Deux villas d`exception en pays lingon

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 Deux villas d’exception
en pays lingon
Lux sur la Tille, Attricourt sur la Vingeanne
René Goguey, Archéologie Aérienne, UMR 6298 ArtéHis,
Avec la collaboration d’Alexandra Cordier, doctorante,
Par
Université de Bourgogne, UMR 6298 ArtéHis.
De nombreux établissements gallo-romains
ont été enregistrés par photographie aérienne
à partir de Dijon depuis plus de 50 ans. Les
ensembles maçonnés vont de la modeste
ferme à portique de façade à la grande
villa dont la confortable pars urbana est
accompagnée des bâtiments agricoles de
la pars rustica. Deux d’entre elles émergent
de cette série, non par leurs dimensions –
entre huit et dix hectares – mais par leur
architecture. Celle de Lux, avec l’étendue
et la densité de ses bâtiments, sa façade de
prestige, est organisée vers un commerce
fluvial par la Tille entre le blé des Lingons et
Rome. Pour celle d’Attricourt, dont la maison
du dominus est plus réduite, mais d’une
grande richesse, dont le « sanctuaire » est
sans équivalent, l’importance des cultes et de
la qualité de la vie semble primordiale. Toutes
deux dans le paysage antique font partie de
ces « villas palatiales » qui ont été signalées
en Gaule et en Bretagne. Elles appartiennent
à cette série de sites archéologiques que
rien ne semble menacer, sinon les progrès de
l’agriculture et de la détection clandestine.
L
es recherches d’archéologie aérienne menées depuis
1958 ont rassemblé à Dijon une aérophotothèque
riche de quelque 90 000 clichés. Leur numérisation permet d’en assurer la sauvegarde, le traitement informatique et l’exploitation. Aboutissement des synthèses
thématiques, la publication en cours d’un Atlas mettra à la
disposition des chercheurs et du public les documents essentiels de cette photothèque1.
C’est en confrontant l’ensemble des données dans le chapitre de l’habitat rural « Les villas, demeures de prestige, de
production et de commerce » que la place exceptionnelle des
villas de Lux et d’Attricourt s’est affirmée : à Lux, une villa
palatiale enrichie par la production et le commerce ; à Attricourt, la non moins riche villa d’un dominus soucieux des
cultes et de la qualité de la vie (figure 1).
 La villa de Lux sur la Tille :
commerce et prestige
Née de trois vallées captant une multitude de sources, renforcée par l’Ignon, la Tille joua un rôle important dans l’installation des communautés qui se succédèrent sur le territoire de
Lux. Sa richesse en poissons (truites en particulier) jusqu’au
milieu du XXe siècle n’y est sans doute pas étrangère. En
dehors des périodes de sécheresse, son lit large et abondant
fut vraisemblablement utilisé pour la navigation vers la Saône
et le Rhône. La position de Lux sur les voies terrestres n’est
pas moins favorable, avec un axe protohistorique reliant Vertault dans le Châtillonnais, par Essarois et le col de Beneuvre,
à Mirebeau et à Pontailler-sur-Saône. Elle est à moins de 3 km
à l’est de la voie romaine Lyon – Trèves et du site de Til-Châtel. Celui-ci, inscrit sur la Table de Peutinger, est attesté par
les découvertes d’habitats et de nécropoles gallo-romaines,
dont la stèle au marchand de vin est bien connue. Au cours du
IIIe siècle, d’autres stèles funéraires de soldats témoignent de
la présence de détachements de la XXIIe Légion et de la VIIIe
Légion, envoyés de Rhénanie pour la sécurité (Le Bohec 2003,
n° 240-243).
L’importance de Lux avait déjà été mise en évidence par la
découverte sur la rive gauche de la Tille d’une grande enceinte
fossoyée circulaire, d’un village à trous de poteaux, d’une
1 L’ensemble de ces recherches ont été menées au départ avec la collaboration
de l’Armée de l’Air française. Le Conseil Régional de Bourgogne y a affecté
ensuite un avion spécialisé, ainsi que des financements croisés avec le
Conseil Général de la Côte-d’Or et le Ministère de la Culture.
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archéothéma no 30 | septembre-octobre 2013
Deux villas d’exception en pays lingon
avenue encadrant l’espace rituel des pertes de la Venelle et
d’une ferme celtique (Goguey 2007b) (figure 2).
Sur la rive droite, l’existence de la « Ville d’Ogne » à Lux
gardait des traces dans la mémoire collective : on y voyait
l’emplacement d’une agglomération, dont les premiers textes
mentionnent la tenue en juin 1116 des grands plaids de dieu
qui se fit à la demande d’Hugues II, souverain du Duché de
Bourgogne et de Guillaume III. Ils en fixèrent le lieu sur les
frontières de la Champagne et des ducs de Bourgogne qui
furent victimes des multiples invasions dont celles des Normands. Ils choisirent la plaine entre les villages de Lux et de
Til-Châtel.
Il semble qu’à cette époque la villa est totalement détruite.
Aux XVe et XVIe siècles, à son emplacement reconnu par des
pierrailles, des fouilles ont mis à découvert des fondations
d’édifices et ont fourni des statuettes, des pièces de monnaies anciennes... et un tombeau en pierre d’Is-sur-Tille orné
de statues dont les têtes servirent longtemps de boules dans
les jeux des enfants du village (Antiquaires... 1823, p. XCI, M.
Girault).
Au XVIIIe siècle, Diderot visite le site, dont il rédige la
notice dans son Encyclopédie (volume 20, p. 639) : « Près de
Lux est une petite contrée appelé Val d’Ogne... En fouillant
la terre il y a 80 ans et en 1772, on a découvert des briques
longues et larges, des fragments de vieilles ferrures, d’armes
et 10 médailles dont trois d’argent... Je les ai vus en octobre
1776 chez M. Dubois, contrôleur à Til-Châtel, directeur des
chemins. Des tombeaux, du marbre blanc d’autres morceaux
curieux qu’on y déterre chaque jour annoncent l’antiquité de
ce lieu, où il n’y a pas de maison ».
Peu de temps après, en 1787, la route de Lux à Til-Châtel,
qui passait au sud de la villa, est remplacée par une nouvelle
chaussée qui traverse la pars urbana en diagonale. Les trouvailles durent être nombreuses, si l’on en juge par les dégâts
observés en 1974 par la déviation routière de Diénay au cœur
de la villa gallo-romaine du Paradis. En 1866 encore, on rapporte qu’on a trouvé au Val d’Ogne une quantité de débris,
des armes, des squelettes... Mais, en dehors d’une estampille
militaire sur tegula « VEXILL LEG... » difficilement lisible (Le
Bohec 2003, p. 350, D4), rien n’a été répertorié... Cependant,
en 1980 encore, l’un des propriétaires du terrain se souvient
que son grand-père, carrier, allait sur l’emplacement de la
villa quand il avait besoin d’un bloc de pierre.
Lux et la photographie aérienne
C’est en 1965 que les vols sur l’axe Dijon / Langres permettent
de repérer les premiers indices d’habitat gallo-romain au Val
d’Ogne. L’importance du site justifia la multiplication des
prises de vue à moyenne et basse altitude, malgré les difficultés causées par le carrousel d’avions de chasse à l’entrée
du champ de tir d’Epagny. Les photographies sur neige, en
décembre, en janvier, en février et en mars d’années différentes firent ressortir les variations de l’hydrologie autour de
la villa (figure 3). A l’inverse des autres sites, 1976 n’apporta
que peu d’éléments nouveaux. C’est en 1967, 1973, 1986, 1989
et 2002 que les images les plus révélatrices furent obtenues
aussi bien pour les plans d’ensemble que pour les détails les
plus fins. Jusqu’en 1974, les « missions-photos » furent réali-
sées dans le cadre de l’entrainement des équipages de l’Armée
de l’Air, depuis la Base Guynemer de Dijon-Longvic et la Base
de la 33e Escadre de Reconnaissance de Strasbourg-Etzheim.
