Situation économique, financière et sociale de la Belgique en 2016

Janvier 2017 © DG Trésor
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Situation économique, financière
et sociale de la Belgique en 2016
Bien que relativement résiliente en dépit des attentats de mars 2016, l’économie belge fait face à un certain
nombre de défis perspectives de croissance modeste, pressions inflationnistes qui pourraient peser sur sa
compétitivité, niveau atteint par la dette publique (107% estimés fin 2016) et dérapage budgétaire par rapport
à la trajectoire de finances publiques qui vise l’équilibre en 2018, contexte social difficile qui conduisent les
autorités belges à poursuivre et à accélérer les importantes réformes déjà engagées en matière d’emploi, de
fiscalité et d’éducation.
Des perspectives macro-économiques en demi-teinte
En 2016, pour la deuxième année consécutive, la croissance de l’économie belge s’établirait à 1,4%,
principalement grâce à une croissance plus soutenue que prévu du PIB au second trimestre (0,5% contre
0,2% au premier trimestre). L’impact macroéconomique négatif des attentats de la fin mars semble avoir été
compensé par la demande intérieure et extérieure. Toutefois, bien que les dernières évaluations de la Banque
Nationale de Belgique évaluent le coût économique des attentats à seulement 0,1% de PIB en 2016, certains
secteurs apparaissent particulièrement touchés, notamment celui de l’hôtellerie-restauration.
Compte tenu d’un contexte international moins porteur, notamment l’incertitude croissante au sein de l’UE
après le vote en faveur du Brexit, le Bureau du Plan (organisme de prévision économique belge) anticipe un
léger fléchissement de la croissance économique à 1,2% en 2017 (1,3 % pour la Commission). Bien que les
conséquences en soient difficilement mesurables, la Belgique pourrait par ailleurs se voir amputer de 0,3 à
0,7 point de croissance à horizon 2020 du fait des conséquences du Brexit (source Banque Nationale de
Belgique et London School of Economics). Compte tenu de sa forte ouverture sur l’extérieur et de ses liens
commerciaux étroits avec le Royaume-Uni, la Flandre (qui représente 83% des exportations totales de la
Belgique et 89% de ses importations totales et a exporté pour 15,1 milliards d’euros vers la Grande-Bretagne
en 2015 soit 1/9 de ses exportations) serait à cet égard plus impactée que la Wallonie.
En 2015, les exportations belges ont surtout été soutenues par l'évolution favorable du coût du travail sous
l’effet des mesures prises à cet effet. L'inflation belge, mesurée sur la base de l'indice national des prix à la
consommation, est tombée à 0,3% en 2014 et 0,6% en 2015, principalement sous l’effet de la baisse des prix
du pétrole. En raison de la hausse du prix à la consommation de l’électricité en Belgique (la TVA sur la
consommation privée est passée de 6% à 21%), l’inflation pourrait toutefois atteindre 2% en 2016, soit un
niveau supérieur à celui de la zone euro.
Un recul de la croissance potentielle comporte des risques à long terme, en particulier au vu des défis auxquels
la Belgique est confrontée en ce qui concerne la viabilité à long terme de ses finances publiques. Si le déficit
public est en recul à 2,6% en 2015 après avoir atteint 3,2% en 2014 (après avoir connu un pic à plus de 5%
du PIB en 2009), le retour à l’équilibre budgétaire en 2018 semble hypothéqué. Alors que le Gouvernement
avait prévu un déficit cumulé des administrations publiques belges de 2,5 % en 2016 et une amélioration du
solde structurel de 0,6 point en 2016 par rapport à 2015, le déficit nominal devrait atteindre 3% en 2016 et le
solde structurel ne s’améliorerait que de 0,1% en 2016 par rapport à 2015. Par ailleurs le niveau élevé de la
dette publique belge reste un problème structurel de longue date. La dette publique consolidée s'élevait à
106,9% du PIB à la fin 2015, devrait se maintenir à environ 107% du PIB en 2016 et baisser à 106,5% en
2017. Bien que le pays ait bénéficié en 2015 de coûts de financement relativement bas (le taux de référence
des emprunts à 10 ans est passé de 2,5% en 2014 à moins de 1% en 2015), une remontée des taux d'intérêt
aurait une incidence importante sur les finances publiques.
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Le gouvernement a engagé un certain nombre de réformes qui
commencent à porter leurs fruits mais doivent être poursuivies
Finances publiques - En raison des menaces que faisait peser le vieillissement sur ses finances publiques
(l’augmentation des dépenses publiques dues au vieillissement est estimée à 5,7% du PIB entre 2010 et
2050), la Belgique a procédé à une réforme de son système de retraite et de sécurité sociale des personnes
âgées en augmentant l’âge effectif de départ à la retraite. Toutefois, la réduction de la dette à long terme passe
par la poursuite de l'assainissement des finances publiques. Les mécanismes de coordination budgétaire
existant ne semblent pas suffisamment efficaces compte tenu de la structure de gouvernement décentralisée,
de l’absence de hiérarchie entre les différents niveaux de gouvernement et du fait qu’il n'existe pas
d’engagement sur la base d’objectifs prédéfinis.
