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Monde fini ou nouvelles frontières... Quel futur pour l’aventure humaine ?
L’eau se trouve en quantité très importante à la surface de la planète bleue. En revanche,
l’eau douce consommable par tous est plus rare. Elle représente seulement 1% du stock
global. Même si les ingénieurs en hydraulique ont fait d’énormes travaux d’infrastructures,
les hommes dépendent encore du climat quant à sa collecte. L’eau douce leur parvient
par le cycle climatique. Or, seuls 10% de la quantité d’eau qui tombe
chaque année sous forme de précipitations sont utilisés, le reste repart
progressivement vers la mer. En outre, l’eau n’est pas répartie de façon
homogène à la surface du globe : les ressources en eau douce sont rares
dans certains endroits comme les déserts ou les zones arides mais aussi
dans des zones très peuplées à l’exemple de la Californie, ou abondantes
dans des régions vides de peuplement humain comme l’Amazonie.
Vers une généralisation
du stress hydrique ?
Aujourd’hui, une interrogation ne cesse de préoccuper spécialistes et
politiques : quelles seraient les conséquences en approvisionnement
en eau d’un éventuel changement climatique ? Pour le moment, aucune
réponse précise n’a encore été apportée. Or cette question prend toute
son importance sachant que l’utilisation de la ressource en eau pose
problème. Des difficultés liées au stress hydrique généralisé peuvent
apparaître de manière croissante d’ici une génération. A ce propos,
quelques éléments d’explication peuvent être fournis.
Tout d’abord, les phénomènes naturels demeurent très largement en dehors du champ de
la maîtrise humaine : inondations et sécheresses sont des catastrophes climatiques auxquelles
les peuples sont régulièrement confrontés. Malgré les équipements qui ont pu être construits
dans les pays industrialisés notamment, ceux-ci n’apparaissent pas suffisants.
Jean-François Donzier, directeur général de l’Office international de l’eau,
ingénieur général du génie rural des eaux et forêts, membre du Conseil stratégique
du partenariat mondial de l’eau.
Publications : “Va-t-on manquer d’eau ?” Platypus 2002, “Eau potable sous haute surveil-
lance” La Martinière 2004.
10eUniversité des CCI - vichy - septembre 2006
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D’autre part, l’utilisation de la ressource en eau est inégalitaire. Aujourd’hui, entre
1 et 1,5 milliard d’habitants de la planète n’ont pas accès à une eau saine. A peu près 2,5
à 3 milliards d’individus ne bénéficient pas d’un système d’assainissement. En outre, si
la population a été multipliée par 3 en plus d’un siècle, la consommation d’eau a été multipliée
par 6. Celle-ci est aussi fonction du phénomène d’urbanisation débridée que connaissent
les pays en développement. Or, à l’intérieur des réseaux urbains, les situations de consomma-
tion et d’assainissement de l’eau ne sont pas toujours acceptables comparées aux standards
européens. Les individus les plus pauvres sont les premiers à souffrir de ce problème. Parmi eux,
femmes et enfants doivent parfois assurer quotidiennement la corvée d’eau. Ainsi, en Afrique
subsaharienne, une femme passe en moyenne quatre heures par jour à la corvée d’eau.
C’est autant de temps non consacré à l’éducation. De plus, ces populations défavorisées sont
aussi celles pour qui la consommation d’eau est la plus onéreuse.
Gaspillage et pollution
Face à ces situations dramatiques, deux phénomènes peuvent être mis en cause : le gaspillage
des ressources et la pollution.
L’agriculture est le premier secteur d’activité au niveau de la répartition des prélèvements nets d’eau.
Or les effets d’efficacité attendus par ces ponctions hydriques importantes sur les productions
semblent particulièrement faibles. Un seul chiffre : 60% de l’eau prélevée dans les systèmes
d’irrigation traditionnels ne sert à rien. Quelles solutions peuvent être alors apportées ?
Les démographes estiment que dans les 50 prochaines années, la population mondiale pourrait
s’établir à environ 9 milliards d’habitants si l’hypothèse d’une croissance de 50% est vérifiée.
Il faudra en satisfaire les besoins essentiels. Pour y arriver, il sera sans doute nécessaire de déve-
lopper l’irrigation et ainsi améliorer l’agriculture. Ensuite, les pertes en eau des réseaux urbains
sont considérables. Elles sont estimées à environ 50% entre l’amont du réseau et l’aval,
c’est-à-dire l’arrivée de l’eau chez le consommateur.
Afin de lutter contre ce gaspillage, des solutions doivent être étudiées et leurs applications
pratiques mises en oeuvre.
Sur l’irrigation, des gains en eau sont possibles. Il suffit pour cela de rechercher les fuites au sein
des réseaux urbains. Des entreprises comme Suez, Veolia ou Bouygues qui ont travaillé dans
des villes du Sud, ont obtenu des résultats spectaculaires en quelques années. Par conséquent
il est nécessaire de développer les techniques de recherche des fuites afin de combler les manques
en eau.
D’autre part, la pollution a des conséquences néfastes sur la consommation. Dans de nombreux
endroits sur Terre, en particulier dans les pays du Sud, l’eau des nappes phréatiques est tellement
polluée qu’elle ne peut être utilisée. La France n’est pas à l’abri de ce problème : en Bretagne,
les lisiers de porcs et d’élevage industriel induisent des pollutions par les nitrates, entraînant
l’impossibilité de desservir le territoire en eau potable en respectant la norme européenne.
Le nécessaire partage des eaux
D’autres sources d’inquiétudes apparaissent, conséquence des conflits internationaux sur
l’exploitation des ressources en eau. La Palestine est un cas exemplaire. A la fin de la guerre
des Six Jours, l’armée israélienne s’est arrêtée en 1967 sur des territoires stratégiques du point
de vue de l’alimentation en eau. Il n’y aura pas de paix durable dans la région sans un accord
sur le partage de l’eau, outre la restitution des territoires occupés. Vu la croissance des popula-
tions palestiniennes et l’immigration de populations israélites en provenance de l’Europe de l’Est,
il n’y aura bientôt plus suffisamment d’eau pour assurer les besoins de tous. Des réflexions
communes aux pays de la région sont engagées concernant la gestion de fleuves, comme celle
du Tigre et de l’Euphrate. Tous les techniciens de l’eau jordaniens, palestiniens, israéliens,
libanais réfléchissent donc à des solutions régionales à ces problèmes d’irrigation.
Par ailleurs, il existe, actuellement 261 fleuves ou lacs transfrontaliers dont le bassin versant
est partagé entre au moins deux pays. L’enjeu est donc de prévenir les sources potentielles
de conflits en organisant des médiations internationales en vue d’éviter les crises futures.
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