De 1990 à 2001, un avion R3000 spécialement construit pour
la photographie aérienne fut affecté par le Conseil Régional
de Bourgogne au programme « de la Loire au Rhin » (figure
4). Les données rassemblées sur Lux sont donc particulièrement riches avec des clichés de tous formats, en photo verticale stéréo et oblique (Goguey 1972, p. 11-12 ; 1994, p. 203-206 ;
2007, p. 43). Un premier plan de la villa, redressé approximativement, a été établi en 1994 par Anne Richeton. En 2012,
Alexandra Cordier a réalisé un plan plus précis et plus complet, redressé sous le logiciel QGis (figure 5).
L’essentiel de la villa s’inscrit dans un rectangle long de 350
m, large de 235 m, soit approximativement 8 hectares (figure
6). Son axe principal est orienté du nord-ouest pour la pars
urbana au sud-est pour la pars rustica. Avec 260 m x 225 m,
la pars rustica (A), couvre 6 hectares. Deux bassins, dont l’un
avec entrée (abreuvoir ?), sont visibles dans cette cour, que
traverse en biais une canalisation. Celle-ci peut être un aqueduc venant du sud-ouest, ou un égout se déversant dans la
rivière. Sur le côté nord on distingue six bâtiments dont le
plus important (no 1 sur figure 5), avec cour et portique, est
interprété comme le logement de l’intendant (figure 7). Il
sera l’objet d’une fouille de diagnostic de 1981 à 1983. Les trois
pavillons suivants (nos 2, 3 et 4 sur figure 5), habituels dans une
cour agricole, sont alignés à l’extérieur du mur d’enceinte,
avec leur façade en saillie sur la cour. Le dernier (nos 5 sur
figure 5), plus important, est divisé en six pièces.
On retrouve sur le côté opposé trois petits pavillons (nos 6,
7 et 8 sur figure 5), mais ce dernier (no 8 sur figure 5) empiète
sur un édifice en double rectangle centré (no 9 sur figure 5)
qui lui est donc antérieur. L’hypothèse d’un temple a été
suggérée : mais les références font défaut. Le bâtiment no 10
empiète aussi sur le no 9 et marque un décrochement de la
cour agricole (hypothèse d’entrée latérale ?) (no 11 sur figure
5 ; figure 8).
Le troisième côté de la cour agricole est en partie masqué
par des zones de pierraille qui en rendent la lecture difficile.
Ainsi, les photographies verticales sur neige n’en montrentelles que la masse (figure 9). En juin-juillet, la végétation
révèle un alignement de pavillons (no 12 sur figure 5) et une
bande interrompue parallèle à un ancien bras de la Tille (no
13 sur figure 5) (figure 10).
L’architecture de la pars urbana présente un plan inhabituel. D’ordinaire, la pars urbana est nettement séparée de la
cour agricole, soit par un portique du quatrième côté d’une
cour péristyle comme à Attricourt, soit par un mur et une
tour-porche comme dans les villas de la Somme (Agache,
Somme préromaine, fig. 193, p. 318). Ce qui devrait être la
cour d’apparat est divisé à Lux en cinq cours secondaires
(B1, B2, B3, B4, B5) qui en rompent l’unité. Une telle organisation est comparable à celle de la villa de Wordchester en
Angleterre (Gros, p. 342). Mais par ses dimensions la pars
urbana de Lux atteint le double de celle de Wordchester.
Tout ne pouvait être occupé par le logement du dominus et
de sa famille. L’habitat est rejeté à l’ouest et au nord (figure
11), prolongé par un espace quadrangulaire à portique sur
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> L’article
trois des côtés, absides et structure centrale (no 14 sur figure
5). Ce pourrait être un bassin, attenant à un ensemble thermal (figure 12). La façade occidentale est ouverte sur une
galerie (no 15 sur figure 5). On notera le nombre inhabituel
de longs « couloirs », qui évoquent des horrea, ces greniers
où l’on conservait le blé dans les sites portuaires comme
celui de Vienne – Saint-Romain-en-Gal. Au nord, un espace
rectangulaire (B6) limité par un mur à abside et exèdre quadrangulaire est vraisemblablement un jardin. L’ensemble de
la villa est protégé des inondations par une digue (no 16 sur
figure 5) dont le bourrelet de terre est visible sur quelques
photographies.
Entre cette digue et la Tille, une enceinte quadrangulaire
B7, avec petit bassin, semble particulièrement favorable à
l’une des activités essentielles de toute villa rustica : l’élevage.
Deux petits édifices extra-muros peuvent être considérés
comme une dépendance de la villa (figure 13) : l’un en double
cercle concentrique (no 17 sur figure 5) donne l’image d’un
fanum, qui pourrait être lié à la série de quatre logettes (no
18 sur figure 5) que l’on trouve souvent dans les sanctuaires.
Mais avec d’aussi faibles dimensions, il peut s’agir du mausolée de l’un des riches propriétaires du fundus. Cette équivoque a été rencontrée à Norges-la-Ville, le long de la voie
Lyon – Trèves, et elle a été signalée à Montmirat « où l’on
serait tenté de l’interpréter comme une construction funéraire si le mobilier ne témoignait pas d’un rôle cultuel » (Fauduet, 2010, p. 113). Plus récemment, deux minimes structures
en double carré centré ont été découvertes à proximité d’une
grande villa établie à la limite orientale du pays lingon (Cordier 2012).
Dans le proche environnement de la villa ont été décelés
des éléments de parcellaire quadrillé par des murs (C1, C2 et
partiellement C3), avec dans chacun un modeste pavillon.
Cette organisation du territoire agricole, autour de la villa,
avec répartition de la main-d’œuvre servile, est logique mais
rarement démontrée. Cependant celle de Lux présente une
anomalie : son axe est nettement différent de celui de la villa.
Une telle divergence, aussi près des bâtiments gallo-romains,
est difficile à expliquer. Elle correspond d’ordinaire à une
période antérieure, mais on voit mal un tel basculement du
plan d’un niveau à un autre.
Les fouilles de 1981-1983
Aux connaissances superficielles et en partie hypothétiques
de la villa fournies par la photographie aérienne, les quatre
campagnes de fouilles menées de 1980 à 1983 apportent des
données plus tangibles. Il s’agissait d’évaluer les risques de
dégradations du site causés par la construction de l’autoroute
A31 à 500 m à l’ouest de la pars urbana. Une quarantaine d’étudiants berlinois ont travaillé sous ma direction sur un emplacement déterminé par les photographies aériennes : l’angle
d’un bâtiment encadrant une cour – vraisemblablement
péristyle – ouverte sur la cour agricole (figure 14).
Effectuée sur seize carrés de Wheeler, la fouille – entièrement manuelle – a permis d’explorer une surface de 400 m2
tout en conservant les témoins d’une stratigraphie relativement complexe. Les résultats ont été révélateurs d’une superposition de niveaux (Goguey 1980 à 1983) :
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archéothéma no 30 | septembre-octobre 2013
Si les sols de la villa ont été détruits par les labours, les
substructions confirment l’exactitude des plans visibles sur
les photographies aériennes. Mais il s’agit de la phase finale
maçonnée d’un établissement rural qui s’est développé sur
place (figure 15).
