A partir de septembre, on intégrera dans le PIB les investissements

Trends- Tendances
32-33 17/04/2014
509a7
D
ansl'étemel combat entre
le vice et la vertu, le vice
semble avoir marqué des
points. A partir de sep-
tembre de cette année,
en effet, certaines activités peu recom-
mandables, comme la prostitution, la
contrebande, l'investissement en armes
de guerre ou le commerce de la drogue,
seront reconnues comme des activités
économiques à part entière. Pourquoi?
Cela mérite un petit retour en arrière.
Dans les années 1930, lors de la pre-
mière grande dépression, on s'était
aperçu, notamment aux Etats- Unis,
que l'on était statistiquement désarmé.
Aucun pays ne disposait de chiffres suf-
fisamment étayés pour avoir une vraie
idée de l'état de l'économie et calculer,
par exemple, l'importance du recul éco-
nomique causé par la crise. On s'est donc
attaché, àpartir de ce moment, à établir
une comptabilité nationale. La première
digne du nom fut celle réalisée par l'éco-
nomiste britannique Keynes en 1941.
A partir de septembre,
on intégrera dans le PIB
les investissements
en recherche
et développement,
mais aussi des activités
plus douteuses comme
l'achat d'armes,
la contrebande,
la prostitution ou
le commerce de la drogue.
Gain de croissance estimé
en Belgique: entre 2 et 3%.
Un outil indispensable
Aujourd'hui, la comptabilité nationale
est un outil indispensable pour diriger
un pays: c'est grâce à ces chiffres que l'on
peut avoirune idée du taux de croissance,
du taux d'épargne, de la productivité, etc.
Certes, la nature de ces indicateurs est
parfois décriée. Un accident de la route
Economie nationale - Nationale economie
REPORTERS
ou une catastrophe naturelle vont par
exemple venir gonfler le PIE (en raison
de la réparation des dégâts, des primes
d'assurance versées, etc.) alors qu'il ne
s'agit pas d'événements positifspour l'hu-
manité. Toutefois, même sila comptabi-
liténationale est imparfaite, sans ellenous
ne pourrions pas contrôler les finances
publiques, établir des normes salariales...
et les Etats agiraient à l'aveugle.
Pour les Etats membres de l'Union
européenne, il est en outre crucial de
parler d'une même voix statistique. Le
mode de calcul du PIE, c'est-à-dire de la
richesse produite chaque année par une
économie, doit être identique partout si
l'on veut discuter sérieusement entre
Etats de croissance, de réduction d'en-
dettement, de politique d'emploi ou de
cohérence économique. On a donc éta-
bli des normes européennes.
Or, il se fait qu'à partir de septembre,
ces normes vont changer: nous passe-
rons d'un ancien standard (baptisé SEC
95) à un nouveau (SEC2010).Une madi-
Trends-Tendances, 17/04/2014, p. 32-33
1
fication qui est poussée par certaines ten-
dances économiques, mais surtout par
le fait que dans d'autres régions du
monde, on modifie également le calcul
du PIE avec des effets parfois très éton-
nants (lire l'encadré «Le Nigeria double
artificiellement sonPIB»). Les Etats-Unis,
par exemple, en changeant leur méthode
l'an dernier, ont permis à leur PIE de
réaliser un bond de 3,5% en intégrant
notamment les dépenses en recherche
et développement. Soit près de 600
milliards de dollars de richesses nou-
velles apportées par un coup de baguette
magique comptable.
Pour l'Union européenne, l'apport
sera presqu'aussi important: «L'impact
moyen pondéré sur le PIE de cette évo-
lution méthodologique est une augmen-
tation de 2,4 % du PIE», a estimé la Com-
mission européelme au début de l'atmée.
Soit un gain de richesse de plus de 300
milliards d'euros. Pour la Belgique, la
Commission situe la hausse entre 2 et
3%.
«11
s'agit toujours d'une estimation
très provisoire», fait-on observer auprès
de la Banque nationale.
