Un partenariat pour l`avenir : 15 propositions pour une nouvelle

RAPPORT AU MINISTRE DE LÉCONOMIE ET DES FINANCES
Décembre 2013
Hubert Védrine Lionel Zinsou Tidjane Thiam Jean-Michel Severino Hakim El Karoui
RAPPORTEURS ADJOINTS :
Martin Fortes Daniel Kamelgarn Emmanuel Saliot
Avec la participation de Paul Sarton du Jonchay et de Tristan Le Guen
Un partenariat pour l’avenir :
15 propositions pour
une nouvelle dynamique économique
entre l’Afrique et la France
Un partenariat pour l’avenir : 15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France
Remerciements
La mission a réalisé ce rapport à la demande du Ministre de l’Économie et des Finances, avec
l’appui d’une équipe composée d’un membre de la direction générale du Trésor (Martin Fortes),
de l’Agence française de développement (Daniel Kamelgarn) et de l’Inspection générale des
finances (Emmanuel Saliot, avec l’aide de Paul Sarton du Jonchay et de Tristan Le Guen).
Elle tient à remercier le cabinet du Ministre pour son appui constant, en particulier Julien
Denormandie pour son investissement personnel dans les travaux de la mission et la coordi-
nation interministérielle qu’il a utilement su mener.
Elle adresse également ses remerciements à Pierre-Olivier Bouée, pour sa contribution au
rapport et la liaison permanente qu’il a assurée auprès de Tidjane Thiam.
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15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France
Synthèse
UN PARTENARIAT POUR L’AVENIR :
15 PROPOSITIONS POUR UNE NOUVELLE DYNAMIQUE ÉCONOMIQUE
ENTRE L’AFRIQUE ET LA FRANCE
Le rapport « UN PARTENARIAT POUR L’AVENIR » invite la France à prendre la mesure de
l’émergence économique et sociale de l’Afrique qui en fera l’un des pôles majeurs de la
mondialisation du XXIe siècle.
Rédigé à la demande de Pierre Moscovici, ministre de l’Économie et des Finances, par cinq
personnalités françaises et franco-africaines du monde politique et économique, Hubert Védrine,
Lionel Zinsou, Tidjane Thiam, Jean-Michel Severino et Hakim El Karoui, ce rapport propose
de bâtir un nouveau partenariat économique basé sur une relation d’affaires avec le continent
africain, en particulier avec les pays au Sud du Sahara.
Le rapport émet 15 propositions pour créer une nouvelle dynamique économique entre
l’Afrique et la France, qui s’ancre dans un changement de perception et d’attitude de la
France à l’égard de l’Afrique, des Africains et des Franco-Africains et s’appuie sur la promotion
d’intérêts économiques réciproques.
Sortir des idées reçues sur l’Afrique
Pour la plupart des Français, l’Afrique est le continent des laissés-pour-compte, de la misère
et de la pauvreté, le continent que des jeunes désespérés fuient en masse au péril de leur vie,
le continent des zones grises occupées par des bandes armées en quête d’enlèvements, le
continent aux rives hostiles parcourues par des pirates extrêmement déterminés, le continent
nouveau foyer du terrorisme, le continent frappé de catastrophes et de guerres, le continent
de l’assistance internationale et de l’aide humanitaire.
Cette Afrique existe. Mais elle masque une autre Afrique, plus nombreuse, plus puissante,
l’Afrique qui construit l’avenir et qui est déjà une réalité pour des centaines de millions
d’Africains et de Français qui y vivent et y travaillent.
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Un partenariat pour l’avenir
L’Afrique est un continent en pleine croissance économique…
La croissance économique est depuis plus d’une décennie de 5 % par an en moyenne,
juste derrière l’Asie et loin devant l’Europe : la croissance du PIB africain devrait atteindre
5,6 % en 2013 et s’élever à 6,1 % en 2014 ;
Même si elle ne représente encore que 2 % du commerce mondial, l’Afrique a connu la plus
forte croissance dans les échanges internationaux entre 2000 et 2011, avec une croissance
des importations au Sud du Sahara de 16 % par an en moyenne ;
L’Afrique est le continent qui épargne le plus après l’Asie ; les réserves de change y sont
estimées à 500 Md USD ;
La capitalisation boursière a été multipliée par neuf depuis les années 90, et plus de
2 000 entreprises sont désormais cotées ;
La part de l’Afrique dans les investissements directs étrangers (IDE) mondiaux est passée
de 1,2 % en 2007 à 3,1 % en 2012 ; l’Afrique est l’une des rares régions à avoir enregistré
une hausse des entrées d’IDE en 2011 et 2012 alors que les flux mondiaux baissaient sur
la même période.
