité d’offrir des programmes dans la communauté qui accueillent les familles nouvellement arrivées et qui aident à approfondir leurs connaissances du système de santé en C.-B., en décrivant son mode de fonctionnement et les services qui sont à leur disposition. De tels programmes répondraient à un vaste éventail de besoins linguistiques et reliés à la navigation du système de santé, tout en offrant une possibilité de se créer un réseau. Ils inclueraient le mentorat des jeunes et devraient être mis en œuvre dans divers endroits comme les églises, les centres communautaires, les maisons et les écoles. f. Prendre en considération l’action en justice Il a été suggéré d’ intenter un recours collectif dans le but de garantir que les services d’interprète soient considérés comme une question relevant des droits de la personne en ce qui concerne l’accès aux soins médicaux. Et pour ce faire, des champions seraient nécessaires. Les autres commentaires relatifs aux rôles que peuvent jouer les organismes communautaires, les membres de la communauté, les professionnels de la santé et autres intervenants, à part ceux mentionnés ci-haut, sont les suivants : • Assurer la continuité des soins en réduisant le fréquent roulement de personnel dans les contextes de services afin de développer des rapports fondés sur la confiance et la compréhension. • Établir une meilleure communication entre les agences communautaires et les prestataires de soins pour permettre d’identifier et de résoudre les problèmes éventuels. • Intégrer les services dans le but de réduire le temps et l’énergie requis pour accéder à différents services et établir un réseau de services encore plus solide. 9 4.0 4.1 Réflexions et résumé Le panel d’observateurs De nombreuses idées importantes ont été évoquées lors de cette journée de dialogue. Pour clore les procédures, les représentants du panel d’observateurs ont échangé leurs réflexions sur les messages-clés et les possibilités de changement. Lydia Drasic, Executive Director, Population Health Strategic Planning & Provincial Initiatives, PHSA, est revenue sur le programme de la matinée. Elle a noté l’importance de prendre en compte les déterminants sociaux de la santé et de reconnaître que les difficultés associées à la pauvreté et à l’éducation font également partie du système de santé. Le dialogue est un outil essentiel pour se comprendre et comprendre un système de santé aussi complexe. « Je pense qu’il est important de nous imaginer dans un autre système de santé : comment se sentirait-on à l’idée de naviguer dans l’inconnu? ». Mme Drasic a suggéré que ce type d’empathie nous rappelle combien il est difficile pour les nouveaux arrivants de comprendre notre système de santé et que, pour ce faire, les relations sont primordiales. Elle a conclu que ce dialogue nous a permis d’avancer ensemble, de comprendre les perspectives des autres et, forts de ces connaissances, de trouver la compassion et l’énergie essentielles pour encourager le changement. Pour commencer le panel d’observateurs de l’après-midi, Chris Friesen, Director of Settlement Services, Immigrant Services Society of BC, a observé que l’immigration continuera à jouer un rôle significatif en Colombie-Britannique : « D’ici 2031, 59 % de la population sera née en dehors du Canada. Les défis et les solutions qui ont été identifiés aujourd’hui sont pertinents pour tous les nouveaux arrivants, et non pas juste les francophones. » En particulier, il a souligné que les communautés, de concert avec les institutions, devront mettre en œuvre des solutions à plusieurs volets; toutefois, il faudra de la volonté politique pour instaurer les réformes nécessaires dans le système de santé. M. Friesen a également suggéré que de porter une attention plus grande à la prévention et à la promotion de la santé améliorerait les résultats pour tous les nouveaux arrivants. Les services de communication et les services linguistiques sont vitaux pour accéder aux soins de santé, et cet accès est un droit universel. Tandis que la touche humaine et les rapports interpersonnels sont importants, M. Friesen nous a rappelé que nous vivons dans une ère numérique et que, par conséquent, les médias sociaux pourraient faire partie de la réponse et de la prestation de services. Il a observé que plusieurs personnes qui ont participé au dialogue conviennent que l’éducation a une responsabilité double, une voie à double sens, où la société d’accueil et le nouvel arrivant sont tous les deux impliqués. Chacun doit trouver un moyen d’apprendre de l’autre. M. Friesen a remarqué que la profession médicale est non seulement constituée de docteurs, mais aussi d’infirmières praticiennes et de travailleurs sociaux, sans oublier le personnel travaillant dans les services pour immigrants. 