Cette gratlde révision méthodologique
ne concernera pas uniquement le PIB,
mais aussi la manière de calculer les
charges financières des Etats. Le minis-
tre wallon du Budget André Antoine le
sait, lui qui a eu la surprise de voir la dette
wallonne doubler en taille suite à ces
nouvelles méthodologies de calcul. Mais
au niveau de l'Etat fédéral, on sera atten-
tif à la dette sociale, c'est -à-dire aux enga-
gements qu'ont pris les Etats de payer
les pensions légales. Il est prévu que les
chiffres du PIE soient assortis «d'une
analyse plus détaillée des systèmes de
pensions», explique la Conmussion euro-
péenne. Un tableau obligatoire devra
documenter le passif de tous ces sys-
tèmes, y compris ceux des gouverne-
ments, qu'ils contribuent ou non à ces
systèmes. Il s'agit «d'améliorer la com-
parabilité entre Etats», ajoute encore
l'exécutif européen.
Ungain de2
à
3%
Ce Chatlgement comptable va donc très
opportunément nous apporter 2 à 3% de
croissance. Comment arrive-t-on à ce
miracle? En intégratlt, comme les Etats-
Unis, les dépenses en matière de R&D.
Cette modification à elle seule sera res-
ponsable de l'augmentation de 1,9% du
PIE européen. Pour notre pays aussi,
«la raison la plus importante de l'aug-
mentation est le fait que les dépenses
pour la R&D ne sont plus considérées
conTIneune consonmlation intermédiaire
mais bien comme des investissements,
confirme la BNB.Dans le calcul selon le
SEC 95,les dépenses de R&D réduisaient
la valeur ajoutée (elles étaient retirées
de la production), tandis que, selon le
Il
L'intégration
des dépenses en Ulatière
de R&D dans le calcul
du PIB européen sera
responsable d'une aug-
Ulentation de 1,9
%
du PIB.
L~
ig~riajdouli>lJ
r
artifxiciel:lem~rit
1.
sonPlB
Modifier le calcul du PIS pour doper
comptablement son économie et
f9rcer l'attention des investisseurs
"~\rangers n'est pas l'apanage des
, pàys développés. Voici quelques
j~urs, le Nigeria a annoncé que,
syite
à
un changement statistique,
son PIS avait bondi de 89%.
Avec un PIS atteignant désormais
509 milliards de dollars en 2013,
le pays est la principale économie
d'Afrique, dépassant même
l'Afrique du Sud (dont le PIS
culmine
à
370 milliards de dollars).
Lamodification intervenue avec
la bénédiction du FMI a consisté
à
intégrer davantage d'activités (46
secteurs, contre 33 auparavant):
désormais sont prises en compte
les richesses apportées par
les télécoms ou Nollywood
(le Hollywood local). LeGhana qui,
voici deux ans, avait procédé
à
une modification similaire, avait
enregistré un bond de croissance
de 60%. Et le Kenya, qui prépare
la même révolution, s'attend
à
un gain de 20%.
SEC 2010, il s'agit d'un investissement»,
précise l'institution.
Autre gratld Chatlgement: les dépenses
en matière d'armement, qui étaient déjà
depuis des atmées comptabilisées par les
Etats-Unis, seront vues comme un inves-
tissement également en Europe. Jus-
qu'ici, «vu leur nature potentiellement
destructive», elles étaient considérées
comme «inmlédiatement consonmlées»,
explique la Commission européenne.
Désormais, les statisticiens ont pris un
autre biais: «Le nouveau système recon-
naît de manière tout à fait réaliste leur
potentiel productif pour la sécurité exté-
rieure d'un pays sur plusieurs années»,
justifie la Commission. Gain pour le PIE
européen: 0,1%.«Il était difficile de jus-
tifier économiquement qu'un F16, qui a
une durée de vie d'une quaratltaine d'atl-
nées, est consommé immédiatement,
mais ilreste que considérer une dépense
d'armement comme un investissement
pose un problème philosophique», s'in-
terroge l'écononuste en chef de laBatlque
DegroofEtienne de Callatay.
Tout aussi interpellant est le fait de
désormais inclure dans le PIE le fruit
des activités illégales. L'économie sou-
terraine fait déjà partie de l'estimation
du PIE en Belgique. Mais désormais,
«l'estimation de l'économie illégale doit
s'ajouter au calcul du PIE et ce sera le
cas à partir de septembre 2014», explique
notre Batlque nationale. On ajoutera donc
à notre PIB «les composantes 'drogue',
'prostitution' et 'contrebatlde'», précise-
t-elle. Ces activités ne sont pas négli-
geables: pour un pays comme l'Espagne,
la contrebatlde et la prostitution seules
pourraient doper le PIE ibérique de 10
milliards d'euros, soit 1%!