Trois dés, de 65 cm de côté et 40 cm de hauteur, prouvent
la présence de colonnes (cour péristyle ?). Deux d’entre eux,
monolithes, sont soigneusement appareillés (figure 16).
La stratigraphie révèle trois niveaux principaux de sols,
sur lesquels ont été jetés pêle-mêle les matériaux de la villa :
pierrailles (figure 17), quelques tegulae, nombreux fragments
d’enduits peints avec bandeaux rouges, mouchetis sur fond
blanc, de marbre blanc-noir, de tesselles de mosaïques.
Le sol le plus profond, à – 97 cm, en terre battue, est creusé
des alignements de trous de poteaux d’une habitation primitive (figure 16).
Malgré leur petit nombre, les éléments datants couvrent le
Ier siècle (en majorité) et s’arrêtent au IVe siècle.
En conclusion, ce « pavillon » de la pars rustica, à l’emplacement de ce qui pourrait être l’habitat du vilicus, est sans doute
la riche et confortable demeure d’un personnage important :
le procurateur. Un tel dispositif a été observé sur la luxueuse
villa de Corgoloin-Cussigny (Goguey 2007a, p. 41-42) et sur la
villa d’Estrées-sur-Noye dans la Somme (Gros, fig. 357, p. 327).
Une unité de production, de commerce et de prestige
Unité de production, la villa de Lux s’est établie dans le couloir alluvial de la Tille, dont la terre argilo-calcaire est particulièrement fertile. Au sud et à l’est le sol est favorable à la
culture des céréales. Les prairies conviennent à l’élevage
des bovins alors que plus à l’ouest, sur le plateau calcaire, les
troupeaux de moutons ont longtemps été majoritaires. Vraisemblablement partagé entre de multiples fermes à l’Age du
Fer, le territoire a été groupé autour de grandes villas et d’exploitations plus modestes. D’une importance comparable,
la villa de Gemeaux est à 4 km au sud-ouest de celle de Lux,
celle de Selongey à une dizaine de kilomètres au nord-ouest.
Or, celles de la vallée de l’Ouche sont plus rapprochées : 1200
m séparent les deux villas de Rouvre-en-Plaine, et on relève
la même distance entre les villas d’Aiserey-Potanger et
d’Aiserey-Lotissement. Un fundus important pouvait donc
dépendre de celle de Lux.
Unité de commerce, Lux l’est par son architecture, qui
excède les besoins d’une production locale. Les locaux allongés rappelant les horrea sont adaptés au stockage des céréales,
attendant leur commercialisation. Celles-ci, accumulées en
été, pouvaient être expédiées en hiver par bateaux à fond plat
vers la Méditerranée et vers Rome. Le côté oriental de la pars
urbana, parallèle à un ancien bras de la rivière sur lequel il est
ouvert, est un indice de cette activité. Mais la Tille était-elle
réellement navigable ? Quelques arguments viennent à l’appui de cette hypothèse :
Si son lit, suivi par avion, est souvent à sec en été, avec une
pluviosité normale, c’est une rivière abondante, qui se jette
dans la Saône à Maillys le Port en un estuaire bien dégagé.
Cette navigabilité saisonnière avait déjà été décrite par Pline
le Jeune, chez qui un affluent du Tibre « propre à la navigation, apporte à la ville tous les produits des terre en amont,
Deux villas d’exception en pays lingon
du moins en hiver et au printemps : en été il baisse... » (Pline
le Jeune, Lettres, trad. M. Durry, Livre V, p. 199).
L’utilisation de l’Ouche, jumelle de la Tille, par « un naute
de la Saône », est attestée par l’inscription NAVTA ARARICVS... (« Naute de la Saône. Ce monument et cet emplacement ne feront pas partie de l’héritage »), relevé sur un
monument à pilastre provenant d’un mur du castrum de Dijon
(Le Bohec 2003, p. 67).
Même si c’est un indice moins probant, on doit citer la
légende de Saint-Florent, un jeune chrétien martyrisé au IIIe
siècle à Til-Châtel par des envahisseurs venus de Langres.
Refusant d’abjurer sa foi, il fut décapité et sa tête, jetée dans
la Tille, fut recueillie à l’île Barbe près de Lyon. Il est probable
qu’elle y ait été transportée dans une barque.
Un texte de Claudien dans l’Eloge de Stilicon mentionne ce
commerce fluvial entre les Lingons et Rome : « Qui a jamais
vu [...] les moissons écloses sous la charrue du Lingon laborieux voguer des champs fertiles de l’Ourse vers le Tibre
étonné ? » (Claudien, vers 100-149).
Unité de prestige, la villa de Lux l’est par la place accordée à la pars urbana. Sa façade occidentale se développe sur
une longueur, hors tout, de près de 200 mètres. Ces dimensions ne préjugent pas de la surface bâtie ni de la qualité de
l’architecture : ainsi les riches villas de Montmaurin, de SaintUlrich, d’Anthée, d’Echternach, atteignent-elles rarement un
tel développement en façade. Mais pour le visiteur arrivant du
carrefour routier de Til-Châtel, la masse des édifices barrant
le paysage devait être impressionnante. En Angleterre, Barry
Cunliffe compare la villa de Fishbourne au palais de Buckingham, dont la façade est moindre. Sans aller à un parallèle
aussi prestigieux, le proche château de Lux ne mesure que 77
m. A Dijon, l’emplacement du Palais des Ducs de Bourgogne,
avec ses trois cours, atteint 170 mètres. En archéologie militaire, on retrouve ce souci de montrer la puissance de Rome
par l’architecture de la porte prétorienne, conduisant par la
voie prétorienne aux principia dont la façade monumentale
dépasse rarement 100 mètres.
 La villa d’Attricourt sur la Vingeanne :
culte et qualité de la vie
Comme sa parallèle la Tille, La Vingeanne prend sa source
sur le plateau de Langres. Elle serpente vers le sud-est en
une multitude de petits méandres, dans une vallée fertile de
pâturages et de céréales, en partie encore couverte de forêts.
Elle rejoint la Saône après s’être divisée en multiples chenaux
(figure 18).
La villa gallo-romaine d’Attricourt en Haute-Saône fait
partie de la série de grands établissements ruraux détectés
lors des vols de « strafing2 » sur les vallées des affluents de la
rive gauche de la Saône.
Les premiers indices ont été photographiés le 4 juillet 1974.
Dans des champs de blé « versés » par les orages se dessinaient
en relief – donc sous forme inversée – les bandes de substructions dans lesquelles on pouvait reconnaitre deux grandes
cours quadrangulaires et un alignement de bâtiments (figure
19). Leur étendue témoignait d’un site exceptionnel, qui fut
attentivement suivi d’année en année. Ainsi fut-il systématiquement photographié les 6 et 9 juillet 1974, le 3 juillet 1975,
les 30 mai, 24 juin, 28 juin et 30 juin 1976, le 14 juillet 1980, le
23 juillet 1980, le 15 juillet 1984, le 12 juillet 1985, les 19 et 27
août 1988, les 29 mai et 9 août 1990, le 4 juin 1991, les 7 juillet
et 4 août 1995 (Goguey 1974, 1976, 1980, 1984, 1985, 1988, 1991,
1995). De ce calendrier on peut retenir les cultures de céréales
favorables, selon les années, à la formation de « crop marks »
de mai à août. Les clichés les plus riches en informations ont
été obtenus, accentués par l’infra-rouge, en 1976 (figure 20),
et en haute définition en 1988 et en 1991 (figure 21). On peut
noter que, de même qu’à Alésia, au sol, on suit les murs « à vue
d’œil, avec leurs compartiments, quand ces pièces sont ensemencées et qu’on les parcourt en mai-juin » (Mouton 1867).
