Sensibilité du baroréflexe
Les barorécepteurs artériels sont localisés dans le sinus
carotidien et dans l’arche aortique. Ces récepteurs sont
sensibles à la pression artérielle moyenne. Une augmen-
tation de la pression artérielle est à l’origine d’une activa-
tion parasympathique qui diminue la fréquence cardiaque
[10]. Le mécanisme liant la perte de la sensibilité baroré-
flexe à une augmentation du risque d’arythmie implique la
composante vagale du baroréflexe [11]. En situation d’is-
chémie myocardique chez le chien, il existe aussi une
forte corrélation entre l’ampleur de la réduction de la
cadence sinusale, la préservation de la sensibilité du baro-
réflexe et la réduction de la survenue de fibrillation ven-
triculaire [12].
En pratique, la qualité du baroréflexe s’évalue à l’aide
d’un agent vasoconstricteur alpha-adrénergique pur, la
phényléphrine [13]. L’allongement des intervalles RR suc-
cessifs obtenu avec cette médication est corrélé aux modi-
fications des changements de pression artérielle. Une
fenêtre d’analyse est sélectionnée entre le début et la fin de
la première augmentation significative de la pression arté-
rielle (supérieure à 15 mmHg). Habituellement l’allonge-
ment du cycle produit par une augmentation de 1 mmHg
de pression est utilisé pour quantifier le contrôle baroré-
flexe de la fréquence cardiaque. Chez les sujets jeunes,
des valeurs moyennes de sensibilité baroréflexe de
14,8 ± 9,2 ms/mmHg et de 16 ± 1,18 ms/mmHg ont été
rapportées [13]. Dans l’étude ATRAMI, qui a inclus
1 284 patients, la mortalité cardiaque calculée pendant
un suivi de 21 mois était plus importante chez les patients
avec une sensibilité baroréflexe inférieure à 3 ms/mmHg
que chez ceux où cette valeur dépassait 6,1 ms/mmHg
[13]. Cependant, ce paramètre n’est pas spécifique de la
mort subite mais plutôt lié au risque de mortalité globale.
Autres méthodes d’analyse
de la fonction sinusale
D’autres moyens de quantification de la variabilité
sinusale ont été développés récemment. Ces techniques
nouvelles restent à valider. Il s’agit de la dynamique non
linéaire (chaos) ou de l’étude de la puissance spectrale de
la variabilité sinusale. À l’opposé de ces techniques so-
phistiquées, maîtrisées par un petit groupe d’experts, une
étude a montré que la simple mesure de la récupération
sinusale post-effort permettait de stratifier le risque de
mortalité globale post-infarctus [14].
Dépolarisation ventriculaire
L’intervalle QRS représente la sommation des phases 0
du potentiel d’action des myocytes ventriculaires. Il peut
renseigner sur la qualité de la conduction de l’influx
électrique à travers le syncytium myocardique.
À l’échelon cellulaire, entrent en jeu non seulement les
propriétés électrophysiologiques des cellules musculaires
mais aussi leur agencement dans l’espace et la qualité des
jonctions entre elles [15]. En général, un allongement de
la durée du QRS, en dehors d’une anomalie du tissu de
conduction, révèle une atteinte du myocarde d’origine
toxique vasculaire, infectieuse ou métabolique.
Les études d’analyses de la mesure de la dépolarisation
ventriculaire restent peu nombreuses. L’outil le plus utilisé
a été l’ECG haute résolution. Cette technique permet,
grâce à la recherche de potentiels tardifs, l’identification
des zones de conduction ventriculaire lente et donc, pour
le patient qui en est porteur, d’un risque de tachycardie par
réentrée [16]. Il est admis que la présence de ces potentiels
a une mauvaise spécificité mais une bonne valeur prédic-
tive négative du risque rythmique [17]. Nous avons évalué
l’analyse par ondelettes des complexes QRS à partir d’en-
registrements numériques 12 dérivations chez des pa-
tients à risque d’arythmie [17]. L’analyse a été réalisée à
partir d’un électrocardiogramme haute résolution
(1000 Hz, 16 bits). Les résultats préliminaires montrent
que cette méthode peut distinguer les patients à risque
d’arythmie ventriculaire en cas de syndrome du QT long
(figure 1), de dysplasie arythmogène du ventricule droit et
d’infarctus du myocarde [18]. La cartographie haute-
densité a aussi été utilisée avec succès pour l’identifica-
tion d’anomalie de la propagation de l’influx chez les
patients avec fibrillation ventriculaire primaire [19].
Repolarisation ventriculaire
Bien que l’intervalle QT englobe à la fois la dépolari-
sation et la repolarisation ventriculaires, sa mesure est
utilisée pour quantifier la repolarisation ventriculaire [20].
Un retard de repolarisation correspond à un allongement
de l’intervalle QT. À l’échelon cellulaire, il existe un ralen-
tissement de l’extrusion des cations intracellulaires (potas-
sium ou sodium) vers l’extérieur de la cellule. La simple
mesure statique d’un intervalle QT est considérée comme
insuffisante pour éliminer un risque électrique chez un
patient donné [21]. L’analyse dynamique battement par
battement ou par période de 30 secondes est actuellement
en évaluation comme indice d’arythmogénicité [22].
L’analyse de la dispersion de l’intervalle QT est une mé-
thode qui n’est plus utilisée [21]. Bien qu’il y ait une
relation proportionnelle entre le degré d’hétérogénéité des
périodes réfractaires ventriculaires et le seuil arythmo-
gène, l’étude de la dispersion ventriculaire par méthode
ECG conventionnelle reste décevante.
Dynamique de l’intervalle QT
Il est établi que l’intervalle QT est dépendant de la
fréquence cardiaque. La relation entre l’intervalle RR et
l’intervalle QT peut être étudiée de façon plus complète
que la simple mesure par la méthode de Bazett [23]. La
mt cardio, vol. 1, n° 3, mai-juin 2005 231
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