«On intégrera ces activités en vertu
d'une notion assez bizarre qui est que
ces activités sont des activités non décla-
rées mais volontaires, observe Etienne
de Callatay. Cela pose quelques ques-
tions, poursuit-il. Sur la valeur sociale de
ces activités. Sur le fait que datlS la pros-
titution, on considère que les deux par-
ties, le client et la prostituée, sont libres.
Et sur le plan pratique: comment cal-
cule-t-on ces activités non déclarées?»
Sur ce dernier point, ce n'est pas encore
très précis: «Les méthodes (de calcul)
définitives doivent encore être approu-
vées parun comité scientifique», dit-on
à la BNB. ®PIERRE-HENRI THOMAS
Trends-Tendances, 17/04/2014, p. 32-33
2
1
Les Echos
1-5
LaFrance
plus riche ...
sur le papier
STATISTIQUES
La richesse nationale
réévaluée de 2
%
à
3
%
en raison
de changements de mode de calcul.
Le PIB de la France
En milliards d'euros
prix courants)
œEQ
L'Inseedonne un coup
de pouce statistique au
pm
En raison de changements de mode de calcul de la comptabilité nationale,
la richesse produite va grimper de 2
%
à 3
%
et le ratio d'endettement reculer .
Les dépenses de R&D sont désormais prises en compte dans le PIB.
STATISTIQUES
étaient considérées comme des sidérés comme un manque à attribuablesàlaR&D.
consommations intermédiaires, gagner de recettes.
«
Ce nouveau
Dette publique: le seuil
rentrant dans la fabrication des traitement relève les dépenses publi-
des 100
%
s'éloigne
bien~ ~t services p~oduits, mai: ne ~ues et les recettes publiques », note L'augmentation du PIEva entraîner
participant pas directement a la 1Insee. Et le versement des soultes la modification de tous les ratios
for~ation du PIE. C'est ~ini. ~ar des ent~eprise.s ~ub~iques à exprimés en part de richesse natio-
Les ~epenses de ~~ :eront desor-
1
Etat sera desormaIs etale dans
1:
nale. Le déficit bien sûr (mais l'effet
mal.s co~ptablhsee~ comme temps.Deschangements,anecdoti- sera très faible), et surtout la dette
des mvestlssements, qUi rentrent ques, vont aussi affecter les sociétés publique. Selon les calculs effectués
e~x dans le ca~c~~ du PIE.
«
I! en fmancières. par les économistes de la Société
~esultera une r:vlslOn substantlel~e Eurostat, l'institut statistique Générale, alors que, fin 2013, la
alah~ussedunzveauduPIB »:~xplI- européen,aprévenuquelarichesse dette brute de la France représen-
q.ue 1Insee. En revanche,
«
1~vol~- nationale produite devrait ainsi tait 93,5 %du PIE, elle devrait s'éta-
tl?n dans l.etemps du PI~, cest-~- grimperdel'ordrede2%à3 %pour blir entre 91,1% et 92 % du PIE au
dire la crol.ssance, et le dzagnostlc la France, tout comme pour l'Alle- premier trimestre 2014. De quoi
sur la conjoncture actue~le, eux, magne et la Belgique. La Grande- éloigner la menace d'un franchisse-
ne ~h~n?eront pas », souligne un Bretagne, elle, devrait un peu plus ment du seuil symbolique des 100%
statisticien. b' 'fi' d . l' . d PIBM' 1 t t . Id
ene ICler e cette evo utlOn pUlS- e . aiS e mon an nomma e
que son PIE devrait être revu en la dette et le service de la dette de
hausse de 3 % à 4 %.Au total, les l'Hexagone en euros ne baisseront
Etats européens devraient voir leur pas pour autant. - G. C.
richesse augmenter de 2,4 %,dont
1,9 % proviendra du changement +
affectant les dépenses de R&D.
