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Théâtre des Marionnettes de Genève
Dossier pressesaison 2016 - 2017
LES MISÉRABLES
Un spectacle de la Cie Karyatides (BE)
DU 28 SEPTEMBRE AU 9 OCTOBRE 2016
D’après l’œuvre de Victor Hugo, Les Misérables
Adaptation : Compagnie Karyatides
Un spectacle de : Karine Birgé, Marie Delhaye
Mise en scène : Agnès Limbos et Félicie Artaud
Interprétation : Marie Delhaye et Julie Nathan,
Naïma Triboulet et Karine Birgé (en alternance)
Collaboration à l’écriture : Françoise Lott
Création sonore : Guillaume Istace
Création lumière : Dimitri Joukovsky
Sculptures : Evandro Serovio
Scénographie : Frédérique De Montblanc
Grandes constructions : Alain Mayor
Petites constructions : Françoise Colpé,
Zoé Tenret
Régie : Dimitri Joukovsky,
Karl Descarreaux (en alternance)
Illustration, graphisme et tisanes :
Antoine Blanquart
Théâtre d’objet
Théâtre des Marionnettes de Genève
3 Rue Rodo | 1205 Genève
Réservations : 022 807 31 07
ou www.marionnettes.ch
75 minutes/Adultes, ados, dès 9 ans
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Le spectacle
1. L’histoire
Proposer les grands mythes de la littérature sur un
petit plateau de théâtre, raconter beaucoup avec peu,
tel est le credo de cette jeune compagnie belge, qui a
déjà réalisé des versions étonnantes et pertinentes
de Carmen et Madame Bovary. En partant de Victor
Hugo et ses Misérables, roman mélodramatique,
policier et social de quelques 2000 pages, la création
distille avec un art consommé de la synthèse, un
concentré qui reprend les éléments essentiels de
l'intrigue et axe le récit sur les figures
incontournables : le voleur repentit et bienfaiteur Jean
Valjean, l’infortunée Cosette, la désespérée et
sacrificielle Fantine, le gamin des rues
insurrectionnelles, Gavroche et le policier à la
conscience tourmentée, Javert.
A la fois narratrices et personnages, les comédiennes
racontent, incarnent, figurent, évoquent, prêtent leurs
voix à tous les personnages et insufflent la vie à une
galerie de figurines et d'objets : des statuettes de
plâtre et santons aux tailles variées partagent ainsi le
plateau avec des reproductions de tableaux, des poupées folkloriques détournées. Une
merveilleuse adaptation visuelle et hautement poétique. A l’aide de figurines et autres objets
chinés dans les intérieurs de leurs grands-parents, elles redessinent fidèlement et synthétiquement
le parcours de Jean Valjean, de l’inspecteur Javert, de la jeune mère fille Fantine et de sa petite
Cosette, de Marius et du culotté Gavroche. L’histoire se dévoile dans toute sa dimension humaine
et tragique. Ces petits personnages aux grands noms souffrent dans cette France du 19ème : ils
ont froid, ils ont faim, parfois même ils saignent et meurent.
Les Misérables
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2. Les intrigues
C’est l’histoire d’un homme qui a tout perdu,
paria de la société, poursuivi par son passé de
bagnard et qui se sacrifie pour le bonheur d’une
enfant que le sort lui a confiée.
C’est l’histoire d’une femme victime, réduite à
vendre son corps et à abandonner son enfant ;
d’un flic fanatique et infatigable ; d’un gamin des
rues impertinent et libre ; d’une justice inique ; du
combat en l’homme entre le bien et le mal ;
d’une course poursuite qui dure des années et
d’un homme dont la conscience est sans cesse
mise à l’épreuve.
C’est l’histoire d’un peuple aux abois qui se
soulève et défend son idéal jusqu’à la mort. Pour
adapter Les Misérables en un spectacle d’une
heure quinze, il nous faut faire nécessairement
un choix dans le roman.
Nous nous concentrons ainsi sur les figures les
plus marquantes : deux hommes que tout
oppose (Jean Valjean, Javert), deux femmes,
mère et fille (Fantine, Cosette), un éternel enfant (Gavroche). Si le roman fourmille de liens et de
rencontres inattendues entre tous les personnages, la trajectoire de Jean Valjean est centrale,
c’est elle qui irrigue tout le roman. Et s’il est le protagoniste par excellence, il ne va pas sans Javert
et Cosette, l’un opposant, l’autre adjuvant.
En parallèle du parcours de Jean Valjean, nous avons volontairement gardé l’histoire de Fantine,
la mère de Cosette. Nous traitons le destin de Fantine parce qu’elle est une figure du peuple.
Comme homme et comme femme, Jean Valjean et Fantine sont tous deux et de manière
différentes marqués par le déshonneur (le forçat, la fille mère) et broyés par l’injustice sociale. Leur
rencontre sera consacrée dans une forme de rachat et une promesse : celle contractée par
Valjean de s’occuper de Cosette.
