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42 >
BIOFUTUR 353 •AVRIL 2014
actions à plus longue distance et
des aspects de dynamique des
hélices du motif pour accroître
l’affinité et la spécificité des sites
de fixation pour l’uranyle. Ces
variantes du domaine N-terminal
de la calmoduline, dessinées par
biologie moléculaire, sont pro-
duites en grande quantité « à
la demande » par la bactérie
Escherichia coli, puis purifiées.
L’interaction avec les ions Ca2+ ou
l’uranyle peut être suivie grâce à
l’introduction d’un acide aminé
aromatique luminescent dans la
boucle du motif HBH. Ce disposi-
tif a permis d’obtenir des peptides
qui fixent l’uranyle avec de
meilleures affinités (K 109). En
phosphorylant une thréonine de
la boucle, donc en introduisant
un ligand phosphoryle, on obtient
des peptides qui fixent l’uranyle
avec des constantes d’affinité de
l’ordre de 1010 (13). Approches
expérimentales et modélisation
sont actuellement combinées
pour accroître l’affinité et la sélec-
tivité des architectures protéiques
chélatantes, et piéger de façon
sélective les actinides.
… ET DES PEPTIDES
SYNTHÉTIQUES
Une seconde approche, déve-
loppée au SCIB, utilise des pep-
tides synthétiques de faible taille
– 10 acides aminés – obtenus par
synthèse chimique sur support
solide. Ces séquences ne sont pas
directement inspirées de sites métal-
liques existant dans des protéines
mais sont mises au point afin
d’imposer une structure tridimen-
sionnelle optimale pour piéger les
métaux, en prédisposant les chaînes
latérales d’acides aminés appro-
priés dans l’espace. Des cyclo-
décapeptides comportant deux
enchaînements Proline-Glycine,
qui favorisent la formation de
coudes, induisent ainsi des struc-
tures planes dîtes en feuillet β(14).
Ces plateformes peptidiques pré-
orientent avantageusement quatre
chaînes latérales d’acides aminés
dans la même direction de l’es-
pace pour chélater un ion métal-
lique (15). Cette structure est parti-
culièrement adaptée à la chélation
de l’uranyle, qui est préférentiel-
lement lié par quatre à six ligands
oxygénés dans son plan équato-
rial. L’aspartate et le glutamate,
durs et chargés négativement,
présentent les affinités les plus
comme l’ostéopontine, qui parti-
cipe à l’homéostasie osseuse (11).
Ces ions durs présentent, en effet,
des affinités très élevées pour
l’oxygène des groupes phospho-
ryles (P=O), une fonction présente
in vivo dans des protéines lorsque
les acides aminés portant des
alcools comme la sérine, la thréo-
nine ou la tyrosine sont phos-
phorylés pour donner des chaînes
latérales phosphates (-OP(O)(OH)
2
)
à forte affinité pour les ions durs
comme les actinides.
PIÉGER L’URANYLE
AVEC DES MIMES DE
PROTÉINES À CALCIUM…
La calmoduline est une protéine
qui lie quatre cations Ca2+ dans
quatre sites structurés par un motif
hélice-boucle-hélice (HBH), très ré-
pandu dans les protéines. La boucle
de 12 acides aminés contient l’en-
semble des ligands oxygénés du
calcium, inséré dans une structure
bipyramidale à base pentagonale.
L’affinité des sites HBH pour le
calcium est assez faible (K 106)
mais suffisante pour permettre de
chélater le calcium lorsque sa
concentration intracellulaire atteint
une valeur micromolaire. L’inter-
action calmoduline-calcium engen-
dre un changement de conformation
de la protéine qui déclenche son
interaction avec un grand nombre
de protéines cibles. La calmoduline
intervient ainsi dans la régulation
de nombreuses activités physio-
logiques en réponse à la concen-
tration intracellulaire en Ca2+.
Une première approche pour
mettre au point un site de fixation
de l’uranyle consiste à synthétiser
des peptides dérivés du motif HBH
de la calmoduline en modifiant la
séquence de sa boucle. Elle a per-
mis d’obtenir des peptides pré-
sentant une affinité équivalente
pour l’uranyle (K 106), tout en
diminuant celle observée pour le
calcium (12). Le Laboratoire des
interactions protéine métal du
CEA, à Cadarache, poursuit cette
démarche en utilisant l’ensemble
du domaine N-terminal de la
calmoduline, qui contient deux
sites de fixation du calcium – et
77 acides aminés –, comme base
structurée pour optimiser la fixa-
tion d’actinides, notamment de
l’uranyle, en combinant la subs-
titution des acides aminés et la
phosphorylation. L’objectif est de
bénéficier de l’apport des inter-
élevées pour les ions actinides
et ont donc été placés dans la
séquence, dans des positions qui
permettent d’optimiser les inter-
actions entre les donneurs oxy-
génés et le cation uranyle en fai-
sant converger les quatre groupes
carboxylate d es chaînes latérales
de ces acides aminés vers le plan
équatorial de l’uranyle. Un résidu
tryptophane luminescent est éga-
lement inséré dans la séquence
afin de rendre visible l’interaction
avec l’ion métallique.
La parfaite adaptation de ces
motifs peptidiques à la chélation
de l’uranyle a été démontrée par
des études spectroscopiques. Un
unique complexe se forme, dans
lequel l’ion uranyle est coordonné
par les quatre fonctions carbo-
xylates du glutamate ou de l’as-
partate. Structuré en feuillet β, il
démontre une stabilité similaire
aux sites préstructurés pour le cal-
cium de la calmoduline (K 109).
À l’inverse, des séquences pep-
tidiques similaires mais linéaires
piègent l’uranyle avec des affi-
nités moindres. Comme pour
les composés issus de la cal-
moduline, l’introduction d’acides
aminés phosphorés comme la
phosphosérine exacerbe les affi-
nités pour l’uranyle et permet
d’atteindre des affinités supé-
rieures à 1010.
VERS DES PEPTIDES
POUR DÉTOXIFIER
LES ACTINIDES
L’optimisation de peptides pour
la fixation de l’uranyle, soit en
s’inspirant des sites à calcium de
la calmoduline, soit en construi-
sant de novo des séquences per-
mettant de préorganiser le site de
liaison, ont permis d’atteindre des
affinités significatives vis-à-vis
de l’uranyle. L’insertion d’acides
aminés phosphorés s’avère très
prometteuse pour obtenir des
ligands peptidiques d’affinités
encore plus élevées pour l’uranyle
mais aussi pour d’autres actinides,
comme le plutonium et l’améri-
cium. Même si des optimisations
sont encore nécessaires, ces pep-
tides sont très prometteurs pour
la détoxification des actinides,
en cas de contaminations internes
accidentelles chez des travailleurs
du secteur nucléaire ou suite à
une dispersion dans l’environ-
nement liée à une catastrophe
nucléaire.
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