Une cité d’Ates dans l’histoire régionale
Si pour l’archéologie aérienne Attricourt était une découverte, son site gallo-romain n’avait été oublié ni des cultivateurs qui en exhumaient les vestiges, ni des historiens
renseignés par la Chronique de Bèze. De celle-ci il n’est pas
toujours facile de démêler la part de vérité de la légende. Dans
une notice sur l’ancienne cité d’Ates, le Président de la Commission des Antiquités de Dijon, M. Boudot rend compte en
1833 des erreurs qui ont fait d’une prétendue « ville d’Antua »
dans la forêt de Velours la capitale des Attuariens (Boudot
1834). Pour lui, la cité d’Ates « existait entre le territoire de
Saint-Seine au nord, celui d’Alberic Court (ou Atricourt) au
midi, la forêt d’Autrey à l’est, et la rivière de la Vingeanne...
Telles sont les limites du sol d’Ates, aujourd’hui cultivé ». A
cette localisation il lie l’action de l’empereur ConstanceChlore qui, arrêta des invasions d’Alamans : ceux-ci avaient
pillé l’est de la Gaule et assiégé Langres.
« Sentant la nécessité de faire cultiver ces champs fertiles,
dont l’Empire pouvait tirer une grande quantité de graines
pour la nourriture de ses armées, il y transféra en 293 une
partie de la tribu des Attuariens, aux conditions qu’elle porterait les armes, en temps de guerre... et qu’elle livrerait annuel2 Strafing : vol de recherche d’objectifs militaires à basse altitude sans
itinéraire imposé.
archéoThéma no 30 | septembre-octobre 2013
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> L’article
lement une partie de ses moissons dans les greniers publics ».
Boudot décrit rapidement les ruines qu’il a visitées : l’emplacement de cette cité (d’Atès) est couvert de débris de
tuiles romaines, et de vestiges de murs sur une superficie de
12 000 m2... Champ du Trésor, Champ d’Argent, Champ Festa.
Les fouilles furent menées en 1820 par le propriétaire du terrain sur les murs qui arrêtaient le soc de la charrue.
Elles mettent au jour des mosaïques, des peintures murales,
des frettes de canalisations en bois, « des fondations qui
paraissaient avoir soutenu des magasins ou greniers d’abondance », des fûts de colonnes décorés, des médailles d’or,
d’argent et de bronze... Des recherches plus précises sont
menées en 1865-66 par l’abbé P. D. Mouton, curé du proche
village de Poyans (Mouton 1867). Le plan qu’il publie est celui
d’une « maison romaine » longue de 121 m, large de 16 m, divisée en 23 pièces (qu’il va jusqu’à identifier) souvent décorées de mosaïques « recouvertes d’une couche de cendres et
de débris calcinés ». Elle est longée sur ses façades par deux
portiques, donnant sur une « esplanade » en laquelle il croit
voir « le forum de la ville antique d’Ates » (Faure-Brac 2002,
p. 101). Ses éléments d’architecture et de décor font ressortir le confort et la richesse de cette demeure gallo-romaine,
que l’on croit être celle d’un gouverneur du « canton attuarien ». D’un abondant mobilier, on peut retenir monnaies,
accessoires de bains, dés, amulettes phalliques en bronze que
l’abbé fait disparaitre pour ne pas choquer ses paroissiens.
Les révélations de la photographie aérienne
Comme c’est ordinairement le cas, la vision directe en vol du
paysage dans lequel s’inscrivent les « crop marks » a permis
d’identifier le site. La numérisation des quelque 400 clichés,
leur traitement par Adobe CS5 et le redressement informatisé
ont permis de dresser un plan à une échelle assez précise pour
la localiser sur le terrain et pour l’intégrer au S.I.G. (figure
22). Cependant, une marge d’erreur est inévitable quand
on utilise des photos obliques à basse altitude. Ce plan n’est
qu’un schéma simplifié, qui ne prend pas en compte le grand
nombre de traces – taches, lignes, pointillés... – visibles sur
les photos aériennes. C’est donc à elles qu’il faut se reporter si
l’on veut faire une étude approfondie du site, en particulier en
cas de grands décapages. Jusqu’ici, les quelques traces décelées sur les photos satellites de Google Earth ne permettent
pas d’en reconstituer l’image.
L’aspect général est celui d’un espace divisé en vastes
cours quadrangulaires, sans aucune voie qui puisse justifier
l’hypothèse d’une cité (Figure 23). L’organisation est celle
d’une villa gallo-romaine (Goguey 1977 ; David, Goguey
1982 ; Goguey, Szabo 1995, Goguey 2007, p. 38-39). Son axe
est orienté nord-ouest/sud-est.
L’une des cours (A sur figure 22), quadrangulaire, est
encadrée d’un portique. Avec 70 x 85 m, elle couvre près de
6000 m2. Elle est limitée à l’est par une bande continue de
constructions qui correspondent à la « maison romaine »
fouillée au XIXe siècle par l’abbé Mouton. Sa mise en parallèle
avec la photographie aérienne fait ressortir quelques divergences, qui peuvent être dues aux destructions provoquées
par les fouilles ou à des erreurs du plan primitif (figure 24).
La façade occidentale ouvre par un portique sur ce qui n’est
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pas « le forum de la ville antique », mais la pars urbana de la
villa. Au nord, l’aile est divisée en quelques bâtiments allongés et d’une structure en double carré centré. Au sud, une
galerie continue accompagne le portique. A l’ouest, ce qui
semble être un portique donne accès à la pars rustica. Hormis
quelques taches claires inorganisées, la pars urbana parait
vide, sans trace de bassin.
La façade orientale des bâtiments, soulignée par un portique, donne sur la cour B, dont la surface initiale est réduite
sur trois des côtés par un mur orthogonal. Ce mur est accompagné sur le seul côté nord d’un portique. Les points de
colonnes et les lignes d’un petit édifice pourraient correspondre à l’entrée principale de la villa. Cet espace B était-il un
jardin ? Sa limite orientale est perturbée par un tapis de taches
claires sur lequel je reviendrai plus loin.
A l’ouest, la pars rustica (C sur figure 22), rectangulaire,
mesure 175 m sur 90 m, soit près de 1,6 hectares (Figure
25). Contrairement aux plans habituels, son axe est perpendiculaire à celui de la pars urbana. Il correspond aux rares
exemples de cours résidentielles et de cours agricoles d’axes
perpendiculaires (Ferdière et alii 2010, p. 431-432). A chacun
des petits côtés sont accolés deux pavillons cloisonnés, dont
la fonction artisanale semble établie pour deux d’entre eux :
les traces internes évoquent four de potier ou de métallurgie.
Ils sont eux-mêmes inclus dans deux petites cours annexes.
Apparemment, la grande cour agricole est vide. Mais elle
porte quelques traces claires divergentes comparables à
celles qui marquent l’extrémité orientale de la villa.