…et sociale
L’indice du développement humain s’est amélioré de 15,6 % entre 2000 et 2010 pour la
seule Afrique au Sud du Sahara ;
La part de l’Afrique subsaharienne dans les conflits violents dans le monde est passée de
55 % à 24 % entre 2002 et 2011 ;
Les classes moyennes africaines représentent entre 300 et 500 millions d’individus ;
Les 40 Africains les plus riches totalisent 73 Md USD en 2012 ;
Plus de 80 % de la population sont connectés à un réseau de téléphonie mobile ;
Un milliardaire africain, Aliko Dangote, vient d’investir 3 Md USD pour la construction en
Afrique d’une raffinerie, d’une usine d’engrais et d’installations pétrochimiques ;
Les flux financiers issus des migrants sont estimés à plus de 30 Md USD en 2012, soit
quatre fois plus qu’en 1990, un montant encore légèrement inférieur à celui de l’aide publique
au développement versée par les pays de l’OCDE (47 Md USD en 2011).
L’Afrique est un continent aux potentialités impressionnantes…
La population africaine doublera d’ici 2050 pour atteindre quasiment 2 milliards d’individus,
ce qui en fera l’un des plus grands marchés du monde ;
Les dépenses des ménages africains devraient passer de 840 Md USD en 2008 à
1 400 Md USD en 2020 ;
72 Md USD d’investissements annuels dans les infrastructures sont attendus.
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15 propositions pour une nouvelle dynamique économique entre l’Afrique et la France
… mais aussi de défis à relever
La population urbaine du continent s’accroîtra de 414 millions à plus de 1,2 milliard d’ici
2050 ;
47,3 % des 15-24 ans étaient au chômage en Afrique subsaharienne en 2011 ;
La pauvreté recule globalement mais le nombre de pauvres augmente : en 2012,
386,0 millions d’Africains vivent avec moins de 1,25 dollar par jour ;
La croissance provoque le creusement d’inégalités territoriales entre pays et au sein des
pays africains, ce qui est une source de tensions et de crises pas toujours prévisibles.
L’Afrique est le continent d’une compétition mondiale croissante
où la France perd des parts de marché
La part de marché de la Chine sur le continent africain est passée de moins de 2 %
en 1990 à plus de 16 % en 2011 ;
Au-delà des pays européens, de très nombreux pays ont intensifié leurs liens avec l’Afrique
comme l’Inde ou les États-Unis, Israël ou l’Iran, et de nouveaux acteurs sont apparus comme
le Brésil, les pays du Golfe, la Turquie, la Malaisie ;
L’Afrique du Nord est devenue un partenaire important de l’Afrique subsaharienne et des
acteurs africains de taille continentale sont apparus ;
Entre 2000 et 2011, la part de marché de la France au Sud du Sahara a décliné de 10,1 %
à 4,7 %, même si la valeur des exportations françaises y doublait sur la même période.
La France demeure néanmoins un acteur économique important
en Afrique
Dans les 14 pays utilisant le franc CFA, les entreprises françaises font quasiment jeu égal
avec la Chine avec une part de marché de 17,2 % contre 17,7 % en 2011 ;
Plus de 10 millions de foyers africains reçoivent TV5Monde dans 48 pays ;
Le stock d’investissements directs français en Afrique subsaharienne a été multiplié par 4,
passant de 6,4 Md€ en 2005 à 23,4 Md€ en 2011 ; la France y est le troisième investisseur ;
Total est l’un des leaders de l’exploration/exploitation sur le continent africain ; en Afrique
du Sud, Alstom a installé 80 % du parc des turbines des centrales de l’électricien national
Eskom ; Schneider Electric compte 2 500 collaborateurs répartis dans une quinzaine de
pays africains ; Sanofi y réalise 1 Md€ de chiffre d’affaires ; Orange est présente dans de
nombreux pays africains sur le marché de la téléphonie mobile et d’internet… ;
En 2010, 45 % de l’aide bilatérale nette française a été allouée à l’Afrique subsaharienne,
soit 2,6 Md€, et la France y est le second donateur bilatéral.
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