Pour adapter Les Misérables en un spectacle d’une heure, il nous faut faire
nécessairement un choix dans le roman.
Nous nous concentrons ainsi sur les figures les plus marquantes : deux
hommes que tout oppose (Jean Valjean, Javert), deux femmes mère et fille (Fantine,
Cosette), un éternel enfant (Gavroche). Si le roman fourmille de liens et de
rencontres inattendues entre tous les personnages, la trajectoire de Jean Valjean
est centrale, c’est elle qui irrigue tout le roman. Et s’il est le protagoniste par
excellence, il ne va pas sans Javert et Cosette, l’un opposant, l’autre adjuvant.
En parallèle du parcours de Jean Valjean, nous avons volontairement gardé
l’histoire de Fantine, la mère de Cosette. Nous traitons le destin de Fantine parce
qu’elle est une figure du peuple. Comme homme et comme femme, Jean Valjean
et Fantine sont tous deux et de manière différentes marqués par le déshonneur (le
forçat, la fille mère) et broyés par l’injustice sociale. Leur rencontre sera consacrée
dans une forme de rachat et une promesse : celle contractée par Valjean de
s’occuper de Cosette.
Dans le peuple, voici l’homme, la femme, et également l’enfant. Parmi les
très belles figures enfantines, on a choisi Gavroche, solaire gamin des villes dont le
destin n’est pas moins tragique que celui de Fantine. De la courte vie de Gavroche
nous ne gardons que les barricades, pour faire de lui, l’emblème même de la
Révolution : soulèvement magnifique du peuple mais hélas trop vite confisqué.