Cet ensemble résidentiel et agricole se prolonge à l’ouest
par un ensemble vraisemblablement cultuel dont un temple –
ou supposé tel – est le principal élément (T sur figure 22). Son
plan, très net sur les photographies de 1976 et 1988, à la forme
d’un T dont la branche principale, rectangulaire, mesure environ 22 m sur 18 m (figure 26). Un péristyle comporte – d’après
ce qui est décelable – onze colonnes sur le grand côté, six sur
le petit. Moins probante, la trace de ce qui pourrait être un
nymphée est visible sur le côté occidental, de même que la
présence d’un bassin. Deux pièces quadrangulaires encadrent
la partie orientale de cet édifice. L’ensemble ouvre sur une
galerie de façade, longue de 30 m, limitée par deux petites
structures carrées.
Il se prolonge par le mur d’enceinte de la cour D de la villa.
Mais une incertitude demeure quant aux dimensions de
cette cour, les deux côtés latéraux étant peu visibles. En 1976
un bosquet quadrangulaire subsistait près du « sanctuaire ».
Ce bosquet a été détruit entre 1976 et 1988 sans qu’aucune
découverte fortuite ait été signalée (figure 27).
L’interprétation « spontanée » de cet édifice comme un
sanctuaire est-elle justifiée ? Dès sa publication, le professeur
René Louis, spécialiste des Fontanes Salées, faisait un rapprochement avec l’un des sanctuaires de Trèves, sans doute celui
de Lenus Mars. Mais il y a peu de points communs entre les
deux édifices. Pierre Gros, dans le premier volume de l’Architecture Romaine, consacre un chapitre aux « Fontaines monumentales, nymphées et sanctuaires de sources » (Gros 2011,
p. 418-444). A Sceaux-du-Gâtinais, dans un contexte urbain,
un nymphée et sanctuaire des eaux – attesté par la découverte d’ex-votos – sont associés. Dans l’Yonne, quelques-unes
Deux villas d’exception en pays lingon
des grandes villas dites de statut ER3 sont accompagnées de
sanctuaires, parfois originaux comme à Asquins, parfois de
nécropoles, comme à Sceaux-en-Terre-Plaine « Les Craies »,
à Cravant « Bréviandes » (Nouvel 2009). Mais l’architecture
d’Attricourt, avec bassin, deux « cellas » ouvertes sur une
galerie de façade, reste actuellement sans équivalent connu.
Dans son dernier ouvrage, Isabelle Fauduet n’a pas retenu
Attricourt dans son inventaire (Fauduet 2010). Cependant, la
qualité de son plan et de sa réalisation sur le terrain est à souligner. Il s’agit d’un monument hybride, qui juxtapose un élément d’inspiration romaine – le nymphée-péristyle – et deux
éléments de tradition celtique – les cellas quadrangulaires et
la galerie de façade (figure 28). L’équivalent de sondages a été
réalisé au XIXe siècle au lieu-dit « Champs d’Argent ». Celuici est encore mentionné sur les cadastres. Il correspond à
l’emplacement du sanctuaire. Ont été mis au jour des murs
épais, des emplacements de colonnes éloignés de 3 m, des
morceaux de tuileaux (dont l’un estampillé LEG OCTAVA).
Plus loin, des tronçons d’armes, des agrafes, du verre ciselé,
pourraient provenir d’une nécropole.
D’autres espaces clos sont accolés aux deux cours résidentielles, l’un au sud (E sur figure 22), l’autre au nord (H sur
figure 22). Compte tenu de tous ces éléments, l’emprise de
la villa peut être estimée à 445 m sur son axe est-ouest, 270 m
sur son axe nord-sud. Elle s’étendrait donc sur une surface
approximative de 9,7 hectares.
Une villa d’exception
Dans la longue série des établissements ruraux étudiés en
Italie, en Gaule Belgique, en Germanie, en Espagne, en Bretagne insulaire, la villa d’Attricourt occupe une place originale.
Elle n’est ni la plus vaste, ni la plus complexe : on peut opposer
à sa « maison » réduite à une étroite bande de 16 m, divisée en
vingt-trois pièces, le palais de Saint-Ulrich en Moselle avec ses
117 pièces (Gros 2006, fig. 363). Au Portugal la villa de Torre de
Palma accumule les « atrium house », péristyle house, portico
house, west bath... (ibid, fig. 397). En Belgique la villa d’Anthée
s’étend sur une vingtaine d’hectares, contre près d’une dizaine
à Attricourt (ibid., p. 328). Mais elle est une des rares à présenter un plan aussi dépouillé. Avec ses deux portiques en façade,
elle tient de la « portikusvilla » des Allemands, ou de la « winged
corridor house » des Britanniques. Elle offre, dans sa forme
élémentaire, des similitudes avec les pars urbana des grandes
villas – Estrée-sur-Noye, Warfusée Nord,... – décrites par
Roger Agache dans la Somme (Agache 1978). En même temps
elle étend son habitat sur l’aile perpendiculaire septentrionale
de ce qui est parfois appelé « cour d’honneur », généralement
péristyle. La présence de colonnes n’est ici attestée par les
fouilles que sur la façade de la résidence.
Un deuxième élément d’originalité tient à la symétrie
de son architecture : son image est celle de vastes espaces
quadrangulaires tracés autour d’un axe qui va de la cour B
au temple. C’est le plan axial défini par R. Fellmann dans La
Suisse gallo-romaine (Fellmann 1992, p. 152) mais comparé à
celui des villas d’Orbes ou de Yvonand, le plan d’Attricourt
en offre une image épurée...
Sur 157 m de long, 90 m de large, la pars rustica semble vide.
Les quatre pavillons agricoles ou artisanaux sont répartis
deux par deux dans des cours adjacentes. Où sont les logements du personnel, les granges, les étables ? Sont-ils rassemblés dans les enclos externes (enclos trapézoïdal E par
exemple) comme pour laisser à la pars rustica un espace
dégagé qu’elle n’a pas d’ordinaire ?
Contrairement à la plupart d’entre elles, la villa d’Attricourt a été l’objet de fouilles sur la plus grande partie de son
habitat, et les éléments recueillis en ont révélé la richesse.
Mais est-elle l’une des plus somptueuses villae romaines du
centre-est ? Le nombre et la qualité des mosaïques en est un
élément : d’après l’abbé Mouton, onze des 23 pièces en étaient
encore pavées « au point que l’on peut dire de la maison
d’Ates comme celle du Faune à Pompéi, que c’est un musée
des mosaïques ; elle en possède même davantage » (Mouton
1867) ; une colonne en grès blanc richement sculptée, dont
subsiste un protomé de lion, a été déposée au Musée Archéologique de Dijon ; un vase renfermant de « l’huile durcie coagulée » a été trouvé près d’un balnéaire. Dans les fouilles qu’il
a menées en 1985-86 sur une partie de l’habitat détérioré par
les labours, A. Ruellet souligne la qualité de la construction
avec des pierres bien taillées, des colonnes cannelées, mais
aussi des sols bétonnés ou en terre battue (Ruellet 1986).
On peut donc classer Attricourt dans la série des villas de
haut niveau architectural : mais à l’inverse de beaucoup
d’autres – Lux, Rouvres-en-Plaine, Argilly... où les sols ont été
détruits – Attricourt doit à la configuration du terrain d’avoir
conservé des superstructures qui permettent d’en apprécier
la richesse.