Coût du travail - La réforme fiscale axée sur des réductions de l’impôt sur le revenu des personnes physiques
et des cotisations sociales patronales a permis le déplacement de la charge fiscale pesant sur le travail vers
d’autres bases d’imposition. Les incitations au travail ont par ailleurs été renforcées par des mesures visant à
réduire le coin fiscal sur le travail mais peu de progrès ont été accomplis pour un meilleur phasage entre la
formation des salaires d’une part, le cycle économique et l'évolution de la productivité d’autre part.
Compétitivité - Les mesures de modération salariale prises par le gouvernement pour remédier à la perte de
compétitivité semblent commencer à porter leurs fruits. L'ajustement en cours se traduit par une évolution
favorable des coûts du travail par rapport à des pays comparables (France, Allemagne, Pays-Bas). La
compétitivité extérieure en matière de coûts s’améliore, en particulier dans le secteur manufacturier. Malgré
cette tendance positive, l’écart d’inflation avec les pays voisins devrait à nouveau se creuser en 2016, risquant
de déclencher des spirales de hausse des prix et des salaires. En 2014, le coût de la main d’œuvre en Belgique
était par ailleurs encore le troisième le plus élevé de l’UE, tous secteurs confondus, et le deuxième pour le
seul secteur industriel.
La persistance de défis sur le plan social dans un contexte marqué
par l’annonce au 2ème semestre 2016 d’importants plans sociaux
Même si cela ne s’est pas traduit par de fortes tensions sociales entre organisations syndicales et patronales,
la Belgique a faire face au 2ème semestre 2016 à une succession d’annonces de fermetures d’entreprises,
dont celle de la fermeture par Caterpillar de son usine à Charleroi notamment. Dans ce contexte, la Belgique
doit faire face à deux défis majeurs :
L’emploi Même si le taux de chômage national de 8,5% est inférieur à la moyenne européenne (10%), la
Belgique présente d’importantes disparités au niveau régional. S’il n’est que de 5,5% en Flandre, le taux de
chômage s’élève à 12% en Wallonie et 21% à Bruxelles. La création d’emploi constitue dès lors un enjeu
prioritaire pour le pays. Or, celle-ci est freinée par le coût élede la main-d’œuvre et affecte en particulier
trois catégories : jeunes peu qualifiés, seniors et personnes issues de l'immigration. L’afflux actuel de réfugiés
vient s'ajouter aux précédentes vagues migratoires et accentue les difficultés liées à l’intégration. Les
incitations financières et les politiques de soutien et d’activation de l’emploi ne sont pas toujours adaptées
pour permettre une augmentation du taux d’emploi de ces catégories (performances insuffisantes du système
éducatif, système de préretraite accessible, discriminations). Dans ce cadre, les politiques de modération
salariale mises en œuvre et les mesures récentes de déplacement de la charge fiscale sont susceptibles de
stimuler l’emploi, à condition qu’elles ne soient pas neutralisées par une hausse des salaires nominaux.
L’éducation - Au sein de l’UE, la Belgique présente un niveau d’inégalités élevé en matière d'éducation liées
au contexte socio-économique. Les réformes en cours d'introduction visent à s’attaquer à ce problème, à
réduire le décrochage scolaire et à améliorer la qualité et l'adéquation du système d’enseignement
professionnel. L'aboutissement de ces réformes pourrait contribuer à corriger l’inadéquation entre l'offre et la
demande de compétences et remédier à la pénurie persistante de main-d’œuvre dans certaines professions.
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En dépit des craintes liées au Brexit et de perspectives de réduction
d’effectifs dans le secteur financier, celui-ci dispose de
fondamentaux solides
La reprise économique en Belgique, moins affirmée que ce qui était anticipé, et le niveau bas des taux d’intérêt
sur les différents segments de marché, pèsent sur la rentabilité du secteur financier. Dans ce contexte, les
annonces de réduction d’emploi dans de grands établissements (notamment ING avec une réduction de 40%
des effectifs de sa filiale belge d’ici quatre ans à hauteur de 3 158 emplois et dans une moindre mesure AXA
Belgium qui prévoit un plan de réduction des effectifs de 15% dans les deux années à venir) ont suscité un
certain nombre de réactions dans la presse ainsi que dans le monde politique, syndical et académique dans
un contexte marqué par plusieurs annonces de réduction d’effectifs. Si les fondamentaux du secteur bancaire
restent solides, ce qu’ont confirmé les récents stress tests de l’autorité européenne bancaire qui a évalué la
résistance des principales banques opérant sur le marché belge KBC, ING et BNP Paribas celui des
assurances a moins bien résisté aux stress tests menés par l’Autorité européenne des assurances.
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