10 Il a remis en question les compressions financières aux services critiques pour les nouveaux arrivants alors que, comme bien des participants du dialogue l’ont signalé, il existe bon nombre de pratiques innovantes qui font du travail remarquable, comme par exemple, le Bridge Clinic et autres services de santé intégrés dans la communauté. « La question n’est pas de faire les choses différemment – c’est de trouver la volonté politique pour capitaliser sur nos réussites et soutenir ces initiatives. » Dre Patricia Gabriel, médecin de famille, Clinical Faculty, International Medical Graduate Program, UBC et chercheur en soins de santé primaires, a partagé ses pensées en notant qu’il est évident que la santé est importante pour les nouveaux arrivants – et qu’ils perçoivent la santé dans un contexte plus global qui comprend des dimensions physiques, émotionnelles et spirituelles. Mais le système comporte des lacunes et des défis certains pour les nouveaux arrivants qui tentent d’accéder aux soins de santé. Il n’y a pas assez d’empathie et de compassion. « Pourquoi en est-il ainsi? » demandet-elle. Elle a évoqué un manque de sensibilisation sur les contraintes de chacun, mais aussi des attentes différentes des services offerts. Dre Gabriel a signalé un enthousiasme du groupe en faveur de réformes touchant à l’éducation, au contexte culturel et aux ressources linguistiques, sans oublier les services fondés sur des liens plus serrés avec les communautés et une plus grande intégration. De même, il existe des pratiques prometteuses quant au mentorat et au développement de liens épanouissants. S’exprimant du point de vue des prestataires de soins, elle a ajouté qu’il est important pour les professionnels d’adopter une démarche de travail qui privilégie les vertus et les valeurs et préconise l’humilité lors de leurs interactions avec des nouveaux arrivants. Une telle démarche permettrait aux prestataires de soins d’être plus conscients de leur pouvoir. En ce qui concerne le changement, elle a affirmé que « nous pouvons tous être des champions, nous avons tous un rôle à jouer ». Dre Gabriel s’est engagée à partager avec ses pairs les résultats de ce dialogue et de la consultation qui l’a éclairé. Elle a également lancé une invitation à toute personne intéressée de s’impliquer dans deux projets sur lesquels elle travaille actuellement – le premier concerne l’utilisation de langues dans les soins de santé primaires et le deuxième la formation d’une démarche d’équipe portant sur les soins interdisciplinaires aux nouveaux arrivants. Dr. Victoria Lee, Medical Health Officer, Fraser Health Authority, a exprimé sa reconnaissance envers les organisateurs pour lui avoir donné la possibilité d’ajouter ses dernières remarques. Elle a souligné que ce dialogue a exploré les barrières systémiques aux services de soins de santé qui se présentent, non seulement aux nouveaux arrivants francophones, mais aussi à toutes les personnes nouvellement arrivées, et, dans plusieurs des cas, à tous les résidents de la Colombie-Britannique. Développer des relations est un bon point de départ pour remédier à ces barrières et il semble logique de capitaliser sur les pratiques prometteuses qui sont déjà mises en œuvre, y compris la formation en compétences culturelles. Cependant, une vision à long terme est conseillée pour rediriger les efforts d’un modèle de système de santé fondé sur la maladie à un modèle fondé sur le bien-être. Nous pouvons introduire des pratiques prometteuses pour améliorer ce qui est déjà en place. Toutefois, il est peut-être temps de procéder à un changement de paradigme. Cela implique la conception de types de pratiques innovantes qui détruiraient les silos institutionnels et qui combleraient les lacunes dans le système actuel. Il faudrait également investir encore plus dans la prévention et la promotion de la santé, afin de transformer la manière dont on considère la santé et la façon dont on développe nos pratiques. « Il semblerait que nous avons tous les bons ingrédients – le chaudron a bien été assaisonné – et maintenant il ne nous reste plus qu’à les transformer en actions à court terme et long terme… La prise de position et la réforme du système font toutes les deux parties de ce processus.» 11 4.2 Rapports graphiques du dialogue Pour introduire la dernière partie de l’évènement, Sam Bradd a partagé sa perspective des images qu’il avait saisies dans son rôle de rapporteur graphique. Ces images représentaient les thèmes clés qui sont ressortis pendant les discussions de la journée concernant le soutien à la santé et au bien-être des nouveaux arrivants. Les deux affiches suivantes ont été développées lors du dialogue. 12 13 4.3 Cercle de clôture Les participants ont été invités à partager leurs réponses aux discussions de la journée, à savoir, ce qui en est ressorti et les démarches qu’ils pensent entreprendre après avoir participé au dialogue. Qu’est-ce qui a le plus interpellé les participants? • Les participants ont remarqué que les invités semblent partager l’avis au sujet des lacunes dans les services disponibles pour subvenir aux besoins des nouveaux arrivants en matière de soins de santé. • Ils ont apprécié les idées partagées concernant le renforcement des initiatives réussies en matière d’intégration des programmes et services, y compris la liaison et la collaboration entre les services de soins de santé, les services en établissement et les agences communautaires, avec en particulier tout ce qui est centré sur l’éducation et les compétences culturelles. • Les participants ont le plus fréquemment mentionné la valeur que leurs collègues accordent au développement