Des données complémentaires importantes,
mais hypothétiques
De l’étude approfondie du dossier aérien, on peut tirer deux
types d’indices mal caractérisés, donc incertains :
l’espace clos sur lequel ouvre le portique du sanctuaire
semble vide, mais il présente dans la végétation des anomalies qui peuvent être d’origine archéologique. L’une est un
enclos rectangulaire avec tache centrale, les autres des semis
de traces plus sombres, approximativement circulaires. Si
ces indices sont confirmés – et ils ne peuvent l’être que par la
fouille – il pourrait s’agir d’une nécropole groupant, comme
c’est généralement le cas, des incinérations et des inhumations (figure 29). Une fouille récente de la nécropole de Bois
au Duc à Evreux a mis au jour des fosses cendreuses circulaires de crémation, des fosses avec urnes, des inhumations
dans des cercueils (Pluton et alii 2008, p. 209-260) qui pourraient correspondre aux traces d’Attricourt. A Valenciennes,
la fouille par l’INRAP d’une nécropole liée à une villa sur le
domaine du Verger (Anonyme 2011) a révélé des caveaux
circulaires riches en mobilier. A Valentine, « comme partout
en Comminges, le temple était bordé par une nécropole à
incinération » (Fouet 1984, p. 172). Qu’aucune stèle n’ait été
signalée n’est pas surprenant. La plupart ont été ou enfouies,
ou réutilisées. Ainsi, une stèle gallo-romaine de Mirebeau a-telle été creusée au dos pour en faire le couvercle d’un sarcophage mis au jour dans une nécropole mérovingienne voisine.
Les photographies de 1991 portent, autour de la villa et en
particulier à l’est, des plaques de traces blanches inexpliquées
jusqu’ici (figure 30). Elles ne correspondent à aucun des
archéoThéma no 30 | septembre-octobre 2013
7
> L’article
indices visibles sur les quelque 90 000 clichés de l’aérophotothèque. L’hypothèse d’un étalement des matériaux – murs et
sols – de la villa n’est pas justifiée car elles s’étendent trop loin
à l’est (K sur figure 23). Ont-elles une origine périglaciaire ? Ici
encore, c’est un traitement informatique poussé de l’image
qui apporte un élément de réponse. Au centre de cet amas se
distingue un bâtiment gallo-romain en forme de galerie de
façade (K1 sur figure 22). Parmi les plaques blanches, on peut
isoler les trous de poteaux organisés de maisons en matériaux
périssables (figure 31).
En première hypothèse, on peut voir l’image d’un habitat
barbare installé autour de la villa. S’agit-il des Francs envoyés
par Constance Chlore ? A l’intérieur même de la villa, l’abbé
Mouton signale la présence de fragments de poterie burgonde. Une nécropole mérovingienne a été repérée au nord,
riche en armes, en colliers, en bagues dont l’une en or... Mais
elle n’a pas été datée avec précision.
Sinon, compte-tenu de l’incertitude des limites entre villa
et habitat barbare, il peut s’agir d’un habitat du Haut-MoyenAge postérieur à la destruction de la villa.
Les fouilles de l’abbé Mouton ont eu le mérite, avec des
moyens modestes, de mettre au jour plus de 2 000 m2 de
l’habitat. Elles semblent s’être arrêtées au niveau du rez-dechaussée, sans souci de la stratigraphie. Les seuls éléments de
datation proviennent du mobilier – qui n’a pas été étudié – et
des monnaies « de Gordien le Jeune et de Maximin », soit de
la première moitié du IIIe siècle. La découverte d’un Christ en
bronze et d’un ostensoir prouve que « notre cité était chrétienne quand sa ruine est arrivée » (Mouton 1867, p. 305). Les
fouilles reprises en 1984-86 par A. Ruellet apportent des données plus précises. Les sous-sols atteignent une profondeur de
2 m, et livrent une épaisse couche d’incendie. La destruction
de la villa ne serait pas antérieure à la seconde moitié du IIIe
siècle. Mais nous ne savons rien sur ses origines. Aucun des
bâtiments visibles sur les photographies aériennes ne porte
des indices de reconstruction. Quelques traces de bâtiments à
poteaux plantés sont associées au sanctuaire supposé. Mais il
faut reconnaitre que l’histoire de la villa nous échappe encore.
La villa d’Attricourt et la qualité de la vie
On sait l’importance que les Romains accordaient à la qualité de la vie. Plus qu’en milieu urbain où ils pouvaient difficilement échapper aux nuisances, c’est à la campagne que se
multiplièrent les villas qui leur permettaient de vivre dans un
paysage riant dont Pline le Jeune a décrit les caractères. Ce
paysage associe la modération du relief, les terres cultivées,
les eaux courantes, les courbes... Il mentionne « une prairie
que la nature a faite pour le plaisir des yeux... des champs et
encore beaucoup de prés et de bouquets d’arbres... on y jouit
d’un calme plus profond, plus inviolable et donc exempt de
tout souci... » (Pline le Jeune, Lettres, V, 6, 18 et 45). Mais il
s’agit là d’une élite fortunée. Ce souci du paysage était-il présent dans les villae rusticae dont la raison d’être était la production ?
Dans son étude sur l’habitat, Pierre Gros s’appuie sur des
exemples pertinents pour démontrer leur polyvalence en
associant « structure de domination, de profit et de plaisance » (Gros 2006, p. 265). Plus que d’autres, la villa d’Attri-
8
archéothéma no 30 | septembre-octobre 2013
court semble répondre à ce dernier critère. On pourrait le
voir dans son implantation dans un réseau organisé, dont la
proximité du camp de la VIIIe Légion à Mirebeau serait un
élément : G. Chouquer a publié de nombreux ouvrages sur les
centuriations, et sur l’archéologie des paysages. Il en a établi
le quadrillage, axé sur la voie Lyon-Trèves et, pour l’historien
attentif à l’histoire des Lingons, cette hypothèse était séduisante. Après avoir publié un plan d’Attricourt dont les ligues
directrices étaient intégrées à cette centuriation (Chouquer,
Favory 1980, fig. 46), il en restituait le paysage avec la villa, les
forêts, les cultures (Chouquer 1981, p. 31)...
Mais ce n’est pas l’insertion à la centuriation de Mirebeau –
hypothétique – qui a orienté l’implantation du domaine galloromain d’Attricourt. Il s’agissait d’ajouter à ses capacités de
production l’agrément d’un paysage pictural de qualité. Déjà
au XIXe siècle, l’abbé Mouton avait remarqué au sol « sa position des plus agréables, son site en amphithéâtre » (Mouton
1867).
La villa s’est établie sur le versant de la rive gauche de la
Vingeanne, au relief modéré. L’une des façades de la maison
du dominus est orientée au nord-ouest. L’autre, au sud-est,
reçoit le soleil la plus grande partie de la journée. C’est en
examinant le plan de la pars agraria que l’on mesure la répartition de ses bâtiments, comme rejetés de part et d’autre pour
laisser une vue dégagée à travers les cours vers le sanctuaire,
les prairies et cultures de la vallée, le cours de la Vingeanne
bordé d’arbres et, sur l’autre versant, prairies et forêts (figure
32). Peut-être la cour centrale qui nous parait vide était-elle
couverte de bosquets d’agrément ?