Pour rappel, quand les Etats-Unis
ont mis en place ces changements,
en août 2013,le PIE américain a crû
de 3,5 %, dont 2,5 points étaient
1.800
1.200
600
o
1980
Ce matin, la France se réveille un
peu plus riche et un peu moins
endettée. Coup de baguette magi-
que? Envolée des ventes de voitu-
res Peugeot et d'Airbus à l'étran-
ger ? Création la nuit dernière d'un
Apple et un Google dans l'Hexa-
gone ? Non, l'affaire est moins heu-
reuse. Il s'agit simplement d'un
changement statistique. Après de
longues années de discussions, les
économistes et statisticiens de tous
les pays se sont mis d'accord pour
faire évoluer la comptabilité natio-
nale. Un changement qui répond
au doux nom de Système européen
de compte 2010 (SEC 2010).
Et celui-ci entre en vigueur
aujourd'hui, lors de la présentation
par l'Insee des chiffres du PIE
(produit intérieur brut) au premier
trimestre.
Le premier changement con-
cerne la prise en compte des dépen-
ses de recherche et développement
(R&D). Depuis la fin de la Seconde
Guerre mondiale, ces dernières
France - Frankrijk
2012
c
LES ECHOS» / SOURCE: INSEE
15/05/2014
1
51159
Cematin, la France se réveille un peu plus riche. Une réforme sta-
tistique, décidée au niveau mondial, entre en vigueur
aujourd'hui, lors de la présentation par l'lnsee des chiffres du PIE
pour le 1
er
trimestre. Le changement le plus important
concerne les dépenses de recherche et développement. Désor-
mais comptabilisées comme investissements, elles entreront
dans le calcul du PIE. Du coup, le ratio d'endettement (la dette
publique rapportée à la richesse nationale) va reculer.
J.
Dépenses et recettes
relevées
Autre évolution, les achats de bases
de données et d'équipements mili-
taires vont être considérés comme
des investissements. Les crédits
d'impôts (crédit d'impôt recherche,
etc.) seront par ailleurs comptabili-
sés comme des dépenses pour l'Etat
alors qu'auparavant, ils étaient con-
La hausse du PIS attendue
pour les Etats européens
du fait du nouveau mode
de calcul.
Les Echos, 15/05/2014, p. 1-5
1
Le PIB de la France
En milliards d'euros
prix courants)
2.100
1.800
1.500
1.200
300
o
1978
2000 2012
(prévisions)
Les dépenses de R&D
Dépense intérieure de recherche et développement,
en milliards d'euros
prix courants)
40
30
20
10
o
1978
2000
2012
(prévisions)
«LES ECHOS'
1
SOURCE: INSEE
DÉCRYPTAGE
Il
Le processus a été lancé en 2003. La France est
le premier pays européen àadopter le nouveau mode de calcul.
LaFrance première de cordée
L
a France est le premier pays
européen à prendre en
compte la nouvelle nomen-
clature de la comptabilité natio-
nale. Mais tous les Etats du Vieux
Continent devront l'avoir fait d'ici à
la fin de l'année. Les Etats-Unis ont
fait évoluer leur calcul du PIE l'an
dernier. De tels changements sont
récurrents et sont particulière-
ment longs à mettre en œuvre. Car
par souci d'homogénéité des statis-
tiques publiques et pour permettre
de meilleures comparaisons inter-
nationales, les débats commen-
cent à l'Organisation des Nations
unies.
C'est en effet l'ONU qui publie le
Système de comptabilité nationale,
sorte de manuel qui est censé être
suivi par tous les instituts de statisti-
ques au monde. Les discussions
concernant les changements inter-
venus cette année ont ainsi débuté
en 2003. Elles se sont déroulées
entre l'Office statistique des com-
munautés européennes (Eurostat),
le Fonds monétaire international
(FMI), l'Organisation de coopéra-
tion et de développement économi-
cas dans la comptabilité que sui-
vent les entreprises depuis bien
longtemps. Il s'agit de mieux pren-
dre en compte les actifs incorporels,
même s'ils ne rentrent pas directe-
ment dans la production d'un bien
ou d'un service.
«
Le cadre compta-
ble doit s'adapter pour refléter au
mieux les mutations de l'économie.