des relations. Beaucoup d’entre eux y voient une manière de créer des ponts entre la perspective du patient et celle du prestataire de soins. • L’importance de la compassion dans les soins de santé et les rapports interpersonnels a fait son chemin dans l’esprit des participants. L’action inspirée par le dialogue Les participants se sont dits inspirés pour : • Devenir les champions d’un système plus à l’écoute. • Continuer à faire le nécessaire dans le but d’améliorer les choses. • Contribuer à l’action politique. • Être plus présents dans la communauté et collaborer plus étroitement avec celle-ci. • Préconiser l’adoption d’un nouveau code de facturation qui permettrait de facturer les services d’interprète au régime d’assurance-maladie (MSP). • Par l’intermédiaire des organismes Divisions of Family Practice, encourager des changements du « complex fee code » (le code pour la facturation des soins plus complexes) afin d’y inclure les patients nouvellement arrivés parlant peu d’anglais, et ainsi accorder plus de temps pour leurs soins et prendre en compte les considérations culturelles. 4.4 Remerciements Elisabeth Kyle, Manager, PLS Programs - Translation and Francophone Services, a conclu la journée en exprimant ses plus sincères remerciements et sa reconnaissance envers tous les participants du dialogue. Les participants provenant de la communauté ainsi que les représentants des jeunes ont été reconnu pour avoir si volontiers partagé leurs expériences. « La voix du patient est fondamentale pour susciter le changement du système, et nous sommes très reconnaissants que vous ayez utilisé votre voix aujourd’hui pour aboutir à une amélioration. » Health Canada, RésoSanté Colombie-Britannique et le Provincial Health Services Authority, aussi bien que le Programme des Affaires francophones de la province par l’entremise du Secrétariat aux Affaires intergouvernementales, ont été reconnus pour leur soutien et leur démarche collaborative. 14 Annexes 1 Agenda de la journée November 30, 2012 30 novembre 2012 Harbour Centre, SFU Vancouver Welcome to a day of collaborative dialogue among health care professionals, community agencies, newcomer parents and youth to explore the findings and implications of a two-year project on the health of newcomer families, viewed through the lens of Francophone immigrants and refugees in BC. This event aims to explore your ideas on issues and gaps that impact the health, wellbeing and access to health services of newcomers and to identify ideas and strategies for change. Bienvenue à cette journée de dialogue empreinte de collaboration réunissant des professionnels de la santé, des organismes communautaires, des parents et des jeunes nouvellement arrivés. Le dialogue portera sur les résultats et les implications d’un projet de deux années sur la santé des familles nouvellement arrivées, selon l'optique des immigrants et des réfugiés francophones de la C.-B. Il a pour but d’explorer vos points de vue sur les problèmes et les lacunes qui touchent la santé, le bien-être et l’accès aux services de santé des nouveaux arrivants et de définir des pistes et des stratégies pour changer les choses. We would like to thank our funders for their generous contributions to this event. Today’s dialogue has been made possible through the financial support of Health Canada and RésoSanté Colombie-Britannique, and the provision of inkind contributions by the Provincial Health Services Authority. Nous tenons à remercier les partenaires qui ont contribué à cet événement. Le dialogue d’aujourd’hui a été rendu possible grâce à du financement provenant de Santé Canada et de RésoSanté Colombie-Britannique et à des contributions en nature de la Régie provinciale de la santé. 15 16 17 18 2 Présentation : aperçu des résultats de la consultation sur les perceptions et défis Community Consultation with Francophone Newcomer Families Community Engagement Helene\engaging.jpg 19 Key Themes Key Perceptions and Expectations 20 Challenges Facing Newcomer Families Voices from the Consultation Photos 21 3 Présentation : pistes de changement prometteuses Promising Opportunities for Change Suggestions offered by participants in the community consultation Promising practices from our research Suggestions from the Community Consultation Research on Promising Practices Elements common to many of these practices include: • Focus on culturally and linguistically sensitive care • Responsiveness to needs and life circumstances e.g. home and group visits • Holistic and multi-disciplinary approach • Recognition of need for structured tools and resources to support newcomers in understanding and navigating the health system • Involvement of immigrant community members as cultural brokers 22 Le dialogue a été rendu possible grâce à du financement provenant de Santé Canada et de RésoSanté ColombieBritannique, et à des contributions en nature de la Provincial Health Services Authority (PHSA, régie provinciale de la santé). Les vues exprimées sont celles des participants au dialogue et aux consultations communautaires et ne reflètent pas nécessairement les vues de Santé Canada, de la Société Santé en français, de RésoSanté Colombie-Britannique et de la PHSA. 23