Dans le peuple, voici l’homme, la femme, et également l’enfant. Parmi les très belles figures
enfantines, on a choisi Gavroche, solaire gamin des villes dont le destin n’est pas moins tragique
que celui de Fantine. De la courte vie de Gavroche nous ne gardons que les barricades, pour faire
de lui, l’emblème même de la Révolution : soulèvement magnifique du peuple mais hélas trop vite
confisqué.
Si le récit des Misérables est une intrigue policière (avec son sens aigu du rebondissement et du
suspense), il est aussi un grand mélodrame, au sens où ses rebondissements nous font basculer
de moments heureux à malheureux. Nous assumons totalement la ligne mélodramatique du
Les Misérables
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roman, celle qui doit faire vibrer le coeur des spectateurs : la déchéance de Fantine, la mort de
Gavroche et la misérable condition de la petite Cosette. Nous assumons tout et d’autant plus pour
un public d’enfants : les déchirements, les morts, les passions.
Enfin et troisième ingrédient, nous tenons à faire exister la portée politique, sociale et
philosophique de ce roman fleuve. Tout au long de son livre, Hugo discourt sur la justice, l’équité,
la conscience morale, l’aspiration à la révolution.
Karine Birgé et Marie Delhaye
3. Mythes littéraires
« Les grandes histoires sont celles qu’on a déjà
entendues et qu’on n’aspire qu’à réentendre. »
Arundhati Roy
Proposer des mythes de la littérature sur un petit plateau de théâtre, telle est notre démarche.
Nous passons à la centrifugeuse les grandes oeuvres pour en extraire des «digests» par une
opération de stylisation vivifiante et novatrice.
Avec nos objets, nous voulons laisser la place à l’imaginaire, à l’évocation, à la métaphore, à ce
qui reste d’âmes d’enfants en chaque spectateur. Jouant de références connues de tous, nous
défendons un théâtre populaire, visuel et poétique, fait de bouts de ficelles, artisanal, brut,
dépouillé.
Après Madame Bovary et Carmen, figures féminines qui posent la question de la liberté sous un
angle immoral pour la première, amoral pour la seconde, voici Jean Valjean, figure morale par
excellence.
Compagnie Karyatides
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4. L’humanité d’un roman épique
Entretien avec Karine Birgé qui cosigne le spectacle.
Qu’est-ce qui vous a attirée dans Les Misérables ?
Karine Birgé : L’adaptation des Misérables ou par le passé
de Carmen et Madame Bovary participe de coups de foudre
pour une œuvre et non de la recherche de classiques à
transposer. Le roman fleuve de Victor Hugo s’apprécie pour
le flamboiement des passions sur la trame palpitante d’un
thriller, le combat des forces travaillant pour le Bien contre
celles dévolues à l’injustice et à l’exploitation d’autrui, la
dimension mystique ainsi que les personnages mythiques
qui sont des figures quasi allégoriques, antithétiques dans
le cas de Jean Valjean.
C’est toute la dimension humaine et politique que renferme
Les Misérables qui se veut une véritable auscultation de la
société de son temps. Nous voulions rendre la dimension
épique et profondément humaine de ce grand poème
dressant les maux auxquels se plient les « misérables », qui
engendrent un enfer sur terre que décrit Hugo dans sa
courte préface datée du 1er janvier 1862 et que le spectacle
reproduit en partie sous forme d’épilogue. C’est un drame de l’asservissement qui n’a rien perdu
de son acuité et est étrangement baigné d’une fantastique lumière de vie et de fraternité jusque
dans la mort, comme en témoigne le destin du garçon des rues, Gavroche.
Si Les Misérables est le livre du grand prophète républicain, de l’exilé irréconciliable, un
tête-à-tête aussi avec Dieu et l’Océan, c’est d’abord un texte-barricade posé entre les deux
monarchies restaurées et les deux Empires, entre la Révolution et la République née de
l’échec d’une insurrection. Cette dimension de barricade, vous la convoquez dès l’abord
avec un texte scandé au mégaphone.
C’est un drapeau rouge fait de vieilles chaussettes. Sommes-nous ainsi porteuses d’un idéal de
Révolution qui se dit au féminin, mettant en avant le rôle des Femmes en 1848 et au-delà ? A
chacun d’ajuster son imaginaire et son regard à cette image. Les Misérables, c’est de l’idéal plein
de fracas, d’espérances déçues, et malgré tout d’optimisme, d’utopie tenue à bout de bras dans un
élan résistant. On y retrouve l’esprit de ces lignes du roman-fresque Les Rouges signé Pascal
Fautrier sur la gauche révolutionnaire française : « En moi, ça résiste à tout la "conscience de
gauche". Comme une ritournelle, comme les souvenirs d’un très ancien amour. »
Concrètement, il s’agit d’une création faite pour être vue de près et au lointain. Lorsque les petites
figurines en formes de santons représentant des petits métiers sont utilisées, nous y avons mis
beaucoup de personnages féminins. Ces femmes figurines viennent parfois de loin comme au
Les Misérables
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