Traiter en investissements lesdépen-
ses de R&D permet par exemple de
mieux rendre compte du poids de
plus enplus important desactifs tirés
de la propriété intellectuelle dans
l'économie d'aujourd'hui
»,explique
l'Insee. Mieux vaut tard que jamais.
-G.c.
Sixannées ont été
nécessaires pour
arriver à un consensus
entre experts.
ques (OCDE), la Banque mondiale
et l'ONU. Six années ont été néces-
saires pour arriver à un consensus,
c'est-à-dire à un document détaillé
de près de 800 pages. Des dizaines
d'autres institutions et de pays ont
apporté leur pierre à l'édifice en fai-
sant des propositions, de la Banque
centrale du Kazakhstan à l'Ethiopie
en passant par Chypre.
Il aura fallu ainsi attendre 2014
pour que les dépenses de R&D
soient considérées comme des
investissements alors que c'est le
Un indicateur
souslefeu
des critiques
ANALYSE
Guillaume de Calignon
Q
ueUe importance faut-il
donner à l'indicateur PIE,
l'instrument de mesure de
l'activité le plus largement utilisé?
La question n'est pas nouvelle, puis-
que Nicolas Sarkozy avait donné les
clefs d'une commission sur ce sujet
au prix Nobel d'économie Joseph
Stiglitz en 2008. Mais eUe se pose
avec plus d'acuité après la crise, la
montée des inégalités et... les chan-
gements comptables. C'est, en effet,
dans ces moments que les citoyens
prennent conscience que le PIE est
une mesure qui pose des questions.
C'est même
«
un vaste ensemble de
conventions révisables sans cesse
bousculées par le réel, comme
si
les
comptes nationaux couraient enper-
manence derrière lesenjeux réels,en
ayant souvent un métro de retard
»,
selon l'économiste Jean Gadrey, qui
a participé aux réflexions de la com-
mission Stiglitz.
La critique
«
classique
»
faite au
PIE est, d'abord, que cet indicateur
Les Echos, 15/05/2014, p. 1-5
2
ne donne pas d'informations sur la
répartition entre les ménages de la
richesse produite chaque année.
C'est pourquoi, une institution telle
que l'OCDE met, de plus en plus,
l'accent sur cette problématique.
Le PIB
ne donne pas
d'informations sur
la répartition entre
les ménages de
la richesse produite.
Ensuite, le PIE est accusé de ne pas
prendre en compte les conséquen-
ces, négatives ou positives, de cer-
taines actions des consommateurs
ou des entreprises. Ainsi, les
embouteillages font grimper le PIE
à court terme, puisque les automo-
bilistes consomment plus de carbu-
rant. Pourtant, l'environnement en
pâtit, sans compter l'énervement et
donc la qualité devie des personnes.
«
Le
PIE
nous dit quelque chose
sur la richesse d'un pays, d'une
région mais il ne dit pas tout, notam-
ment, en ce qui concerne le bien-
être
», considère un statisticien. En
fait, tout dépend de l'usage que l'on
en fait.
«
Si
l'on souhaite mesurer les
performances d'un système produc-
tif,alors le
PIB
est un indicateur utile
et intéressant
»,estime pour sa part,
Marc Fleurbaey, professeur d'éco-
nomie à Princeton. Mais, prévient
ce spécialiste des questions de bien-
être,
«
si
l'ons'intéresse
à
laqualité de
vie de lapopulation, ilfaut chercher
à
prendre en compte des problémati-
ques telles que la santé, les loisirs, le
degré de conflictualité d'une société,
la confiance dans les institutions ...
».
Le travail statistique pour mettre
en œuvre les recommandations du
rapport Stiglitz s'annonce colossal.
Mais l'Insee s'y attelle, rapprochant
les données macroéconomiques et
microéconomiques pour sortir de
la
«
dictature» de la moyenne. Ces
dernières années, l'institut a publié
des données inédites sur les dispari-
tés de patrimoine (la moitié du
patrimoine est détenue par les 20
%
les plus aisés), les inégalités de
niveau de vie. Autre exemple,
l'Insee a cherché à élargir les indica-
teurs de revenus aux activités non
marchandes. Verdict: le travail
domestique pèse l'équivalent d'un
tiers du PIE
!•
Les Echos, 15/05/2014, p. 1-5
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