2012

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Session de :
JANVIER 2012
Examen de : Licence 3 Sciences Economiques
Epreuve de : Politiques Economiques
Durée :
2 heures
1.
a. Au regard des théories keynésiennes, monétaristes et de la nouvelle école classique,
discutez le lien mis en avant par le gouverneur de la BCE entre prix stables,
croissance et emplois. (4 points)
Le lien entre prix stables, croissance et emploi mis en avant par J.C. Trichet est en
contradiction avec la courbe de Phillips traditionnelle. Il fallait présenter cette courbe et
l’arbitrage entre inflation et chômage. Il fallait présenter ensuite les apports de Friedman qui
montre que l’arbitrage n’est possible qu’à court terme, puis les apports de la nouvelle école
classique qui montre que si les agents sont rationnels, il n’y a plus d’arbitrage possible.
b. Justifiez la teneur du discours de Jean-Claude Trichet au regard des apports de la
nouvelle école classique. Soyez précis (que dit la théorie ? comment cela est-il
traduit dans le discours de la BCE ?). (4 points)
Il fallait d’abord présenter la théorie des anticipations rationnelles et le problème de
l’incohérence temporelle, et les conséquences de cette théorie : politique monétaire
systématique inefficace, importance des règles, notion de crédibilité. Il fallait ensuite montrer
comment cela se traduisait dans le discours de Trichet : respect d’un objectif chiffré
d’inflation (je me lie les mains et je respecte mon engagement), référence à la nécessité
d’ancrer les anticipations d’inflation, reprise de la notion de crédibilité.
2. La stratégie de politique économique de la zone euro diffère aujourd’hui très
clairement de celle des Etats-Unis :
- réduction rapide des déficits publics dans la zone euro
- politique monétaire très expansive aux Etats-Unis
a. A partir du modèle IS-LM en économie ouverte, présentez les conséquences en
termes de demande et de croissance de ces deux stratégies (on suppose que ces deux
zones constituent l’économie mondiale). (4 points)
Ces deux zones sont en change flottant. En Europe, la réduction rapide des déficits va
pénaliser la croissance (multiplicateur keynésien) et faire baisser le taux d’intérêt. Cette baisse
provoque des sorties de capitaux, ce qui fait déprécier la monnaie, relance les exportations, et
réduit un peu l’effet récessif.
Aux Etats-Unis, la baisse du taux d’intérêt du à la politique monétaire expansive relance
d’une part l’activité économique via la hausse de l’investissement. Elle la relance d’autre part
par les exportations car la baisse des taux fait déprécier le taux de change.
Si l’on suppose que ces deux zones (Europe et Etats-Unis) constituent le monde, les deux taux
de change ne peuvent se déprécier simultanément. Il est probable ici que la baisse du taux US
soit plus forte que celle du taux européen. Le dollar se déprécie dans ce cas par rapport à
l’euro : la relance est renforcée aux Etats-Unis et la récession renforcée en Europe.
b. Après avoir présenté et justifié les déterminants de la dynamique des dettes
publiques, montrez quel peut-être l’impact de ces politiques sur cette dynamique des
dettes publiques (analyse comparée Etats-Unis / zone euro). (4 points)
Soit D, l’accroissement de la dette entre deux périodes 0 et 1, avec D = D1 – D0. Entre
ces deux périodes, la dette augmente du montant du déficit budgétaire, lui-même composé du
solde public primaire (Sp) et de la charge d’intérêts sur la dette D0, avec i le taux d’intérêt sur
la dette publique. On obtient :
D = iD0 – Sp
(1)
L’équation (1) montre que si les pouvoirs publics n’arrivent pas à dégager, chaque année,
un excédent budgétaire primaire permettant de couvrir le service de la dette passée, la dette
croîtra, créant ce que l’on appelle un « effet boule de neige ». En réalité, l’endettement d’un
pays doit s’évaluer en relatif, par rapport à son PIB, et en dynamique.
Si on exprime les variables de l’équation (1) en pourcentage du PIB (Y) et qu’on pose :
d0 
D0
D
, le taux d’endettement à la période 0, d1  1 le
Y0
Y1
période 1, s p 
Sp
Y0
taux
d’endettement
le solde public primaire en pourcentage du PIB et g =
à
la
Y1  Y0
le taux de
Y0
croissance de l’économie. On obtient, après plusieurs transformations, les déterminants du
taux d’endettement à la période 1 :
d1 
(1  i)d 0  s p
(1  g )
(2)
Le taux d’endettement dépend des déficits primaires (- sp), de la charge d’intérêts sur la
dette (qui dépend elle-même du niveau des taux d’intérêt i et du montant de la dette) et du
taux de croissance de l’économie (qui permet d’alléger le poids de la dette en pourcentage du
PIB).
L’Europe a choisi de s’attaquer aux déficits primaires, tout en ayant un écart (i-g) qui
risque d’être défavorable. Les Etats-Unis pour le moment ne réduisent pas leur déficit, mais
privilégient la hausse de la croissance et la baisse des taux. Les deux politiques risquent d’être
insuffisantes pour réellement réduire le poids de la dette, mais la stratégie US sera
probablement moins couteuse.
3. Dans la crise économique actuelle, montrez quels ont été les facteurs de dégradation
des comptes publics dans les pays industrialisés depuis 2008 (4 points).
Il y a trois facteurs principaux : les stabilisateurs automatiques, les politiques de relance et les
politiques de soutien au système bancaire. A cela s’ajoute la défiance des prêteurs à l’égard de
la montée des dettes publiques, ce qui pousse les taux d’intérêt à la hausse et contribue à
l’effet boule de neige.
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