BILLET D'HUMEUR : Comment une grande pharma peut-elle diminuer d'impôts et quelles en sont les conséquences ? ses bordereaux C'est simple, elle refait le coup des apothicaires rhénans. (Selon la source journalistique de leurs aïeux). Au temps d'Erasme, il y avait trois marchands d'herbes, d'onguents et pommades de toutes sortes qui guérissaient des maux de toutes sortes, y compris les hypocondriaques. Ces apothicaires, si le déchiffrage des grimoires des corporations des métiers est correcte se nommaient Kaufmann ou Hoffmann, Géguy, Laroche. Ils buvaient moult bières, jouaient au yass avec leur ami Erasme qui à force d’essayer les drogues de nos trois apothicaires écrivit "L’éloge de la folie". Ce qui peut être considéré à la fois comme la première publicité et la première posologie que l’on trouve dans les petites boîtes de médicaments. Si Erasme devint "Tête de gondole" dans les bonnes librairies, les trois autres, bons commerçants firent au fils des ans, de substantielles économies. Leurs bas de laine bien garnis remplissaient leurs bahuts, coffres et autres huches. Ils décidèrent de s'agrandir. La ville qui abritait Erasme étant devenue trop petite, car d'autres officines s'étaient ouvertes, ils allèrent dans l'une des dépendances des gens de Berne. Le pays de Vaud avait bien des malades à soigner Colonia Julia Equestris autrement dit sans pédantisme Noviodunum, Nyon pour touristes qui vont manger des filets de perches de l'autre côté du Léman, à Yvoire. Rappelons qu’Erasme, était un théologien néerlandais né à Rotterdam en 1469 et qui finira sa vie à Bâle, en 1536. Tourmenté par la crise idéologique et spirituelle qui le traverse, mais fidèle à ses principes de liberté de pensée et surtout d’avoir essayé trop de produits mis au point par nos trois apothicaires. A Nyon, "bonne ville" du pays de Vaud que les Bernois avaient colonisée, une sorte de Paléo Festival (avant la lettre) était organisé, chaque année. Festival de luths, vielles et autres instruments. Le choix de nos apothicaires s'explique par le fait que dans un esprit très visionnaire, ils avaient compris que le rail favoriserait l'implantation d'industries qui perdurèrent jusqu'à récemment: les fabriques de pâtes alimentaires ou d’allumettes faisaient partie du paysage urbain. Actuellement, les sociétés implantées à Nyon qui font sa prospérité appartiennent aux domaines de l’outillage médical ou des assurances et sont détenues par des gens d’Outre-Sarine. Nos apothicaires rhénans surent par un travail de tous les jours, agrandir leurs petits laboratoires avec pour effets : Un personnel de plus en plus nombreux qui chaque matin traversaient le Léman d’Yvoire à Nyon, en barque à voile. Le deuxième effet, fut une importante augmentation des charges fiscales, la dîme, la gabelle, l’octroi, de plus en plus lourde à supporter, nos apothicaires préférant à juste titre, acheter des peintures d’art moderne, à cette époque les Bruegel étaient très mode. Une solution leur vint à l’esprit. Ils envoyèrent l'un de leurs greffiers annoncer à la ronde un dimanche matin, pendant le culte et la messe, qu'ils allaient fermer les labos pour les délocaliser dans des pays émergents. Christophe Colomb, Jacques Cartier (sauf erreur) étaient les émules de comptoirs du côté des Hurons et des Aztèques avec des offres d’une fiscalité des plus souples, comme dix ans de gratuité fiscale (ce que fit la principauté de Neuchâtel, quelques siècles plus tard). Ce qui devait arriver arriva. Le bailli et autres dirigeants pas plus efficaces que ceux qui nous gouvernent aujourd'hui, surfèrent à fond les hauts-de-chausses. Et pour garder les laboratoires de nos apothicaires Rhénans, ils proposèrent des réductions de dîmes, de gabelles etc. Et nos apothicaires purent acheter des Bruegel et autres Albrecht, Dürer. En ce début de vingt-et-unième siècle, nos industriels de la petite pilule vont obtenir les mêmes avantages, les mêmes privilèges. Ils fermeront quand même leurs laboratoires de Nyon et ils achèteront des Picasso, des Klein et les gens de Nyon paieront très chers leurs billets des CFF pour aller au pays d’Erasme, voir les œuvres qu’ils ont offertes aux Rhénans. En conclusion, il n’y a rien de nouveau sous le soleil : le Rhin et le Rhône coulent toujours, les politiques sont toujours aussi bornées, les guildes devenus syndicats défilent dans les rues avec un retard d’une ou deux "révolutions industrielles" et des patrons sont devenus de mystérieux actionnaires anonymes. Et c'est ainsi que le monde tourne et il n’y a rien à faire pour que cela change un jour. Leïla Elisabeth Pellissier