L’eau, si importante, est partout avec le grand étang de
Cassevosse, la rivière, les ruisseaux – dont l’un alimente le
nymphée – les sources multiples dont les captages approvisionnent la villa par des canalisations en bois à frettes métalliques... Si Attricourt n’a rien des paysages prestigieux de
la Campanie ou de la Toscane, elle offre à son propriétaire
la paix, le repos et le calme qui « contribue à la salubrité du
pays... C’est là que mon esprit, que mon corps, se portent le
mieux... » (Pline le Jeune, V, 6, 45)
Cette recherche d’une qualité de la vie en milieu rural, loin
de petites villes comme Langres et Dijon qui n’ont rien des
embarras de Rome, est-elle vraisemblable ? Partout dans le
monde romain, on retrouve ce souci de construire à la tête
des domaines agricoles des bâtiments qui ne sont pas de
simples fermes utilitaires. Dès que son enrichissement le lui
permet, le propriétaire fait édifier autour de la pars urbana de
luxueux logements. Même si peu d’entre eux offrent les paysages d’Attricourt, ils n’en apprécient pas moins cette qualité
de la vie décrite par Pline en Italie.
 Conclusion
Lux et Attricourt, deux villas proches des limites orientales
du pays lingon, établies toutes deux sur des affluents de la
rive droite de la Saône. De l’une, Attricourt, nous connaissons la richesse grâce aux fouilles de 1820, 1864 et 1985. De
l’autre, Lux, en dehors des fouilles restreintes de 1980-1983
qui ont révélé la complexité de sa stratigraphie, aucun plan,
aucun relevé des découvertes fortuites ne nous est parvenu.
Deux villas d’exception en pays lingon
Dans les deux cas, les résultats obtenus par la photographie
aérienne éclairent ces deux sites dont ils nous livrent aussi
bien des plans d’ensemble que les détails (Figure 33). Leur
analyse fait ressortir, au-delà des points communs à tous les
établissements ruraux gallo-romains, des spécificités qui en
font des villas d’exception. Leur richesse est celle des villas
rurales « palatiales » dont l’évolution n’a pas été réservée à
l’Italie, mais s’est étendue à quelques domaines de l’Empire
(Ferdière et alii 2010).
A Lux, la complexité des bâtiments traduit la fonction de
production locale, de commerce, de stockage et d’expédition par la Tille en période de hautes eaux, de prestige en
faveur d’une lignée de propriétaires tellement enrichis qu’ils
peuvent déléguer leurs pouvoirs à un procurator confortablement logé dans une demeure à péristyle.
A Attricourt, la bande d’habitat de 2000 m2 explorée au
XIXe siècle apparait sur l’un des côtés d’une pars urbana quadrangulaire. Bâtie à flanc de coteau, cette demeure offre une
vue dégagée à travers des cours apparemment vides, vers un
possible « sanctuaire » original et un paysage champêtre qui
justifie l’hypothèse d’une recherche de la qualité de la vie
décrite par Pline le Jeune. A l’inverse de Lux, la Vingeanne,
impropre à la navigation – elle est aujourd’hui doublée par le
canal de la Marne à la Saône –, n’est qu’un élément du paysage. Mais la fonction de production ne doit pas être négligée
au vu de ces vastes enclos associés à la villa.
Les informations apportées par la photographie aérienne
– complétée par l’imagerie satellite et par le lidar – sont maintenant bien connues. Mais on doit être conscient de leurs
limites. Seules les fouilles peuvent donner une connaissance
précise du terrain. Que savons-nous de l’énigmatique « sanctuaire » d’Attricourt, en dehors de son plan et des emplacements de colonnes trouvées au XIXe siècle ? A Lux, les
fonctions des différents éléments de la pars urbana restent
inconnues. Il est malheureusement probable que leurs vestiges continueront à être pulvérisés par les travaux agricoles
et pillés par les chercheurs clandestins de trésors. 
archéoThéma no 30 | septembre-octobre 2013
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> L’article
Sources :
• Claudien, Les Panégyriques, Livre IV. Texte établi et traduit par D.
Nisard, Partie III, Paris, 1837.
• Pline le Jeune, Lettres, Livres IV-VI. Texte établi et traduit par A.M. Guillemin, Tome II, Les Belles Lettres, 1969.
Bibliographie
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28 octobre 2011. URL : http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Valenciennes/actualite/Autour_de_Valenciennes/Agglomeration_de_Valenciennes/2011/10/28/article_mise-au-jour-d-une-necropole-gallo-romai.shtml. Consulté le 24 septembre 2012.
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grandes villae «à pavillons multiples alignés» dans les provinces des
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10
archéothéma no 30 | septembre-octobre 2013
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J-C à la fin du Haut-Empire: Tome 2, Maisons, palais, villas et tombeaux,
Editions Picard (2e édition revue et corrigée), 527 p., 644 ill. (Les
manuels d’art et d’archéologie antiques).
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pierre, Comité des Travaux Historiques et Scientifiques.
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• Nouvel P., avec la collaboration de Poitout B., Kasprzyk M., 2009,
« De la ferme au palais. Les établissements ruraux antiques de
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rural gallo-romain. Terminologies et typologies à l’épreuve des réalités
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(Suppl. 17), Colloque AGER VIII – Toulouse, p. 361-390.
• Pluton S., Adrian Y.-M., Kliesch F. et Cottard A., 2008, « La
nécropole gallo-romaine du «Clos au Duc» à Evreux (Eure) : des
sépultures du Ier siècle apr. J.-C. », Revue Archéologique de l’Ouest,
Tome 25, p. 209-260.
• Ruellet A., 1986, Rapport, au S.R.A. Besançon.
Deux villas d’exception en pays lingon
 LÉGENDES des illustrations visibles sur le
site www.archeothema.com
Figure 1 Localisation des villas de Lux et d’Attricourt dans le territoire des
Lingons (D.A.O. A. Cordier, 2012).
Figure 2 Situation de la villa de Lux dans son contexte topographique
et archéologique. A 2 km au nord-ouest, la station routière de Til-Châtel
(Tilena) constitue une étape sur l’axe routier reliant Lyon à Trèves. Sur la
rive gauche de la Tille se développe une occupation protohistorique : en A,
une grande enceinte fossoyée circulaire ; en B, un village à poteaux plantés ; en C, une ferme celtique et une grande avenue menant aux Pertes de
la Venelle (D.A.O. A. Cordier, 2012).
Figure 3 La vallée de la Tille en amont de Lux. La neige accentue les rides
des divagations qui encadrent l’emplacement de la villa (Aérophoto. R.
Goguey, 15 février 1978).
Figure 4 L’avion R3000 affecté par le Conseil Régional de Bourgogne à la
recherche archéologique. Des trappes dans le plancher et dans le cockpit
sont aménagées pour la photographie verticale et oblique. Avec un moteur
assez puissant et une autonomie de plus de cinq heures, il a effectué
jusqu’à huit heures de vol par jour en période favorable, et au total plus de
deux mille heures au bénéfice de l’archéologie.
Figure 5 Plan de synthèse de la villa de Lux à partir des interprétations
d’A. Violot-Richeton et du redressement sous QGis de photographies
obliques (D.A.O. A. Cordier, 2012 . Ech. 1.3000).
Figure 6 L’une des rares photographies qui montrent l’ensemble de la villa,
au nord et au sud de la route. Les lignes de murs et les plaques de sols ou
sous-sols donnent l’image de la pars urbana et de ses annexes, redressée
sur le plan de la figure 5 (Aérophoto. R. Goguey, 30 juin 1989).
Figure 7 L’aile nord de la pars rustica avec ses pavillons, ses bassins, sa
canalisation, la trace des carrés de Wheeler des fouilles de 1980 à 1983
(Aérophoto. R. Goguey, 6 juillet 1991 ; interprétation A. Cordier).
