Les examens complémentaires sont utiles lorsque l’inter-
rogatoire et l’examen clinique ne permettent pas une
orientation étiologique et relative à la prise en charge.
n
Qu’est-ce que vous cherchez plus
spécifiquement lorsque vous demandez
une manométrie anorectale dans le cadre
d’une incontinence anale ?
La manométrie anorectale doit permettre de quantifier le
tonus anal de repos, la qualité de la contraction anale
volontaire et la longueur fonctionnelle du canal anal.
Ces données sont bien corrélées avec celles d’un examen
clinique attentif et compétent, mais peuvent servir de
repère médico-légal, notamment avant une intervention
chirurgicale. L’exploration de la sensibilité rectale, de la
première sensation de besoin défécatoire, du volume
maximal tolérable et de la compliance rectale donne des
informations sur la fonction du réservoir rectal. Enfin, les
résultats de cet examen doivent servir de base pour orien-
ter la rééducation anorectale [3], même si ce traitement
peut être guidé, par défaut, par l’examen clinique.
“
Les données de la manométrie
anorectale sont bien corrélées
avec celles d’un examen clinique attentif
et compétent, mais peuvent servir de repère
médico-légal, notamment avant une
intervention chirurgicale
”
n
Quel est l’intérêt de demander
une échographie endoanale
chez un incontinent anal ?
L’échographie endoanale permet de détecter des lésions
du sphincter anal, d’origine obstétricale, chirurgicale ou
traumatique [4]. Elle distingue des lésions du sphincter
interne, externe ou combinées, et précise l’étendue
radiaire et en hauteur de la rupture. Elle peut aussi évaluer
la qualité morphologique d’une réparation sphincté-
rienne, en cas de persistance des symptômes. Si toutes
les lésions sphinctériennes vues en échographie ne doivent
pas être systématiquement opérées, cet examen a cepen-
dant permis de montrer la prévalence élevée des lésions
sphinctériennes après accouchement ou chirurgie procto-
logique, et de limiter l’intérêt de l’électromyogramme
(EMG) du sphincter anal : l’imagerie est probablement
plus précise et moins douloureuse que l’EMG pour mettre
en évidence une lésion anatomique du sphincter.
“
Toutes les lésions sphinctériennes vues
en échographie ne doivent pas être
systématiquement opérées
”
En pratique, l’échographie est surtout utile : avant une
décision chirurgicale, ou avant un deuxième accouche-
ment lorsque le premier a été traumatique. L’existence
d’une rupture sphinctérienne nette en échographie est
en effet un paramètre important à prendre en compte
pour conseiller la patiente et son obstétricien sur les moda-
lités du deuxième accouchement : dans un quart des cas
environ, des signes d’IA peuvent apparaître dans les suites
du deuxième accouchement [5].
n
Quand faut-il demander une imagerie
du périnée ? Et, alors, comment orienter
son choix entre imagerie traditionnelle
et IRM dynamique ?
L’imagerie périnéale doit être envisagée lorsque l’inter-
rogatoire ou l’examen clinique évoque un trouble de la
statique périnéale, notamment si un traitement chirurgical
est envisagé. Les troubles combinés de la statique pel-
vienne sont une bonne indication, lorsqu’une indication
chirurgicale est en discussion. Lorsqu’on suspecte un pro-
lapsus extériorisé du rectum, la défécographie est parfois
utile : les conditions de l’examen clinique ne permettent
pas toujours de mettre en évidence son extériorisation.
Le choix de l’exploration pourra se faire entre : la déféco-
graphie traditionnelle –de façon optimale, il s’agit d’une
cysto-colpo-défécographie ou viscérogramme pelvien –,
l’IRM dynamique (déféco-IRM), ou l’échographie dyna-
mique périnéale –en utilisant des sondes biplans. En géné-
ral, c’est l’expertise locale et la disponibilité des opérateurs
(échographie, viscérogramme pelvien) ou des machines
(déféco-IRM) qui déterminera la prise en charge diagnos-
tique. En résumé, on peut dire que le viscérogramme pel-
vien constitue l’examen de référence pour l’exploration
des troubles de la statique pelvienne, mais qu’il demande
un investissement certain de la part des patients et des
praticiens. En ce qui concerne la déféco-IRM, les principaux
obstacles sont le coût de l’IRM et surtout les conditions de
réalisation de l’examen, en décubitus dorsal [6].
“
Le viscérogramme pelvien constitue
l’examen de référence
pour l’exploration des troubles
de la statique pelvienne
”
n
Quelles sont les indications
de la stimulation électrique transcutanée
nerveuse?
La stimulation électrique transcutanée nerveuse (TENS
Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation) concerne
essentiellement la stimulation du nerf tibial postérieur.
Cette technique non invasive, peu onéreuse, a été initiale-
ment développée pour le traitement de l’incontinence
346 HEPATO-GASTRO et Oncologie digestive
vol. 17 n
o
4, juillet-août 2010
.Dossier Thématique
HEPATO
GASTRO
et Oncologie
digestive
Incontinence
anale
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