Figure 8 L’aile latérale sud-ouest : de bas en haut, édifice en double
rectangle centré, alignement de bâtiments, entrée latérale (?), rectangle
allongé à portique (horrea ?) (Aérophoto. R. Goguey, 27 juin 2002).
Figure 9 La masse des bâtiments de l’angle nord-est de la pars rustica est
visible dans la neige, face au bras fossile de la Tille qui n’est pas encore
comblé (Aérophoto. verticale R. Goguey, Armée de l’Air).
Figure 10 Les limites de la pars rustica avec large entrée, ouverte sur le lit
fossile de la Tille (Aérophoto. R. Goguey, 18 juillet 1979 ; interprétation A.
Cordier).
Figure 11 L’angle nord-ouest de la pars urbana. Les bâtiments occupent
ici les deux côtés perpendiculaires avec de nombreuses pièces, des
péristyles, une extension vers l’édifice en double cercle, en enclos à mur à
exèdres (jardin ?) (Aérophoto. R. Goguey, 2 juillet 1986).
Figure 12 Le traitement poussé de l’image (infra-rouge – contrastes et
couleurs – négatif) aboutit à ces lignes de murs et aux sols en noir sur fond
clair, faisant ressortir plus clairement le plan de la résidence « palatiale »
(Aérophoto. R. Goguey, 30 juin 1989).
Figure 13 Deux édifices extra-muros : en bas, une bande de quatre
logettes qui accompagnent souvent les sanctuaires ; en haut, un édifice en
double cercle centré qui pourrait être un fanum à petite cella. Il peut s’agir
aussi du mausolée de l’un des riches propriétaires de la villa (Aérophoto. R.
Goguey, 2 juillet 1986 ; interprétation A. Cordier).
Figure 14 Les fouilles débutent par un décapage manuel réalisé par une
équipe de jeunes Berlinois. La Tille est en arrière-plan (Photo. R. Goguey,
fouilles de 1980).
Figure 15 Ce mur bien appareillé, avec sa semelle de fondations, correspond à la phase finale de la villa visible sur les photographies aériennes
(Photo. R. Goguey, fouilles de 1982).
Figure 16 Les fondations de l’édifice descendent jusqu’au niveau – 184.
Les dés monolithes correspondent aux colonnes de la cour péristyle de
la riche demeure du procurator. Le sol inférieur en terre battue est creusé
des trous de poteaux d’un habitat primitif (Photo. R. Goguey, fouilles de
1983).
Figure 17 Cette coupe stratigraphique, dans laquelle s’insère l’un des dés
monolithes, révèle trois niveaux principaux, attestant le développement sur
place d’un établissement rural jusqu’à la monumentale villa révélée par les
photographies aériennes (Photo. R. Goguey, fouilles de 1983).
Figure 18 La villa d’Attricourt est placée ici dans son environnement, sur
le versant rive gauche de la Vingeanne (D.A.O. A. Cordier, 2012).
Figure 19 Cette photographie est l’une des premières qui aient révélé les
traces de la villa dans les céréales. En cette année trop humide, les « crop
marks » sont inversées : le champ de blé est « versé », sauf à l’emplacement des bâtiments qui se dessinent en relief (Aérophoto. R. Goguey, 6
juillet 1974).
Figure 20 Ici comme sur beaucoup d’autres villas en France, l’exceptionnelle sécheresse de 1976 a fait apparaitre dès le mois de juin, en traces
claires, les murs et les sols de cet établissement rural original, avec ses
vastes cours, la résidence du dominus, les pavillons agricoles... Il s’agit de
l’un des plus beaux sites photographiés – sur film infra-rouge – en cette
année 1976 (Aérophoto. R. Goguey, 24 juin 1976).
Figure 21 Cette photographie plus précoce (en mai) sur des champs
encore verts donne une image plus dépouillée de la « résidence » du dominus sur les deux côtés de la pars urbana quadrangulaire à portique.
Figure 22 Plan de synthèse de la villa d’Attricourt à partir du redressement sous QGis de photographies obliques (D.A.O. A. Cordier, 2012).
Figure 23 Attricourt : cette photographie sur film haute définition donne
l’image complète du site. Organisées sur un plan axial (cadré en diagonale
sur le cliché), ses cours se succèdent jusqu’au « sanctuaire » en T que
longe un ruisseau (Aérophoto. R. Goguey, 24 juin 1976).
Figure 24 Attricourt : la mise en parallèle des deux documents fait ressortir les points communs, mais aussi les divergences : elles peuvent provenir
des destructions causées par les fouilleurs du XIXe siècle, mais aussi de la
richesse des informations visibles sur la photographie aérienne (en haut :
Aérophoto. R. Goguey, 4 juin 1991 ; en bas : d’après Mouton 1867).
Figure 25 Attricourt : en infra-rouge, l’organisation de la pars urbana
quadrangulaire. Sur un côté, la « résidence » de 121 x 16 m fouillée au XIXe
siècle. Des pièces sont encore visibles sur le deuxième côté perpendiculaire. Le troisième n’a qu’une galerie à portique. Un mur épais – ou un
portique – sépare la « cour d’honneur » de la « cour agricole » (Aérophoto.
R. Goguey, 28 juin 1976).
Figure 26 Attricourt : sur ce film infra-rouge se dessine le plan de cet
édifice en T interprété comme un sanctuaire. L’élément principal est un
péristyle rectangulaire sur lequel débouche une fontaine (nymphée ?).
Deux pièces quadrangulaires (cellas ?) l’encadrent. L’ensemble débouche
sur une galerie de façade que prolonge le mur d’enceinte de la cour D. En
1976 subsistait un bosquet limité par un fossé (Aérophoto. R. Goguey, 24
juin 1976).
Figure 27 Attricourt : cette vue, proche de la verticale, précise les lignes
du « sanctuaire ». Le bosquet a été coupé. A son emplacement, une
enceinte trapézoïdale. Mais on ne peut affirmer qu’il s’agit là d’un lucus, ou
bois sacré (Aérophoto. R. Goguey, 27 août 1988).
Figure 28 Plan du sanctuaire supposé d’Attricourt, redressé sous QGis
d’après les photographies obliques. Si le plan peut être proposé avec
certitude, il faut être prudent quant aux dimensions de l’édifice, qui restent
approximatives suite au redressement (D.A.O. A. Cordier, 2012).
Figure 29 Attricourt : le « sanctuaire » ouvre sur une vaste cour délimitée
par un mur. Un semis de taches foncées et une structure rectangulaire à
fosse interne justifient l’hypothèse d’une nécropole que seules des fouilles
pourraient confirmer. (Aérophoto. R. Goguey, 30 juin 1976).
Figure 30 et 31 Attricourt : des taches claires à l’est de la villa ? Elles ne
peuvent correspondre à un étalement des ruines. Ont-elles une origine
péri-glaciaire ? Le traitement de l’image révèle une galerie de façade isolée
et les multiples trous de poteaux d’un habitat (Aérophoto. R. Goguey, 29
mai 1991).
Figure 32 Du sud-est sur le versant de la vallée, l’habitat palatial du
dominus offre une vue dégagée vers le nord-ouest, par le sanctuaire, les
prairies et les cultures, le lit arboré de la Vingeanne, les forêts du versant
opposé (D.A.O. A. Cordier, d’après les données de GoogleEarth, 2012).
Figure 33
Le parallèle entre les deux villas fait ressortir les particularités de chacune
d’elle, avec la densité des bâtiments, leur fonction (D.A.O. A. Cordier,
2012).
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